Note de l'auteur : Cette nouvelle fic n'est pas vraiment une nouvelle en fait puisque je l'ai commencée il y a quelques mois. Je pensais l'avoir mise sur ce site, mais visiblement non, je répare donc mon oubli. Autant vous prévenir, "N'oublie jamais" est une fic assez particulière, pas du tout comme mes deux autres fics en cours (et que je n'oublie pas... laissez-moi juste un peu de temps ^^"). Vous aimerez... ou pas. Merci de me lire et de me laisser un com' (que l'histoire vous plaise ou non !) Bonne lecture ;) Chapitre 1 - Leeeeen ! Tu sais où est passé mon pantalon ? Le cri catastrophé de ma sœur précède de peu l’ouragan qui s’infiltre dans ma chambre quelques secondes plus tard. Je levai la tête vers l’encadrement de la porte pour voir l’état lamentable de ma jumelle – cheveux en désordre, vêtements froissés, pas maquillée – et comprend son désarrois. - Tu vas être en retard… Mon ton est tranquille, à la limite de l’impertinence. Ses yeux verts, identiques aux miens, me lancent des éclairs. - Mon jean ! fait-elle, excédée. Je soupire, à 23 ans, ma sœur ne sait toujours pas se débrouiller seule, une vraie gamine… mais bon dieu que je l’aime ! Son air de chien mouillé qui quémande de l’aide, ses yeux suppliants, comment ne pas succomber ? - Quel jean ? finis-je par demander en refermant le livre que je dévorais depuis le début de l’après-midi. - Tu sais bien ! Le clair délavé, celui que Will adore ! - Celui qui te moule les fesses et qui te rend indécemment sexy, oui, je vois… Je soupire. Je n’ai jamais réellement apprécié William Leroy, petit ami de ma sœur depuis maintenant presque cinq ans. Un véritable coureur de jupon avant qu’il ne rencontre ma jumelle, Liz, mais depuis qu’ils sortent ensemble, il se tient à carreau, du moins en apparence. Je ne lui fais pas confiance. Véritable tombeur, charmeur hypocrite, gentleman sournois, et pervers par-dessus tout, il a beau me lancer des sourires Colgate à chaque rencontre, je n’y crois pas un mot. Ce mec me file de l’urticaire et me donne envie de vomir… même s’il a une sacrée belle gueule. Liz dit que je ne fais aucun effort pour l’apprécier, que je me borne à ne voir en lui qu’une montagne de défauts simplement parce que je suis jaloux. C’est peut-être vrai, j’avoue. Depuis que William est entré dans notre vie, Liz m’accorde beaucoup moins de temps et n’arrête pas de parler de lui à longueur de journée. À l’entendre, ils forment le parfait petit couple. Ils se disputent rarement, s’entendent à merveille et vivent véritable une relation fusionnelle qui fait de nombreux envieux. En fais-je partie ? Peut-être… ou pas. Je n’arrive pas à me faire à l’idée que l’on puisse être autant dépendant d’un type pareil. - Alors ? poursuit-elle au bord de la crise de nerf. - Je sais pas moi, t’as qu’à faire gaffe à tes affaires. Va voir à la buanderie ou demande à Maman. Elle me jette encore son regard de chien mouillé et je me sens fondre. - Ok, je t’aide à chercher ! Je vais voir à la buanderie, va demander à Maman. - Merci ! T’es un ange, lâche-t-elle après m’avoir bruyamment embrassé la joue. J’essuie la marque humide qu’elle m’a laissée en prenant une mine dégoûtée mais en fait j’adore les exubérances de ma sœur, et elle le sait parfaitement. Entre nous, il n’y a pas besoin de mots, pas besoin de gestes. On se comprend d’un simple regard. On est tellement différents, elle le jour, moi la nuit, mais on se complète, comme une partie d’un même tout. Je retrouve le fameux jean dans le panier à linge sale, ma sœur s’étrangle lorsque je lui apprends