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Chamane
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
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    Chapitre 23     Les chapitres     20 Reviews    
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Les bébés lumen

 

Chamane 23 : Les bébés-lumen

 

Deux mois plus tard.

 

Ils étaient quatre auprès des pierres éparpillées qui avaient recouvert le nid d'oursins maintenant vide : Maître Ndiapo et son fils Demblé le musicien, Draco Malfoy et … Neville Londubat, spécialiste en pharmacopée magique et ami de Harry Potter. Le Griffondor était en pleine forme. Il portait des vêtements moldus avec assez d'élégance. Et il avait sur le visage un air d'enthousiasme mêlé de d'étonnement et d'amusement. Il avait bien changé le Neville ! Draco avait gardé de lui l'image qu'il donnait pendant leur septième année d'études à Poudlard, l'année où Severus Snape était devenu Directeur et où tous les élèves autres que les Serpentards, les Griffondors en particulier, avaient à subir les vexations et les punitions des Carow, les Mangemorts, et même les coups de Rusard le concierge, trop content de revenir aux châtiments corporels d'antan.

 

Pendant cette période sombre où Lord Voldemort était près de la victoire, Londubat s'était révélé coriace. Il était devenu leader à la place de Potter quand celui-ci avait disparu dans la nature avec ses deux acolytes, et il menait à Poudlard une résistance d'abord active puis à force de coups, plus passive mais efficace. Il avait regroupé autour de lui tous les anciens de l'Armée de Dumbledore, ceux qui se réunissaient du temps de Dolorès Ombrage dans la Salle sur Demande pour y apprendre des sortilèges de Défenses contre les Forces du Mal.

 

Et Draco, Goyle, Crabbe et les autres Serpentards avaient beau parader dans les couloirs et écraser les autres de leur mépris, Londubat n'avait jamais baissé les yeux devant eux. Pas plus que les deux microbes Crivey, les jumelles Patil, Finch-Fletchley, Bones, Finnigan ou Abbott. La mini belette n'était pas revenue à l'école après les vacances de Noël, trop dangereux pour une Weasley, et Lovegood avait été prisonnière dans les caves du Manoir pendant un bon moment. Et puis il y avait eu la terrible bataille finale et c'était Londubat qui avait tué le serpent Nagini avant le duel qui avait vu la victoire de Potter.

 

Mais de tout cela, il n'en avait pas été question quand Draco avait rencontré Neville devant chez Slug et Jiggers, les apothicaires. En fait, le Griffondor avait failli lui rentrer dedans. Ils marchaient tous les deux tête baissée, ils s'étaient évités de justesse et quand ils avaient levé les yeux, il y avait eu de part et d'autre un regard incrédule. Le Serpentard s'était raidi, s'attendant à une réflexion désobligeante, peut-être même à une injure. Mais il ne s'était rien passé de tel. Londubat avait souri et s'était adressé à Draco sur un ton aimable.

 

«Malfoy ! Tu es de retour ? Lovegood a essayé de te joindre quand nous avons reçu les épines d'oursins mais il n'y avait personne à ton domicile moldu. C'est bien toi qui les a envoyées pour soigner la dragoncelle de ses bébés ? Zabini n'a pas voulu nous le dire mais qui d'autre aurait pu le faire aussi vite ? Nous te devons tous un grand merci Malfoy. Les jumeaux de Luna sont adorables mais c'est plus que ça. Heu … C'est un peu compliqué à raconter en pleine rue. Je peux t'offrir une bièraubeurre au Chaudron ? Si tu as le temps ?

 

La première idée de Draco avait été de refuser sèchement l'invitation. Il s'était retenu juste à temps. Londubat avait changé. En mieux. Lui aussi depuis son séjour à Ghanzi-Sa. Le passé était le passé. Il n'était pas allé jusqu'à sourire aussi mais il avait répondu d'une voix polie :

 

-Entendu. Je ne suis pas pressé.

 

-Que faisais-tu devant la boutique des apothicaires ? demanda Neville tout en remontant le Chemin de Traverse en direction du bar magique. As-tu besoin d'un remède ou d'un ingrédient quelconque ? Je peux te trouver ce que tu cherches si Slug et Jiggers ne l'ont pas en magasin. Je suis spécialiste en pharmacopée magique à Sainte Mangouste. Je te rassure, je ne m'occupe pas des potions. Je rassemble seulement tout ce qu'il faut pour les préparer. Les épines d'oursins ont été une bénédiction. Un ou deux jours de plus et les bébés mouraient de la dragoncelle. Connais-tu la composition du remède ? Tu étais bon en potions autrefois.

