Ames sœurs.

Tout est à Madame J.K. Rowling, * même le Sanchance à la recherche de la Fontaine de Bonne Fortune.

Chapitre 12.

Découverte matinale.

Théo a le sommeil léger. Il se lève à l'aube, il prend généralement dans la cuisine une tranche de pain et une pomme et part marcher dans l'île. Il en connaît déjà presque tous les recoins. Il sait où se trouvent le banc de Potter sous l'arbre penché, le nid d'amour de Blaise et Pansy et le coin de prairie d'où Bolby transplane vers Jersey. Théo est un solitaire qui s'intéresse aux autres mais de loin.

Il étudie aussi la faune et la flore de l'île. Il est très observateur. A part les oiseaux de mer, les animaux sont peu nombreux. Il n'y a heureusement ni souris, ni chat, ni surtout lapin qui seraient ici des nuisibles. Par contre, il a découvert une taupe, arrivée là par un pur hasard. Elle restera sans doute toute sa vie célibataire. Il l'appelle Arsinoë.

Aucun animal de grande taille donc. Qui s'occuperait d'un troupeau de chèvres ou de vaches quand l'île est invisible ou inhabitée ? Mais au bas d'un petit tertre Théo a repéré une fourmilière. Des abeilles sauvages ont colonisé le tronc d'un vieil arbre mort. Des coccinelles se régalent de colonies de pucerons.

Quelques espèces rares de papillons ont prospéré car il n'y a nul chasseur à l'horizon. Théo a donc pu admirer des Machaon, des Isabelle, des Apollon, des Sphinx du laurier-rose, car cet arbuste pousse dans l'île à l'état sauvage. Et un jour, il a vu une flopée de papillons multicolores à la vie très brève. Un sortilège sans doute ?

Quelques araignées tissent leurs toiles rondes entre deux buissons. Le matin, le soleil levant et les gouttes de rosée qui s'y accrochent en font des merveilles endiamantées. Théo n'en a jamais détruit une seule. Il fait un détour si une toile lui barre le chemin. Des moucherons et des moustiques s'y engluent et suffisent à la nourriture de la propriétaire du piège.

Théo est respectueux de la vie mais il trouve normal que prédateurs et proies se partagent un même territoire. C'est l'équilibre de la vie. On est tous le prédateur de quelque chose et la proie de quelqu'un.

Le jeune Serpentard a aussi eu le loisir de voir quelques insectes magiques, vivant dans leur milieu naturel, en particulier des Chrysopes si utiles pour la fabrication des potions. Il faudrait qu'il en parle au professeur Snape mais celui-ci les préfère morts et si possible réduits en poudre. Alors pour le moment, Théo garde son secret.

Théo sait quand il doit parler et quand il est préférable de se taire.

La flore est abondante et variée mais le jeune Serpentard n'est pas très attiré par la botanique. Il a reconnu de nombreuses espèces citées dans Mille herbes et Champignons magiques mais il n'a pas l'intention de se constituer un herbier. Il se contente de mémoriser l'endroit où les plantes poussent Ça peut être utile.

Ce matin-là, il fait pourtant une découverte. Au moment où il passe près d'un églantier, il entend un petit « plop ». Il pense aussitôt à des gnomes de jardin. Il écarte les branches pour vérifier leur présence car si c'est le cas, il faudra qu'il prévienne Grégory. C'est malfaisant, ces petits machins-là ! Mais il découvre une tout autre chose.

Dissimulée par un dôme de longues tiges épineuses se trouve une « Ronde des Fées ». C'est ainsi que les sorciers et aussi les Moldus appellent un anneau circulaire planté de champignons. On raconte que la nuit, des fées minuscules viennent y danser en sautant légèrement d'un chapeau à l'autre.

Théo connaît cette espèce de champignon. Ce sont des lycoperdons.. On les appelle aussi familièrement vesses-de-loup. D'habitude, ils poussent plutôt dans la forêt. Ils sont tout ronds, ils n'ont pratiquement pas de pied, ils sont blancs et remplis de spores brunâtres.

Ceux-là, au contraire, sont très colorés. Le « plop » a été produit par l'éclatement d'un chapeau vert vif et les spores qui sont répandues tout autour sont vertes également. D'autres champignons semblent prêts à éclater eux aussi.

Bien sûr, Théo ne touche à rien. C'est avant tout un contemplatif.

Il se redresse, respire avec délice l'air marin et se dit qu'il n'a pas perdu sa matinée. Il peut rentrer au cottage. Il a appris sur l'île quelque chose de nouveau. Chaque jour doit apporter une nouvelle connaissance. Surtout depuis que l'autre Tordu est mort et qu'il est libre, enfin presque !

^ - ^ - ^ - ^ - ^

Quand Théo arrive dans la salle à manger, le professeur Snape, Draco, Grégory, Pansy et Blaise sont déjà à table. Winky a dû apporter un plateau à Millie, elle l'adore et la chouchoute. L'arrivant salue tout le monde et se sert un bol de céréales.

Draco a l'air rêveur. Sa main tient en l'air un petit pain brioché mais il ne pense pas à ouvrir la bouche pour y goûter. Le professeur est impassible mais les autres rient sous cape.

« Les promenades à deux les soirs de pleine lune sont follement romantiques, glisse Pansy à Blaise tout en jetant un coup d'œil vers Draco.

--Surtout qu'ici, on ne risque pas de rencontrer un loup-garou ! répond-il, son sourire dévoilant ses dents blanches dans son visage de bronze.

--Oh ! Mais j'en connais qui ont quand même dû voir le loup la nuit dernière !

--Et d'autres qui ont pu admirer la face cachée de la lune !

--Il me semble même avoir entendu le loup hurler !

--Et pas le moindre nuage ! La lune devait être blanche et ronde !

--Et au clair de la lune, le loup a peut-être trouvé un agneau à croquer.

--Un agneau ? Je parierais plutôt sur un jeune Lion bien tendre !

--Ils se sont promenés au clair de lune ...

--Et à la fin, le loup a dévoré le Lion ...

--Ou l'inverse !

--Pansy ! Tu as loupé un épisode ! Ou alors, tu as pris sur la tête un coup de lune.

--Mais enfin, qu'est-ce que c'est que cette histoire de loup et de lune, les interrompt Grégory. Moi, je sais seulement qu'il ne faut rien semer à la pleine lune. C'est mauvais pour les plantations.

--Oh ! Mais cette plantation-là se fait à n'importe quelle lune, Greg ! Le loup sort du bois quand il veut. »

Et tout à coup, Blaise et Pansy se mettent à rigoler comme des baleines. Théo cache son sourire derrière une cuillerée de céréales. Greg a l'air ahuri. Le professeur Snape pince les lèvres et Draco sort de son rêve éveillé. Il a suivi vaguement l'échange entre ses deux camarades sans prêter attention au double sens des mots mais la dernière phrase l'a frappé.

En un instant, il comprend qu'on se moque de lui et ses yeux prennent aussitôt les couleurs de l'orage. Théo a l'excellente idée de détourner la conversation. Il s'adresse à Severus Snape :

« Oh ! A propos, professeur, j'ai découvert dans l'île des champignons étranges. On dirait des lycoperdons mais ils sont colorés. L'un d'eux a explosé au moment où je passais près de lui et ses spores sont colorées aussi. Elles étaient vertes, d'un beau vert Serpentard. »

Draco ouvre la bouche pour lancer à Théo une remarque bien cinglante à propos des gens-qui osent-blablater-quand-leur-Prince-s'apprête-à-prendre-la-parole quand un « FLOC » retentit. Le morceau de gâteau marbré au chocolat que Severus portait à sa bouche vient d'atterrir dans sa tasse de thé, éclaboussant copieusement sa serviette et la nappe et faisant rejaillir le liquide chaud jusqu'à son nez.

