Chapitre 12 : Enlèvement
Un duo de cris et de pleurs se faisait entendre dans la pièce. On s'affairait autour de deux petits êtres qui étaient déjà fortement unis dans leurs actions. Depuis deux semaines qu'ils étaient nés, ils avaient été très entourés, très aimés aussi. Leur père s'occupait d'eux avec un amour qui laissait ses plus virulents détracteurs béats d'admiration.
A ce moment-là, Drago changeait Jamie, tandis que Ron finissait d'habiller Narcissa. Ce dernier était très fier, car sa femme l'avait poussé à aider le compagnon de son meilleur ami. C'était la troisième fois qu'ils faisaient la course ensemble pour savoir lequel finirait d'habiller l'un des jumeaux en premier. C'était d'ailleurs une des raisons pour laquelle les bébés pleuraient si fort. On ne peut pas aller vite, et avoir des gestes tendres et des mots d'amour. Or leur père les avait habitués à prendre tout son temps pour changer leurs couches et leurs vêtements, et leur parlait tout du long en leur administrant mille bisous sur leur peau tendre et à l'odeur de lait.
- J'ai gagné ! Hurla Ron.
- Pffff ! D'accord ! Mais si je retrouve Cissy trempée parce que tu auras mal attaché sa couche, je considérerai ta victoire comme caduque ! Répondit Drago.
- Ok !
- En attendant, il est temps de leur donner leur biberon !
Ils s'installèrent, et à la vue des bavoirs et des biberons, les nourrissons arrêtèrent leurs cris tonitruants. Leurs grands yeux brillaient d'anticipation. Drago mit la tétine dans la bouche de son fils et se mit à lui parler avec tendresse. Il adorait ses yeux verts qui lui rappelaient tant ceux de Harry. Il était plus petit que sa sœur, mais il était très dynamique. S'il avait la couleur des yeux et les cheveux noirs de son père-mère, il avait le nez et la bouche de Drago. Il ne remarqua pas que Ron l'écoutait.
- Tu sais que tu as de beaux yeux, mon Jamie ? Aussi beaux que ceux de ton papa ! Tu as aussi ses magnifiques cheveux noirs, mon p'tit noiraud, tu es très beau ! Oh, tu me fais un sourire charmeur en plus ! Tu sais que ton père t'aime, hein, petit coquin ?
Depuis deux semaines, Ron avait fait table rase de ses récriminations passées contre Drago. Il avait fini par admettre que ce dernier était devenu quelqu'un de tout à fait fréquentable. Depuis deux semaines, Ron faisait partie des cerbères qui interdisaient la porte à Lucius Malefoy et aux services sociaux du Ministère, qui voulaient "enlever" les nourrissons. Alors qu'il donnait son biberon à la petite Narcissa, il fut surpris, alors qu'il relevait la tête, de voir entrer la "grande" Narcissa.
- Bonjour, Monsieur Weasley !
- Bonjour Madame Malefoy !
Drago avait levé la tête, très étonné, car pas une fois, il n'avait vu sa mère depuis l'annonce de son homosexualité ou de sa paternité. Elle observait la petite Cissy dans les bras de Ron.
- Bonjour, mon chéri !
- Bonjour, mère !
Elle s'approcha de lui et se pencha sur le petit garçon qui continuait à téter.
- C'est le petit James ?
- Oui !
- Il ressemble beaucoup à Potter !
- Harry, s'il te plaît !
- Oui, il ressemble beaucoup à Harry !
- Que fais-tu là ?
- Je venais voir tes enfants !
- Et ?
- Je suis leur grand-mère, tout de même !
- Et alors ?
- Je sais ! J'aurais dû te soutenir concernant ton homosexualité, mais ton père a toujours eu une telle emprise sur moi, et ce, depuis notre mariage.
- Il n'y a pas que cela !
- Oui, j'aurais, aussi, dû te soutenir lors du procès et témoigner contre lui, mais il m'a menacé de me mettre à la rue ! Tu sais que les Black n'ont plus aucun bien, que les derniers sont passés aux mains de Potter !
- Harry, s'il te plaît !
- Oui, Harry !
- Tu aurais pu me demander de t'accueillir !
- Tu l'aurais fait ?
- Oui ! Et décidément, tu ne me connais guère mieux que père !
- Ooohh, mon chéri !
- Que comptes-tu, enfin, daigner faire pour moi ?
- Je… je pourrais témoigner contre ton père dans le jugement d'appel ?
- C'est-à-dire ?
- Et bien, je peux avoir les preuves qu'il a bien corrompu les juges !
- C'était donc vrai, nous ne nous trompions pas ?
- Non !
- Bien, mon avocat s'appelle John Cage, le mieux est que tu le contactes !
- Je sais son nom ! Je rentre à la maison et je lui envoie un hibou tout de suite !
- Je te remercie !
- Dis-moi, mon chéri, je pourrai revoir mes petits-enfants ? Finit-elle par dire en caressant les cheveux blonds de son homonyme.
