Chamane 2 : Le guérisseur.
Draco partit trois jours plus tard pour le Botswana, avec toutes les accréditations nécessaires à ses futures transactions, moldues et magiques. Sa chambre d'hôtel avait été réservée à Gaborone depuis Londres et le rendez-vous fut pris avec Per Gweta, le négociant en pierres recommandé par Solman et Griffith. Il n'y eut aucun problème. La commande était prête et serait acheminée par le circuit sécurisé habituel.
Draco eut la chance de découvrir, parmi les diamants jaunes réservés par la Maison, les cinq pierres ayant exactement la grosseur et la couleur exigées pour la parure en attente. Il n'avait même pas besoin de la loupe pour les sélectionner. Mais il l'utilisait quand même par précaution. Il avait « l'Œil absolu » disaient ses employeurs. Il négocia habilement l'achat dans les limites prédéfinies. Il était intérieurement soulagé. Si ce voyage était un test, il avait brillamment réussi le premier stade.
Il lui restait à prospecter dans les villes plus petites, où les adresses et les contacts étaient plus vagues que pour la capitale. Il avait cinq jours devant lui et décida de garder Molepolole pour la fin. Il fit donc ce que lui avait conseillé un ancien intermédiaire de la Maison pour l'Afrique : il loua un taxi et son chauffeur à la journée. Les localités où il devait se rendre étaient toutes à moins de cinquante kilomètres de la capitale.
Le pays était assez plat et désertique, sauf aux abords des quelques villages. Pas de fermes isolées, juste des arbres assez espacés, des buissons épineux et un sol sableux et caillouteux d'où s'élevait une poussière rouge dès que la voiture - un solide 4x4 qui en avait vu d'autres - quittait la grand' route goudronnée. Pas de grands animaux sauvages non plus. Pour voir des lions, des girafes ou des antilopes, il fallait aller plus loin vers l'intérieur. C'était ce qu'on demandait d'habitude au conducteur, il était surpris que son client n'aille que dans des petites villes où il n'y avait rien à voir. En général, les touristes venaient au Botswana pour faire des safaris photos au Kalahari, par exemple dans le delta de l'Okavango.
Draco se rendit d'abord à Mmankgodi, une grosse bourgade coincée entre un relief montagneux et la vallée d'une rivière au débit variable. L'adresse donnée était : une maison bleue près de l'église. Mais le chauffeur avait l'habitude de cette imprécision. Il suffisait de donner quelques pulas à des passants et ils indiquaient le chemin à prendre. Quelquefois même, ils montaient sur le marche-pied du taxi et montraient la route.
Les gens étaient souriants et accueillants. Certains regardaient pourtant Draco d'un œil curieux et faisaient des réflexions en tswana' au chauffeur. Celui-ci rassura son client qui n'avait pas l'air content. Se moquait-on de lui ? Mais non, les gens parlaient simplement de la couleur particulière de ses cheveux. Ils avaient souvent vu des Blancs aux cheveux blonds mais les siens avaient une couleur spéciale. Draco soupira puis sourit, ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'on lui ferait cette réflexion.
Ils trouvèrent la maison bleue en question. En fait, il y en avait trois aux alentours de l'église, il fallut de nouveau se renseigner. Il commençait à faire chaud dans le taxi mais Draco portait des vêtements légers comme on le lui avait conseillé. Il ne fallait pas être pressé, ici c'était l'Afrique, on prenait son temps, en particulier pour la palabre.
Le négociant en pierres habitait donc dans une petite maison pimpante, séparée de la rue par une grande cour plantée d'un arbre peu élevé aux longues branches ombrageuses. On fit entrer Draco, seul, dans un bureau rafraîchi par un ventilateur. Le chauffeur du taxi était resté dans son véhicule et patientait en écoutant de la musique à la radio.