 

Draco gardait le silence mais en lui quelque chose se détendait. Ce devait être un effet Griffondor. Comme quand il était avec Harry, les mauvais souvenirs s'estompaient. Le présent reprenait des couleurs agréables. Londubat louvoyait avec aisance parmi les nombreux sorciers présents devant les boutiques. La foule n'avait rien d'hostile, chacun vaquait à ses affaires. Les traces de la guerre avaient disparu du paysage. L'enclave magique de Londres respirait la paix et la prospérité.

 

Personne ne faisait attention à eux. L'arche menant à la cour du Chaudron Baveur était ouverte comme toujours de ce côté du Chemin de Traverse. Le bar était presque vide. Neville et Draco s'étaient installés dans un coin tranquille, Tom leur avait apporté des bièraubeurres avec le sourire et le Griffondor reprenait ses explications d'une voix assez basse.

 

-Avant de te parler des bébés, il faut que je te parle de leurs parents. Tu connais Luna Lovegood. Après la guerre elle était un peu déboussolée. Elle essayait de relancer le Chicaneur mais ce n'était pas facile. J'avoue que j'en pinçais pour elle. Elle était un peu bizarre mais je l'aimais bien. Nous sortions ensemble, en amis. Un jour, je l'ai emmenée à une conférence sur les animaux magiques de la forêt amazonienne. C'est là qu'elle a rencontré son mari. Sais-tu qui est Rolf Scamander, le père des bébés ?

 

-Non, je ne connais qu'un Scamander, celui qui a écrit « Les Animaux Fantastiques », le livre qu'on devait acheter en première année à Poudlard et qui nous a servi pendant quatre ans. A la fin les pages ne tenaient plus ensemble.

 

-C'est Newt Scamander, le grand-père de Rolf, qui l'a écrit. Il a passé le virus à son petit-fils qui se passionnait, se passionne toujours d'ailleurs, pour les animaux fantastiques des pays lointains. Mais pas comme Luna, pas pour des animaux qui n'existent pas. Il a fait des études sérieuses sur la faune magique existant réellement en Amérique du Sud. Il s'intéressait en particulier au Clabbert. C'était d'ailleurs le sujet de sa conférence. Tu sais ce que c'est ?

 

-Vaguement. Une sorte de singe, je crois.

 

-Un croisement entre le singe et la grenouille d'après les photos magiques qu'il a rapportées. La tête, le corps, les bras et la queue d'un singe, mais la peau lisse et verte, les pieds et les mains palmés et surtout les pattes arrières très longues et extensibles de la grenouille, ce qui lui permet de sauter de branche en branche avec agilité. Il a aussi une large gueule avec des dents coupantes comme des rasoirs et sur le front, une bosse rouge qui clignote en présence d'un Moldu. C'est ce qui le rend un peu effrayant. Rolf a eu le temps d'en observer et de les photographier, il est resté sept ans, perdu dans la forêt amazonienne ! Il avait été recueilli et adopté par une tribu qui n'avait jamais eu de contact avec les hommes blancs. Tout le monde le croyait mort. C'est pour ça qu'on n'en avait jamais entendu parler. Et puis il a eu le mal du pays et il est revenu en Angleterre. C'était quelque temps après la grande bataille et il ne savait même pas qu'il y avait eu la guerre …

 

Il y eut un silence. Draco Malfoy leva les yeux et regarda Neville Londubat bien en face. Mais il n'y avait pas de colère ou de ressentiment sur le visage rond du Griffondor. Il avait juste un regard grave et sa voix avait un peu tremblé.

 

-... C'est du passé Malfoy. Je ne te dis pas que j'ai oublié. Mais nous avons changé, toi et moi, et les autres aussi. La vie a repris son cours … Pour en revenir au Clabbert, sais-tu quel est son rôle dans la forêt ? Il a le pouvoir d'éteindre les débuts d'incendie en crachant dessus une giclée de salive. Et il a fort à faire en Amazonie où on pratique la culture sur brûlis. Si bien que son espèce, chassée par les défricheurs qui le prennent pour un démon, est en voie d'extinction. C'était d'ailleurs le sujet de la conférence. Rolf venait alerter le monde sorcier sur ce qui se passait là-bas. J'y avais emmené Luna, toujours aussi intéressée par les animaux magiques. Et j'ai été le témoin d'un magnifique coup de foudre.

