Bip…bip…bip…bip….

Les bruits de la machine étaient infernaux. Terribles même. Comment pouvait-on rester dans cette pièce sans devenir fou ? Comment pouvait-on rester assis devant la personne qu'on aime sans pouvoir rien faire pour l'aider ? Lucius ne savait pas et ne saura jamais. Le médicomage venait de lui annoncer des nouvelles qui s'étaient entassées sur la mauvaise conscience qu'il avait depuis près de 24 heures. Il s'en voulait terriblement de n'avoir rien vu, de n'avoir fait, de ne pas l'avoir protégé et le pire c'est qu'il ne savait même pas qui avait fait cette horreur à sa femme bien aimé. Des bruits de pas le sortirent de sa rêverie. Une porte s'ouvrit pour laisser passer un homme aux cheveux gras et au teint cireux…

-Lucius… Si je peux faire quoi que ce soit pour toi…

L'homme n'était pas un sentimental mais pour la première fois de sa vie il éprouva de la peine. De la peine pour son ami d'enfance. De la peine pour la femme de son dernier qui était une vraie amie pour lui. Il regarda les yeux gris acier de l'homme blond en face de lui. Lucius semblait se retenir de pleurer car ce serait une honte. Combien de fois l'avait-il vu apprendre le protocole ? Combien de fois Lucius avait caché ses pensées et sentiments pour obéir à ce maudit protocole ? Combien de fois son père l'avait sévèrement corrigé pour ne pas avoir suivi le protocole ? Elles ne se comptaient même plus tellement elles avaient étés nombreuses…

-Lucius…. Je ne peux pas imaginer comme la situation doit…

-NON ! Effectivement tu ne peux pas ! Tu n'as pas de femme, tu n'as jamais été marié donc tu ne peux pas comprendre ce que je ressens à ce moment précis. Ma femme… s'est faite violée alors que j'étais absent, que je n'étais pas là pour la protéger comme je l'aurais dût ! Alors NON, ne viens pas me dire que tu comprends !

La voix de Lucius débordait de colère, de haine, de peine, de rage et de douleur. Tous ses sentiments en une phrase résumaient son humeur. Mais là il envoyait le protocole et son père sur les roses. Puis il partit de la chambre en marmonnant à son ami de veiller sur sa femme. Il avait une affaire très urgente à régler. En transplanant à son manoir il chercha immédiatement Tipi, l'elfe personnel de sa femme. Il l'appela car même si il était triste il n'allait pas changer les habitudes, et Lucius n'avait pas pour habitude de courir après les serviteurs. Elle avait des pansements autours des mains qui semblaient avoir étés bien maltraitées.

-Monsieur le maitre, Tipi était en train de se punir d'avoir laissé Mme Malfoy. Tipi s'est brulé les mains et se les ai mises dans le four pour tant de bêtises couina la créature en montrant ses mains à Lucius.

-« Si toi aussi tu devais te punir pour le mal que tu as fait à Narcissa tu pourrais déjà creuser ta tombe mon cher Lucius ». L'aristocrate avait pensé cela avec beaucoup de conviction et s'était égaré dans ses pensées macabres. Il ne vit pas que l'elfe s'était inclinée et qu'elle attendait les ordres.

-Je veux que tu me conduises à l'endroit où tu as retrouvé Narcissa dit simplement Lucius en transplanant avec la créature sur les lieux maudits.

Puis il arriva une deuxième fois dans la demeure sauf qu'il y avait de la lumière cette fois. Il s'avança en gardant une main sur sa baguette magique et fit la pire découverte qu'il soit. Il vit dans quelle maison il était arrivé et ce fût presque un choc pour lui. Devant lui il y avait des photos d'un couple, d'un couple heureux. Celui de James Potter et Lily Evans Potter. Lucius crut mourir en comprenant ou il était arrivé. L'ordure allait payer cher s'il s'avérait que c'était lui l'auteur de l'atrocité commise sur sa femme.

Il dévala les escaliers pour s'arrêter devant des photos. Des photos d'eux en uniformes de Poudlard, des photos de James en tenue d'attrapeur de Quidditch, des photos du mariage du couple et une photo représentant l'ordre du Phœnix. Dumbledore ce vieux fou secouait la main comme un bienheureux. Il aurait voulu avoir une vision de la veille mais seule Narcissa pouvait parler pour révéler le nom ou le physique de son agresseur. Il garda la localisation précise de la maison de James et partit en laissant une lettre à son attention sur la table du salon. James Potter s'était engagé sur la mauvaise pente en s'en prenant à la femme de Lucius Malfoy.