Le marchand s'appelait Momédi Doppala, c'était un homme d'un certain âge aux mains longues et soignées. D'après ses renseignements, Draco savait qu'il se fournissait auprès de prospecteurs indépendants qui cherchaient tous la pierre merveilleuse qui les rendrait riches. Il fallait marchander serré avec lui, il était redoutable.
Avant toute négociation, un homme de grande taille servit des rafraîchissements puis il resta près de la porte, les bras croisés sur la poitrine. « Un garde du corps ! » pensa soudain Draco. Bien sûr ! Les diamants ! Le vendeur posa à son client quelques questions assez précises et demanda des nouvelles de l'ancien intermédiaire, on bavarda, puis il ouvrit un coffre-fort encastré dans le mur et sortit la marchandise qu'il avait à vendre.
Les pierres étaient presque toutes transparentes, de celles dont on fait après la taille les petits brillants entourant un solitaire. L'une était un peu plus grosse que les autres mais elle avait un minuscule crapaud. Draco le remarqua immédiatement, même sans loupe. Bien sûr, ce fut celle que le marchand vanta en premier. Sans doute une sorte de test pour savoir ce que valait ce nouvel acheteur envoyé par Londres. Le marchandage pouvait commencer …
Ce fut à peu près la même chose dans les autres lieux que Draco devait visiter. Les maisons étaient parfois moins fraîches, les marchands plus nerveux, les palabres plus longues, mais on finissait toujours par s'entendre. Le jeune expert faisait ses preuves. Il avait acquis sept pierres intéressantes dont un joli petit diamant bleu, il n'avait pas dépassé le budget imposé et surtout, il s'était fait connaître et reconnaître.
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C'était le dernier après-midi avant le jour de son départ. Il était à Molepolole. Il n'avait rien trouvé d'intéressant chez le négociant en diamants, il était temps d'aller rendre visite à Ndiapo Mongafa, le sorcier recommandé par Blaise.
La ville était assez étendue et très peuplée. Comme à Gaborone, il y avait un quartier des affaires moderne et animé et tout autour des milliers de maisons individuelles avec cour, dépendances et toujours un arbre planté à une extrémité. Les ruelles étaient innombrables, dans des quartiers pas toujours bien définis, riches vers le centre, plus pauvres à mesure qu'on s'en éloignait. Il fallut au chauffeur plus d'une heure pour trouver la maison recherchée dans une banlieue lointaine de la ville.
Un gamin grimpé sur le marche-pied du taxi les avait conduits jusqu'à une petite rue fermée à son extrémité par une barrière. De l'autre côté, il n'y avait qu'un chemin de terre menant vers trois maisons basses semblables à toutes les autres et donnant sur la même cour, une habitation familiale sans doute. Mais Draco reconnut le signe indiqué par Blaise. Sur la première maison étaient accrochées deux longues cornes d'oryx disposées horizontalement au dessus de la porte. Le chauffeur s'arrêta et s'apprêta de nouveau à patienter dans son taxi. Ce client ne faisait rien comme tout le monde. Qu'espérait-il trouver dans un endroit aussi éloigné du centre ville ?
Draco s'avança vers la barrière. Surprise ! Dès qu'il l'eut dépassée, tout changea. Le lieu était protégé par un sortilège de Confusion. A la place des trois maisons de pierre se trouvaient des cases à l'ancienne, rondes, aux murs faits de feuilles de palmier tressées et au toit de paille brute. La cour commune était entourée d'une haie de branchages secs entrelacés et des enfants y jouaient. Il y avait trois arbres, un homme était assis à l'ombre de l'un d'eux et il pilait sur une pierre une racine rouge.
Draco s'arrêta devant le petit portail fermé par un simple loquet de bois. Il avait apporté dans un sac de toile les trois boîtes de Blaise. Il attendit que le sorcier lève les yeux et lui fasse signe d'entrer. Il le salua, se présenta puis il expliqua qu'il venait de la part de Slug et Jiggers, les apothicaires de Londres, et qu'il cherchait un sorcier nommé Maître Ndiapo.
