Chapitre 11 : En danger de mort
Un ballet incessant d'infirmières, de médecins, de patients et de visiteurs, parcourait les couloirs lumineux. En face de l'une des nombreuses portes, les bancs étaient pleins. Beaucoup de têtes rousses étaient visibles dans le groupe. Certains hommes allaient et venaient visiblement très inquiets. Un accouchement à complications devait avoir lieu dans cette chambre de la maternité de Sainte Mangouste. Un médecin sortit de la chambre et s'approcha d'un jeune homme blond.
- Monsieur Malefoy ? C'est vous le père ?
- Oui ! Pourquoi est-ce vous qui venez me voir ? Et pas le docteur Karev ?
- Il est auprès de M. Potter ! Je suis le docteur Oliver Thomson !
- Comment va-t-il ? Et les bébés ? Cela fait pratiquement une heure que vous êtes avec lui !
- Nous avons décelé une hypertension et les symptômes décrits par le Docteur Karev, puis les convulsions qui ont eu lieu au tribunal nous ont orientées vers une grave pathologie. Nous venons de découvrir, suite à des examens, qu'il souffre de pré-éclampsie voir d'éclampsie !
- Oh non ! S'écrièrent Molly et Hermione.
- Quoi ? Dit Drago en se tournant vers elles.
Elles ne répondirent pas et il se retourna vers le médecin.
- Qu'est-ce la pré-éclampsie ? Demanda-t-il.
- C'est une pathologie plutôt spécifique aux femmes enceintes de jumeaux et/ou primipares. Elle entraîne de l'hypertension, souvent de l'œdème dans une phase primaire. Les convulsions entraînent souvent un coma. Ce qui est le cas aujourd'hui !
- Nooon !
- De plus, cela entraîne aussi un décollement des placentas1. Ils sont tous les trois en danger, et les enfants ont peut-être souffert de déformation.
- Mais… les bébés sont-ils viables ?
- Aux derniers examens du docteur Karev, ils le semblaient ! Si nous ne voulons pas que le père et les enfants meurent à cause de l'hémorragie, nous ne pouvons plus attendre pour procéder à l'accouchement par césarienne ! Il faut le faire au plus vite !
- Bien, bien, allez-y !
- Cela devrait déjà être fait ! Tonna une voix glaciale.
Tout le monde se retourna et vit la haute silhouette de Lucius Malefoy.
- Père ! Dit Drago. Que faites-vous là ?
- Je viens constater si mes petits-enfants sont en bonne santé !
- En bonne santé ? C'est de votre faute s'ils sont tous les trois en danger ! Harry était on ne peut plus stressé, depuis que vous nous avez envoyé cet employé du Ministère !
- Je ne pouvais pas laisser ces enfants entre vos mains perverses !
- Tu es immonde ! Nos enfants et Harry pourraient peut-être mourir ! Tu me donnes envie de vomir !
Arthur Weasley s'approcha de son vieil ennemi.
- Lucius !
- Oui ? Répondit l'aristocrate en levant un sourcil.
- Vous avez gagné le procès ! Ne pourriez-vous laisser Drago et les amis de Harry seuls en ce moment difficile ?
- Je dois récupérer mes petits-enfants !
- Désolé, Monsieur, mais ils devront rester quelques jours en couveuse magique, voire quelques semaines! Intervint le médicomage.
- Ah oui et pourquoi ?
- Ils seront prématurés, et probablement en détresse, et avec des carences ou des déformations !
- Ils seraient déformés ? Grimaça Lucius.
- Ah ah ! S'ils sont déformés, tu n'en voudras plus, hein ! Grogna Drago.
- Bon, et bien je reviendrai demain ! Dit Lucius de son air le plus hautain.
Il partit alors en faisant claquer sa canne sur le marbre du sol.
- Merlin, que je peux le détester ! Non mais vous l'avez entendu, mes enfants ne l'intéresseraient plus, dès lors qu'ils seraient déformés !
- Cela va aller Drago, de toute façon, il faudra faire Appel à ce jugement partial, demander une enquête sur les juges qui ont agréé Lucius, et vérifier leur compte bancaire ! Le rassura Hermione.
- Nous serons tous là pour vous ! Affirma un Ron déterminé.
Et tous se rapprochèrent de Drago, Hermione, Molly et Fleur l'enlacèrent. L'avocat et le médicomage restèrent en retrait. Ce dernier se tourna vers Maître Cage.
- Croyez-vous que l'appel pourra leur redonner les enfants ?
- Oui, j'ai déjà commencé à faire diligenter une enquête sur les juges, afin de connaître leur degré de corruption !
- Vous savez, M. Potter et ses enfants auront besoin les uns des autres dans les semaines à venir, et je trouve plutôt inquiétant que ces pauvres petits atterrissent entre les griffes de cet ex-mangemort.
