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au 31 Mai 21 :
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Chamane
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Action/Aventure  -  fr
28 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 5     Les chapitres     20 Reviews    
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L'oursin des sables

 

Chamane 5 : L'oursin des sables.

 

Le samedi précédent la piqûre de guêpe.

 

Ce jour-là, Harry avait repris une nouvelle fois le chemin de Molepolole en taxi. Il n'avait toujours que son sac à dos pour tout bagage. Mais il y avait rangé des petits cadeaux pour toute la famille Mongafa. Par téléphone, il avait demandé à Hermione de lui acheter sur le Chemin de Traverse de quoi faire plaisir à ses hôtes et de lui envoyer le tout en express à l'hôtel. Le colis, rétréci magiquement au format lettre-bulles, était arrivé pendant que Harry était en safari.

 

Il y avait trouvé à son retour des plumes magiques et des parchemins pour les enfants, le manuel pratique des sortilèges et enchantements, une flore d'Europe, une BD humoristique intitulée « Nos amis les Moldus », un livre de cuisine avec des recettes de petits gâteaux accompagnées des moules nécessaires de toutes formes, et bien sûr l'Histoire de Poudlard. Venant d'Hermione, ça allait de soi ! La distribution de cadeaux avait fait des heureux puis les trois voyageurs, Maître Ndiapo, son fils Offentsé et Harry, s'étaient préparés au départ.

 

Ils devaient transplaner jusqu'à la ville moldue de Ghanzi en plein désert du Kalahari et ce ne serait pas facile. Seul le guérisseur connaissait leur destination, la cour d'un de ses amis sorciers. Il avait fait apparaître son image dans l'esprit de Harry mais pour plus de sécurité, le jeune homme tiendrait son bâton en même temps que sa baguette magique. Offentsé étant trop jeune pour transplaner, son père le tiendrait serré contre lui en le tenant par la taille. Un voyage collectif qui ne devait pas causer trop de problème à des sorciers aussi puissants que Maître Ndiapo et Harry.

 

Ils se placèrent tous les trois au centre de la cour. Les autres membres de la famille se tenaient plus loin devant la case familiale et faisaient des gestes d'adieu. Et tout à coup, ils ne furent plus là. Les voyageurs se déplaçaient dans une sorte de brouillard blanc sans rien ressentir d'autre qu'un vent léger. C'était assez oppressant parce qu'on avait l'impression de ne plus pouvoir bouger ou respirer. Ça durait un assez long moment. Et puis soudain, ils descendaient lentement, émergeaient du brouillard et se retrouvaient au milieu d'une autre cour au sol sablonneux.

 

Une seule maison peinte en vert tendre. Un arbre en coin aux longues branches ombreuses. Un vieil homme portant une robe blanche assis en dessous sur une natte de palme. Ils étaient arrivés sans encombre à bon port. Il y eut des salutations, des présentations et ils furent invités à entrer dans la maison pour boire du thé. C'était une habitation magique extensible où se trouvaient l'épouse, les enfants et petits-enfants du sorcier. Il y eut palabre bien entendu.

 

Maître Ndiapo donna des nouvelles de sa famille et le vieux sorcier de la sienne. La présence de jeune sorcier anglais fournit l'occasion d'apprendre quelques nouveautés sur les mondes magiques lointains. Cela dura trois bonnes heures, un peu en anglais mais le plus souvent en tswana'. Offentsé traduisait le plus important pour Harry. Mais on voyait qu'il bouillait d'impatience car il devait aller acheter les fournitures pour ses études dans le magasin sorcier de la ville. Enfin son père se leva et ils partirent à pied vers un quartier proche. Harry les accompagna.