« Tu m'as trouvé » dit l'homme en souriant jusqu'aux oreilles et laissant là son ouvrage, il invita le jeune homme à entrer dans la case la plus proche.
De l'extérieur, cela semblait petit mais comme toutes les maisons sorcières, l'intérieur était agrandi magiquement. Ce qui frappait en premier, c'était l'odeur entêtante des centaines de fleurs, de racines et de graines, mises à sécher sur une double étagère à claire-voie dressée d'un côté de la case. D'autres plantes étaient suspendues sous le toit en bouquets serrés. Des gros paniers ronds un peu aplatis, confectionnés en feuilles de palmier tressées et fermés par un couvercle, s'alignaient sur une autre étagère de l'autre côté de la pièce. Des grands pots de terre cuite, vernissés et décorés de motifs ethniques, étaient posés en dessous, directement sur le sol recouvert de nattes de paille de diverses couleurs mais principalement de rouge. Cette case était visiblement réservée à l'herboristerie de Maître Ndiapo.
En face de l'entrée, presqu'au fond de la case, un petit feu réduit à quelques braises fumait entre des pierres noircies, juste en dessous d'un trou aménagé dans le toit. Et devant ce foyer était posé le seul meuble de la pièce, une table basse carrée en bois rouge foncé, sans doute de l'acajou. Maître Ndiapo s'assit d'un côté de la table et fit signe à Draco de prendre place de l'autre côté. Le jeune homme réussit à s'asseoir, jambes croisées, d'un mouvement souple.
Le sorcier frappa dans ses mains. Aussitôt une jeune femme apparut à la porte. « Ma fille » dit-il avec fierté. Elle était superbe et lui ressemblait beaucoup. C'étaient tous les deux des Tswanas, l'ethnie la plus nombreuse du pays. Ils étaient grands, minces et se tenaient très droit. Leur visage d'ébène était lisse, leurs yeux brillants. Leurs cheveux frisés, longs et noirs pour la jeune femme, courts et grisonnants sur les tempes pour son père, les auréolaient de leur brillance. Leurs dents blanches, découvertes par leur sourire, éclairaient leurs visages dans la pénombre de la pièce.
Maître Ndiapo réclama du thé et la jeune fille lui fit une réflexion en riant avant de sortir. Draco sourit à son tour. Il avait reconnu l'expression parlant de la blondeur de ses cheveux. Mais les sourires servaient aussi à cacher les intentions véritables. L'herboriste avait envoyé un rapide sortilège de Légilimencie sur son invité et Draco, en bon Occlumens, l'avait bloqué facilement, même sans baguette. Les deux sorciers avaient démontré leur pouvoir magique, la palabre pouvait commencer.
On évoqua Slug et Jiggers, dont le guérisseur écorchait les noms. Il parlait anglais avec un accent et ses phrases n'étaient pas toujours très correctes. Mais il savait se faire comprendre. Il demanda des nouvelles de l'ancien intermédiaire des apothicaires, un Gracchus de la famille des Flint qui avait pris sa retraite. La jeune fille apporta le thé et se retira en envoyant à Draco un sourire enjôleur.
Le marchandage pourrait commencer dès qu'on aurait, ensemble, avalé une gorgée de la boisson ambrée et parfumée. En se méfiant tout de même un peu pour Draco : le thé pouvait être trafiqué, mais non, il ne sentit aucune substance malveillante. Chacun venait de montrer qu'il faisait plus ou moins confiance à son vis-à-vis. Le jeune sorcier sortit de son sac la première boîte, celle qui contenait de la mousse d'Islande.
Il lui suffit de prononcer un « Expenso » et même sans le secours d'une baguette, la boîte reprit son aspect magique premier. Maître Ndiapo hocha la tête. Depuis l'arrivée des Européens dans leurs pays, les sorciers africains avaient appris à utiliser des produits qui leur étaient inconnus auparavant mais ils gardaient bien leurs secrets. A quoi employaient-ils cette mousse bleue ? Et pourquoi les pétales de tulipes noires étaient-ils si précieux à leurs yeux ?