la nouvelle et sa tension monte encore d’un cran. - Tu vas finir par avoir des cheveux blancs avant l’âge… - Au secours ! gémit-elle. Une fois de plus, je succombe. - Pourquoi tu ne mettrais pas le nouveau que t’as acheté ? William ne l’a jamais vu et il te donne un charme d’enfer, je suis sûr que ça lui plaira. - Certain ? - Absolument ! - Et pour le dessus ? Le haut bleu de chez Side, ça ira ? - Mmh pourquoi pas le vert, assorti à tes yeux ? - Celui que j’ai acheté chez Léa il y a deux semaines ? Je hoche la tête. La tornade est déjà partie s’enfermer dans sa chambre pour ses essayages. - Plus que 15 minutes ! lui crie-je derrière la porte. Le hurlement terrorisé qui me répond m’arrache un sourire. - Allen, arrête un peu de tyranniser ta sœur ! me réprimande ma mère avec le même sourire aux lèvres. - Je ne comprends pas comment un simple rendez-vous avec William peut la mettre dans un état pareil, elle le voit quasiment tous les jours ! Ma mère soupire et lève les yeux au ciel. Elle ouvre la bouche pour me sortir une phrase du genre « les filles à cet âge… » mais la porte de la chambre qui s’ouvre soudainement l’interrompt. - Je suis prête ! - Ta tenue est sublime, mais je crois que tu parles un peu vite. Tu t’es vu dans un miroir ? Tes cheveux ressemblent à un nid de corbeau, fais-je avec une moue moqueuse. - Oh mon dieu ! Je suis morte ! - Mais non, juste débordée. Je m’occupe de ta coiffure si tu veux pendant que tu te maquilles. - Len t’es un ange ! - Oui, je sais, tu me l’as déjà dit. Dépêche-toi, file dans la salle de bain. Elle ne se fait pas prier. Liz s’installe sur un tabouret haut et se jette sur ses instruments de torture : fond de teint, eye-liner, recourbe-cils, mascara… Merci Maman, je suis un garçon ! Malgré tout, j’aime coiffer ma sœur. Elle a les mêmes cheveux bruns que moi, raides et soyeux mais trois fois plus longs, ils lui arrivent aux épaules. Je m’arme d’une brosse et du sèche-cheveux et commence ma séance de coiffure à domicile. Je devrais songer à me faire payer, je ferais fortune un rien de temps avec elle… William arrive à 18h30 précise, ponctuel comme toujours avec Liz, ça ne l’empêche pourtant pas d’arriver quotidiennement en retard à son boulot. Fraichement diplômé en politique économique et sociale à l’université, il a rapidement été embauché dans une grosse multinationale qui lui impose un horaire chargé. Malgré tout, il trouve toujours un peu de son temps libre pour inviter Liz à diner… ou plus si affinité. Will loue un appartement à quelques rues de chez nous. Il vit seul bien qu’il préférerait le contraire. Il a déjà demandé maintes fois à Liz de vivre avec lui mais elle a toujours refusé, c’est trop tôt, elle ne se sent pas encore prête à quitter le cocon familiale. Pour le faire patienter, elle lui promet toujours « bientôt ». Moi, j’espère sincèrement que ce sera « jamais ». - Salut gamin, fait-il en me voyant. Je lui jette un regard noir sans prendre la peine de lui répondre et passe mon chemin, laissant le champ libre à la reine du jour. - Wiiill ! crie-t-elle joyeusement en se jetant dans les bras de son petit ami. - Tu es superbe, la complimente-t-il en l’embrassant tendrement. Je l’entends balbutier des remerciements gênés comme une gamine lors de son premier rendez-vous, il lui murmure quelque chose à l’oreille, elle rougit… Je monte m’enfermer dans ma chambre avant d’en entendre davantage. oOo - Toc toc toc, fait la voix de ma sœur en joignant le geste à ses paroles. - Entre ! Je vois ma sœur passer sa tête timidement dans l’embrasure