Ames sœurs. Auteur : haniPyanfar. Pairing : Harry Potter, Griffondor par excellence et Draco Malfoy, Serpentard par nature. Ces deux personnages sont la propriété de Madame Rowling, enchanteresse patentée. Elle a la bonté de me les prêter. Je jure de les lui rendre heureux et en bonne santé. Chapitre 14. Cottage Serpentard, chambre de Draco Malfoy. « Harry, plutôt que retourner perdre une année à Poudlard, pourquoi ne partirions-nous pas en voyage ? --Mais on a tous décidé de terminer nos études ! Même Grégory est d'accord ! Il faut qu'on passe nos ASPICs si on veut choisir pour plus tard un métier qui nous plaise ! --Quel métier ? Nous sommes assez riches, toi et moi, pour vivre de nos rentes ! Nous n'avons pas besoin de travailler ! Et puis, que veux-tu faire ? Auror ? Pour te battre encore contre des mages noirs ? --Ah ça non alors ! Je veux ... En fait, je ne sais pas ce que je veux. Cette dernière année me permettra d'y voir plus clair. On pourra voyager plus tard, rien ne presse. --Et si plus tard je n'ai pas envie de voyager ... avec toi ? --Mmmm ... D'accord, je comprends ton point de vue. Alors autant nous séparer tout de suite. Salut, Malfoy. Je vais dormir au cottage Griffondor. Harry repousse le drap et fait mine de se lever, aussitôt arrêté par une main impérieuse. --Ne bouge pas d'ici, Potter. Je ne t'ai pas donné la permission de partir. Pour Poudlard, nous en reparlerons. Mais pour tout de suite, je te veux à mes côtés ... Ne fais pas l'enfant, Harry. Je plaisantais. Nous sommes liés, tu le sais ? ajoute-t-il en caressant la boucle d'oreille argentée qui brille doucement à l'oreille de son amant. --Alors ASPICs ? --Nous verrons. Bonne nuit Harry. --C'est ça, n' nuit Draco. » «Oh que oui, nous en reparlerons Griffon ! Dès que j'aurai récupéré mes pouvoirs magiques, je compte bien te convaincre ! Je rêve de mer bleue et de cocotiers, moi ! Pas d'un lac hanté par des strangulots et un calmar géant ! Je te mènerai par le bout du nez, Harry Potter ! Contrairement à ce que tu crois, l'amour rend faible et tu tiens beaucoup à moi ! Tu m'accompagneras ! » « Il a dit : Nous sommes liés. Merlin ! Des mots comme ça font chaud au cœur ! Et jamais je n'aurais imaginé qu'il me ferait un tel cadeau. Des boucles d'oreilles jumelles ! Personne n'en porte à l'école. Les autres vont en baver d'envie. N'empêche ! C'est courageux de sa part. Il a peut-être un petit côté Griffondor sans le savoir. Peut-être aussi qu'il ... m'aime un peu ? L'amour rend fort. Il affrontera Poudlard avec moi ! Heureusement qu'il n'est pas Vampire ! » + ° + ° + ° + ° + Le lendemain. L'arrivée de Draco et Harry à la table du petit déjeuner provoque la surprise. Le professeur Snape hausse un sourcil et grimace un peu. Son filleul aurait-il viré Pouffsouffle ? Il a la main posée sur la taille de Potter et ils arborent tous les deux des petites ... choses à une oreille. Ridicule ! Greg sourit franchement sans oser malgré tout faire une remarque et Théo baisse le nez sur son bol de céréales. « Potter aurait-il réussi à capturer le Prince Malfoy ? Ou plus vraisemblablement, le Serpent a-t-il envoûté suffisamment le Griffon pour qu'il accepte de porter sa marque ? Lequel a embobiné l'autre ? Par ces anneaux, ils affichent clairement leur relation à la face du monde. Oseront-ils les porter à Poudlard ? » Tout se passe sans commentaires. Salutations et conversations de bon aloi. On est à Serpentard, on ne fait pas de remarques gênantes, on sait se tenir, pas comme ces Griffondors fonceurs et tête-en-l'air qui font gaffes sur gaffes ! D'ailleurs, ils sont mignons tous les deux, le blond et le mieux-coiffé-que-d'habitude. Enfin, mignons n'est pas le mot qui convient, ils sont beaux à couper le souffle et en plus, ils ont l'air heureux. Même Severus Snape se laisse gagner par l'ambiance détendue qui règne autour de la table. A la fin du petit déjeuner, il demande : « Messieurs, si vous allez voir les Sombrals ce matin, j'aimerais me joindre à vous. J'aurais besoin de quelques crins de leur queue. Avez-vous déjà vu ces animaux de près ? Pouvez-vous les toucher, vous faire comprendre d'eux ? --Non, professeur, répond Théo. Il n'est pas recommandé d'approcher des bêtes sauvages en période de rut. Le mâle pourrait être agressif en voulant défendre sa harde. Mais vous trouverez peut-être des crins tombés à terre ou accrochés aux buissons. --Moi, je suis déjà monté sur le dos d'un Sombral, dit Harry en souriant. --Hé bien, Monsieur Potter, je compte sur vous pour m'obtenir ce que je désire. Vos pouvoirs surpassent les nôtres, à ce que je vois. Vos conquêtes sont ... comment dire ... surprenantes. Prendre un Serpentard dans ses filets n'est pas donné à tout le monde. Alors demander quelques crins de sa queue à un farouche Sombral ne devrait pas vous poser de problèmes, n'est-ce pas ? --Je le ferai volontiers, professeur. Un Griffondor n'a peur de rien ! --Hé Potter ! Tu m'as volé ma réplique ! Un MALFOY n'a peur de rien ! Aurais-je déteint sur toi ? Et ne te vante pas trop de tes ... conquêtes ! Qu'est-ce que monter sur un Sombral a de si compliqué ? Dompter tes cheveux, ça oui, c'est difficile. Mais le résultat est encourageant. Je t'emmènerai peut-être en voyage. --Tu crois ça ? dit Harry en ébouriffant la blonde chevelure d'un revers de main, effleurant au passage l'anneau d'oreille. Moi, à la rentrée, je vais à Poudlard lancer une nouvelle mode. Tu m'accompagnes ? --Quand vous aurez fini de badiner tous les deux, nous pourrons y aller, bougonne Severus Snape tout en riant sous cape. J'ai quelques travaux à terminer, moi. Je ne suis pas en vacances, comme vous ! Mais préparez-vous à travailler dur ! L'année des ASPICs n'est pas de tout repos ! Et je veux vous voir briller en potions ! Oui, même vous, Monsieur Potter ! Monsieur Malfoy aura peut-être la bonté de vous venir en aide. --Je l'espère bien, professeur ! --Compte là-dessus et tu iras au Mont-Saint-Michel à la nage ! --Tu voyageras tout seul ! --Tu te noieras dans ton chaudron ! --Triple buse ! --Non ! Triple aspic ! --Silence, on ne s'entend plus respirer ! Allez ! En route ! Riant tous plus ou moins franchement, ils se dirigent vers le lieu où sont regroupés les Sombrals. Les animaux magiques sont tranquilles. Les femelles ont toutes été fécondées par le mâle. Le rut est terminé. Draco les observe et les voyant désœuvrés, humant l'air marin et déployant leurs ailes plusieurs fois de suite d'un coup sec, il comprend brusquement quelque chose. --Je crois qu'ils vont bientôt partir, dit-il. La saison des amours est terminée. Si ce sont des Sombrals de la Forêt Interdite, ils vont s'atteler aux calèches le jour de la rentrée. Harry, reconnais-tu l'un d'eux ? --Oui, répond le sorcier brun un peu ému. Je crois que le mâle est celui qui m'a emmené à Londres. Je vais lui parler. --Fais attention à toi, murmure Greg qui n'est venu ici qu'une seule fois et que la puissance du grand Sombral a beaucoup impressionné. Mais Harry s'avance vers le magnifique animal en veillant à ne pas faire de mouvements brusques. Draco, inquiet, le suit à quelques pas. --Ne crains rien, lui glisse Harry. Approche-toi, doucement. Ne fixe pas son œil blanc. Les animaux ont horreur qu'on les regarde dans les yeux. Pour eux, c'est un signal d'agression. Lève lentement la main et laisse-le te flairer. S'il sent que tu n'as pas peur de lui, que tu lui fais confiance, il fera un pas vers toi. --Hm .. Il est très grand ... --Ne me refais pas le coup de l'hippogriffe, Malfoy. J'ai une mission à remplir pour Snape. Recule si tu as peur. --Peur, moi ? Avec toi ? Jamais. Ils avancent tous les deux et s'arrêtent à quelques pas du grand mâle. Les femelles se rapprochent en secouant légèrement leur crinière. Harry prononce distinctement : --Bonjour, Sombral. Te souviens-tu de moi ? L'animal tourne un œil vers lui et encense de la tête. Et quand Harry lève la main, il la renifle et ta touche du bout de son nez. Puis il avance d'un pas. Draco manque de reculer mais il est retenu par Harry d'une main ferme. Il imite alors son voisin et sent le souffle glacé du Sombral le caresser. Il se rend compte soudain que les chevaux-dragons sont des animaux à sang froid. Comme les serpents. Il se détend aussitôt. Le Sombral est un cousin très éloigné de