Les plantes étaient magiques bien sûr, ramassées au pied d'un certain volcan pour la mousse, cultivées par des sorciers hollandais pour les tulipes, mais en Europe, elles étaient communes et utilisées pour des préparations banales. Lors des cours de potions à Poudlard, Draco les avaient étudiées et employées sans y prêter attention mais à première vue, ici, elles valaient de l'or. Autre pays, autres coutumes.
Il commença le marchandage par la Peau de Serpent d'arbre. C'était apparemment le plus facile. D'un simple geste de la main, Maître Ndiapo fit venir à lui un des grands paniers tressés et en sortit plusieurs pièces, de tailles et de qualités différentes. Draco en choisit une mais la valeur de la mousse était à son avis supérieure à celle de la Peau. Il passa donc à sa deuxième demande, la Griffe du Diable, en précisant bien qu'il en voulait une venant du territoire sorcier de Ghanzi, qu'on appelait Ghanzi-Sa.
La négociation fut serrée et Draco sortit sa deuxième boîte, la racine de garance. Le sorcier en avait encore. C'était d'ailleurs ce qu'il était en train de piler avant l'arrivée de son collègue. Mais celle qui était proposée était fraîche, on pouvait faire affaire … Et ce fut ainsi pour le reste des achats. l'herboriste essaya à un moment de « rouler » son client en mélangeant des graines d'acacia cultiformes magiques et moldues mais Draco détecta rapidement la supercherie. Même sans baguette, il lui avait suffi de passer la main au-dessus des graines pour hocher négativement la tête en souriant toujours. Le sorcier parut apprécier. Un bon adversaire que ce sorcier blanc. De première force. Intéressant de négocier avec lui ...
La palabre durait depuis trois heures. Il faisait chaud. Maître Ndiapo rappela sa fille pour une nouvelle pause thé. Quand elle revint, plusieurs têtes d'enfants apparurent de chaque côté de la porte. Il y eut des rires et la même expression concernant la blondeur de Draco fut répétée plusieurs fois. Puis la jeune fille repartit en entraînant la petite troupe et on entra dans le vif du sujet. Draco avait sorti la troisième boîte et posait les pétales de tulipes un à un sur la table. Il y en avait vingt. Les yeux du Maître herboriste brillèrent plus fort. Chaque pétale fut négocié contre des noix de palmier Hyphaene. Il en restait dix et à ce moment crucial, il fut question des épines d'oursin.
Le visage de Maître Ndiapo se ferma. Il secoua la tête. Beaucoup trop cher pour le sorcier blanc ! Impossible ! Il n'en avait qu'une et elle valait à elle seule la totalité des pétales. Ça faisait plusieurs années qu'on n'avait pas capturé d'oursins des sables à Ghanzi-Sa. Pour avoir l'épine, il fallait rendre les noix. Et encore ! Ce ne serait peut-être pas assez ! … A moins que … en ajoutant une petite mèche de ses cheveux … pour faire plaisir à sa fille …
Sachant tout ce qu'un sorcier pouvait faire avec les cheveux d'une personne, particulièrement en magie noire, Draco sourit sans répondre à la proposition et demanda à voir la fameuse épine. Le sorcier fit venir à lui une petite jarre entièrement teinte en rouge. Il l'ouvrit avec toutes sortes de précautions et en sortit un petit sac. Draco supposa qu'il était en peau de reptile, du crocodile peut-être. Il était fermé par un lien rouge et renfermait une boîte oblongue en cuivre gravée de signes mystérieux. Maître Ndiapo l'ouvrit en protégeant sa main par une Peau de Serpent d'arbre et l'épine apparut, posée sur une petite plaque d'ivoire végétal.