Le professeur ne sursaute même pas. Il reste stupéfait, la bouche ouverte, les yeux écarquillés. Ses cinq ex-élèves se figent sur place. Qu'arrive-t-il au Maître des potions ? S'est-il étranglé avec un morceau de gâteau ? Fait-il un malaise ? Une crise cardiaque ? ... Presque.

«Qu'avez-vous dit, Monsieur Nott ? éructe-t-il avec difficulté. Des lyco .. perdons ? ... Des vesses-de-loup ? ... COLOREES ? ... VERTES ? ... Vous en êtes CERTAIN ?

--Heu ... oui, Professeur.

La réaction du sévère Severus Snape les remplit tous de stupeur. Il se lève brusquement, faisant tomber sa chaise au passage, arrache sa serviette, lance les bras en l'air et hurle :

--YES ! YES ! YES ! Nous sommes RICHES !

- = - = - = - = - =

« Potter ! Potter ! »

Harry est assis sur le perron du cottage Griffondor. Il joue aux osselets avec cinq petits galets ronds. Il a le lointain souvenir d'une chambre blanche à Sainte Mangouste, de lui tentant d'attraper des pierres guérisseuses qui flottent au-dessus de son corps physique, de Draco s'approchant de lui, si beau, si doux ... nu ... comme hier ... La voix le sort de son rêve éveillé.

--Potter ! Viens ! Le professeur Snape a besoin de nous de toute urgence !

Ce n'est pas de cette façon que Harry avait imaginé ses retrouvailles avec le beau blond après ... leur soirée de la veille. Il dit d'un ton froid :

--Bonjour, Malfoy.

--Oui, bonjour à toi aussi ! Viens ! Il n'y a pas de temps à perdre ! N'oublie pas ta baguette magique !

--Oh ! Ce n'est que ça ? Tiens, je te la prête si tu en as besoin.

--Non, c'est de toi qu'on a besoin ! On ne sera pas trop de six ... Potter, qu'est-ce que tu as ? Ça ne va pas ?

Au moment même où il dit ces mots, Draco comprend qu'il vient de commettre une bourde. D'un coup, la soirée de la veille lui revient en mémoire. Pas qu'il l'ait oubliée, Merlin non ! Mais l'étrange comportement de son parrain est passé en priorité. Hola ! Apparemment, il a eu tort. Il dit d'une voix plus douce :

--Viens, Harry. Je t'expliquerai en chemin.

Le jeune homme brun se lève mais il reste immobile au pied des escaliers.

--Quoi encore ? s'impatiente le blond.

--Pourquoi es-tu parti hier après ... après m'avoir fait l'amour ?

--Tu ne m'as pas demandé de rester que je sache ! Tu t'es endormi comme un bébé !

--Je n'y ai pas pensé, répond Harry d'un ton surpris. Ça me semblait évident sans doute.

--Hé bien, ça ne l'est pas, dit Draco tout en le prenant par le bras et en l'entraînant sur le chemin. Tu m'as invité dans ta chambre hier soir et ça m'a fait plaisir. Nous avons bai ... fait l'amour et c'était très bon. Si ! Si ! Tu t'es très bien débrouillé pour une première fois. Mais l'usage veut que l'invité n'encombre pas son partenaire après la séance. Ça se passait comme ça à Poudlard.

--Tu veux dire que tu n'es jamais resté dormir avec une fille ou un garçon après ... l'acte ?

--Potter, à Poudlard, c'était toujours moi qui invitais. Et personne n'est resté dans mon lit quand nous avions fini notre petite affaire. Il y en avait bien quelques uns ou quelques unes qui s'accrochaient à mes basques mais je les jetais dehors ... en douceur la plupart du temps, je te rassure ! J'aime dormir à mon aise.

--Oh ! est la seule réponse que Harry est capable de faire.

Ils avancent d'un pas vif, chacun perdu dans ses pensées

« Draco ... As-tu eu beaucoup ... d'aventures pendant ta sixième année?

--Et aussi en cinquième et en quatrième ! J'étais très en avance dans ce domaine-là ... Oui, on peut dire que c'est beaucoup. Moins que ce que dit la rumeur mais assez quand même.

-- Et tu n'as pas eu envie, juste une fois, que quelqu'un passe toute la nuit avec toi ?

--Si, une fois, hier ... Non Potter. Il m'est arrivé d'inviter deux ou trois fois la même personne mais jamais pour une nuit ... Harry, sais-tu ce que cela signifie, de laisser quelqu'un dormir dans le même lit que toi ?

--Non. Dis-le moi. Apprends-moi.

--Ça veut dire que tu lui fais totalement confiance, que tu ne crains pas de te mettre à nu, avec tes imperfections et tes défauts. D'accord, je n'en ai pas, un Malfoy est toujours parfait, mais c'est pour que tu comprennes le principe. Dormir avec quelqu'un, c'est baisser sa garde.

--C'est-à-dire ?

--Etre sans défenses.. Dans ton langage de Griffondor, ça voudrait dire que tu aimes assez cette personne pour te livrer entièrement à lui ou à elle. Dans mon esprit Serpentard, c'est plutôt se montrer faible et vulnérable. Je l'ai été pendant la guerre, contraint et forcé. Ça ne se reproduira pas.

--Mais ça n'a rien à voir ! Tu ne faisais pas confiance à Voldemort ! Tu ne l'aimais pas ! Tu n'as pas dormi dans son lit !

--Salazar tout puissant ! L'image mentale que tu viens de provoquer me retourne le cerveau et l'estomac ! L'horrible Monstre ! Avec une longue chemise de nuit recouvrant son corps squelettique ! En bonnet de nuit à pompon ! Et avec des ronflements à lancer au galop un troupeau d'hippogriffes ! Arrête, Potter, j'étouffe !

Et Draco se plie en deux, secoué par ... des éclats de rire ! Harry est surpris puis tout à coup, lui aussi imagine la scène. Et malgré tout ce que le Monstre en question lui a fait subir, malgré la mort, les chagrins, les blessures, malgré le souvenir de la terrible bataille, il rit aussi à gorge déployée, détruisant par là même le dernier pouvoir de Lord Voldemort, la dernière peur.

Le Tyran Sanguinaire est bien mort puisqu'on peut enfin s'en moquer en toute impunité.

« Mettez-vous par groupe de deux. Monsieur Nott avec monsieur Goyle. Ah non ! Il faut au moins que l'un des deux ait une baguette ! Alors avec Monsieur Zabini ! Miss Parkinson se joindra à monsieur Goyle ! Draco, ça ne t'ennuie pas de faire équipe avec Monsieur Potter ? Non, Miss Bulstrode, il vaut mieux que vous restiez au cottage. Vous nous aiderez après la cueillette ! »

Le sévère professeur Snape est méconnaissable. Il est coiffé d'un chapeau de paille et sa robe noire est protégée par un tablier de jardinier sans doute emprunté à Grégory. Il porte un panier d'osier contenant des carrés de parchemin roulés en cornet et des petites cuillers provenant de la cuisine. Il tient sa baguette magique en l'air comme un bâton de maréchal.

Les consignes sont simples. Ils vont tous suivre Théo pour retrouver la première Ronde. Le professeur leur fera une démonstration de la technique de récolte. Il suffit d'appuyer légèrement la baguette sur le chapeau et de prononcer le mot « Accio ! » pour attirer les spores dans le cornet dès que l'explosion se produit.