l'animal symbole de sa Maison. Il suggère à Harry : --Si tu essayais de lui parler en Fourchelangue ? --Tu crois ? Tu as peut-être raison. Ça vaut le coup d'essayer. ... Viens-tu de la Forêt de Poudlard ? siffle-t-il. Le Sombral a l'air surpris, il répond par un son aigu, ressemblant au Fourchelangue mais sur un ton différent, plus audible par l'oreille humaine. --Tu sais parler aux Etres du Froid, toi, un Sang Chaud ? --Oui, Sombral, j'ai ce savoir en moi depuis mon enfance. Un Serpent Sorcier m'a mordu au front. Harry lève la main et dévoile sa cicatrice cachée sous un mèche de ses cheveux. --C'est un don très rare. Ton compagnon l'a-t-il aussi ? --Non, mais il appartient à la Maison Serpentard comme les trois autres personnes qui se trouvent derrière moi. Nous sommes heureux de vous saluer, ta harde et toi. Harry incline gravement la tête. Draco l'imite, suivi de Greg, de Théo et de Severus Snape un peu réticent. Saluer un animal, lui, un Maître des potions ! Mais il se souvient tout à coup de ce qu'il souhaite obtenir et tousse légèrement. --Nous vous saluons aussi, répond le mâle et les femelles sifflent un salut en même temps que lui..Que faites-vous dans cette île ? D'habitude, elle est inhabitée. Nous nous apprêtons d'ailleurs à la quitter. Nous partons ce soir pour regagner notre forêt. Serez-vous présents le jour de la rentrée ? --Oui, Sombral, nous serons là sauf le professeur Snape qui restera dans l'île. Il a d'ailleurs quelque chose à te demander. Harry fait signe à Severus et celui-ci s'avance sans crainte apparente. Le grand mâle hennit brusquement, on dirait qu'il éclate de rire. Snape sursaute mais ne recule pas. --Ton professeur est moins tranquille qu'il n'y paraît. Que veut-il ? --Severus Snape est un grand Maître des potions. Pour une de ses préparations, il a besoin de quelques crins de ta queue. Acceptes-tu de lui en donner ? --Donner ? Non. Troquer, oui. Que propose-t-il en échange ? C'est au tour de Harry de se mettre à rire. Il est malin, le grand Sombral. Il a trouvé quelqu'un à qui parler. Il en profite pour avoir quelques exigences. C'est de bonne guerre. Tout à fait dans l'esprit Serpentard. Le jeune sorcier traduit pour Snape. --Il demande ce que vous lui offrez en échange des crins de sa queue. Severus reste bouche bée. Que peut-on donner à un Sombral ? C'est Théo qui propose : --Il est carnivore, non ? Une belle pièce de viande goûteuse devrait lui faire plaisir. Il en a peut-être assez de manger du poisson ! Aussitôt dit, aussitôt fait. Severus transplane au cottage et demande à Bolby s'il a de la viande en réserve. L'elfe a justement acheté un gros gigot de mouton lors de son dernier voyage. Pour son retour dans l'île, il l'a transporté grâce au sort « Reducto ». Le Maître des potions réapparaît avec sur la main une petite pastille rouge. Le Sombral lance de nouveau un hennissement de rire mais il est surpris quand le sort « Expanso » redonne au gigot son appétissante apparence. Il le hume et siffle à Harry : --Très bon choix ! Voilà ce que tu as demandé. Il tord son cou assez loin en arrière, balance sa longue queue, attrape une touffe de crins entre ses dents pointues et tire d'un coup sec. L'échange se fait sur-le-champ. Après les remerciements et les salutations en Fourchelangue, les humains s'éloignent suivis par le regard fixe des yeux blancs. Severus Snape se retient de crier, de chanter, de danser. Il partirait bien tout de suite rejoindre Séraphin Després au Mont-Saint-Michel mais il a charge d'âmes. Il va envoyer Ivory annoncer la bonne nouvelle au vieux magicien. Pourvu que celui-ci ne fasse pas une attaque ! ° v ° v ° v ° v ° v Drame au-dessus de la Manche. Ebony vole majestueusement au-dessus des flots bleus. Il rapporte à son maître la réponse de Ron à une lettre que Harry lui a envoyée avant son départ vers l'île. Ses larges ailes noires battent en cadence l'air parfumé d'une brise légère. Le soleil matinal est voilé de quelques nuages. La mer est d'un bleu doux, tirant sur le gris. Un temps idéal pour transporter des messages. Le grand hibou noir est heureux. Le nouveau Miam Hibou que son maître a acheté, en