Note de l'auteur : Cette fic commencée un premier juillet se termine comme espéré le trente et un août. Mais vous ne verrez pas le fatidique mot de trois lettres en bas de la dernière page. Car la suite leur appartient et donc vous appartient aussi par voie de conséquences. C'est maintenant à vous d'imaginer et de rêver. Mon histoire s'arrête là.

Merci à ceux et celles qui ont lu, qui ont aimé et reviewé, qui ont mis cette fanfic dans leurs « favoris », qui en ont peut-être parlé sur leur blog, sur les réseaux sociaux ou simplement sur leur portable. C'était une histoire de « voyage » et maintenant qu'elle est complète, elle est libre de circuler à tous vents, libre d'aller dans tous les pays du monde, les proches et les lointains. Puisse-t-elle apporter l'évasion à celles et ceux qui comme moi ne peuvent « voyager » qu'en rêve.

C'est juste une histoire d'amour et il faut y croire car même dans notre monde souvent violent et cruel, l'amour est partout, à la fois si faible et si puissant, si simple et si compliqué, si divers aussi. Le blanc et le multicolore pour nos yeux, le tambour et la harpe pour nos oreilles, le sel et le sucre pour notre langue, l'odeur de la soupe et le parfum du mimosa pour notre nez, le froid de la glace et la douceur du velours pour notre peau ...

Le bonheur et la joie dans nos cœurs.

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Chamane 28 : Epilogue

Ça leur avait pris du temps, beaucoup de temps. Mais Draco et Harry avaient décidé de vivre ensemble pendant une semaine « pour tester leur compatibilité ». Les mots étaient de Draco, l'idée venait de Harry qui en fait la tenait de Lizzie. Enfin, c'était tout de même une semaine particulière puisqu'ils partaient pour une croisière dans les fjords de Norvège. Ils avaient pris une seule cabine mais avec deux lits et ils s'étaient promis mutuellement d'éviter tout sujet de disputes.

Car leur rapprochement n'avait pas été facile après leur entrevue polaire au bar en face du Chaudron Baveur. Cela s'était fait petit à petit. Il fallait renouer les liens. Appels et rappels plus aimables au téléphone. Rencontres au pub puis au restaurant. Pour les affaires uniquement, puis pour des questions plus personnelles. Mais ils n'osaient ni l'un ni l'autre aborder les problèmes sensibles. Ils avaient l'impression de louvoyer dans un champ d'écueils et veillaient à ne provoquer aucun remous.

Puis il y eut la convocation de Harry au Ministère. Suite à la visite de Rolf, Luna et les jumeaux-lumen, le Ministre et ses sous-fifres avaient bien évolué. Le délégué à la protection de la faune magique s'était soudain ému du sort réservé au Clabbert dans la jungle d'Amérique du Sud. Il proposait d'envoyer Rolf et Harry sur place pour tenter de trouver une solution au problème. Le mari de Luna ne pouvait s'absenter trop longtemps, juste assez pour présenter Harry à ses connaissances de là-bas. Ensuite au Griffondor de se débrouiller.

Le jeune homme téléphona. Narcissa répondit, son fils était absent. Il lui confia un message. Il donnait rendez-vous à Draco dans leur pub habituel le lendemain après son travail, il devait lui parler d'une mission au Brésil que le Ministère lui avait confiée. A son retour, le Serpentard crut que le départ de Harry était imminent. Qui sait ? Le Griffondor regrettait peut-être d'être resté à Londres trop longtemps. Il souhaitait repartir en voyage comme autrefois, quand il allait librement en Inde, en Afrique ou chez les Yakoutes. Mais c'était impossible ! Il ne voulait pas que Harry s'en aille ! Pas maintenant alors qu'ils commençaient à se rapprocher !

Etrangement, le Serpentard toujours si sûr de lui s'affola. Ce jour-là, il ne fut pas aussi attentif que d'habitude à sa classification des différentes nuances de rouge dans un lot de rubis. Il arriva au rendez-vous assez fébrile. A peine le temps de commander un apéritif et il posa la question à Harry, qui ne l'avait jamais vu aussi nerveux.

« Quand pars-tu pour le Brésil ?

-Je ne sais pas encore. Pourquoi ?

-Mais enfin, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Si c'est pour te fourrer encore une fois dans des situations dangereuses, ne compte pas sur moi pour te venir en aide !

-Mais non ! Je vais seulement …

Soudain, Harry s'arrêta et regarda fixement Draco. Le Serpentard avait vraiment l'air bizarre. Quelque chose fit tilt dans l'esprit du Griffondor. Il reprit :

-Tu t'inquiètes pour moi ?