On peut aussi les ramasser avec une petite cuiller si les lycoperdons ont déjà explosé mais il est recommandé d'en laisser une partie à terre pour la reproduction. Les explications données et dûment expérimentées, chaque groupe, équipé du même attirail, panier, cornets et petites cuillers, a pour mission de sillonner l'Ile, de chercher d'autres Rondes des Fées et de signaler chaque trouvaille par des jets d'étincelles de la couleur des champignons découverts.

« Faites bien attention ! Nous avons peu de temps pour faire la récolte ! Salazar soit remercié ! Monsieur Nott a découvert les lycoperdons juste au début de l'éclosion ! Seuls, les champignons ayant atteint la taille d'un vif d'or sont à point. Les autres sont trop jeunes et leurs spores sont inutilisables. Vous vous en occuperez demain ou après demain.

--Oui, professeur, répondent en choeur les ex-élèves en riant sous cape de voir l'austère Severus Snape excité comme une puce.

--Et regardez bien partout ! Les lycoperdons aiment se cacher dans des endroits insolites. Nous n'avons que trois jours après la pleine lune ! Et c'est la seule récolte de l'année ! De plusieurs années même ! Vérifiez bien les coins moussus. Pas au bord de la mer à cause du sel ! Et si vous trouvez un champignon violet ou un noir, lancez le double d'étincelles ! Ce sont les plus rares ! Ils valent une fortune ! »

Les jeunes gens observent, éberlués, Severus Snape s'agiter dans tous les sens en donnant des ordres péremptoires. Mais, et c'est une surprise pour tous, il a l'air aussi émerveillé qu'un enfant devant ses cadeaux de Noël. C'en est presque bizarre de le voir si heureux. Il pointe sa baguette magique devant lui en disant bien fort :

« Allez ! Ne traînons pas en chemin ! Draco et Harry, ce n'est pas le moment de batifoler ! En route ! »

Millie et les elfes les regardent partir, aussi stupéfaits que les autres. Eux doivent laver et préparer des petits pots de verre fermés d'un bouchon que le professeur Snape a récupéré dans son placard à ingrédients. Il a aligné le contenu des récipients en désordre sur sa table de travail. Tant pis si les pierres de lune voisinent avec des bézoards, des poils de licorne et des crochets de vipères. L'important n'est plus le contenu mais le contenant.

^ + ^ + ^ + ^ + ^ + ^

« Pansy ! Viens voir ! J'ai trouvé des champignons bleus et des jaunes ici, dans ce creux rond entre trois rochers !

--Super, Greg ! J'envoie les étincelles !

- - - - -

--Non, Potter, ne t'amuse pas avec les rouges à pois blancs, ce sont des amanites ! Tu n'es pas plus doué en botanique qu'en potions, je vois ! Soulève plutôt les branches de ce buisson ! Là, c'est bon ! Une Ronde de lycoperdons rouges ! Superbe ! Lance le signal !

--ATCHA ! éternue Harry qui s'est penché un peu trop près des champignons. L'un d'eux lui a explosé au nez et tout son visage est maculé de rouge.

--C'est malin ! Et comment je les récupère, moi, ces spores de malheur ! Tu en as jusque dans les cheveux ! Non ! Ne secoue pas la tête ! ... ATCHA ! ... Tu m'en as mis partout ! Toujours aussi stupide, le Gryffon ! Aïe ! Non ! Laisse-moi ! Tu vas déchirer ma chemise ! Arrête Harry ! Tu me chatouilles ! »

Hum ! Cette paire de découvreurs de champignons est moins sérieuse que l'autre, mais bon ! Le travail se fait quand même. Pas le temps de retourner au cottage entre deux découvertes. Les elfes apportent à chaque groupe des sandwichs et de la boisson pour déjeuner et du thé en milieu d'après-midi. Vers cinq heures, tout le monde se retrouve dans la salle à manger des Serpentards.

La première récolte a été bonne. Severus et Millie s'occupent déjà de mettre les spores dans les flacons, de les fermer hermétiquement et de les étiqueter. Le professeur Snape a sur le visage l'air extasié d'un Sanchance ayant atteint la Fontaine de la Bonne Fortune*.

Les jeunes gens présents voudraient maintenant en savoir un peu plus. Le matin, le Maître des potions n'a pas été bavard sur l'utilité des spores de vesses-de-loup. Il tarabustait ses ex élèves et les elfes pour qu'ils aillent plus vite dans leurs préparatifs. Un vrai moulin à paroles ! Il ne cessait de répéter :

« Dépêchons ! Pressons ! Les lycoperdons ne nous attendront pas pour exploser ! Pas tant de simagrées, miss Parkinson ! Ah Potter, Malfoy ! On n'attendait plus que vous ! Qu'est-ce que vous fabriquiez en chemin ! ... »

Maintenant, il se fait tard. Fatigués d'avoir parcouru l'île en long et en large, les chercheurs de Rondes des Fées, réunis autour de la table, dégustent un jus de citrouille bien frais. Théo pose alors la question qu'ils ont tous en tête :

--Professeur, à quoi servent ces spores ?

--A tout, Monsieur Nott, à tout ! Il suffit d'en ajouter quelques unes dans une potion pour que sa durée ou son effet double ou même triple ! Par exemple, si vous en mettez cinq dans un flacon de Felix Felicis, vous aurez deux jours complets de chance. Mélangées à un onguent pour soigner les brûlures, elles permettent de les guérir trois fois plus vite et sans aucune cicatrice !

--Mais si on s'en sert pour des préparations de magie noire ?

--C'est là qu'est le miracle ! Elles donnent le résultat inverse ! Une potion Sommeil de la mort devient un élixir de vie ! Les spores jaunes surtout sont d'excellents contrepoisons ! Et les bleues sont beaucoup utilisées dans les produits de beauté ! Les vertes sont souveraines en cas de mélancolie eu de dépression ! Enfin, je n'en finirais pas de vous donner toutes leurs propriétés.

--Pourquoi ces vesses-de-loup colorées sont-elles si rares ?

--Elles ne poussent jamais deux fois de suite au même endroit. Ce n'est pas la peine de revenir ici l'année prochaine, il n'y en aura pas. Le premier grand coup de vent transporte les spores dans un nouveau pays et personne ne sait à l'avance lequel aura cette chance. La dernière fois qu'on en a trouvées, c'était il y a quatre ans, en Roumanie. Et encore ! C'était déjà le troisième jour et la récolte n'a pas été fameuse.

--C'est pour ça qu'elles valent si cher ?

--Oh oui ! Vous avez sur cette table l'équivalent de plusieurs tonneaux de gallions !

--Mais cette fortune n'est pas à nous ! Nous ne sommes pas propriétaires de cette île !

--Le fruit de la récolte des lycoperdons colorés va à celui qui les ramasse. La loi est claire sur ce point. Les espèces magiques sauvages n'appartiennent à personne. La plupart du temps, elles poussent sur des terrains moldus. Mais les non sorciers ne savent pas quoi en faire et souvent, ils les détruisent. Ce sont donc les découvreurs et les ramasseurs qui en héritent et se partagent les bénéfices de la trouvaille.

--C'est Théo le découvreur.

--Et c'est vous, professeur, l'expert en champignons.

--Nous sommes tous concernés, dit Severus, redevenant sérieux à ce moment de la discussion. Réfléchissons et trouvons ensemble une bonne solution. Qui a une idée ?