de la porte. Ses joues sont rosies par l’excitation, ses yeux pétillants… Elle a passé la nuit chez William et vient à peine de rentrer. Je sens mon cœur se nouer, elle a une annonce à me faire, j’en suis certain… et je ne suis pas sûr d’apprécier. - Tadaaaa ! fait-elle fièrement en me montrant sa main. Mon cœur rate un battement en voyant la bague en argent finement ouvragée sertie d’un diamant. Je ne sais pas quoi lui dire, tout l’air a quitté mes poumons, j’ai la tête qui tourne, mon dieu, j’ai envie de vomir. Mon manque de réaction l’agace profondément. S’attendait-elle franchement à ce que je saute de joie ? Mmh c’est vrai, j’aurais dû. Si je pensais vraiment à elle, si je l’aimais vraiment, je devrais être hyper heureux pour elle… mais c’est impossible. Je l’aime trop justement pour me réjouir de la perdre, pour la féliciter de se fiancer à un parfait crétin. - Montre, dis-je enfin avec un sourire incertain aux lèvres. Liz s’approche de moi et j’attrape la main qu’elle me tend. La vache, cette bague a dû lui couter la peau des fesses. Pour une fois, je reconnais que William a assuré. Je caresse la pierre précieuse d’un doigt tremblant. Merde, je sens que je vais me mettre à pleurer. Pitié, pas maintenant, pas devant elle ! Trop tard, une larme traitresse s’échappe de mes yeux et roule sur ma joue. Liz comprend tout de suite mon désarroi et me sert dans ses bras. - Désolé, murmurai-je - Chuut, me souffle-t-elle en caressant mes cheveux tendrement. - Tu vas vivre avec lui alors ? - Je fais mes bagages dans une semaine, ça nous laissera un peu de temps… Une semaine ! Mon cœur se sert davantage. Liz et moi n’avons jamais été éloignés l’un de l’autre plus de quelques jours. Cette séparation m’épouvante, je ne m’imagine pas vivre sans elle et, une part orgueilleuse au fond de moi imagine mal Liz vivre sans moi. Elle ressemble encore tellement à une enfant parfois ! Et pourtant, aujourd’hui, c’est elle qui me berce dans ses bras comme un gamin de huit ans… Pathétique. oOo La semaine est déjà terminée, je n’ai pas vu le temps passé. Liz et moi avons passé la plupart du temps ensemble et j’ai compris qu’elle avait, elle aussi, du mal à accepter la séparation. Pourtant jamais elle n’a abandonné son sourire ni sa bonne humeur tout au long de ces sept journées. Mais aujourd’hui, ces jours de paradis sont terminés, Liz part demain et emporte avec elle une partie de moi-même. Il est minuit passé et je n’arrive pas à dormir si bien que j’entends les trois coups discrets que l’on frappe à ma porte. - Je peux ? murmure ma sœur dans l’entrebâillement de la porte. - Entre. Elle s’approche du lit et se glisse sous la couette. Je souris. Quand on était plus jeune, c’était toujours moi qui me faufilais dans son lit lorsque je faisais des cauchemars ou que je ne savais pas dormir. Je la sens se blottir contre moi, je la sers dans mes bras. - Le trac ? Ma voix n’est qu’un souffle, elle me répond sur le même ton. - Un peu. - Reste alors. Elle se met à rire tout bas. Elle n’a toujours pas réussi à me convaincre de son geste, moi je ne veux pas qu’elle s’en aille. - J’aime Will. - Je ne comprends toujours pas pourquoi. Je devine son sourire dans l’obscurité de la nuit, elle me caresse les cheveux. - T’es bête. Will est quelqu’un de super, tu agis comme un enfant entêté qui ne veut pas voir la vérité en face. - Désolé d’être encore un gamin. Je fais semblant de bouder, elle rit. J’aime son rire, frais et agréable… Maintenant qu’elle s’en va, combien de temps devrais-je attendre pour l’entendre à nouveau ? |