 

Neville souriait de nouveau tout en reprenant sa bièraubeurre. Il secouait la tête à la pensée de ce souvenir … Les spectateurs quittaient la salle peu à peu. Luna s'était avancée vers le conférencier. Leurs regards s'étaient croisés et … le monde n'avait plus existé, ni pour la jeune fille blonde dont le visage s'était littéralement illuminé, ni pour le jeune homme encore ému après les applaudissements chaleureux de l'assistance …

 

-Ils se sont mariés très vite, ils ont un peu voyagé, puis ils sont rentrés quand Luna a été enceinte. Heureusement car sa grossesse était difficile. A la fin, elle restait presque toute la journée allongée dans un hamac. Elle savait qu'elle portait des jumeaux et elle était folle de joie. Elle qu'on avait connu si insouciante, si rêveuse, ne faisait aucune imprudence et se montrait parfaitement raisonnable. Son mari était aux petits soins pour elle. Leur bonheur faisait plaisir à voir. Quand Luna a ressenti les premières contractions, ils se sont rendus à Sainte Mangouste. L'accouchement a été rapide et presque sans douleurs. C'était déjà un signe. J'étais de service ce jour-là. Quand Luna est remontée dans sa chambre, je suis allé lui présenter mes compliments ainsi qu'à son mari. Et j'ai été le témoin involontaire d'une chose extraordinaire … Malfoy, sais-tu ce qu'est un « bébé-lumen » ?

 

-Un enfant de lumière ? Mais ça n'arrive qu'une fois par siècle ! Le dernier est né en 1921, c'était une fille, une Faucett ! Elle a gardé son pouvoir six ans ! Ne me dis pas qu'un des jumeaux …

 

-Les deux Malfoy ! Enfin quand ils sont ensemble ! Lorcan et Lysander sont individuellement des bébés adorables et tout à fait normaux. C'est seulement quand ils sont l'un à côté de l'autre qu'ils s'illuminent. La magie sort d'eux et leur donne cette aura caractéristique qui les fait appeler « lumen ». Je l'ai vu de mes yeux, Malfoy ! Rolf portait l'un des jumeaux, Luna était dans son lit et tenait l'autre sur son bras. Ils étaient si minuscules dans leurs petits habits, avec leur petit bonnet sur la tête ! Elle a tendu son autre bras, son mari y a déposé le deuxième enfant. Et à ce moment-là, Malfoy … à ce moment-là …

 

Neville souriait et il avait l'air émerveillé. Il revoyait la douce lumière blanche qui avait semblé sourdre des deux petits corps et les avait enveloppés comme d'un cocon. Et cette impression de bonheur que cela avait généré …

 

-… Il n'y avait là que Luna, Rolf et moi. On a fait plusieurs fois l'expérience avant d'être convaincus. C'est Luna qui a décidé de garder cette particularité secrète. Les « lumen » sont parfois considérés comme des bêtes curieuses et à cause de leur pouvoir, ils sont sans arrêt sollicités. La petite Faucett, Eglantine si je me souviens bien, pouvait faire fleurir et fructifier n'importe quelle plante. Elle vivait parait-il dans une serre et les sorciers venaient du monde entier pour profiter de son don, même du Japon ! Mais le pouvoir des jumeaux est différent. Ils apportent autour d'eux l'harmonie et la paix. Heureusement, ils ont cessé d'être « lumineux » au bout d'une semaine. Leur pouvoir n'en est que plus fort. Les gens sont touchés par la grâce sans même s'en apercevoir ! Alors de temps en temps, Rolf et Luna les emmènent en promenade et les mettent en contact l'un avec l'autre dans des lieux où règnent la discorde. Et les tensions s'apaisent. Des ennemis irréductibles se réconcilient …

 

Draco pensait au jour où lui et sa mère étaient allés au bureau des Aurors pour récupérer l'urne funéraire de Lucius. La police sorcière avait dû recevoir la visite des petits « lumen » car tout s'était bien passé entre les ex-Mangemorts et les représentants de la loi sorcière.

