Letters, No Letters
Si Rubeus Hagrid n’avait pas reçu sa lettre...
genre : humor/family
by Coline
Rubeus était un petit bonhomme trapu d’à peine onze ans. Petit, si l’on considère son entourage. En effet, il vivait avec sa mère, une géante de 5m75. Son père, un sorcier tout ce qu’il y a de plus normal, le lui avait confié quelques années auparavant, ne pouvant plus élever leur fils convenablement. Rubeus, que ses congénères avaient renommé “Rag” pour des commodités de prononciation, s’était complètement imprégné de la culture géane. Ainsi, il se réveillait chaque matin en même temps que le soleil, et partait chasser quelques biches pour accompagner son petit-déjeuner. Tout guilleret, ses cheveux bruns en bataille et pas lavés depuis... toujours, il retourna dans sa caverne auprès de sa mère, Fridulva, qui se réveillait tout juste. La chasse avait été bonne ce matin, il avait même un cadeau pour sa chère maman. Rag s’était si bien adapté qu’il en avait oublié tout ce qu’il avait appris chez les sorciers, jusqu’à n’avoir qu’un vague souvenir de son père.
En attendant que Fridulva soit prête à manger, il alla se battre avec les autres jeunes géants. Sa petite taille ne semblait pas poser de problèmes, car il était plus vif et plus agile que ses amis. Il laissa tout de même le fils du Gurg, le chef de la tribu, lui fracasser la tête contre un rocher, car il avait compris que son statut social n’en permettait pas autrement. Et puis, pensait-il, c’est aussi vachement rigolo. Alors, il fit semblant de rebondir et de tituber pour amuser la galerie, car c’est ainsi qu’il avait réussi à se faire accepter dans le clan. Être un sang-mêlé n’était pas toujours évident, il l’avait souvent appris à ses dépens.
Soudain, il entendit le grognement qui avait bercé toute son enfance. Celui de sa mère, qui l’invitait à revenir à la caverne pour prendre son repas. Il reposa un de ses camarades dont il venait de démettre l’épaule, et s’élança à travers la montagne. Sa mère l’appelait, sa douce et tendre mère qui ne manquait jamais de lui fabriquer des belles et énormes masses, qui lui gardait toujours le coeur des proies qu’elle chassait car elle savait que son fils préférait les morceaux sanguinolents. Une maman géante très attentionnée, en somme.
Rag déboula en courant dans leur grotte, une bave de bonheur dégoulinant de son menton. Déjà parce qu’il allait manger, et ça oui, il aimait manger, mais aussi et surtout car, pour une fois, c’était à lui d’offrir quelque choses à sa mère.
Fridulva avait disposé sur une dalle de pierre les vivres de leur repas, le tout décoré des fleurs et de cranes d’animaux qu’elle disposait habituellement à l’entrée de leur caverne. Tout jouasse, Rag sortit ses prises de leur cachette, tout en gardant sa surprise pour la fin du repas. Ils s’empiffrèrent comme des ogres, enfin, comme des géants, et s’affalèrent contre la paroi, repus. Après un instant de digestion, le demi-géant s’approcha solennellement de sa mère. Il fit apparaître dans ses mains le cadeau dont il était si fier. Un hibou. Sa mère en fut très heureuse, arracha la tête de l’animal encore vivant, pour offrir le corps frêle et encore chaud à fils. Rag en fut tout ému, mais n’en goba pas moins la bestiole d’une bouchée. Il sentit alors quelque chose d’étrange sous ses dents, et le recracha. Accroché à l’une des pattes de l’animal, il vit un espèce de machin blanc, qui lui évoqua un très vague souvenir de sa vie d’humain. “du papier” se dit-il. “oui, je crois que ça s’appelle comme ça”. Il eut un élan d’humanité, puis, pensant que ça n’était pas aussi important que de manger, ravala aussi sec la lettre, cachetée du sceau de Poudlard. |