- Bien sûr ! Crois-tu que je les priverais de la seule grand-mère qu'ils aient ?
- Oooh, mon chéri !
Là-dessus, Drago qui venait de déposer son fils dans le berceau, accueillit sa mère dans ses bras. Ils restèrent enlacés de longues très longues minutes. Ils se caressaient leur longue chevelure évanescente. Drago finit par se reculer.
- Mère, je dois te laisser, car c'est l'heure où je vais voir Harry !
- D'accord ! A demain ?
- Oui, j'en serai enchanté !
- Au revoir, mon chéri, au revoir, Monsieur Weasley !
- Au revoir, mère !
- Au revoir, Madame Malefoy.
A peine fut-elle partie que Drago se précipita à l'étage qui menait au service Réanimations. De toutes parts, on entendait les bip-bips des sorts de contrôles et les chuintements des respirateurs moldus. Il entra alors dans la chambre de Harry. Celle-ci était encombrée de fleurs et de ballons. Des dizaines de mots et de parchemins voltigeaient en forme d'oiseaux au plafond. Là, sur le lit, reposait un Harry pâle, à la lente respiration. Il n'était pas appareillé, seul un sort de diagnostic était en permanence visible au-dessus de sa tête. Tout allait bien. Malgré son coma, il se portait plutôt bien. Son corps avait bien récupéré de la grossesse, de l'accouchement et de l'éclampsie. Les seins avaient disparu et un beau ventre plat était revenu. Les rares petits bourrelets dus à sa gourmandise d'homme enceint n'étaient plus là non plus. Drago contemplait et admirait le corps qui lui avait tant plu un an auparavant. Il s'approcha, puis baisa son front, ses paupières, ses joues, sa bouche, son cou. Il aurait pu continuer plus loin si Maître Cage n'était pas arrivé dans la chambre.
- On m'a dit que je vous trouverais ici. Bonjour, Drago !
- Bonjour, John ! Alors ?
- Depuis que j'ai reçu le hibou de votre mère, je ne tiens plus. Comme vous vous en doutiez, j'ai suffisamment pour faire casser le jugement, faire virer de l'ordre les juges, et même pour faire cracher votre père au bassinet !
- Hum, cela tombe bien ! Je suis en manque de fonds !
- Je vais vous laisser ! Je dois aller déposer le dossier devant le magenmagot ! Cela va faire du bruit ! Si tout va bien tout devrait se régler dans à peu près une semaine !
Après le départ de l'avocat, le chercheur s'allongea près de l'inconscient. Il avait une main dans ses cheveux emmêlés, et l'autre passait sur les arcades sourcilières, puis descendait sur l'arête du nez. C'était une habitude qu'il avait prise, intimement persuadé que cela aiderait Harry à se réveiller. Il ne put résister et posa ses lèvres sur celle du bel endormi. Puis se mit à embrasser le lobe de l'oreille et lui susurra des dizaines de mots d'amour. Alors qu'il se sentait somnoler, des bruits d'explosions alliés à l'alarme d'attaque qui datait du temps du Mage Noir, se firent entendre dans l'hôpital. Il se redressa et courut à toute vitesse vers l'origine de tout ce bruit. L'inquiétude monta en lui quand il s'aperçut que tout ce tintamarre se passait dans la nurserie. Il vit alors la haute silhouette de son père.
Celui-ci tenait Jamie dans ses bras tandis qu'il reconnut la gynécomage Cécilia Gordon qui avait Cissy dans les siens. Alors que Ron, Athena qui venait d'arriver, et tout un bataillon d'infirmières essayaient de les astreindre à leur remettre les enfants.
Il vit, accompagnant et soutenant les kidnappeurs, un groupe d'aurors et la désagréable Dolores Ombrage. Alors que les défenseurs se rapprochaient des bébés, ils furent repoussés par des doloris lancés par Lucius, Ombrage et un auror. Drago, lui, ne voyait que ses bébés qui étaient brinquebalés dans tous les sens et criaient à gorge déployée. Drago, lui, ne voyait que les larmes qui roulaient sur les petits visages crispés et rouges de colère.
La bataille durait depuis de longues, très longues minutes, quand soudain, Lucius et ses comparses coururent sur l'aire de transplanage laissant les défenseurs endoloris par les sorts impardonnables. Ils disparurent en emportant les jumeaux et laissant leurs adversaires frustrés et rageurs. Un puissant cri du cœur envahit le couloir.
- NOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNN !
Drago et ses amis se retournèrent sur un Harry qui tenait fermement sa baguette en main. Ses yeux étaient rouges et reflétaient une immense douleur et une détermination sans faille. Drago s'approcha de lui petit à petit. Il le vit se mettre à trembler, une larme, unique, perla à son œil. Il tomba alors évanoui mais Drago l'empêcha de choir au sol. Il le prit dans ses bras et le ramena dans sa chambre. |