-Ça te surprend ? Le coup de l'oursin des sables ne t'a rien appris ? La jungle est pleine d'animaux dangereux, des serpents, des scorpions, des mygales grandes comme la main et le pire, des millions, des milliards de fourmis longues comme le pouce. Si tu tombes dans leur fourmilière, elles te dévorent en une heure.

-Draco … Ce sont des légendes ! D'ailleurs, je n'irai pas en pleine jungle, je dois seulement remonter un affluent de l'Amazone en pirogue et visiter quelques villages indiens établis sur la rive.

-C'est ça ! En pirogue ! Fais-toi dévorer en plus par une armée de piranhas ! Et d'abord, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Des tas de gens plus importants que toi s'occupent déjà d'alerter le monde sur les dangers de la déforestation.

-Ça je le sais. Je ne suis pas chargé d'une aussi grande mission. Notre Ministre s'est seulement découvert un penchant pour l'écologie. Il m'envoie prendre des nouvelles des derniers Clabberts, les singes verts sauteurs qui éteignent les feux de forêts. D'après Rolf, ils sont en voie de disparition Ils ont beau être inoffensifs pour les humains, les habitants du pays en ont peur à cause de leurs dents pointues. Je pourrai peut-être persuader les sorciers des villages de les protéger.

-Scamander peut y aller tout seul. C'est lui le spécialiste !

-Les gens là-bas ne savent pas qu'il est sorcier. Quand il s'est égaré dans la jungle, il avait perdu sa baguette magique. Il me présentera à eux comme le représentant officiel des sorciers anglais, non pas pour les impressionner mais pour que je parle du Clabbert comme d'un animal magique très utile, qu'on peut apprivoiser au lieu de le chasser.

-Il t'accompagnera pendant tout le voyage ?

-Il vient avec moi mais il repartira dès qu'il m'aura trouvé un interprète et un bateau. Et je te signale que maintenant, les pirogues ont des moteurs. Je ne cours aucun danger … Draco, tu t'inquiètes vraiment pour moi ?

Le Serpentard pinça les lèvres, il détourna la tête et ne répondit pas. Pour le rassurer, Harry posa doucement sa main sur la sienne. Il ressentit aussitôt un picotement et la chaleur particulière de son don de chamane passa de sa paume au bras de son voisin de table. Le jeune homme blond tourna les yeux vers lui, il le regarda fixement pendant quelques secondes et son agressivité due à la peur s'en alla d'elle-même.

-Harry, murmura-t-il, je ne voudrais pas te perdre.

-Alors, tu tiens un peu à moi ? risqua son voisin, sachant qu'il s'aventurait sur un terrain glissant. Ils n'avaient pas parlé de leurs sentiments depuis Ghanzi-Sa.

Il y avait des mots que le Serpentard n'était pas encore prêt à prononcer. Mais profitant du fait qu'ils étaient dans un recoin du pub et que personne ne faisait attention à eux, il attira le Griffondor et le serra brièvement contre lui. Pus ils reportèrent leurs yeux sur leurs verres encore pleins et sourirent en douce. En quelques mots, ils s'étaient de nouveau liés l'un à l'autre.

o – o – o – o

Ils surmonteraient tous les obstacles. Et d'abord leurs caractères opposés. Ils se rendraient vite compte qu'en fait, Griffondors et Serpentards étaient complémentaires. A Harry l'enthousiasme et l'action, à Draco la réflexion et la prudence. Il y aurait des heurts bien sûr ! Et ce serait normal ! Mais ils feraient tous les deux l'effort de passer au-dessus de leurs divergences.

Ils révéleraient leurs sentiments réciproques à leurs amis et à leurs proches. Ils appelleraient ça de « l'attirance » pour Draco, de « l'affection » pour Harry. « Amour » était un mot qu'ils ne prononceraient ni l'un ni l'autre, par pudeur et aussi un peu par crainte. Narcissa serait peut-être irritée par cette nouvelle mais Lizzie la ferait vite changer d'avis. Une si belle histoire entre deux ex-ennemis, comme c'était romantique ! Le plus difficile à convaincre serait Ron qui détestait Draco.

Il y aurait aussi les dispositions matérielles, leurs métiers respectifs, les voyages qu'ils seraient tous les deux amenés à faire pour leur travail. Devraient-ils avoir un appartement commun ou garderaient-ils des domiciles séparés ? Plus difficile, se montreraient-ils ensemble dans le monde sorcier ou non ? Mais toutes ces questions se poseraient en leur temps. Inutile de s'en préoccuper d'avance.