Quelques heures plus tard c'est un James à peu près sobre qui rentra chez lui, seul. Il jeta sa veste sur le canapé, fit apparaitre une bière d'un coup de baguette magique et s'affala dans un fauteuil. Puis il tourna la tête et vit une enveloppe sur la table, une enveloppe couleur crème avec le sceau privé de… Malfoy ? « Accio »

-« Merde » pensa James en décachetant le papier avec ses dents. La lettre était banale mais les mots regorgeaient de haine. Lucius n'y était pas allé en douceur.

On ne s'en prend pas comme ça à ma femme. Je te préviens Potter, quand j'aurais toutes les preuves en main je te ferais tomber toi et ton visage hypocrite. Soi sûr que plus jamais tu n'auras une vie tranquille et que tout le monde saura que tu n'es qu'une sale ordure. Les petites disputes à Poudlard et les heures de colles sont des souvenirs dérisoires par rapport à ton geste d'hier soir. Je suis certain que tu n'as pas assez bien mémorisé le code civil sorcier que tu dois savoir quand tu t'engages dans le service de justice magique.

Lucius Abraxas Malfoy

James vira au blanc. Par Salazar il avait été soul une nuit et maintenant il réalisait parfaitement ce qu'il avait fait. Il ne le regrettait que très peu car ainsi il avait eu sa revanche sur cet imbécile de Malfoy mais là il s'était également mis dans un sacré pétrin. Comment allait-il annoncer cela à Lily ? Mieux, il ne lui dirait rien, il valait mieux qu'il préserve son couple et puis de toute manière il savait que Narcissa ne dirait rien. Il savait comment elle était, froide d'apparence mais fragile à l'i intérieur. A Poudlard elle agissait de la même manière, astucieux n'est-ce pas ? Pour honorer ce qu'il venait de penser il aspergea la lettre de bière et la jeta au feu.

Puis il entendit la porte s'ouvrir et une femme très belle aux longs cheveux roux entra dans la salle à manger de la maison. Elle semblait exténuée et posa un baiser sur les lèvres de son époux.

-Alors James ? Comment vas-tu ? As-tu eu cette promotion dont tu me parlais sans arrêt ? demanda Lily Potter en s'asseyant près du feu

-Non grogna son mari en la rejoignant. C'est comme toujours Malfoy qui l'a eu car évidemment c'est le meilleur de tous et c'est celui qui finance le plus et c'est celui qui a le nom qu'on respecte le plus au ministère et blabla…

-Ne soit pas si ronchon, après tous les primes existent pour tout le monde. Tu en auras une bientôt je le sens, Lucius Malfoy ne peux pas les avoir toutes sinon ce serait suspect tu ne crois pas ?

Lily avait toujours eu la chance de savoir relativiser une situation douloureuse entre son époux et son ennemi de toujours. Malgré tout elle restait heureuse avec son sourire jovial sans se douter une minute de ce que son époux avait commis durant son absence.

Hôpital St Mangouste

Lucius était revenu auprès de sa femme et guettait son réveil. Il ne l'avait dit encore à personne de son entourage car il connaissait trop bien els réactions de chacun. Severus avait veillé sur son amie comme promis et avait quitté les lieux quelques heures plus tôt. Cela faisait près de deux jours que Narcissa n'avait pas ouverts les yeux. Son mari avait les yeux cernés, il n'était pas rasé et il se rongeait les sangs. Par Merlin et Salazar ce Potter allait payer de n'importe quelle manière. Même si il n'était pas sûr de lui, Lucius savait que comme le viol s'était passé dans la maison de James il serait aussi coupable que les autres.

Des gémissements attirèrent son attention. La main de Narcissa bougea dans la sienne. Il se rapprocha d'elle doucement pour ne pas l'effrayer. Elle ouvrit difficilement les yeux et il pût voir que le regard amoureux qu'elle avait avant la tragédie s'était transformé en regard craintif…

-Lucius… murmura-t-elle d'une voix à peine audible

Il approcha sa main d'elle et elle recula violement. Il eut peur de lui avoir fait mal. Elle avait peur qu'il pose ses mains sur elle, peur qu'on ne la blesse encore une fois. Elle ressemblait à un oiseau chétif, un oiseau blessé qui ne pouvait plus voler. Elle était désespérée et triste. Elle savait que Lucius était son mari et que jamais il ne lui ferait du mal comme cette ordure de James. Elle le savait mais n'arrivait pas à le laisser s'approcher. Elle était sale, elle était souillée, quelqu'un lui avait enlevé la dignité qu'elle avait, quelqu'un l'avait déchirée de l'intérieur, lui volant son âme, lui volant son corps.