 

C'était une boutique comme les autres, petite et coincée entre deux hautes bâtisses sans fenêtres, dans une rue assez étroite et très animée. On y vendait des tissus et des vêtements mais quand Maître Ndiapo frappa trois coups de son bâton-sorcier sur l'une des cloisons, celle-ci s'ouvrit sur tout autre chose. Les bâtiments voisins étaient en fait une sorte de grand bazar et on y trouvait de tout, même des animaux magiques, quelques serpents en particulier à qui Harry fit un petit salut en Fourchelangue en passant. Le guérisseur était très étonné. C'était encore une nouvelle facette du puissant sorcier anglais qui lui avait rendu visite !

 

Il en parla le soir à son vieil ami pendant que Offentsé montrait aux autres enfants ce que son père lui avait acheté pour son séjour dans la cité sorcière du désert. Il y avait en particulier une écritoire magique en okoumé. Pendant les cours des Maîtres, on s'asseyait en tailleur sur le sol, jambes croisées, et on la posait sur ses genoux, à la manière des scribes égyptiens. Elle avait deux emplacements pour les encres et une longue rainure pour les plumes. Elle pouvait se replier plusieurs fois et ne tenait pas de place dans le beau sac de cuir rouge, cadeau de sa tante Dame Ndiama. Il y avait rangé les cadeaux de Harry, plumes et parchemins, mais il avait aussi des stylets en roseau, des flacons d'encres de couleurs, quelques papyrus rares et chers et surtout des rouleaux d'écorces ou de feuilles de palmier, séchées et lissées.

 

Il n'avait qu'un livre presque sans texte mais abondamment illustré car tout l'enseignement était oral. Il fallait beaucoup apprendre par cœur et faire des exercices pratiques. Offentsé était très fier d'aller à l'école des sorciers de son pays pendant douze lunes. Tous les enfants n'y allaient pas aussi longtemps, seulement ceux qui avaient des dispositions particulières. Les autres allaient à l'école moldue, ils apprenaient les sortilèges avec leurs parents et passaient juste quelques semaines dans la cité sorcière pour faire valider leur savoir et trouver leur pierre. Mais l'adolescent était le fils de Maître Ndiapo et il serait lui aussi guérisseur. Il avait le don et c'était un devoir pour lui de le cultiver, même si pour ça il allait rester éloigné de sa famille pendant presqu'un an.

 

Leur hôte, lui, était très intéressé par le don de Harry. Savoir parler aux serpents était très rare, il ne connaissait aucun sorcier qui avait ce pouvoir. Justement, une famille de couleuvres bleues s'était installée dans un trou derrière la maison. Le jeune homme pourrait-il leur demander si elles comptaient rester ou si elles étaient de passage ? Leur présence ne le dérangeait pas, elles étaient inoffensives, mais elles faisaient peur aux enfants et aux visiteurs quand elles surgissaient dans la cour à l'improviste. L'une d'elle était entrée dans la chambre de sa plus jeune fille qui avait réveillé toute la maison par ses hurlements. Harry rendit volontiers ce service à leur hôte. Il put le rassurer, les couleuvres étaient en voyage. Elles aussi partaient pour l'autre Ghanzi !

 

Le soir tombait, on palabra encore un peu autour du repas du soir mais Maître Ndiapo, Harry et Offentsé devaient se coucher tôt car ils partiraient pour la cité sorcière le lendemain dimanche de bonne heure. La route était longue et une grande partie du chemin se faisait à pied. La cité sorcière était entièrement entourée par une barrière magique et on ne pouvait pas transplaner au-delà. C'était une bonne et utile protection, maintenant que de nombreux touristes moldus étaient attirés par le désert et elle tenait à distance les animaux dangereux qui n'avaient rien à faire en ville.

 

o – o – o – o

 

Il était midi d'après le soleil et les trois voyageurs venaient de se remettre en marche après une pause. Ils étaient partis depuis le début de la matinée. Ils avaient d'abord transplané depuis la cour du vieux sorcier jusqu'à un point précis au bord de la barrière magique. Il y avait là trois arbres épineux qui avaient poussé si serrés les uns contre les autres que leurs troncs se confondaient. L'ombre portée dessinait sur le sol caillouteux un large cercle presque parfait. A proximité s'élevait un monticule de pierres empilées les unes sur les autres. Il marquait l'une des entrées du pays magique de Ghanzi.