Ils se regardent tous, un peu désorientés. Cette fortune qui tombe du ciel a de quoi faire réfléchir tout le monde. Plusieurs d'entre eux sont menacés par une saisie de leurs biens pour avoir fait la guerre du mauvais côté, sans aucun enthousiasme mais tout de même ... Harry est le premier à se manifester.

--Je n'ai pas besoin de cet argent. Je suis déjà assez riche comme ça.. Ne me comptez pas dans le partage.

--Mais c'est toi qui a découvert l'unique champignon violet ! Et il vaut très cher !

--Moi non plus, je n'ai besoin de rien, ajoute Blaise. Ma mère est très riche et mon père m'a légué ses biens qui sont considérables.

--Je pense quand même qu'on devrait donner une partie de l'argent à Poudlard. Il servirait à acheter du nouveau matériel, à améliorer le confort. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais l'hiver, le château est une vraie glacière. Et puis surtout, il permettrait de donner une bourse à de jeunes sorciers désargentés. La rentrée va être dure pour certains élèves.

Le silence s'installe. Les elfes posent sur la table des assiettes de petits fours et remplissent les verres vides. Personne ne semble vouloir prendre la parole. Chacun rêve, les yeux dans le vague. Greg se redresse alors et dit en regardant tour à tour chacun dans les yeux.

--Partageons. A parts égales. Chacun de nous fera ce qu'il veut de la part qui lui revient. La garder. L'utiliser. La donner. La confier à Gringotts pour son installation future. Chacun est libre. J'ai une dernière bonne nouvelle. Je voulais vous la dire au dessert. En passant tout à l'heure à mon jardin, j'ai trouvé deux champignons noirs L'un, je le connais, c'est une truffe, le diamant de la terre. L'autre est le lycoperdon qui manquait à la collection. Il sera mûr demain. Nous sommes VRAIMENT riches ! Alors, partageons !

--Greg a raison. Je suis d'accord avec lui.

--Moi aussi.

--Moi aussi.

Severus se sent tout à coup très ému. Ils sont tous là, autour de cette table, ses élèves préférés, ses Serpentards rusés, individualistes mais solidaires, les membres de la famille qu'il n'a pas eu. Il y a même le fils de Lili, son amour de jeunesse, le Griffondor égaré parmi les Serpents.

Le terrible professeur Snape est à deux doigts de s'attendrir mais NON ! Pas question ! Il noircit son regard, fige son visage et dit d'une voix sévère :

--Votons ! Qui est pour la proposition de Monsieur Goyle ?

Toutes les mains se lèvent. Même celles des elfes qui n'ont pourtant rien à voir dans la discussion.

--Adopté à l'unanimité !

--BRAVO ! Yes ! Yes ! Yes !

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Les deux premières nuits suivant les jours de récolte, Draco raccompagne Harry au cottage Griffondor et le suit dans sa chambre en souriant de plaisir. Le beau brun est doué en amour et se lance dans des initiatives bien agréables. Il a vite appris à quoi peuvent servir la bouche et la langue autrement que pour de simples baisers et il improvise des caresses hardies autant que délicieuses.

Leurs deux corps s'accordent et s'épousent parfaitement, l'un d'un blanc laiteux, à peine doré par le soleil du pique-nique, l'autre bronzé avec la marque plus claire du short de bain. Les préliminaires sont délectables et l'instant de gloire est toujours aussi intense, les transperçant tous les deux d'une flamme vive.

Cependant, Draco ne reste pas dans la chambre après avoir fait l'amour. Il prend une douche et regagne son cottage. Instruit par leur conversation, Harry lui a demandé de dormir avec lui mais le beau blond a refusé, sous de fallacieux prétextes.

Il n'a pas de quoi s'habiller le lendemain « Et ce n'est pas ce qu'il y a dans ton armoire qui me fera changer d'avis, Potter ! Tu as besoin de leçons pour apprendre à choisir tes fringues ! Et surtout tes pyjamas ! Je te conseillerai quand nous serons ... rentrés à Londres. »

Ou bien il a promis à Blaise ... non à Pansy ... ou à Théo peut-être ? de lui prêter un livre sur La Cuisine Magique au temps de Nostradamus ... ou quelque chose du même genre. Enfin il ne sait plus très bien mais il ne peut pas rester.

Sur le coup, Harry en a été chagriné, surtout que maintenant, il ne s'endort plus aussitôt après l'amour. Mais il sent confusément qu'il ne sert à rien de protester. Le beau blond est fantasque, il faut attendre encore un peu. Leur entente est récente, encore fragile.

Du coup, le brun jeune homme n'a pas osé prononcer les trois petits mots qui lui brûlent les lèvres. On ne dit pas « Je t'aime » à quelqu'un qui vous quitte dans la minute suivante.

Le soir de la troisième récolte, le dîner est encore plus joyeux que les autres fois. N'ayant plus de champagne en réserve, Severus a sorti de son placard secret une bouteille de FireWhisky de douze ans d'âge et en a généreusement offert une rasade à ses compagnons de table. C'est juste après ce moment-là que la surprise cloue l'assemblée sur place.

Draco se lève, prend la main de Harry mais au lieu de l'emmener comme d'habitude vers le cottage Griffondor, il le tire dans le couloir et se dirige droit vers sa propre chambre. Dès qu'il ont passé la porte, le blond prend dans la poche du brun sa baguette magique et lance les sorts de Collaporta et de Silencio. Puis il pose les mains sur les épaules de son vis-à-vis, le regarde droit dans les yeux et susurre :

« Potter, je te veux.

--Ici ? murmure le Griffondor étonné, chez les Serpentards ?

--Pourquoi ? Ma Maison ne te semble pas assez bonne pour toi ?

Harry regarde autour de lui. La chambre est douillette. Elle fleure bon l'herbe fraîchement coupée. Des bougies vertes allumées flottent un peu partout. Les rideaux, les draps, la couette légère, tout est d'un vert tendre, reposant, agréable à l'œil et à l'esprit, très différent du rouge Griffondor.

-- Ce n'est pas ce que je voulais dire, répond-il. Je me sens juste un peu ... étranger dans tout ce vert.

Draco sourit, lui caresse doucement la joue et dit simplement :

--Il est assorti à tes yeux.

Un soupir ... et le brun jeune homme se jette au cou du blond et capture ses lèvres. Ses mains décoiffent les cheveux de soie, caressent la nuque flexible et attirent le visage au plus près du sien. La réponse est immédiate, spontanée, fervente. Leurs corps se soudent l'un à l'autre et ils sentent aussitôt l'excitation les gagner.

Sans interrompre leur baiser, ils commencent à se déshabiller. En quelques pas ponctués de vêtements qui tombent, ils se retrouvent nus, au bord du lit et tombent enlacés sur la couette moelleuse. Ils y roulent comme dans une prairie au printemps, quand l'herbe est jeune et fraîche. L'un dessus, l'autre dessous et vice et versa, cheveux blonds ou bruns se mélangeant sur les oreillers.

Le temps s'arrête. Ils sont seuls au monde. Une étreinte éternelle ... Leurs lèvres se séparent enfin. Ils sont presque à bout de souffle. Draco est étendu, bras en croix, les yeux brillants, le cœur battant si fort qu'il l'entend résonner dans toute la pièce. Harry est couché sur lui, son visage rayonnant à un empan du sien, ses lèvres rouges encore entrouvertes par le baiser échangé.