Déception. Elle était vraie, aucun doute là-dessus. Draco avait étudié le dessin fourni par Blaise et ne pouvait se tromper. Mais elle était petite, brisée en son milieu et elle datait effectivement de plusieurs années car elle semblait sèche et fragile. Maître Ndiapo en faisait déjà l'éloge mais Draco secoua la tête. L'épine devait avoir perdu beaucoup de son pouvoir. Elle ne valait pas grand chose. Si c'était là tout ce que le sorcier avait …
Finalement la vente fut conclue contre les dix derniers pétales et chacun décida qu'il avait bien mené sa barque. Cette fois, le guérisseur fit venir d'un geste sur la table une gourde noire et versa à son acheteur un alcool de palme qui brûlait la gorge mais qui était gage de leur accord. Draco n'en but qu'un toute petite rasade et laissa le reste au fond du verre. Ce n'était pas une marque d'impolitesse. Il montrait ainsi qu'il était satisfait et reviendrait pour faire affaire. Quand ? Il ne savait pas. Un jour … Le temps passe sans qu'on puisse le compter ou l'arrêter …
Un Reducto redonna aux trois boîtes et à leur nouveau contenu leur apparence moldue et Draco prit congé. Toute la nombreuse famille Mongafa était dans la cour pour assister à son départ. Il sourit de nouveau en s'inclinant légèrement. Il fallait beaucoup sourire en Afrique. Une surprise l'attendait quand il passa le portail de la cour. De l'autre côté se tenait un grand homme vêtu de blanc et en le voyant, Maître Ndiapo parut contrarié. C'était un sorcier, à n'en pas douter. Il tenait à la main un bâton terminé par une grosse boule d'ivoire, de cet ivoire végétal qui venait des noix de palmier Hyphaene. Il s'adressa à Draco en tswana' pour ce qui semblait être une salutation mais il reprit aussitôt dans un assez bon anglais :
« Que viens-tu faire chez Maître Ndiapo ?
-Je cherche divers ingrédients magiques, en particulier des épines d'oursins des sables. En avez-vous à vendre ?
-Non, mais je sais où en trouver de meilleures que celles de ce sorcier.
-Ne l'écoute pas, cria de loin le guérisseur. Les oursins ont disparu de la surface de la terre. Plus personne n'en a.
Puis il rentra dans sa case. Draco était embarrassé. D'une part, il n'avait plus rien pour négocier. D'autre part, le soir tombait et il repartait à Londres le lendemain. Pourtant il était tentant de savoir ce que ce sorcier qu'il ne connaissait pas avait à lui proposer. Mais bien vite, il comprit qu'il y avait un obstacle majeur.
-Peux-tu … L'homme ajouta un mot dans sa langue et fit apparaître sans effort dans la tête de Draco l'image d'un déplacement rapide d'un point à un autre. Le jeune sorcier comprit qu'il parlait du transplanage. Il hocha négativement la tête.
-Non, dit-il, je ne peux pas transplaner. Je suis sorcier mais je n'ai pas de baguette magique.
-Ha … reprit son interlocuteur avec un air déçu … C'est dommage. Les dames auraient été contentes de te rencontrer. Elles aiment la nouveauté. Tant pis ! Adieu !
Draco eut nettement l'impression qu'il regardait ses cheveux mais avant qu'il ait pu ajouter un mot, le sorcier vêtu de blanc avait disparu.
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Draco repartit le lendemain pour Londres. Juste avant de prendre un taxi pour aller à l'aéroport, il passa au bureau de Per Gweta pour récupérer la commande de Solman et Griffith. Les diamants étaient répartis dans des petits sacs de toile et rangés dans une mallette noire semblable à celle qu'utilisent tous les hommes d'affaires qui voyagent. Aucun signe extérieur n'indiquait qu'elle contenait des marchandises précieuses.