 

Il y en avait d'autres mais c'était celle qu'utilisait Maître Ndiapo. Il avait fait apparaître le lieu dans la tête de Harry avant le transplanage. Après leur atterrissage, il avait insisté pour que ses deux jeunes accompagnateurs gravent ce décor dans leur mémoire. En effet, ils ne pourraient ressortir que par ce même endroit. Il avait pris sur le sol un gros caillou et l'avait ajouté au monticule puis il avait invité Offentsé et Harry à en faire autant en prononçant le sortilège d'ouverture de la porte :

 

« Akomara Boghanzi! Je salue le peuple de Ghanzi. »

 

« Souvenez-vous bien de ceci, avait-il ajouté pour ses accompagnateurs. Ce sont les mots pour entrer. Pour sortir, il faut dire le contraire : « Ghanzibo akomara ! Le peuple de Ghanzi te salue. » Vois-tu, Harry, avait-il ajouté, souvent des visiteurs étrangers se font piéger. On les invite pour troquer avec eux des marchandises magiques ou des sortilèges mais quand ils veulent repartir, on les retient un peu dans la cité. Ils ne sont pas prisonniers, non, mais les magiciennes connaissent des formules et des philtres qui embrouillent les esprits. Les visiteurs pensent qu'ils sont là depuis deux jours et en fait ça fait deux semaines. Ils ne se rendent compte du temps passé que quand ils retraversent la barrière magique. Si tu veux garder l'esprit clair, Harry, prononce toujours un sortilège de protection quand tu bois et quand tu manges. Pour les envoûtements, je te fais confiance, tu les sentiras toujours venir.

 

-Mais pourquoi retiennent-ils les sorciers contre leur volonté ? Ceux qui viennent leur rendre visite le font en toute liberté. Ils veulent troquer ou comme moi, faire de nouvelles connaissances. Pourquoi les obliger à rester plus longtemps que prévu ?

 

-Ça, tu le verras par toi-même Harry. Je t'en ai déjà trop dit. Mais ne t'inquiète pas. Les femmes de Ghanzi n'ont pas de mauvaises intentions.

 

Le jeune homme n'insista pas. Maître Ndiapo se rapprocha de son fils et se mit à lui parler en tswana'. Il lui faisait sans doute des recommandations pour l'école. Harry se laissa distancer. Ils suivaient tous les trois un chemin rectiligne balisé de temps en temps par de grosses pierres. La cité sorcière n'était pas en vue. Encore trois heures de marche, avait dit Maître Ndiapo au moment de leur pause. Le paysage était morne. De tous côtés, on ne voyait qu'une étendue plate au sol sablonneux coupée de quelques buissons épars avec au loin d'une ligne ondulée de collines peu élevées. Du jaune sale, du rouge grisâtre, du vert poussiéreux, aucune ombre … pas de quoi retenir l’œil.

 

Soudain, le regard de Harry fut attiré par une tache d'un rose vif. A quelque distance du chemin, des fleurs s'épanouissaient. En plein désert ! Ça méritait un petit détour. Le guérisseur et son fils étaient en pleine discussion, le jeune sorcier obliqua vers la floraison inattendue. A quelques pas, il reconnut les corolles d'un tapis de Griffes du Diable, l'Harpagophytum qui servait aussi bien aux remèdes magiques que moldus. Plusieurs gros tubercules affleuraient sous les feuilles dentelées. Une belle trouvaille !

 

Harry s'apprêtait à appeler Maître Ndiapo quand brusquement, son pied droit s'enfonça dans le sol. Il trébucha et se sentit tomber. Il tendit le bras pour se retenir, sa main heurta le sol et s'enfonça aussi. « Des sables mouvants » pensa-t-il pris de peur. Mais non, il y avait seulement une cavité peu profonde, juste devant la touffe de plantes. Soudain de ce trou jaillit une grosse boule épineuse qui se planta dans son bras droit, lui causant une vive douleur. Il cria en se redressant et en retirant sa main de la cavité sournoise, Maître Ndiapo se retourna et se précipita vers lui. Mais quand il vit ce qui se cramponnait au bras du jeune homme, il s'arrêta pile et retint son fils qui s'élançait.