Ils se regardent. D'un doigt, le Griffondor caresse la joue du Serpentard puis sa main frôle le cou, descend un peu, pianote sur la clavicule, enserre l'épaule ronde, passe sous le bras, effleure les côtes et s'arrête à la taille. Son souffle glisse sur la peau blanche et sa voix tremble un peu quand il chuchote :

« Moi aussi, je te veux, Malfoy. »

° * ° * ° * ° * ° *

Les bougies vertes sont presque toutes éteintes. La couette a été repoussée en tas au pied du lit et un oreiller se balade par terre. Deux corps en sueur reposent en travers des draps froissés. L'un est sur le dos, son regard vaguement fixé au plafond. L'autre est sur le ventre, le visage tourné vers son compagnon, le bras posé sur sa poitrine.

Les deux jeunes hommes reprennent lentement leur souffle. C'est le moment de béatitude qui suit l'amour. Puis le brun remue un peu. Il se penche et attrape sa baguette magique qui a roulé jusque là quand Draco l'a lâchée tout à l'heure. Il lance le sort de nettoyage puis il se redresse, pose un rapide baiser sur les lèvres du blond et s'assoit au bord du lit.

Dommage ! Il était si bien ... mais il doit le faire, il doit partir. Alors qu'il commence à enfiler son boxer, il sent une main attraper son bras et une voix murmurer dans son dos :

« Reste. »

Il se retourne, n'osant comprendre. La voix répète :

-- Reste dormir avec moi.

Un sourire illumine son visage. Oh Merlin ! C'est trop bon ! Il va pour se rallonger à côté de Draco mais quelque chose lui revient en mémoire. Le blond lui a dit qu'il aimait dormir à son aise. Or, avachi comme il est, il est bien incapable de se préparer pour la nuit. En souriant avec une tendresse amusée, Harry reprend sa baguette et lance les sortilèges.

« Accio pyjama ! Coperte ! Drappus tendere ! Recovere !

En un instant, le blond est vêtu d'un pyjama de soie noire, le lit est refait et la couette recouvre doucement le corps alangui. Le brun ramasse l'oreiller, le tapote et le repose à sa place. Au moment où il veut se glisser aussi dans le lit, la voix lui souffle moqueusement :

--Appelle un pyjama pour toi aussi. Un peu d'égalité que diable ! Mes mains pourraient s'égarer pendant la nuit et te réveiller malencontreusement. Tu ne crois pas que nous avons tous les deux besoin de repos ? La chasse aux champignons était épuisante !

--La chasse aux champignons seulement ?

--Le reste aussi, mon beau Griffon ! Allez ! Viens ! On ne va pas y passer la nuit !

--Ben si, justement, rigole Harry en lançant le sort et attrapant au vol le pyjama qui a jailli de l'armoire.

Il l'enfile prestement et s'allonge, veillant à laisser un espace vital entre leurs deux corps. Draco se tourne paresseusement vers lui et reprend, le regard pétillant de malice :

--Tu as bien retenu ta leçon. Tu mérites une récompense. Que dirais-tu de recommencer une petite séance ? Heu ... Attends ! Un autre jour peut-être ! Là, je ne suis pas en état. Tu veux dormir tout de suite ?

--Non, je n'ai pas sommeil. Je fumerais bien une clope mais j'ai laissé mon paquet au cottage.

--Une clope ? Qu'est-ce que c'est ?

--Une très mauvaise habitude moldue. Je te montrerai un jour.

Le silence s'installe, traversé pour chacun par des pensées vagabondes. La voix de Draco s'élève soudain, un peu rauque :

--Harry, que comptes-tu faire, en septembre ?

Un silence, un tourbillon de pensées et la réponse :

--J'aimerais retourner à Poudlard pour ma septième année. Avant la bataille, je m'étais dit que si, par miracle, je survivais, je quitterais le monde magique et j'irais finir mes jours chez les Moldus. J'en avais tellement marre de devoir me battre ! Mais j'ai changé d'avis quand j'ai su que MacGo rempilait pour un an. Ce serait si bon de se retrouver tous, en paix, pour terminer nos études !

--Heu ... Quand tu dis tous, à qui penses-tu exactement ? Tu n'imagines tout de même pas que nous autres Serpentards, nous allons recevoir prochainement une lettre avec une liste de livres à acheter sur le Chemin de Traverse ? Pansy et Blaise certainement, mais nous, les anciens Mangemorts ?

--La Justice vous a blanchi ! Je suis sûr que vous avez votre place à Poudlard ! C'est ce que Dumbledore aurait voulu ! C'est sûrement ce que fera MacGo !

--J'en doute et je t'interdis de lui souffler cette idée ! D'ailleurs la Cour de Justice n'a pas encore statué sur notre sort. Nous n'avons pas le droit de faire de la magie, je te le rappelle !

--Non Potter, je n'ai pas encore d'idée précise. Dormons maintenant.

--Oui. Bonne nuit, Draco.

--Et tâche de ne pas m'assassiner pendant mon sommeil ! Je tiens à profiter de la fortune que j'ai gagnée à la sueur de mon front !

--Crétin ! répond Harry en lui donnant une tape sur l'épaule et en se retournant de l'autre côté.

Harry Potter est assis à la table du cottage Griffondor. Il est rentré tôt le matin, après avoir croisé Théodore Nott qui revenait de sa promenade matinale et qui lui a souri d'un air complice. Il s'est douché et habillé avec soin. Maintenant, la tête appuyée sur sa main, il écoute distraitement son elfe de maison qui babille en lui apportant son petit déjeuner.

« Kreatur s'est inquiété hier en ne voyant pas rentrer Maître Harry. Mais Winky est venue rassurer Kreatur. Winky est gentille et si Kreatur n'était pas si vieux, il lui aurait bien fait un brin de cour. Mais l'important, c'était que Maître Harry soit bien installé pour dormir. Les lits du cottage Serpentard sont confortables, paraît-il. Qu'en pense Maître Harry ? Maître Harry ne mange pas ? Maître Harry veut des petits pains aux raisins ? Des beignets aux pommes? De la tarte à la mélasse ? »

Maître Harry se moque totalement des pommes et des raisins. Maître Harry rêve. Mais tout rêve a une fin et celle-ci est brutale. Hermès, le hibou des Weasley, atterrit soudain sur la table, renversant au passage le paquet de céréales. Il tend au brun sorcier sa patte à laquelle est attachée un parchemin. Ouais ! Une lettre d'Hermione !

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« Cher Harry.

Monsieur et Madame Weasley seraient très heureux si tu venais au Terrier le 31 juillet pour ton anniversaire. Merlin, je n'y pensais plus ! La mère de Ron se remet peu à peu de la mort de Percy. Elle était contente de notre retour. Si tu viens, elle invitera toute la famille. Envoie ta réponse par Hermès. Bon, d'accord !

Attends-toi à un cadeau d'un genre nouveau de la part des jumeaux. Ils ont repris leurs expériences. Hou la ! Mauvais, ça ! Leur magasin ne désemplit pas. Les gens ont besoin de s'amuser et de s'étourdir. Il y a des fêtes partout et tous les soirs.

Charlie a sous sa garde un bébé dragon récupéré chez un sorcier qui en faisait l'élevage au mépris des lois. Il l'emmènera prochainement en Roumanie pour le relâcher. Un dragon n'est pas un animal de compagnie. Ben tiens !

Bill et Fleur sont toujours à la recherche d'un lieu d'accueil pour jeunes loups-garous. Le Ministère ne paraît pas pressé de leur donner satisfaction. Pourtant il y a plusieurs maisons qui ont été confisquées à des Mangemorts. Mais le simple mot « loup-garou » fait peur. Les gens ont l'esprit si étroit ! Chère Hermione ! Toujours aussi idéaliste !

Ron s'est acheté un balai de compétition, le « Toujours d'attaque ». Il s'entraîne souvent et il espère que le championnat de Quidditch reprendra bientôt. Canons de Chudley ! Alley hop !

