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N'oublie jamais
Par Ein
Originales  -  Romance/Drame  -  fr
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    Chapitre 8     Les chapitres     7 Reviews    
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Chapitre 8

- Tu es déjà rentré ? Comment va Lucille ?

Je sursaute et m'arrête. Ma mère vient de me sortir d'une réflexion profonde sur les changements qui se sont produits dans ma vie depuis que j'ai débarqué dans celle de William… autant dire qu'il y en a un paquet, un bon gros paquet de merde. Le dernier en date ? Ma rupture avec Lucille…

- Allen ?

- Quoi ?

- Je t'ai posé une question il me semble…

- Ah oui, euh, elle va bien… je crois.

- Comment ça « tu crois » ?

Ma mère fronce les sourcils, ridant encore davantage son front. Depuis quelques temps, je remarque qu'elle semble un peu au bout du rouleau. Elle qui a toujours été si dynamique commence à vieillir, ce constat me perturbe tant que j'en oublie de lui répondre.

- Allen ! gronde-t-elle en me ramenant à l'ordre.

- Ouiii ! quoi ?

- « Tu crois »… ?

- Oui, je crois ! je lui réponds, exaspéré.

- Comment tu peux croire qu'elle va bien ? Tu viens de la voir !

J'hésite…

- Disons que… on n'a pas tellement parlé d'elle.

- Allen, soupire ma mère, quand apprendras-tu enfin que la terre ne tourne pas uniquement autour de toi !

- Non, je voulais dire… on n'a pas tellement eu le temps.

- Tu l'as vue tout l'après-midi !

- Seulement dix minutes… environs, en réalité.

Ma mère me regarde, perplexe. Je la comprends : j'avais rendez-vous avec Lucille à 14h30, il est 18h passées… comment ne pas imaginer que j'étais avec ma petite amie tout l'après-midi ? Simple, et je lui dis :

- Elle m'a plaqué.

Je n'attends pas sa réponse, étonnée ? ironique ? touchée ? je ne veux pas savoir. Je monte dans ma chambre et claque la porte derrière moi avec violence. Je suis soudain d'humeur massacrante et j'ai besoin de me défouler.

Une idée me vient à l'esprit. Tout de suite, sans même que j'ais besoin d'y réfléchir…

William.

oOo

Ding dong

J'attends, impatient. Il ne fait pas chaud dans ce petit vestibule aux couleurs fades et effacées. Mon petit sac de courses à la main, je prie mentalement pour qu'il soit là, que la porte s'ouvre et que je puisse laisser derrière moi la fraicheur du soir.

- Oui ?

La voix crachotée dans l'interphone semble énervée. Parfait ! Rien de tel pour me changer les idées et me redonner la pêche !

- Bonsoir chéri ! Tu m'ouvres ? Ça gèle dehors !

J'accueille le silence avec délice en imaginant la tête qu'il doit avoir en ce moment. Sans un mot de plus, j'entends le grésillement du déverrouillèrent de la porte et je m'engouffre à l'intérieur. Ouf ! Manquerait plus que j'attrape la crève. Rester au lit sans pouvoir faire chier William ? Jamais !

Je n'ai pas besoin de sonner à la porte de l'appartement de William, il m'attend déjà à l'embrasure, les bras croisés contre son torse, le regard dur, tellement expressif dans sa fureur que ça me donne des frissons.

- Qu'est-ce que tu fiches ici ? gronde-t-il en me voyant m'approcher d'un pas guilleret.

- Bonsoir mon chéri ! je riposte tout sourire.

Sans lui laisser le temps de réagir, je me jette à son coup.

- Tu m'as manqué aussi…

Mon murmure lui chatouille la nuque, je le sens frissonner et profite de son absence de réaction pour humer son parfum. Une senteur de poudre à lessiver m'emplit le nez, mêlée à sa propre odeur masculine. Mmh…

- Comment tu vas ? Tu as déjà mangé ?

Je me recule légèrement et observe le visage pincé de William. Je souris malicieusement. J'aime savoir que je le fais chier.

- J'espère bien que non ! Regarde !

Je lui fourre mon sac plastique devant le nez et mon sourire s'élargit.

- Tomates, haché, oignons, œuf…

William m'arrête dans mon énumération.

- Pourquoi tu es ici, Allen ?

- J'ai faim ! Pas toi ? Écoute-moi ça, mon ventre crie famine et le tiens aussi sûrement. Je vais nous préparer plat digne de ce nom.

Je force le passage bloqué par le corps de William et pénètre dans l'appartement.

- Si tu continues à manger des pâtes tous les jours, tu vas finir par devenir gros et gras, je lui lance tandis qu'il fermait la porte derrière moi.

- J'ai déjà mangé, me dit-il.

Je me retourne lentement et l'observe un moment.

- Menteur. Tu ne manges jamais avant 21h.

Il soupire.

- Ok, c'est bon, capitule-t-il.

Le sourire aux lèvres, je me dirige vers sa cuisine et dépose mon paquetage à côté de l'évier.

- Y a quoi au menu ? demande-t-il en s'asseyant sur un tabouret du comptoir qui sépare la cuisine du séjour.