 

«Harry ! Ne bouge pas ! Tu es dans un nid d'oursins des sables ! Je vais te sortir de là ! »

 

Il tendit son bâton-sorcier et prononça une incantation. Mais la bestiole ne lâcha pas prise. Au contraire, d'autres sortaient de terre et sautaient autour du jeune sorcier qui s'affolait un peu. Heureusement, il portait des chaussures de marche et un jean, les oursins ne parvenaient pas à atteindre ses jambes. Il secouait son bras pour faire tomber celui qui s'y était accroché mais rien à faire ! Les épines étaient plantées profondément dans la chair.

 

De sa main gauche, il attrapa sa baguette et lança un Repulso qui n'eut pas plus d'effet que l'incantation du guérisseur. Il parvint tout de même à sortir son pied du trou et recula loin des bestioles sauteuses. Il reprit son souffle et ne voyant pas quoi faire d'autre, il visa l'oursin qui visiblement essayait de se détacher mais n'y parvenait pas et lança un « Mortem ! » La boule épineuse ne bougea plus mais ne tomba pas.

 

Dans le même temps, Harry se sentait bizarre. Il voyait double, les paroles de Maître Ndiapo résonnaient à ses oreilles sans qu'il en comprenne le sens. Une brusque bouffée de chaleur lui monta à la tête. Il comprit que le venin d'oursin se répandait dans son corps et l'empoisonnait. Il murmura un Protégo, il n'était peut-être pas trop tard. Mais le malaise persistait et s'amplifiait. Il distingua vaguement le sorcier à genoux, criant et frappant à coups redoublés sur une des grosses pierres du chemin. Ce devait être un signal. Ensuite tout devint confus dans ses yeux et dans sa tête. Il tomba sur le sol.

 

Il vit arriver une troupe de gens perchés sur des animaux qui ressemblaient à des dromadaires, on l'entourait mais personne ne le touchait. Les arrivants avaient l'air excités et semblaient se préoccuper beaucoup plus du nid d'oursins que de lui. Enfin une femme aux mains protégées par des sortes de gants saisit la bête morte à l'aide d'une longue pince de bois et la détacha d'un coup sec du bras de Harry. Elle semblait en colère. Elle criait sur Maître Ndiapo qui protestait avec force.

 

Les autres au contraire riaient et ça faisait dans les oreilles de Harry un bruit désagréable. De leurs mains également gantées, ils installaient un petit muret tout autour du nid d'oursins et deux d'entre eux se tapaient dans le dos avec des exclamations de joie. Ensuite, Harry perdit à demi conscience. Tout se mélangeait et il avait de plus en plus mal au bras. Et pas seulement au bras. Il avait mal partout où il touchait terre. Ses vêtements aussi lui faisaient mal, il avait l'impression d'être brûlé sur tout le corps. A ses côtés, Maître Ndiapo avait l'air désespéré et Offentsé à l'arrière semblait terrifié. Et puis Harry ne vit plus rien et sombra.

 

A peu près au même moment, très loin de là, un jeune homme blond portait la main à son bras droit qui portait une marque rouge. Une guêpe l'avait piqué …

 

o – o – o – o

 

Cinq mois plus tard.

 

Draco Malfoy rentrait de Colombie où il avait travaillé pour la Maison Solman et Griffith pendant trois mois. Dans la mallette sécurisée attachée à son poignet droit par une chaînette invisible sous sa manche, il ramenait deux émeraudes de Muso, à la couleur verte si caractéristique, déjà taillées en cabochon par les artisans hautement spécialisés de la Muso International. Il avait choisi les pierres brutes dans les échantillons présentés par les experts, il avait donné des instructions très précises pour la taille, avec des photographies et des croquis détaillés, il avait attendu l'achèvement du travail sur place, avec seulement quelques aller-et-retour rapides au pays, et il ramenait la commande avec la satisfaction d'une transaction parfaitement accomplie. Archibald Griffith serait content.