 

-... Luna s'est mis dans la tête d'emmener les jumeaux au Ministère. Le Ministre actuel, Octavius Turpin, est un Serdaigle nommé à son poste juste après la guerre. Lui et ses assistants ont gardé une mentalité belliqueuse et revancharde envers tous ceux qui n'étaient pas autrefois de notre bord. Ce ne sont que vexations et rebuffades en particulier pour les ex-Serpentards. Ces fonctionnaires n'ont pas encore compris que les temps avaient changé et qu'il fallait se réconcilier plutôt que continuer à se déchirer. Ils vivent dans leur tour d'ivoire et il devient difficile de les approcher pour leur ouvrir les yeux. Mais Luna est tenace, elle parviendra à ses fins. On l'a bien vu quand elle cherchait ton adresse moldue pour te demander où trouver des épines d'oursin. Je crois qu'elle a menacé les Langues de Plomb de révéler plusieurs de leurs secrets s'ils ne l'aidaient pas. Ils sont au courant de beaucoup de choses, le lieu de résidence de tous les sorciers passés du côté des Moldus par exemple. Une mère est capable de tout pour sauver ses enfants …

 

Neville parlait, parlait et Draco ne disait rien. Mais ce n'était pas un silence froid ou hostile. Il était juste attentif, exactement comme il l'avait été avec Potter. Les Griffondors ont ceci de bon, ils ne tournent pas autour du pot comme les Serpentards. Leurs paroles et leurs attitudes sont franches et sincères. Neville ne faisait pas semblant. Comme Harry, il avait atteint une sorte de sérénité vis à vis du passé. Et finalement, le courant passait entre les deux ex-ennemis.

 

-... Les guérisseurs de Sainte Mangouste ont pu préparer aussitôt le remède contre la dragoncelle. Heureusement ce jour-là, il y avait du soleil …

 

Le temps que Draco réalise ce que cette réflexion avait d'insolite, Neville enchaînait déjà :

 

-Dis-moi, Malfoy, toi qui es allé voir le guérisseur africain, sais-tu comment on utilise les épines d'oursins là-bas ? Ici, sans soleil, on ne peut rien en faire.

 

-Comment ça, sans soleil ? releva Draco avec surprise.

 

-Ah ! C'est le secret de fabrication du remède. Mais je peux te le dire puisque c'est grâce à toi qu'on a pu sauver les bébés. Le poison d'une épine est si puissant qu'il faut la réduire en cendres avant de l'utiliser. Pour cela, il suffit d'une loupe et d'un rayon de soleil. L'épine se consume lentement dans la coupelle où on l'a déposée, le poison est détruit et ce qui reste, c'est la substance qui guérit. Il y a d'autres composants pour le remède mais sans la cendre d'épine, ça ne sert à rien.

 

Draco tombait des nues ! A sa connaissance, aucun guérisseur de Ghanzi-Sa ne connaissait cette particularité de l'épine d'oursin. Ils essayaient de diluer son venin dans divers liquides mais sans résultats notables. La réduire en cendres, c'était ça la solution ! Et ce qui avait marché pour la dragoncelle devait fonctionner aussi pour sauver Harry !

 

-Londubat, reprit-il sans réfléchir davantage, secret pour secret, je vais te dire le mien. Je sais où est Harry Potter. Je l'ai vu récemment. Il a été blessé …

 

Ce fut au tour de Draco de parler longuement et à Neville de garder un silence étonné. Une facette inconnue du Serpentard se dévoilait à lui. Malfoy n'était pas seulement un ex jeune Mangemort imbu de sa supériorité sur les autres. Les épreuves l'avaient changé, il avait perdu en orgueil et gagné en humanité. Et c'était bien.

 

-... Comment s'appelle le guérisseur qui a découvert le secret du remède, demanda Draco à la fin de son récit. Est-ce quelqu'un de Sainte Mangouste ?

 

-Non, répondit Neville, c'est un simple sorcier qui avait séjourné en Afrique et faisait des expériences en solitaire. C'était il y a environ cinquante ans. Il a été renié par sa famille parce qu'il voulait épouser une Moldue. Il est mort d'accident avant le mariage. Enfin un accident, c'est ce que dit sa biographie. Il paraît qu'il y a eu dispute à propos de son héritage. Une histoire de bijou, de bague je crois. Toutes les familles sorcières ont au moins un squelette dans le placard. Son nom ? ... Attends … Un Pegasus … non un Perseus Black. Serait-il apparenté à ta mère ?

 

En bon Sang Pur, Neville connaissait la généalogie des principales familles sorcières anglaises. Et aussi quelques histoires de famille pas toujours très reluisantes.

 

-Sans doute, répondit prudemment Draco. Il faudra que je vérifie sur notre arbre généalogique. Et maintenant, Londubat, qu'est-ce que nous pouvons faire pour Potter ?

 

Ils travaillèrent ensemble.