Les autres pierres que Draco avaient acquises étaient rangées à part, dans la poche intérieure de sa veste. Leur valeur était beaucoup moins importante que celle de la commande principale. Mais le jeune homme était content. Sa première affaire en solo s'était passée sans aucun problème. Tous les certificats officiels d'achat étaient en règle et les droits de douane avaient été réglés par la Maison qui avait un compte dans une banque botswanaise.
Un garde du corps devait accompagner discrètement Draco jusqu'au sas du départ vers l'avion et un autre prendrait la relève à son arrivée à Londres, pour le conduire jusqu'au bureau de Solman et Griffith. Les pierres brutes partiraient ensuite vers l'atelier de taille avant d'orner des bagues et des parures. C'était un beau métier que celui de diamantaire. Certains, certaines surtout, aimaient se parer de pierres précieuses et les achetaient avec passion. Mais les découvrir, les comparer, les estimer, les choisir dans leur forme première, en prévoyant déjà tout ce qu'on pourrait en faire par la suite, ça aussi c'était passionnant.
Draco s'était demandé s'il devait déclarer à la douane les ingrédients sorciers achetés à Maître Ndiapo. Après tout, la Griffe du Diable était utilisée aussi bien par les Moldus que par les sorciers. Mais il y avait renoncé. De toute façon, dans leurs boîtes magiques, ces produits étaient insoupçonnables. Il avait fait ces achats pour rendre service à Blaise et leur valeur était minime comparée à celle des diamants. Et puis, ce n'était pas le même monde. Y avait-il seulement un Ministère de la Magie au Botswana? Il n'aurait sans doute pas de sitôt l'occasion de revenir dans le pays. Mais il envisagea tout de même de se racheter une baguette magique.
La rencontre avec des sorciers africains lui avait rappelé qu'il n'était pas seulement un Londonien ordinaire mais qu'il y avait au fond de lui quelque chose d'autre, quelque chose de plus. Il ne pouvait renier la magie qui l'habitait. Son ancienne baguette, celle que Potter lui avait volée quand il avait été fait prisonnier par les Rafleurs avec Weasley et Granger, était en aubépine avec un crin de licorne au cœur. Il faudrait qu'il passe chez Ollivander … Mais pourquoi évoquait-il ainsi de vieux souvenirs remplis d'amertume … On vivait très bien sans magie …
Assis près d'un hublot, Draco regardait distraitement la piste défiler sous les roues du Boeing qui décollait vers le ciel d'azur. La mallette était à ses pieds, il avait acheté quelques magazines, l'hôtesse souriante se dirigeait vers le fond de la cabine. Il ferma les yeux et pensa à sa mère. Narcissa et son amie Lizzie … Tout un poème! Allons, la vie était belle. Tout allait bien.
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Au moment où l'avion de Draco décollait, un autre, plus petit, préparait son atterrissage sur une autre piste de l'aéroport. Harry Potter arrivait au Botswana, venant de Durban en Afrique du Sud. Il avait passé deux mois dans ce pays, visitant des communautés sorcières diverses, aussi bien Xhosa que Zulu, Zwazi, Tsonga et autres. Il avait été accueilli partout avec le grand sens de l'hospitalité qui caractérise les gens simples et paisibles. Car il ne se présentait pas en vainqueur de Lord Voldemort. Pratiquement personne ne connaissait le Grand Mage Noir dans ce lointain pays. Il venait juste en ami, pour nouer des liens avec les différents peuples sorciers du monde.
Il représentait officieusement le Ministère Anglais de la Magie, mais il voyageait surtout pour le plaisir. Parce qu'il avait eu une jeunesse tourmentée, parce qu'il avait toujours rêvé de partir sans pouvoir le faire, il aimait les grands espaces. L'Afrique lui plaisait. Quand il avait dit qu'il partait pour le Botswana, un sorcier Ndébélé lui avait donné un nom et une vague adresse: Maître Ndiapo, herboriste guérisseur à Molepolole …
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