 

C'était tout de même une drôle d'affaire que cette expédition en Colombie juste pour deux émeraudes. Draco connaissait l'histoire par son patron qui lui avait tout raconté sous le sceau du secret. Une grande dame, une princesse ou une archiduchesse russe, il n'avait pas donné de nom, était venue à la joaillerie sous le prétexte de choisir une bague. Mais dès qu'elle avait été à l'abri des regards dans le bureau des directeurs, elle avait sorti de son sac un écrin de cuir en mauvais état. Il avait été visiblement frappé par le tranchant d'une épée ou peut-être d'une hache. A l'intérieur se trouvait une célèbre parure appartenant à la famille de la grande dame.

 

Il y avait deux magnifiques pendants d'oreilles et un collier d'or orné de quinze grosses émeraudes. Le coup porté sur l'écrin avait endommagé la partie gauche du joyau. Deux des pierres précieuses avaient été fracassées et d'après la visiteuse, c'était une catastrophe. La parure devait être prochainement exposée au British Museum et le mari de la dame ignorait le dommage que le collier avait subi. C'était assez obscur mais personne n'avait à connaître les secrets des grandes familles de la haute société. Il fallait absolument remplacer les émeraudes brisées par d'autres pierres identiques le plus rapidement possible et secrètement bien sûr !

 

Heureusement, on en connaissait l'origine et la moitié droite du collier, épargnée par la fureur de celui qui avait frappé, permettait de faire une copie parfaite de la partie détruite. Et pour ce faire, Archibald Griffith s'était adressé à Draco. Il devait aller en Colombie et se procurer discrètement les pierres qui provenaient de la mine de Muso. Le jeune homme avait « l'Oeil », il était l'intermédiaire idéal pour négocier cette délicate affaire. Tout s'était passé comme prévu. Les émeraudes de remplacement seraient montées à Londres sur la chaîne d'or reconstituée et le collier retrouverait son aspect originel. Bien entendu, cette transaction était faite de façon tout à fait légale quoique discrète et elle devait rapporter gros à la Maison … et à Draco.

 

Voilà pourquoi un jeune homme blond ayant l'apparence d'un businessman se trouvait dans l'avion qui reliait Bogota à Londres. Il s'apprêtait à dormir pendant une partie du trajet pour compenser le décalage horaire. Il revoyait les diverses étapes de son aventure colombienne, son arrivée dans la région montagneuse de Muso, ses discussions avec les experts de la Compagnie, le choix difficile des pierres selon leur couleur et leur grosseur, les explications multiples à l'artisan lapidaire qui ne parlait que l'espagnol. Trouver exactement les bonnes émeraudes avait été un travail beaucoup plus difficile que de simplement acheter de quoi faire une parure.

 

Draco repensait au petit diamant rose qui manquait à la bague de sa mère, il n'avait pas encore découvert l'équivalent. Il avait fermé les yeux. L'avion ronronnait doucement et favorisait l'état de demi-sommeil des passagers. Et Draco rêvait. Il revoyait les deux pierres vertes qu'il avait expertisées, à l’œil nu et aussi avec sa loupe de diamantaire. Elles avaient quelque chose de particulier, il n'arrivait pas à savoir quoi. Cela l'avait un peu perturbé au début puis il avait écarté cette pensée dérangeante. Il y repensait maintenant, l'esprit à demi en éveil.