 

Voilà pourquoi deux mois plus tard, Neville Londubat, qui n'avait jamais voyagé hors de son pays, se trouvait en compagnie d'un guérisseur africain, de son fils musicien et d'un Serpentard, à côté du nid vide d'une famille d'oursins des sables. Il était heureux d'être là, sous un soleil de plomb, au milieu d'un désert de cailloux et de sable aux rares épineux, avec à ses pieds, une touffe de Griffe du Diable en début de floraison.

 

o – o – o – o

 

Maître Ndiapo lui aussi était content. Les deux sorciers anglais étaient arrivés deux jours auparavant et lui avaient donné de précieux renseignements. Neville, le jeune homme au visage rond et agréable, était un Maître dans le domaine de la pharmacopée. Il lui avait apporté des ingrédients rares – cinq pétales de tulipes noires entre autres ! - et il ne se faisait pas prier pour en donner les propriétés. Il ne demandait qu'une chose : qu'on l'emmène à Ghanzi-Sa car il était l'ami de Harry Potter. Il ne troquait pas aussi bien que Draco qui avait le commerce dans le sang. Lui, c'était surtout un savant. La combustion des épines grâce au soleil par exemple était une invention remarquable, si simple et si révolutionnaire ! Mais le jeune apothicaire était modeste. Il avait bien précisé que l'idée n'était pas de lui.

 

Il avait apporté la cendre de deux des épines que Draco avait troquées lors de sa dernière visite. Il avait donné la troisième aux chercheurs de Sainte Mangouste en remerciement de leur aide. Mais deux ce serait suffisant, il en fallait très peu à la fois. Maître Ndiapo en avait fait l'expérience. Il en avait fabriqué avec une épine, la loupe et un rayon de soleil et il en avait parsemé quelques poussières sur le dos d'un ver de bois. La bestiole aurait dû mourir instantanément mais elle avait continué à se tortiller comme si de rien n'était et il avait été convaincu.

 

Là où ils n'étaient pas d'accord, Neville, Draco et lui, c'était sur l'emploi de ce précieux produit. Fallait-il l'utiliser en interne, potion ou tisane, ou en externe, baume ou cataplasme ? Ils avaient palabré sur le sujet une bonne partie d'un après-midi. Par contre, il s'était rangé à l'avis de Draco : Harry devrait avaler le remède fabriqué avec de l’œuf d'oursin. Il lui en restait six qu'il avait « pétrifiés » pour les conserver intacts. L'enveloppe en était dure. Il faudrait la dissoudre avec un produit acide. Le sorcier blond proposait de la bile de tatou, lui pensait que le jus de mirabilis serait suffisant. Il en avait fait fermenter pour lui donner plus de force. Neville, lui, estimait que Harry devrait avaler les œufs « nature » comme les oiseaux et le fennec. Son estomac se chargerait de la besogne … Que c'était donc agréable de discuter « boutique » avec des gens compétents aux idées nouvelles !

 

Du coup, il avait parlé de l'emplâtre qu'il avait concocté pour le bras de Harry. Du miel de palme, de la cire – il faudrait qu'il en redemande à la Gardienne des abeilles, il n'en avait plus beaucoup - et trois plantes qu'il avait montrées à Neville. Celui-ci avait reconnu avec surprise du lierre Hedera hélix aux nervures violettes, les feuilles velues de la Molène tropicale et du Chou frisé d'une étrange couleur jaune d'or. Même si celles-ci étaient africaines, ces trois plantes avaient la propriété de tirer le pus ou les poisons hors du corps. Et ce n'était pas tout ! Maître Ndiapo avait une autre idée, il comptait ramasser un peu de sable près du nid des oursins et s'en servir pour lier le cataplasme. C'était de la silice. Elle avait été en contact avec les bestioles mais elle n'absorbait pas leur venin. Elle servirait de base au contrepoison. On voyait qu'il avait beaucoup réfléchi à la question et Neville aussi bien que Draco trouvaient qu'il avait bien pensé son remède.

 

Deux jours avaient passé en préparatifs. Les sacs de voyage étaient extensibles magiquement. Heureusement car ils avaient beaucoup de bagages. Draco avait par exemple des petits cadeaux pour toutes ses connaissances à Ghanzi-Sa, plus les sachets de graines de fleurs pour Ama Zié. Neville transportait de nombreux ingrédients, emportés au cas où. En plus de nombreux sachets, flacons et accessoires divers, Maître Ndiapo avait tenu a emporter son petit chaudron de cuivre, son mortier et son pilon. Il ne faisait confiance qu'à ses instruments magiques personnels.