- Tomates farcies ! Ça va prendre un peu de temps mais je sais que tu adores ma recette.

Il se tait, pince les lèvres, avant de me répondre :

- J'adorais la recette de Liz, murmure-t-il d'un ton glacial.

Je ne me démonte pas.

- Et donc la mienne, c'est moi qui lui ai appris à cuisiner. CQFD.

J'aime ma logique imparable.

- Elle a toujours eu deux mains gauches, je poursuis, et un goût exécrable. Quand elle a envisagé de vivre avec toi, elle m'a crié au secours et je lui donné des cours particuliers. Tu n'imagines même pas la cata les premiers jours !

Un fin sourire se profile sur ses lèvres.

- Si, j'imagine très bien, murmura-t-il.

oOo

La soirée s'est étrangement bien déroulée. Certes, j'ai énervé plus d'une fois William, on a dû attendre une bonne heure avant que le repas soit prêt mais… au final, je pense qu'il s'est amusé… et moi aussi, je l'avoue. Pas de prises de tête, mon après-midi avec Lucille était déjà loin, oubliée. Ou presque.

- Et ta petite amie ? demande soudain William, alors que rien dans les conversations précédentes n'aurait pu amener le sujet au tapis. T'en as une, non ? Il me semble l'avoir aperçue une ou deux fois.

PAN ! Vive le cassage d'ambiance. Pas question que ce point encore trop sensible ne me gâche cette soirée. Je vide mon verre de vin rouge, me lève et m'installe à cheval sur les genoux de William, enserrant sa nuque de mes bras.

- Tu veux plutôt dire mon petit ami, pas vrai ? Petit coquin, tu veux tout savoir sur les sentiments que j'ai pour toi… Pas assez sûr de mon choix, tu penses peut-être que tu n'es qu'une passade, un coup d'un soir ? Rassure-toi, il n'y a que tes petites fesses qui comptent pour moi !

Et rien que pour l'énerver, je lui plante un gros baiser baveux sur les lèvres. Alors que je m'attends à ce qu'il me repousse, me crie au scandale et m'engueule, le voilà qu'il répond au baiser, m'embrasse à son tour… et je sens sa langue rejoindre la mienne pour jouer au jeu du plus habile, du meilleur séducteur… et je dois avouer, même si ça me fait mal de l'admettre, qu'il me bat à plate couture sur ce coup.

Une main baladeuse se glisse sous mon pull, une autre se coince derrière ma nuque pour approfondir notre baiser. Merde, je crois que William a trop bu… et moi aussi d'ailleurs puisque je me laisse faire lorsqu'il me retire mes vêtements du haut et que je ne sais pas si c'est la soudaine fraîcheur de l'atmosphère sur ma peau ou l'excitation qui me fait frissonner jusqu'à la racine des cheveux.

- On déménage, me souffle soudain William, en agrippant soudain mes fesses pour me porter alors qu'il se lève de sa chaise.

Le cœur battant, j'emprisonne ses hanches de mes jambes et son cou de mes bras avant de me laisser transporter plus aisément que je ne l'aurais pensé. Je ne suis peut-être pas bien gros, mais cinquante-cinq kilos, ça reste quelque chose ! Tandis que William pousse la porte de la chambre à coucher, je le soupçonne furieusement d'entretenir sa forme… pour plaire à qui ? La pensée qu'il puisse vouloir draguer une autre fille me met en colère et je n'aime pas ça.

William me dépose en douceur sur le lit double défait. Les draps sentent l'odeur musquée du sommeil et de son parfum typiquement masculin. Il retire son pull à col en V et déboutonne sa chemise alors qu'il s'installe à califourchon sur mes hanches, m'offrant une vue imprenable sur ses pectoraux. Une fois ces deux vêtements à terre, il se penche vers moi pour me mordiller la lèvre, puis l'oreille tandis que ses mains me caressent l'abdomen.

- Alors, cette petite amie ? me souffle-t-il à l'oreille.

Il se recule et son regard me dit qu'il est sérieux. Il sait pour Lucille, il attend une réponse sincère. Et je le soupçonne fortement de pouvoir tout arrêter si la réponse que je lui donnerai ne lui plait pas. Or à cet instant, embrumé par les vapeurs d'alcool et par l'atmosphère agréable de la soirée, arrêter n'est certainement pas envisageable.

Je détourne les yeux un instant, puis les plonge dans ceux de William.

- C'est fini. On a cassé…

Un petit sourire pitoyable se dessine sur mes lèvres tandis que je soupire nerveusement en évitant son regard.

- Ou je devrais dire « elle m'a plaqué ».

Je ne le vois pas venir, ses lèvres viennent subitement se plaquer sur les miennes, avides, comme s'il voulait les dévorer. Mon cœur s'accélère, mon esprit oublie Lucille et mes sens prennent le dessus.

Une alarme résonne en arrière fond dans mon esprit lorsque William déboutonne mon jean mais je ne l'écoute pas. J'aime la sensation de sa main à mon entrejambe. Je ne devrais pas, c'est malsain, impropre, contre nature… mais tellement bon. Je n'ai pas envie de penser à la morale, juste sentir, ressentir et faire sentir…

Et surtout tout oublier.

 

 
 
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