 

Leur forme déjà presque parfaite, même à l'état de pierres brutes ? Le fait qu'elles provenaient des entrailles de la terre ? Leur aspect cristallin, limpide, même si elles étaient agrémentées d'un « jardin », ces minuscules occlusions particulières qui leur donnaient une valeur accrue ? Leur couleur peut-être, plus claire que celle de la bague des Black ? Voilà, c'était ça, leur couleur … Où avait-il déjà vu cette nuance de vert, cette limpidité, ces petits points brillants en profondeur ? Ses pensées vagabondaient … Quelque chose de Serpentard peut-être ? Non sûrement pas, rien à voir avec le vert franc et l'argent de son ancienne Maison … Alors quoi ?

 

Draco plongea quelques minutes dans un sommeil profond et là, il vit … Ces deux émeraudes d'un vert limpide aux points scintillants, c'étaient des yeux, des yeux verts, les yeux de … Potter ? Le jeune homme se réveilla brusquement en grinçant des dents. Que venait faire son ex-ennemi dans cette histoire ? Des yeux verts ! La belle affaire ! Toujours cachés derrière ces ridicules petites lunettes rondes ! Rien à voir avec les joyaux sans prix qu'il rapportait dans sa mallette ! Il se redressa, frotta doucement son avant-bras droit où subsistait une petite tache rouge. Cette guêpe avait un venin tenace ! Potter ! Quelle idée absurde ! Il n'avait pas pensé à lui depuis … combien de temps ?

 

o – o – o – o

 

Quelque semaines plus tard, le même jeune homme regagnait son appartement après sa dernière journée de travail, en souriant malgré le temps maussade. Il était en congé pour un mois ! Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas pris de vraies vacances, juste quelques week-ends prolongés passés avec sa mère au bord de la mer ou dans un lieu touristique du pays. Il pensait emmener cette fois Narcissa en croisière dans la mer des Caraïbes, un endroit où il ferait meilleur que sous le ciel londonien. Il ne lui en avait pas encore parlé, il voulait lui faire une surprise. Mais quand il arriva chez lui, sa mère lui apprit que son ami Blaise avait téléphoné et qu'il lui donnait rendez-vous dans la soirée au Chaudron Baveur.

 

Draco grimaça. Il n'était pas retourné dans un lieu magique depuis son installation dans le Londres moldu. D'habitude, lui et Zabini se voyaient dans un pub typiquement anglais et prenaient une bière fraîche, pas une bièraubeurre tiédasse. Enfin c'était pour Blaise, il lui devait bien ça ! Il se rendit donc dans Charing Cross et poussa la porte du petit bar magique coincé entre les autres magasins de la rue, invisible aux regards des Moldus. Blaise l'attendait et il avait un visage grave. Il donna sans ambages sa mauvaise nouvelle : « Harry Potter a disparu. » Draco marqua un temps de surprise puis répondit sèchement qu'il n'en avait rien à foutre.

 

« Ce n'est pas si simple Draco, lui dit l'ancien Serpentard. C'est le Ministère de la Magie qui m'envoie. Nos têtes pensantes commencent à s'affoler. Potter n'a pas donné de ses nouvelles depuis presque six mois. La dernière fois qu'il a communiqué avec le Ministère, il était au Botswana et annonçait qu'il partait visiter la ville sorcière de Ghanzi-Sa. On sait aussi qu'il a fait un safari et qu'il a téléphoné à Hermione Weasley-Granger pour qu'elle lui envoie des objets achetés sur le Chemin de Traverse. Depuis rien.

 

-Le Botswana ? Les crétins du Ministère n'imaginent tout de même pas que j'ai quelque chose à voir avec la disparition de leur Sauveur parce que j'y suis allé il y a six mois ? Je n'ai pas rencontré Potter pendant mon séjour. J'étais là-bas pour mon travail chez Solman et Griffith, pas pour autre chose.

 

-Ils le savent Harry, mais tu es allé chez Maître Ndiapo et lui aussi. Les cadeaux achetés par Granger, c'était pour ce sorcier et sa famille. Et toi, tu as réussi à procurer une épine d'oursin à l'apothicairerie en rendant visite à ce guérisseur. Ça faisait deux ans qu'on n'en trouvait plus. L'histoire a fait du bruit et ton nom y est mêlé. Ce n'est pas ma faute, Draco, ils m'ont interrogé, je ne pensais pas à mal en leur rapportant l'affaire. Au contraire, c'était bon pour toi !