 

Ce fut à ce moment que Demblé demanda à les accompagner. Son père lui avait appris les incantations, ce serait l'occasion de tester ses connaissances. Il pourrait aussi jouer de la flûte et s'accompagner sur son petit tambour. Ce n'était pas trop de quatre personnes pour cette séance de guérison qui promettait d'être mémorable !

 

Ils furent soulagés d'apercevoir au loin la Porte de l'Est. Et Harry Potter les y attendait, vêtu de vert et de noir, les mains protégées par des gants de soie blanche !

 

o – o – o – o

 

Ils étaient encore à une dizaine de mètres de la Porte quand le Griffondor n'y tint plus. Il s'élança vers Harry et le prit dans ses bras dans une étreinte fraternelle, en veillant tout de même à ne pas toucher la peau de son visage. Mais le reste était protégé par de la soie et il était trop content de revoir son ancien camarade d'école pour attendre. Il riait, il lui donnait des tapes amicales dans le dos et Potter avait l'air si heureux ! Le Maître guérisseur et son fils continuaient en souriant à marcher vers le Garde assis devant sa table et son registre. Draco fit quelques pas, s'arrêta et baissa la tête. Sans prévenir le moins du monde, une douleur aiguë naissait dans sa poitrine, comme si une dague pointue s'enfonçait lentement entre deux de ses côtes. .

 

A quoi s'était-il attendu ? A ce que Potter tombe dans ses bras avec des paroles de bienvenue et des remerciements chaleureux plein la bouche ? A un de ces sourires qui entrouvrait ses lèvres et plissait si joliment ses yeux ? Au Harry d'avant, mince et à demi-nu dans son pagne de fibres ? Ou à celui qui lui apparaissait parfois en rêve et lui glissait à l'oreille « Ne m'oublie pas » ? En tout cas pas à ces retrouvailles entre purs Griffondors dont le Serpentard qu'il était se sentait exclu. D'accord, c'était Londubat qui s'était précipité vers son ancien camarade de Maison mais celui-ci n'avait pas eu un regard pour les autres arrivants, pas plus pour le guérisseur sorcier et son fils que pour lui. Pourtant, il lui en avait fallu de la patience et de la persévérance pour arriver jusque là !

 

D'abord, il avait dû passer plusieurs soirées par semaine dans l'officine des apothicaires de Sainte Mangouste, sous les regards surpris mais pas hostiles des collègues de Londubat ! Il avait potassé plusieurs grimoires sur les remèdes aux piqûres et aux empoisonnements par venin. Sa mère – et Lizzie – mises au courant de ses recherches lui trouvaient le teint pâle et l'air épuisé de ceux qui se fatiguent trop pour passer un examen primordial. Et il avait aussi dû trouver un prétexte pour obtenir une nouvelle semaine de congé auprès de Solman et Griffith.

 

Heureusement, toutes les pierres nécessaires à la confection du diadème étaient réunies et l'atelier avait commencé le sertissage des diamants sur la précieuse monture d'or rose. Le travail de Draco était terminé. Il avait invoqué son impatience à récupérer le diamant de sa mère, retrouvé par hasard au Botswana, et Egmont Solman lui avait demandé en plaisantant s'il n'y avait pas là-dessous une petite escapade amoureuse. Leur employé était beau garçon, il devait plaire aux dames. Attention ! Les diamants attiraient les séductrices comme du miel. Avait-il aussi l'Œil pour repérer les belles aventurières ? Mais ce voyage tombait bien en fait. Draco pourrait ensuite aller en Afrique du Sud pour une mission qui demandait beaucoup de diplomatie. Il pourrait prendre son temps, l'important était la réussite d'une transaction délicate lors d'une vente très « privée » de pierres d'exception, vente dont la date n'était pas encore fixée. En attendant qu'il profite donc de la compagnie d'une « belle dame »....

 

En lieu et place de belle dame, il était là pour Potter, un Potter qui ne faisait même pas attention à lui ! Il ruminait sa déception quand une main légère se posa sur son épaule et une voix murmura son nom. « Draco ? » Il se redressa brusquement, son visage était fermé, lèvres pincées, regard froid et sourcil levé avec hauteur. Il ressemblait tellement à l'ancien Malfoy que le sourire de Harry se figea un instant puis revint sur ses lèvres. « Je suis si heureux de te revoir. Tu m'as manqué … » reprit-il. La colère et la rancœur abandonnèrent Draco dans la seconde suivante. C'était dit si simplement et si sincèrement qu'on ne pouvait douter de la vérité de ces paroles. Et puis quoi ! Il n'avait pas fait un si long voyage pour gâcher son plaisir par un accès de mauvaise humeur ! On était à Ghanzi-Sa, l'eau était magique, l'air était magique, la vie était belle ! « Salut Harry ! » répondit-il. Et à son tour, il sourit.