-Cissy…

Il l'avait murmuré mais elle l'entendit quand même. Il l'avait appelé par le nom qu'il lui donnait à la maison. Elle vit dans ses yeux la détresse et baissa le regard. Narcissa, la femme de Lucius était partie. Elle était ailleurs et son corps était abimé comme jamais. Plus personne ne pourra jamais le réparer. Il en allait de même pour son esprit, il avait fallu une nuit pour la détruire.

Il lui tendit une main, elle recula. Il lui offrit son cœur, elle le sentit. Il lui offrit son regard sincère, rempli de promesses, rempli d'amour, rempli de sécurité. Il ne lui ferait pas de mal, il la protégerait, il veillerait sur elle. Après tout pourquoi avait 'il dit oui pour se marier avec elle ? On n'épouse quelqu'un qu'on veut aider, protéger et pas quelqu'un qu'on ne veut pas aider ou quelqu'un qui nous importe peu.

Perdu dans ses pensées il ne sentit pas sa femme s'approcher de lui ou encore quand elle s'agrippa à sa chemise. Elle pleura toutes les larmes de son corps. Elle abima la chemise de soie mais peu importait. Le parfum de l'homme était reconnaissable et c'est ainsi qu'elle resta. Accrochée à son mari elle se sentait en sécurité, elle n'avait pas arrêté de penser à lui pendant sa torture, pendant son sommeil, pendant les soins ou elle n'avait été qu'inconsciente. Il restait le principal concerné de ses rêves.

La porte s'ouvrit pour laisser passer le médicomage. Narcissa eut un sursaut de terreur et ferma compulsivement les yeux en se resserrant de son mari qui lui caressa maladroitement le dos. Le médicomage lui fit signe de venir avec lui dans le corridor. Il posa sa femme comme un enfant dans son lit en lui promettant de revenir.

-Ne m'abandonnes pas Lucius… murmura-t-elle en regardant ses yeux gris

Il secoua la tête et l'embrassa sur le front. Il sortit pour faire face au médicomage qui semblait très préoccupé pour l'était de sa patiente.

-Comme vous le savez Mr Malfoy votre femme a été violée avec force et la personne qui l'a fait a été très brut avec elle. Malheureusement nous avons dût faire face à des complications quand nous la soignons. Il est possible d'identifier son violeur avec des tests magiques mais le problème c'est que…

Il ne savait pas comment lui dire. Comment allait-il lui annoncer ?

-Qu'a-t-elle de plus ? Elle n'a pas subi assez d'horreur ? Je ne suis pas certain qu'elle vous laisse la toucher et je ne veux entendre qu'une très bonne raison pour accepter vos tests répondit la voix froide de l'aristocrate blond

-Votre femme est…si jamais nous prélevons les échantillons il se peut qu'elle ne puisse jamais avoir d'enfants…

Un poing s'abattit dans la figure du médicomage. Lucius avait vu rouge quand il avait entendu ce qu'il avait dit. Narcissa voulait des enfants et en plus ils devaient donner un héritier à ce monde. Et puis comment pouvait-on priver une femme de ses droits à devenir mère ? Il préférait identifier lui-même le violeur que de priver sa femme de ce droit.

-Je refuse, faites tous les tests possibles mais je vous interdis formellement de faire celui-là c'est compris ?

Le médicomage se releva, se massa la mâchoire et hocha la tête. Il donna les instructions aux autres médicomages et partit en laissant un Lucius en furie dans le couloir. Le blond prit le temps d'assimiler la nouvelle et retourna auprès de sa femme.

-Ramène moi à la maison je t'en prie…

Le ton était presque suppliant et Lucius ne pût penser que c'était sans doute la meilleure solution pour les deux. Après tout il n'avait pas besoin d'autorisation. Il souleva délicatement sa femme et partit dans les couloirs en la tenant bien contre lui. Il ne vit personne et quand il arriva à l'accueil il demanda simplement de sa voix impérieuse qu'on raye le nom de Narcissa Malfoy de la liste. Puis il transplana au manoir familial.

C'était officiel, la guerre était déclarée !

A suivre….