Ginny est en pleine forme. Elle papillonne beaucoup en ce moment. Elle est de toutes les fêtes. Et elle danse très bien ! Pas comme moi ! Elle a raison d'en profiter. Le premier septembre arrivera vite.

J'ai commencé quelques révisions en prévision de la rentrée mais sans en faire trop. Il n'y a pas que les études dans la vie. Moi aussi, j'ai envie d'en profiter un peu. Quoi ? C'est pas possible ! C'est pas Hermione qui dit ça ? Il va neiger en août !

Prends le bateau la prochaine fois que Monsieur Fringant viendra dans l'Ile. Nous t'attendons tous avec impatience. Tiens, c'est vrai, c'est quand sa prochaine visite ?

Toute la famille t'embrasse. Hermione. Et quoi d'autre ?

P.S. J'espère de tout cœur que tu viendras fêter ton anniversaire au Terrier mais je dois te prévenir d'une chose : Le Ministre a prévu de célébrer la Victoire le 4 août. Tous ceux qui ont participé à la bataille finale sont invités à une grande réception dans le Hall du Ministère Rien à foutre !

Le sourire de Harry se fane quand il lit la fin de la lettre. Pendant sa convalescence à Sainte Mangouste, il a fait dire à plusieurs reprises aux gens du Ministère qu'il ne participerait à aucune célébration. Il a fait ce qu'on attendait de lui en tuant Voldemort, son devoir envers le monde sorcier s'arrête là. Mais le cas est particulier ...

Il n'a pas le temps de s'appesantir sur ses réflexions. Un autre volatile fonce vers lui, un hibou grand-duc portant au cou l'insigne du Ministère. Allons bon ! La lettre officielle ! Ecrite en lettres d'or sur un parchemin de prix, elle confirme l'invitation et la date. L'oiseau fixe Harry de son œil doré. Lui aussi attend une réponse.

Le jeune homme lui tend un morceau de gâteau pour le faire patienter mais il sait déjà qu'il est obligé d'accepter. Ça ne pouvait pas plus mal tomber ! Il est si heureux de son rapprochement avec Draco. Ce rappel de la guerre ne va pas plaire au blond jeune homme. Jusque maintenant, ils ont plutôt évité d'en parler.

Le petit matin a été si agréable ! Harry ne s'était pas trompé dans ses suppositions. Malfoy au réveil est adorable. Ses yeux qui papillotent, ses blonds cheveux étalés sur l'oreiller, son petit sourire en coin ... Une vision enchanteresse !

Le beau brun s'est penché sur les lèvres tentantes et il a murmuré tout contre elles trois petits mots , trois petits mots magiques, un « Je t'aime » un peu timide. Draco n'a pas dû l'entendre car il n'a rien répondu mais ce premier baiser matinal avait un goût de miel. Peut-on vraiment être aussi heureux après des années de lutte et d'angoisse ?

Harry soupire et fait apparaître plume, encre et parchemins. Il répond brièvement aux deux lettres, par l'affirmative ... hélas ! pense-t-il en soupirant. Au moment où il va reprendre son petit déjeuner interrompu, il entend le son lointain d'une corne de brume. Le White Wing !

Mais il n'arrive jamais aussi tôt dans la journée ! Fringant n'aime pas naviguer de nuit et il n'aurait pas laissé sa petite-fille le faire sans lui ! Pourtant, quand Harry arrive en courant sur le ponton, le voilier est bien là, son capitaine à la barre, la pipe vissée au bec, en compagnie de Colin et de Lucinda. Une fois à terre, le vieil homme sort d'une besace en cuir imperméable un gros paquet de lettres.

«J'ai pensé que c'était peut-être urgent, dit-il en souriant. Elles sont arrivées hier soir. Une véritable flottille de hiboux ! Ces deux-là ont insisté pour qu'on mette à la voile le plus vite possible et nous voilà ! Je n'ai pas perdu la main et ma vue est encore bonne. Les gros pétroliers ne me font pas peur. Non, le pire, c'est la plaisance ! Les maudits navigateurs du dimanche ! Je leur aurais bien lancé un petit sortilège mais ...

--Grand-pa, ne les fais pas attendre, coupe Lucinda en rigolant. Nous aussi, on en a reçu, ajoute-t-elle toute fière.

Les lettres de Poudlard ! Harry ne s'est pas trompé. Il y en a une pour chacun d'eux, ex Mangemorts ou pas, et il y en a même une pour Severus Snape ! Le jeune sorcier se retourne vers les Serpentards qui arrivent à leur tour. Il sourit. Enfin de bonnes nouvelles !

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Sur la terrasse du cottage Serpentard, Christopher Fringant dort sur une chaise longue. Tous les autres se sont entassés dans le petit salon du cottage, sur le canapé, dans les fauteuils, Pansy sur les genoux de Blaise, ou par terre sur des coussins, Harry et Draco côte à côte, Colin tenant Lucinda par la taille, Severus Snape dominant l'assemblée, assis majestueusement sur une antique chaise droite à accoudoirs.

Les tranches de brioche, les tasses de café, les verres de jus de fruits circulent. Tous ont ouvert leur lettre et les commentaires fusent.

--Pourquoi la veille ? C'est nouveau ça !

--MacGo s'est dit qu'on allait faire peur aux petits enfants de première année ! Nous, les terribles Serpentards ! On est des Croquemitaines ! plaisante Théo.

--Les petits enfants comme tu dis n'ont plus peur de rien ! Tu ne connais pas mes sœurs jumelles ! rétorque Millicent. C'est la nouvelle génération ! Tu verras ! C'est eux les terribles ! Tu auras intérêt à numéroter tes abattis !

--Quoi ? Mais ça va pas non ?

--Silence, vous deux !

... Le Magicobus les attendra devant la gare à 9 heures. Celles et ceux qui ne seraient pas à Londres ce jour-là feront, depuis leur résidence, les signaux d'étincelles et le bus magique passera les prendre à domicile.

--Le ramassage scolaire façon magique ! Amusant !

--Le ramassage scolaire ? C'est quoi ça ?

--T'inquiète ! C'est moldu !

--Les Moldus ramassent les élèves comme des champignons ? C'est dingue !

--Non, c'est moldu !

--Crivey, Fringant ! Arrêtez de vous chamailler ! D'ailleurs, vous n'êtes pas concernés. Vous êtes en sixième année ! Vous prendrez le train avec les autres élèves !

--Toujours les mêmes qui ont des privilèges ! Toujours les mêmes qui sont traités en Héros !

--Hé bien, ne te plains pas ! Toi et Ginny Weasley, vous serez les Héros du Poudlard Express. Nous ne serons pas là pour vous faire de l'ombre !

--Tiens mais c'est vrai ça ! Je n'y avais pas pensé !

--Je suis contente de revoir Flitwick. J'espère que ses cheveux ont repoussés.

--Ce cher Slug ! Je lui dois une boîte d'ananas confits ! Blaise, tu m'y feras penser quand on sera à Londres ?

... Forces obscures. Comment les combattre. Comment s'en protéger. Première année de l'école des Aurors.

--Pffiou ! Il fait fort, le nouveau professeur de Défenses contre les Forces du Mal. C'est vrai qu'on a tous un niveau supérieur. A propos, qui a hérité de ce poste ?

--Kingsley Shacklebolt lui-même mais uniquement pour les élèves de septième année, répond Severus Snape, plongé dans la lettre que lui a envoyée la Directrice. Minerva estime qu'il faut réguler votre enseignement. Vous connaissez tous beaucoup trop de sorts dangereux. Il vous faut un professeur qui puisse contrôler vos ... ardeurs.