 

Neville qui les regardait en resta bouche bée. Les regards de ces deux-là s'étaient accrochés, ils se tenaient les mains, leurs sourires se répondaient et quelque chose d'intense et de silencieux passait entre eux. Une sorte de rayonnement. Cela ne dura que quelques secondes. « Un Ange passe », pensa le Griffondor. Puis ils s'écartèrent l'un de l'autre, gênés semblait-il, rougissant même un peu pour ce qui était de Harry. Autour d'eux, les choses se remettaient en place. Trois anciens camarades d'école se retrouvaient après une longue séparation et échangeaient des salutations. Un peu plus loin, Maître Ndiapo regardait de leur côté en souriant aussi, comme quelqu'un qui vient d'avoir confirmation d'une hypothèse. Tout redevenait « normal ». Il ne s'était rien passé … Si. Non. Peut-être ? …

 

Et soudain Neville comprit beaucoup mieux le désir de Malfoy de trouver un moyen de guérir Harry. Il avait appris à apprécier l'ex-Mangemort. Il jugeait maintenant avec plus d'indulgence le comportement de certains élèves de Poudlard pendant la dernière année, l'année de Severus Snape. L'ombre Noire du Maître des Ténèbres, le mauvais exemple donné par le Directeur de l'école, la folie du Sang Pur, et surtout leur jeunesse à tous, tout concourait à créer cette atmosphère détestable, ce climat de guerre larvée qui avait régné en ce temps-là à Poudlard. Heureusement Harry les en avait délivrés en gagnant la bataille finale et ils y avaient tous participé, même Malfoy. Le temps de la réconciliation était venu, pourvu que chacun y mette du sien.

 

Cela rappela soudain à Neville ce qui s'était passé quand le Serpentard avait commencé à travailler avec lui dans l'officine de Sainte Mangouste. Les médicomages et les préparateurs de potions avaient assez bien accepté sa présence. Ils avaient tout de suite remarqué que Malfoy n'avait rien d'arrogant et qu'il était vraiment intéressé par leur travail. Mais cela avait dérangé quelques fonctionnaires et Neville avait été convoqué au bureau du Directeur, On lui avait posé des questions sur la présence de « ce Mangemort » dans l'hôpital. Le jeune homme qui n'aimait pas mentir avait dit la stricte vérité sans donner trop de détails. Harry Potter était dans une ville sorcière magique, Ghanzi-Sa. Il y était soigné pour la piqûre d'un animal venimeux et Malfoy, qui connaissait les remèdes d'un guérisseur africain, voulait aider à sa guérison. « Sans rien demander en échange » , avait-il précisé.

 

Le Directeur fut satisfait par ces explications mais l'affaire remonta jusqu'au Ministère et quelques personnes malveillantes y trouvèrent du mauvais grain à moudre. Elles avaient la rancune tenace et se souvenaient que Draco Malfoy avait refusé d'aller au Botswana sur leur ordre pour enquêter sur la disparition de Harry Potter. Cette fois, Neville dut comparaître devant un aréopage de gens qui se gonflaient de leur importance et se croyaient encore en temps de guerre. Le Ministre, Octavius Turpin, présidait lui-même la séance. On reprocha à Neville - « Vous, un Héros de la Grande Bataille ! » - de collaborer avec un suppôt de Voldemort – « Qui avait passé un an à Azkaban et ce n'était pas cher payé pour tous ses crimes ! » Ils avaient tous un visage sévère qui leur donnait l'air sinistre. Neville était écœuré par tant de mauvaise foi, de haine pour certains. Ils n'avaient donc rien compris ? Rien appris ? Ils ne voyaient pas qu'il était temps de parler de paix et non de guerre ?

 

« Et vous croyez vraiment que c'est pour venir en aide à notre Sauveur qu'il fait ça ? C'est pour l'empoisonner, sûrement ! Il n'a pas pu le faire avant, vous lui en donnez l'occasion maintenant. Il est toujours aux ordres de son Maître. Mangemort un jour, Mangemort toujours !