 

-Ça l'est moins à présent si je comprends bien ! Ils me soupçonnent d'avoir comploté avec Maître Ndiapo pour faire disparaître Potter ? Ils ont la folie de la persécution, c'est ça ? Salut Blaise, rien à faire dans ce bar crasseux !

 

Draco, blanc de colère, était déjà debout pour partir. Il avait parlé un peu trop fort et les autres clients le regardaient d'un air curieux. L'avaient-ils reconnu ? Mais Blaise l'attrapa par la manche et le força à se rasseoir.

 

-Attends Draco ! siffla-t-il tout bas. Ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Ceux du Ministère ne t'accusent de rien, ils veulent juste ton aide pour retrouver Potter. Ils proposent un arrangement. Ils offrent de payer ton voyage au Botswana, avec une grosse prime en plus. Ils comptent sur toi pour trouver une piste … Ils n'ont personne d'autre, Draco, ajouta-t-il d'une voix persuasive. Notre ancien correspondant au Botswana, Gracchus Flint, il est trop vieux et malade. Moi-même, je ne suis jamais allé dans ce pays. Il n'y a pas de Ministère là-bas, pas de personnages officiels à contacter. Il faut agir en douceur. Nous avons l'habitude, nous sommes des anciens Serpentards …

 

-Ah tiens ? Ces Messieurs du Ministère se souviennent de nous tout à coup ? Parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement ? A Merlin ne plaise ! Je ne suis pas à leur service !

 

-Réfléchis Draco au lieu de te braquer ! Pour toi et ta mère, c'est tout bénéfice ! Vous ne serez plus des parias. Vous reviendrez dans notre monde la tête haute. Tu n'as qu'une baguette magique à racheter et tu seras de nouveau un sorcier à part entière. Tu pourras même continuer à travailler pour Solman et Griffith, il n'y a aucun problème ! … Draco, tu connais Maître Ndiapo, il t'a à la bonne, tu as fait un bon troc avec lui. On te donnera des marchandises qui l'intéressent, des pétales de tulipe noire par exemple. Il te fournira peut-être des renseignements importants. C'est pour Potter tout de même ! Même si tu étais autrefois du côté de Voldemort, tu sais qu'il a bien fait de nous en débarrasser. Avec lui et les Mangemorts, le monde sorcier courait au désastre !

 

-J'ai payé mes erreurs assez cher. Je n'appartiens plus au monde magique. Je suis même fier d'être passé du côté des Moldus. Et ma mère aussi ! Qu'ils aillent tous en enfer !

 

-Draco, ce n'est pas tout. Il y a ton père.

 

-Quoi mon père ? Ne me dis pas qu'il est mort dans leur foutue prison et que tu es chargé de me l'apprendre !

 

-Ton père n'est pas mort Draco, mais d'après ce qu'on m'a dit, il est dans un triste état. Le Ministère propose de le transférer dans la nouvelle prison, celle où il n'y a pas de Détraqueurs et où on pourra le soigner …

 

-Du chantage maintenant ! Le monde magique est tombé bien bas, Zabini, et toi aussi ! Tous pourris si je comprends bien ! Je ne mange pas de ce pain-là. J'ai connu Azkaban, je sais ce qu'on y endure. Mon père était déjà très atteint quand j'ai été libéré. Il est mourant ou même déjà mort. Mais c'est un Malfoy et moi aussi. Il ne voudrait pas que je vende mon âme pour le sauver. Rapporte mes paroles à tes Maîtres. Adieu. Je ne veux plus te revoir.