- Nous sommes tous inquiets !
- Maître, moi aussi, je suis homosexuel ! Et ce qu'ont fait la Fondation Evans et Monsieur Potter, c'est une chance pour nous autres ! Mon compagnon attend de connaître le résultat pour entamer à son tour une grossesse !
- Oui ! Je le sais ! Pourriez-vous vous "arranger" pour que les enfants et Harry restent le plus longtemps possible ici ? Afin que l'Appel nous permette d'obtenir la cassation de ce jugement ?
- Oh oui, aucuns problèmes ! Vous savez quoi ? Je sais avec certitude que ces deux petits sont dans un sale état, qu'ils doivent "absolument" rester à Sainte Mangouste !
- Bien, bien, bien ! Nous sommes d'accord ! L'idéal serait aussi que Monsieur Potter et ses bébés n'aient pas la visite de Lucius Malefoy !
- Je donnerai la consigne aux infirmières ! Elles adorent toutes Monsieur Potter !
- Bien, bien, bien ! Sourit l'avocat d'un air entendu.
A ce moment-là, Drago sortit des bras de ses amis et se dirigea vers le médicomage.
- Docteur !
- Oui, Monsieur Malefoy ?
- Pourrais-je assister à la naissance de mes bébés ?
- Je veux bien, mais je vous préviens tout de suite que c'est une opération chirurgicale et qui, bien qu'elle soit magique, montre une vue assez sanglante !
- Je veux juste être présent, pour que Harry puisse le voir dans une pensine après. Et si les enfants sont en bonne santé et poussent leur cri de naissance, cela sera d'autant un bon souvenir !
- Bien, Monsieur Malefoy ! Je vais demander à une infirmière de procéder à votre préparation, pour qu'elle vous amène dans la salle ! Suivez-moi !
Drago suivit le médicomage tout en saluant ses amis. Une certaine Rosie le prit en charge, et lui montra comment enfiler le matériel stérile, comment se laver les mains. Il alla ensuite avec elle dans la salle d'opération, et put voir Harry allongé. Il voulut s'en approcher, mais l'infirmière lui intima de rester là où il était. A côté de la tête de Harry, étaient posées de nombreuses fioles de toutes les couleurs. Alex Karev et Oliver Thomson étaient vêtus comme Drago. Alex Karev lui expliqua comment ils allaient procéder.
- Drago, nous pensions initialement procéder à une extraction totalement magique des bébés et des placentas1, mais vu le mode de conception, nous préférons nous en tenir à une méthode plus moldue. De toute façon, toutes les précautions magiques sont prévues pour pallier aux faiblesses du système moldu. Nous ne devrions pratiquement pas faire couler de sang.
- Tout le monde est prêt ? Demanda le Docteur Thomson.
Ils s'affairèrent autour de Harry, un champ stérile avait été installé. Les baguettes étaient en mains et remplaçaient les outils manuels des moldus. Le docteur Thomson lança un sort de découpe, tandis qu'une infirmière lança une musique douce pour accueillir les bébés.
Drago eut un haut le cœur quand il vit le ventre de son Harry s'ouvrir et montrer une plaie rougeoyante. Un léger filet de sang s'écoula, faisant pâlir l'ancien serpentard. Il baissa les yeux. Un autre sort de découpe entrouvrit alors la première poche utérine. Avec précaution, Alex extirpa un des deux nourrissons qui poussa un petit cri geignard. Il le présenta à une infirmière, qui l'enveloppa dans un drap chaud, puis l'amena dans une des couveuses magiques. Un pédiatre soumettait l'enfant à de nombreux tests. Drago s'approcha doucement et contempla le bébé, qui n'était pas aussi petit qu'il le craignait. L'infirmière se retourna vers lui.
- C'est la petite fille ! Elle est en pleine forme, et elle n'a pas souffert de l'éclampsie !
- Elle est si belle !
- Oui, les bébés nés par césarienne ne sont pas fripés comme ceux de voie basse.
- Elle… elle a les yeux gris ?
- Oui et les cheveux blonds, on dirait. Elle tient de vous celle-là ! Et comment l'appellerez-vous ?
- Harry et moi avions pensé à Narcissa Lily Potter-Malefoy !
- C'est noté ! Dit la femme en jetant un sort à un petit bracelet rose pour inscrire le nom !