--En tous cas, il est hors de question que je devienne Auror ! déclare Grégory. Je veux juste cultiver mon jardin. Je ne suis même pas sûr de retourner à Poudlard à la rentrée.

--De toute façon, reprend Théo, nous ne pourrons y aller que si notre Jugement a été prononcé.

--Minerva m'apprend aussi que votre deuxième comparution devant la Justice Magique aura lieu dans le courant du mois d'août, répond le professeur. Elle a insisté auprès du Ministre pour que tout soit réglé avant le premier septembre. Elle a eu, semble-t-il, des arguments convaincants.

--Ah oui ? Lesquels ? dit Draco qui ouvre la bouche pour la première fois.

--Elle lui a affirmé qu'on pourrait mieux vous surveiller si vous étiez à Poudlard. N'oubliez pas que vous êtes considérés par le peuple sorcier comme une bande de sauvages, déjà coupables de nombreux crimes impardonnables, comme obliger une famille de fermiers à braire ! La Gazette du Sorcier n'est pas tendre avec vous. Dans une interview à Rita Skeeter, Dolorès Ombrage affirme que vous êtes de la graine de voyous, que vous filez un mauvais coton, que vous glissez sur une pente dangereuse, enfin quelques amabilités de ce style. Vous savoir à Poudlard rassurera les esprits faibles !

--Satanée bonne femme ! Elle est de tous les coups fourrés !

--Hé oui ! Alors attendez-vous à recevoir votre convocation prochainement.

--Grand Salazar ! dit tout à coup Pansy, il ne manquerait plus que ce soit justement le jour de l'accouchement de Millie !

--Ah justement, je voulais vous en parler, reprend la jeune fille. Je crois que je devrais repartir en Angleterre avec le bateau. Cette nuit, le bébé m'a donné de grands coups de pied. On dirait qu'il est pressé de sortir. Je sais que c'est normal mais je serais plus rassurée si j'étais chez ma tante. J'y serais tout près de l'hôpital moldu ou de Sainte Mangouste.

--Je ne te laisserai pas partir seule, dit Pansy. Blaise et moi, nous t'accompagnerons.

--Moi aussi, je prends le bateau, dit Harry. Je suis invité chez les Weasley pour mon anniversaire.

--Je repars avec Lucinda, reprend Colin. Grand-père Christopher m'a pris comme mousse, ajoute-t-il tout fier.

--Mais alors, dit Grégory en les regardant tous les uns après les autres. Il ne restera dans l'île que le professeur, Théo, Draco et moi ?

--Et les elfes de maison !

--A ce propos, Bolby a quelque chose à dire, couine le vieil elfe. Il est temps pour nous de regagner Poudlard. La rentrée est proche et il y a du travail pour remettre l'école en état. Si le professeur le souhaite, l'un ou l'une de nous peut rester mais les autres n'ont plus rien à faire ici. Un bon elfe de maison est un elfe au travail.

Le silence se fait soudain. Les vacances sont terminées et fini aussi le temps de l'insouciance. Il faut prendre de nouveau des décisions qui engage l'avenir. Une dernière année à Poudlard et puis ce sera la séparation, l'entrée dans la vie active. Le monde sorcier sera en paix. On réapprendra à vivre, à être heureux. Ça ne sera peut-être pas si facile que ça en a l'air.

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La journée passe comme un éclair. Les bagages sont faits. Il faudra se serrer un peu sur le voilier mais les rhumatismes de Christopher, ou plutôt ses rhumatismes absents, ont révélé au capitaine que le temps serait idéal et la mer d'huile. Le départ aura lieu dans la matinée à l'heure de la marée.

Finalement, c'est Bolby qui restera dans l'île avec le groupe de Serpentards. Lui seul sait transplaner jusqu'à Jersey et faire les provisions chez les Moldus. A ce propos, il a fait les comptes de chacun et a présenté sa note. Les nouveaux riches peuvent payer leur écot maintenant.

Enfin ils pourront payer dès que les spores de lycoperdons commenceront à être vendues. Le professeur a confié à Blaise un échantillon des quatre couleurs de base. Les violettes et les noires peuvent attendre un peu.

Le jeune sorcier doit contacter la Direction de la Pharmacopée Magique pour faire agréer le produit. Ensuite, il ira voir un important apothicaire du Chemin de Traverse et négociera les prix. Blaise est un excellent homme d'affaires, sa mère a veillé à sa bonne éducation financière.

Le dîner a réuni tout le monde, même les elfes, dans la salle à manger de Serpentard, agrandie magiquement pour l'occasion. Le FireWhisky est sans doute à l'origine des pleurs qui ont un peu coulé des yeux de quelques convives, de Winky et de Kréatur en particulier..

Il y a eu aussi quelques toasts portés par l'un ou par l'autre, quelques chansons dont le fameux Hymne de Poudlard que chacun entonne et termine à sa guise. Est-ce un effet de l'éclairage ou le professeur Snape a le visage un peu trop écarlate ? Il lui faudra reconstituer sa réserve de bonnes boissons bien chaleureuses.

Pansy est pompette et fait à Blaise et à Théo des déclarations insensées. Greg connaît quelques bonnes blagues et Harry s'amuse, tout en se rendant compte que Draco ne participe pas à la bonne humeur générale. Le beau blond a gardé toute la journée un air distant, proche de celui qui refroidissait autrefois tout le monde.

Quand le dîner prend fin, Harry sort avec lui sous les étoiles. Ils n'ont pas eu le temps de se parler beaucoup durant la journée. Le Griffondor veut expliquer à son Serpentard la raison de son départ et accessoirement le consoler par avance. Il le prend dans ses bras et transplane avec lui vers son arbre favori.

La lune décroît à peine et sa douce lumière argente les yeux et les cheveux du beau blond. Mais il ne sourit pas et Harry commence à s'inquiéter. Draco ne va pas lui faire une scène parce qu'il s'absente une semaine, deux tout au plus ! Non ? Si ?

« Drake, dit-il doucement en caressant d'un doigt le magnifique visage, qu'est-ce que tu as ? C'est parce que je vais chez les Weasley pour mon anniversaire ?

La réponse le laisse pantois.

--Je me moque bien de ton séjour chez les Weasmoche ! Tu peux faire ce que tu veux ! Tu ne m'es pas indispensable, que je sache !

L'agressivité de la phrase, le ton méprisant employé, déclenchent chez Harry une poussée de colère.

--J'en prends bonne note ! Hé bien alors, crache ton venin ! Qu'est-ce que tu as ?

--J'ai que tout le monde a l'air ravi de retourner à Poudlard. Ce n'est pas mon cas, si tu veux tout savoir ! Je n'irai pas passer encore un an de ma vie dans cette foutue école ! Pour y être surveillé comme un délinquant par le Ministère ? Jamais ! Snape nous a prévenus, c'est ce qui nous attend !

--Il plaisantait, Malfoy ! Juste son genre d'humour noir ! Même moi, je l'ai compris !

--Ça m'étonnerait ! En tous cas, dès que cette brochette pourrie de Juges à la con aura rendu son verdict, je me casse ! Ils peuvent confisquer tout ce que j'ai, je m'en fous ! Je suis riche quand même ! Et tant que j'y suis, tu peux dire au loup garou Weasley et à sa Vélane que je leur donne mon manoir pour y créer leur refuge de monstres !

--Comment tu sais ça ? Tu lis mon courrier maintenant ?