 

Draco bouscula sa chaise en se levant et sortit du Chaudron Baveur, empli d'une rage folle. Il marcha longtemps pour se calmer. Heureusement, sa mère ne remarqua rien quand il rentra. Elle regardait paisiblement son feuilleton préféré à la télévision et lui signala seulement qu'il pouvait réchauffer son dîner au micro-ondes. Une maîtresse de maison parfaite, un amour de mère, tout ce que Draco avait au monde pour le consoler des bassesses de la vie. Elle et Lizzie.

 

Lizzie. Ce fut à elle qu'il se confia le lendemain. Il fallait qu'il parle à quelqu'un. Cette histoire l'étouffait. La jeune femme était pour lui plus qu'une amie, c'était la grande sœur affectueuse qu'il n'avait jamais eue. Sous ses dehors rieurs, c'était quelqu'un sur qui on pouvait compter. Elle le laissa parler. Pour la première fois, il lui révéla qui il était, il parla de la guerre, de la prison, de son père. Elle avait déjà deviné que lui et sa mère venaient d'un ailleurs qu'elle ne connaissait pas mais elle n'avait rien dit. Là encore elle ne posa aucune question sur le passé. Sauf quand Draco prononça le nom de Harry Potter. Quelque chose dans sa façon de le dire lui avait fait dresser l'oreille. Elle demanda :

 

« Qu'est-ce qu'il est pour toi, ce Harry Potter ?

 

-Rien. Un ex-ennemi. Je ne l'ai pas revu depuis la guerre. Il m'a sauvé la vie. Ma mère a sauvé la sienne. Nous sommes quittes.

 

En même temps qu'il prononçait ces mots, il sut qu'il ne disait pas le fond de sa pensée. Il avait été follement jaloux de Potter, même si l'adolescent gringalet de Poudlard ne payait pas de mine. Il lui avait pourri la vie parce que le gamin de l'époque avait préféré être ami avec Weasley plutôt qu'avec lui. Il avait accepté la Marque de Voldemort parce que lui était Sang Pur et qu'il était supérieur aux autres, supérieur au Sang Mêlé Potter en particulier. Il avait tout perdu, même son monde. Mais lui et Potter n'étaient pas quittes. Quelque chose les liait. Il ne savait pas trop quoi. Et la disparition de son ex-ennemi le touchait plus qu'il ne croyait. Pourtant il était hors de question qu'il cède au chantage du Ministère.

 

S'être confié à Lizzie lui avait fait du bien. Il parla de la croisière à sa mère. Il s'était renseigné, ils pouvaient partir la semaine suivante suite à un désistement. Elle était ravie. Il acheta les billets et prépara leurs bagages. Puis pris d'une inspiration subite, il décida de racheter une baguette magique. Il passa par le Chaudron Baveur et demanda au patron de lui ouvrir le portail dans le mur de briques. Si Tom le reconnut, il ne le montra pas et s'exécuta sans faire de réflexion.

 

Draco passa à Gringott et changea sans problème des livres anglaises en argent sorcier. Puis il entra chez Ollivander. Là encore, le vieil homme ne fit aucune remarque. Il sortit ses boîtes et le jeune homme trouva facilement ce qu'il cherchait, aubépine et crin de licorne mais 28 centimètres seulement. Il flâna un peu devant les boutiques - «Tiens un nouveau balai de Quidditch, Potter aimerait ça … Mais pourquoi je pense à Potter ! Il est bien là où il est ! Rien à foutre ! » - Il ne s'attarda pas. Il montra son acquisition à sa mère et s'amusa à quelques tours sorciers pour la faire rire. Chère Narcissa ! Elle était bien ici. Elle était heureuse. Elle avait des amis, toute la rue la connaissait, qu'est-ce qu'elle avait besoin de retourner de l'autre côté où on lui ferait grise mine ? Il n'avait pas parlé de la proposition concernant son père. Il savait qu'elle aurait été d'accord avec lui. C'était une Black et une Malfoy. On ne transigeait pas dans ces familles avec ces valeurs-là.

 

Ce fut cette nuit-là que Potter l'appela au secours.

 

o – o – o – o  

 
 
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