Alors que Drago faisait la grimace à la vue de cette couleur que Harry et lui détestaient, il vit Alex avec son fils, le nourrisson était bleu. Apparemment celui-ci avait des difficultés respiratoires. Le docteur Thomson jura en se penchant sur Harry. Drago ne sut plus alors où fixer ses yeux et ses inquiétudes. Si sa fille était en forme, son amour et son fils étaient en danger de mort. Alors que tout le staff médical s'affairait autour des deux malades, Drago recula contre le mur, enfonçant ses ongles dans ses paumes. Il baissa la tête et laissa couler des larmes d'inquiétude et d'angoisse. Il se laissa glisser le long du mur et se prit la tête entre les mains. L'infirmière qui s'occupait de Narcissa vint lui parler.
- Venez, Monsieur Malefoy, nous allons sortir d'ici avec notre petite Narcissa ! Cela vous fera du bien.
- Je… je… Sanglota Drago. Je veux… savoir… co… comment ils vont !
- Les médicomages viendront nous le dire, ne vous inquiétez pas ! Allez… venez !
Drago suivit la femme qui l'emmena avec elle vers la nurserie, où la petite fille devait avoir son bain et être nourrie.
- Dîtes-moi ? Aviez-vous aussi décidé du nom du petit garçon ?
- Oui, nous avions choisi James Severus Malefoy-Potter !
- Tiens, le nom est dans cet ordre cette fois-ci ?
- Oui ! C'était pour montrer à mon père que j'avais un héritier qui portait mon nom, mais ce salaud veut nous voler nos bébés !
- Ne vous inquiétez pas ! Il ne vous les prendra pas !
- Oui ?
- Oui, aussi longtemps que nous pourrons l'en empêcher d'ici ! A vous de gagner votre appel !
- Je rêve ou tout le monde n'a parlé que de cela ?
- Oui ! A l'arrivée de Monsieur Potter nous avons appris que le résultat du procès était une des raisons de ses convulsions.
Narcissa criait alors qu'une puéricultrice avait pris la relève de l'infirmière. Elle plongea la fillette dans la baignoire, dont le fond était à peine rempli. Il ne s'agissait que d'enlever le sang et toutes autres traces. Elle sécha le nourrisson, puis recouvrit le cordon ombilical d'un pansement. Elle l'habilla d'un "magnifique" pyjama rose qui fit grimacer Drago. La puéricultrice fourra le bébé dans les bras de ce dernier.
- Vous allez lui donner son biberon !
- Oh, je n'ai jamais fait cela !
- Il y a un début pour tout, Monsieur Malefoy ! Je reviens dans une minute.
Une fois seul, Drago se laissa à vraiment observer sa fille. Elle était tout en finesse et avait tout d'une Malefoy. Un grand sourire mangea son visage, car il venait de trouver un point de beauté au même endroit et de la même forme que celui de Harry. Elle était bien la fille de ses deux pères. La puéricultrice arriva avec le biberon chaud.
- Voilà un petit biberon !
- Je fais quoi là ?
- Vous laisser reposer sa tête dans le creux de votre bras… voilà comme cela ! Tenez le biberon !
- Elle ne veut pas le prendre !
- Mais si frottez ses lèvres avec la tétine ! Oui… voilà ! Regardez, elle tète !
- Oui !
Drago leva un visage extatique vers la puéricultrice, puis reposa ses yeux sur son bébé.
- Vous pouvez lui parler si vous voulez !
- Aaah ! Oui ?
- Oui ! Bien… avant de vous laisser, on m'a chargé de vous informer que votre fils s'en sort très bien, bien qu'un peu plus petit que sa sœur et plus fragile aussi, il va arriver d'ici quelques minutes et vous pourrez aussi lui donner son biberon. Quant à Monsieur Potter, il est toujours dans le coma, mais le docteur Thomson m'a dit qu'il devrait bientôt en sortir. L'éclampsie aggravée a été évitée.
- Merci mademoiselle !
- Je vous laisse, je vais vous ramener Jamie ! Dit-elle en partant.
Drago secoua la tête ! Son pauvre fils venait à peine de naître et on lui donnait déjà un surnom, mais il l'aimait ce surnom. Il se pencha vers sa fille, qui tout en tétant avidement, commençait à papillonner des yeux.
- Ma petite chérie, dès que tu auras fini ton repas, je te mettrai dans ta couveuse pour m'occuper de ton frère, ma puce ! Il va aller très bien ! Et vous allez commencer votre vie ensemble avec votre papa et moi ! Tu verras, ton papa va vite guérir, et nous allons tous rentrer à la maison avec lui. Je te le promets. Jamais je ne laisserai ton grand-père vous prendre à nous ! Jamais !
Il se pencha et embrassa le front tout doux, si doux, et déjà elle sentait bon. Il vit une goutte tomber sur la joue de Narcissa et comprit qu'il pleurait. Il pleurait d'inquiétude, mais surtout il pleurait de bonheur.
1 Comme ce sont des jumeaux, fille ET garçon, ce ne sont pas des monozygotes donc pas de placenta commun ! |