--Je suis passé te voir ce matin mais tu courais déjà vers la mer comme un véracrasse en rut. Jolie, l'invitation du grand Harry Potter à la célébration de la Victoire ! C'est devenu ta douce habitude ? Ta drogue de la gloire ? La lettre de la Sang-de-Bourbe était à côté. Ça va très bien, on dirait, pour la Belette et sa famille ! Je comprends que tu aies envie de les voir !

--Arrête, Malfoy ! Tu dis n'importe quoi !

--Mais qu'est-ce que tu crois, Potter ? Que je vais bien gentiment aller me faire mépriser et insulter par des blancs-becs et des morveuses de quinze, seize ans sous prétexte de finir mes études ? Parce que c'est ce qui se passera quand nous, les Mangemorts, nous mettrons les pieds à Poudlard ! Leurs parents leur auront farci le crâne de nos soi-disant crimes. Tu crois qu'ils vont nous accueillir à bras ouverts ? Tu rêves, Potty !

--MacGo les fera taire ! Elle vous a envoyé la lettre de rentrée, c'est qu'elle vous fait confiance ! Et puis, on sera avec vous !

--Ça, c'était la dernière chose à dire, Potter ! Je n'ai pas besoin de ta protection ! Quand cesseras-tu de vouloir sauver le monde ? Combien de fois encore devrai-je te dire merci ? Fous-moi la paix une bonne fois pour toutes !

--D'accord ! Salut !

Soudain, il n'y a plus personne devant Draco. Harry a transplané et l'a laissé seul avec sa fureur dévastatrice. Il ne reste que le silence, peuplé des faibles bruits de la nuit. Le jeune blond s'écroule sur le banc de pierre, hors d'haleine. Il ne bouge pas, sa gorge le brûle, son cerveau est vide. Un long moment passe.

Il n'a pas le temps de réfléchir plus avant. La lune est soudain cachée par une immense ombre noire. Un animal fantastique plane au-dessus de lui. Il n'est pas seul. Deux, trois, non quatre autres créatures l'accompagnent. Draco se jette à terre, les mains sur la tête. Il entend un bruit feutré d'ailes légères puis le choc de sabots atterrissant durement sur le sol. Et puis plus rien.

Il se redresse un peu et aperçoit non loin de lui un animal qu'il identifie aussitôt. Un Sombral ! Les autres se sont posés un peu plus loin ! Mais qu'est-ce qu'ils font là ? Ce sont eux qui tirent les calèches de Poudlard, celles qui transportent les élèves de la gare de Pré-au-Lard jusqu'au château. On ne peut les voir que si on a vu la mort en face. Et malheureusement, c'est son cas.

Pourquoi ont-ils quitté la Forêt Interdite ? Draco s'assoit en tailleur sans faire de gestes brusques. Il sait que les Sombrals sont carnivores mais ils ne s'attaquent pas aux humains. Il peut ainsi observer l'animal le plus proche.

Il est très grand, son corps noir est squelettique et donne une impression de puissance, mais aussi d'élégance. Il a une tête de dragon, de larges oreilles pointues et son œil qui le fixe est entièrement blanc. On dirait une pierre de lune. Ses larges ailes membraneuses sont repliées sur ses flancs Ses quatre sabots noirs, sa crinière et sa longue queue luisent sous la lune avec des reflets bleutés. Il est magnifique !

Les quatre autres ont l'air plus petits, plus élancés. Et soudain, Draco comprend ! C'est une harde de Sombrals, un mâle et quatre femelles, en migration, sans doute pour la parade amoureuse qui précède la reproduction ! Personne n'a jamais eu l'occasion de voir ce spectacle ! Les animaux doivent venir dans l'île magique depuis toujours !

L'une des femelles semble épuisée. Elle penche sa tête presque jusqu'à terre, ses ailes ont du mal à se replier et ses jambes fines tremblent un peu. Le mâle se tourne vers Draco et voyant qu'il ne bouge pas, il se dirige vers elle. Il frotte son cou contre sa crinière et elle émet un son plaintif. Alors, il se redresse, il déploie ses immenses ailes de chauve-souris et s'envole dans un léger bruit de soie froissée.

Draco le voit survoler la mer en cercles larges puis plonger, raser l'eau de tout son corps, jambes repliées et soudain, dans sa gueule entrouverte, un gros poisson se tortille, tentant d'échapper aux dents pointues qui l'ont capturé.

Il revient vers la terre ferme, se pose en douceur près de la jeune femelle et lui tend le poisson frémissant. Elle l'attrape à son tour et pendant qu'elle mange et reprend des forces, le mâle reste près d'elle, la caressant, la léchant en poussant de petits hennissements tendres; C'est si beau, si paisible que Draco en est bouleversé.

Sa colère, sa rancune, son mal de vivre disparaissent. Comment peut-on avoir le cœur rempli d'amertume devant un spectacle si beau et si rare ? Découpés en ombres chinoises sur un ciel velouté, uniquement parés d'argent lunaire, des animaux magnifiques se témoignent complicité et tendresse aussi bien, mieux même que des humains qui s'aiment !

Draco se lève très lentement et s'éloigne, à demi courbé pour ne pas perturber la scène tranquille. Dès qu'il est assez loin, il se met à courir, droit vers le cottage Griffondor, droit vers Harry. Il arrive à la porte de sa chambre, tout essoufflé, hésite un court instant, frappe un petit coup et entre.

Une veilleuse posée sur la table de chevet éclaire tout juste un brun jeune homme allongé tout habillé sur son lit, les bras repliés sur l'oreiller, les mains en dessous de la tête. Il ne sourit pas. Il ne dit rien. Il a vu Draco entrer mais il reste immobile. S'attend-il une nouvelle agression verbale ? A un nouvel affrontement ?

Le blond s'approche sans faire de bruit et s'accroupit près du lit à la hauteur de l'autre visage. De près, il remarque mieux sa pâleur et le pli amer de la bouche. Son souffle se calme peu à peu. Il sait qu'il doit s'excuser mais il ne peut pas. Il a appris récemment à dire « merci » mais « pardon » n'appartient pas à son vocabulaire.

Au bout d'un long moment de silence, il murmure seulement : « Harry ... » Mais Harry ne bouge pas, il a bien trop peur de se mettre à pleurer devant celui qui l'a si cruellement blessé au cœur. Draco répète : « Harry... » Ne voyant aucune réaction, il se penche et siffle : « Putain ! Harry ... »

Deux mains l'attrapent sans douceur aux épaules et le tirent vers le lit. Il se retrouve à moitié couché sur le brun qui remonte ses mains jusqu'à sa nuque. Une bouche avide capture la sienne. Le baiser est puissant, sauvage, douloureux même. Les dents mordent un peu trop fort ses lèvres, il a dans la bouche le goût âcre du sang mais plus rien n'a d'importance. Il sait, ils savent tous les deux. Ils sont unis comme jamais et cette fois, il en est sûr, c'est pour toujours.

Deux jeunes gens endormis, très proches l'un de l'autre. Le blond a une main posée sur la taille du brun. Le brun a sa main sur la poitrine du blond. Leurs cheveux se touchent. Ils respirent du même souffle paisible. La fenêtre est ouverte et un vent léger fait onduler les rideaux rouges.

Un appel au dehors. « Harry ! Draco ! Debout ! La marée n'attend pas ! ».Deux soupirs, des yeux qui s'ouvrent, deux sourires. Un blond se glisse sur un brun pour un premier baiser. Au moment où leurs lèvres vont se toucher, deux mots, deux petits mots magiques, en réponse à trois autres, prononcés la veille.

«Moi aussi. »

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-Dernier chapitre en vue. Une petite review en attendant ?