 

C'était le premier adjoint du Ministre qui avait pris la parole. C'était le plus remonté de l'assemblée. Presque toute sa famille avait été tuée par les disciples de Voldemort et il ne s'en était jamais remis. Dans un tel état d'esprit, il n'aurait pas dû faire partie d'un Ministère chargé de reconstruire la paix après une guerre meurtrière. Mais il était là et sa rancœur était corrosive comme du fiel. Il poursuivait sa diatribe :

 

-Nous vous interdisons de travailler avec l'ennemi de Harry Potter. D'ailleurs, il ne sera plus autorisé à venir à Sainte Mangouste. Vous serez renvoyé si vous êtes encore vu en sa mauvaise compagnie.

 

-Et puis, enchaîna un autre conseiller du Ministre, pourquoi Harry Potter est-il encore dans ce pays du bout du monde ? Malade ! Prisonnier peut-être ! Nous avons reçu ses lettres mais il les a peut-être écrites sous la contrainte. Nous allons envoyer une équipe de médicomages pour le soigner et le rapatrier le plus vite possible ! Avec quelques Aurors pour leur sécurité à tous ! Et la Gazette du Sorcier propose qu'une journaliste les accompagne pour rassurer le monde sorcier sur la santé de son Héros. L'expédition partira dans quelques jours et vous n'en ferez certainement pas partie Monsieur Londubat ! Et encore moins cette vermine de Mangemort !

 

Neville, rouge de colère, s'apprêtait à répliquer vertement à toutes ces attaques. Il ne faisait pas bon chatouiller le Griffondor en s'en prenant à ses amis. Et puis … il y eut un miracle. La porte de la salle où avait lieu cette mise en accusation s'ouvrit doucement. Luna et Rolf entrèrent, tenant chacun un jumeau sur un bras. L'air étonné de la jeune femme trompa bien du monde, pas Neville. Il lui avait parlé de cette audience le matin même en exprimant ses doutes et son inquiétude.

 

-Oh ! Excusez-nous, dit-elle d'une voix légère en souriant. Nous nous sommes trompés de porte. Nous cherchons le bureau d'embauche des elfes de maison. Des jumeaux voyez-vous, c'est beaucoup de travail … Monsieur le Ministre, ravie de vous rencontrer. Vous ne connaissez pas encore nos enfants. Permettez-moi de vous les présenter. Rolf, donne-moi le bébé. Voici Lorcan et voici Lysander, ajouta-t-elle une fois que les deux bébés furent l'un à côté de l'autre, serrés contre sa poitrine.

 

Sur le moment, personne ne bougea. Ils avaient tous la bouche un peu ouverte et les yeux écarquillés. L'apparition de la petite famille semblait les avoir changés en statues. L'adjoint du Ministre réagit le premier.

 

-Oh ! Ils sont vraiment adorables !

 

Les exclamations fusèrent. Les sourires fleurirent. Le Ministre lui même avait l'air attendri d'un grand-père, fier de sa progéniture. Luna faisait le tour de la salle, berçant doucement les enfants qui avaient ouvert les yeux et gazouillaient. Rolf était resté près de la porte. Il échangea un coup d’œil avec Neville qui hocha doucement la tête. Ils étaient arrivés au bon moment ! Chère Luna ! Si rêveuse en apparence, si attentive en réalité ! Lorsque les Scamander s'en allèrent accompagnés de salutations chaleureuses, l'atmosphère de la salle avait beaucoup changé. Neville parla bien, ça il savait faire. Il fut chargé d'une mission auprès des autorités de … « Comment avez-vous dit ? Ghanzi-Sa ? Ah très bien ! » Pour les Aurors, en effet, ce serait malvenu vis à vis des autorités du pays. Du tact ! De la diplomatie ! Et puis les guérisseurs africains étaient renommés pour leur connaissance des remèdes. Et pour Malfoy ? Il travaillait chez les Moldus ? Expert en diamants ? Pas possible ! Enfin tant qu'il ne faisait pas parler de lui …

 

Il était bien dommage qu'il ne naisse qu'un « enfant-lumen » par siècle. Le monde en aurait eu besoin de beaucoup plus. Mais la magie est ainsi faite, elle choisit sa fréquence, son lieu, son heure. Les jumeaux Scamander garderaient leur pouvoir environ cinq ans puis cette faculté donnée à des tout-petits s'estomperait peu à peu. Mais ils auraient eu le temps de faire beaucoup d'heureux.

 

o – o – o – o

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
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