D'ailleurs il y avait plus immédiat et plus délicat. Quand et comment débuteraient leurs relations sexuelles ? Ils n'en parlaient pas. Harry savait que Draco était homo et Draco avait toujours pensé que Harry était hétéro. Il l'était d'ailleurs mais le vrai amour ne se cantonne pas aux règles préétablies. Ils s'embrassaient, se caressaient, sentaient monter leur désir mutuel mais quelque chose les retenait. Ils se connaissaient depuis trop longtemps. S'ils avaient eu un brutal coup de foudre, ils seraient très vite passés à l'acte. Mais leur relation avait été chaotique. Ils hésitaient tous les deux et ne voulaient pas précipiter le cours des choses.

Ce fut Lizzie qui leva le lièvre avec sa franchise habituelle. Elle glissa à Harry l'idée de la croisière et tout se déroula très vite. A croire que les dieux étaient du côté des amoureux. Ils se retrouvèrent pour une semaine sur « L'Hirondelle des Mers », un bateau de taille raisonnable, avec des couples de tous âges, des groupes d'amies, des passagers venus d'horizons différents, que la croisière réunissait sans distinctions de langues ou de richesse et dont le but premier était de s'amuser.

Ils se mêlèrent aux autres et passèrent pratiquement inaperçus. Sauf de quelques personnes observatrices qui les regardèrent avec des expressions diverses. Harry le remarqua et en parla à Draco. Ils se promenaient sur le pont du bateau, l'air commençait à fraîchir. Etrangement, le Serpentard lui répondit avec une certaine indulgence :

« Le fait de voir un couple d'hommes doit être nouveau pour eux. Ça leur a fait un choc et c'est normal. Beaucoup de gens n'ont pas assez de sang-froid pour dissimuler leur surprise devant ce qui sort de leur ordinaire. Il leur faut du temps pour s'habituer. As-tu remarqué au restaurant le couple de personnes âgées à la table voisine de la nôtre ? En arrivant, la dame nous a regardés avec un air choqué. Mais à la fin du repas, elle nous a souri. Elle t'a trouvé beau, j'en suis sûr !

-Elle n'avait d'yeux que pour tes cheveux ! Comment disaient les libres sorcières en Afrique déjà ? Couleur d'argent brillant au soleil !

-Ah ! Je t'en prie ! Pas de sottises !

Mais il souriait. .

-Crois-tu que nous retournerons un jour à Ghanzi-Sa ? murmura Harry avec un peu de nostalgie.

-Oui, sans doute, répondit Draco sans trop de conviction. Et il ajouta d'un ton plus joyeux : Maître Epofa m'a promis la recette de la « boisson des fêtes » ... Et j'ai rendez-vous avec une belle Namibienne !  

-Crétin ! reprit Harry en lui donnant une tape sur le bras.

Mais il y avait de la tendresse dans sa voix.

o – o – o – o

C'était le premier soir. Ils regagnaient leur cabine après le concert de bienvenue. Draco prit la salle de bain le premier. Quand il en sortit, il ne portait que le bas de son pyjama de soie noire. Harry était assis sur son lit. Il avait défait ses chaussures, enlevé sa veste et sa cravate et déboutonné le haut de sa chemise. Il feuilletait distraitement les papiers qu'il avait trouvés sur la table, le programme du lendemain, la photographie du capitaine et de son équipage, les horaires des repas, une jolie carte illustrée avec un petit poème, des prospectus pour les différentes boutiques. Il avait l'air absorbé par sa lecture.

Draco s'assit à côté de lui et lui caressa doucement la joue. Harry leva les yeux. Ce que son voisin y lut, c'était un mélange de crainte et d'attente. Il sourit, mi tendre, mi moqueur, et il commença à ôter les autres boutons de la chemise. Harry ne bougea pas.

« Tu as peur ? chuchota Draco. On peut juste dormir si tu veux, on a tout notre temps.

-Non je n'ai pas peur … C'est juste que … On ne devrait pas poser quelques sortilèges ? Un Collaporta ou un sort de Silence ?

-C'est une bonne idée en effet. Je vais le faire pendant que tu te prépares.

« Et ne t'inquiète pas Harry. Je penserai aussi au sort de protection et à celui qui atténue la douleur. Ma baguette est sous mon oreiller, dissimulée aux yeux des Moldus par un Evanesco.»

Mais Harry ne bougeait toujours pas. Il respira un bon coup et reprit :

-Draco … Je n'ai jamais fait l'amour avec un homme …

Un silence feutré. Le bateau qui tangue un peu. Un aveu chuchoté.

-Moi non plus Harry. Essayons ensemble. Veux-tu ?

Il se pencha, défit les derniers boutons et lui ôta doucement sa chemise.