Letters, No Letters
Si Fred Weasley n’avait pas reçu sa lettre...
genre: family/tragedy
by Vilain Garçon
Erol, le vieil Hibou de la famille Weasley survola le jardin du Terrier vaille que vaille. Un gnome essaya de l'attraper, mais les jumeaux veillaient au grain et interceptèrent le volatile. Un paquet de lettres à la patte, la pauvre bête semblait au bord de l'inanition, mais les deux garçons n'en avaient cure. Ils laissèrent là l'animal et se dirigèrent vers la cuisine.
- Vous n'êtes pas mieux que les gnomes de notre jardin, grogna alors Charlie Weasley en sortant de la cuisine d'où il avait pu voir toute la scène.
Il saisit la première chose qu'il trouva par terre, une botte, et la balança à la tête de l'un des jumeaux, Georges en l'occurrence puisque Fred s'était planqué derrière son frère avec un grand éclat de rire. L'ami des bêtes, comme le surnommait la famille, se précipita près du vieux hibou qu'il porta d'une main alors que de l'autre il mettait une grande taloche à l'arrière du crâne de Fred pour ensuite s'emparer des lettres que ce dernier avait à la main. Le plus âgé n'eut aucun mal à tenir à distance ses deux frères jusqu'à leur arrivée dans la cuisine. La scène qui suivit fut des plus banales constata Fred. Leur mère leur hurla après, tandis que Charlie s'occupait du hiboux en les ignorant. Ils échangèrent un sourire complice avec George, un rire tapie au coin des lèvres. Sans se concerter, les jumeaux entourèrent leur mère qui finit par se taire. Ils prirent tous deux un air contrit et d'un geste vif, saisir chacun une main. Ils l'obligèrent à se baisser pour l'embrasser de concert. Toute colère quitta les traits maternelles et Molly ne put retenir un sourire attendrit à la vue de ses deux petits monstre.
Cette année là, parmi les lettres de Poudlard, l'une d'elle annonça la promotion de Bill au poste de Préfet en chef, une autre contenait l'insigne de capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor pour Charlie et Percy eut droit à la traditionnelle liste de fourniture. Aux jumeaux, échut une seule et unique lettre. Ils échangèrent alors un sourire complice.
- Ils sembleraient que Poudlard … commença Fred avec une petite moue sérieuse.
- … ait compris que nous ne sommes qu'un! finit Georges avec un grand sourire.
Il ouvrit alors la lettre, ignorant totalement le nom inscrit sur l'enveloppe, et commença à lire à haute voix. Plus un bruit ne résonnait dans la cuisine. La voix de Georges mourut peu à peu dans le silence pesant. La lettre était au singulier. Fred se sentit perdu. Il ramassa l'enveloppe par terre et la réalité le frappa. George Weasley, Le Terrier, Loustry Sainte Chaspoule...
.o.
La cuisine du terrier était d'un calme impressionnant. Ce n'est pas vraiment étonnant se dit Georges en mangeant son petit-déjeuner, voilà quelques années que le calme règne dans cette maison. Le calme et le silence, surtout le silence. Sept ans jour pour jour qu'il a reçu sa lettre. Lettre qui l'avait contraint à aller à Poudlard sans son frère. Plus qu'un frère se dit-il. Il se souvenait de sa relation passée avec Fred, ils étaient une extension de l'autre, un esprit dans deux corps, qu'une foutu lettre avait brisée en deux, déchirée avec violence. Fred n'avait même pas réagit, Georges le voyait encore, amorphe, regardant d'un air absent l'enveloppe fautive. Et lui comme un idiot avait simplement pensé qu'ils avaient reçu une seule lettre car Poudlard savait qu'ils n'étaient qu'une seule et même personne...
Un hiboux arriva. Sa mère se leva pour prendre le courrier, tous dans la pièce le regardait de biais pour voir s'il réagissait, mais cela faisait bien longtemps que Georges ne réagissait plus. Tremblante, la matriarche de la famille lui tendit l'enveloppe à son nom, qu'il empocha sans un regard. L'unique jumeau se leva en vérifiant le contenu de sa poche et partit dans le jardin. Il n'y avait plus de bottes éparpillées dans l'entrée, plus de gnomes courants sur la pelouse, plus de balles de Quidditch traînants sur le gazon. Tout était propre, net et silencieux, si peu Weasley se dit George en se dirigeant vers le portail. Près du grand chêne sur la colline, au pied même de l'arbre, une pierre blanche, de petite taille. Un nom, une date, une phrase : un frère aimé, un enfant chéri...
Georges s'assit sur la pierre, ouvrit la lettre et la parcourut rapidement.
- Nous avons eu tous nos aspics avec optimal, sauf histoire de la magie, bien sur, mais tu sais bien qu'il nous ait difficile de nous concentrer face à ce vieux fantôme débilitant.
Le vent dans les arbres lui répondit un silence. Le silence, toujours l'entourait. Au début, il y a quelques années, les silences résonnaient des phrases de son frère. Mais à présent, si longtemps plus tard, seul le silence subsistait.
- Tu vois, tu m'avais fait promettre d'aller à Poudlard, de réussir pour nous deux. Nous avons réussi, petit frère fit Georges plus doucement en posant ses deux main à plat sur la pierre blanche.
Petit frère, Fred était devenu son petit frère alors qu'ils étaient jumeaux, mais Fred avait toujours douze ans, Fred n'avait pas grandit, et un jour Georges avait compris qu'il serait toujours plus vieux que lui... Toujours...
George s'allongea sur la pierre, sorti de sa poche une fiole qu'il gardait précieusement depuis deux ans et la posa près de son visage à coté de l'enveloppe. Il raconta à son frère leur année, les filles qu'ils avaient aimées tout les deux sans qu'elles le sachent, les amis qu'ils avaient eus et les match de Quidditch qu'ils avaient joués. Et pendant que le murmure des feuilles lui répondait, il bu la fiole. Puis il raconta Poudlard. Les escaliers, les tableaux, les passages secrets, Poudlard le jour, Poudlard la nuit... Sa voix s'estompa peu à peu alors que le murmure des arbres se faisait plus fort.
L'enveloppe s'envola, George Weasley, Le Terrier, Loustry Sainte Chaspoule... |