fait un méli- mélo de viandes pour chiens, est vraiment délicieux. Il a hâte d'arriver à destination. Mais que se passe-t-il en bas ? La surface de la mer est agitée et écumeuse. Ebony distingue un groupe de sirènes. D'habitude, elles nagent comme des dauphins. Là, elles sont arrêtées et battent l'eau de leurs longues queues écailleuses. L'une d'elle tient quelque chose dans ses mains. Il faut aller voir, on a peut-être besoin de lui. Ah ! Ça rappelle le bon temps des services secrets entre l'Angleterre et la France ! Un peu de piment dans une vie devenue pantouflarde ! Si tant est que les hiboux portent des pantoufles ! Le grand oiseau descend en décrivant des cercles de plus en plus serrés puis il plane au-dessus du groupe. Il y a sept sirènes. L'une est couronnée de nacre. Celle qui est au centre le montre du doigt et parle d'une voix chantante. Malheureusement, ce n'est pas un langage humain et il ne la comprend pas. Un petit oiseau est posé sur sa tête, un autre est sur son épaule. Le troisième qu'elle tient dans sa main a l'air mal en point. Il est sur le dos et sa tête pend mollement en arrière. Soudain, Ebony les reconnaît. Ce sont des petites chouettes des clochers, récemment engagées dans la Poste du Ministère. Mais qu'est-ce qu'elles font là, en pleine mer ? Normalement, elles portent des messages de proximité, uniquement à Londres ou dans sa banlieue. Elles ne sont pas adaptées aux grands voyages. Pas étonnant qu'elles soient épuisées ! Ellunaë, car c'est elle, est en train d'expliquer la situation à sa reine. «Majesté, ce sont des oiseaux messagers. Dans mon ancien monde, ils portent des lettres à leurs destinataires. Regardez, ils ont des petits rouleaux de parchemin attachés à la patte. Ils sont perdus, je crois. Mais peut-être que le hibou qui nous survole pourra les aider. --Faites ce qu'il faut, Ellunaë. Nous ne pouvons laisser mourir ces oiseaux. Nous les aimons et nous les protégeons, et eux aussi nous aident. Ils nous signalent les dangers qui nous menacent, surtout ces gros bateaux pollueurs qui se débarrassent de leurs résidus de pétrole en haute mer. Parlez à ce hibou en langage humain, il vous comprendra peut-être. --Oui, Majesté. Je commence à l'oublier mais je peux encore le faire ... Hé ! Hibou ! Approche ! Peux-tu nous aider ? Ebony se place en face d'elle en vol stationnaire. Il bat trois fois des ailes pour saluer et lance le cri de reconnaissance des oiseaux messagers. La petite chouette posée sur l'épaule de la sirène lui répond d'une voix rauque et épuisée. --Salut, hibou. Nous tournons dans ces parages depuis trois jours. Mais nous ne trouvons pas l'île où résident les destinataires de nos lettres. Connais-tu le coin ? --Vous cherchez l'île magique ? A qui sont envoyées vos messages ? -- Le mien est pour un Draco Malfoy. --Je le connais ! Je vais vous emmener jusqu'à lui. --Est-ce loin ? Nous n'en pouvons plus. Notre camarade est même tombée à la mer. Oh ! Pardon ! Je ne me suis pas présentée. Je suis Alpha, elle, c'est Sigma et la pauvre noyée, là, c'est Upsilon. Enfin, elle respire encore mais elle ne fera pas un battement d'aile de plus. Comment allons-nous faire ? Nous ne l'abandonnerons pas. --Aucun problème ! Je vais la prendre entre mes serres et vous deux, vous allez grimper sur mon dos. Vous ne pesez pas bien lourd. Ça me retardera à peine. La lettre que je transporte n'est pas urgente. Pour vous, c'est différent. Trois jours de route ! Vos messages ont du retard. Pourvu que ce ne soit pas grave ! Si je tenais l'imbécile qui vous a envoyées si loin, je lui apprendrais son métier à coups de bec et de griffes ! Allez ! Montez ! Alpha et Sigma volent péniblement jusqu'au cou de Ebony et s'installent entre ses ailes. Voyant cela, Ellunaë tend la main et le hibou saisit Upsilon d'un délicat coup de griffes . Un cri bref, trois battements d'ailes et il s'envole, suivi des yeux par le groupe de sirènes. --Tout va bien pour nos oiseaux, dit la reine avec soulagement. Heureusement que vous connaissez les mœurs humaines, Ellunaë, vous leur avez sauvé la vie. Allez, en route, les Iles Canaries ne sont pas toutes proches, nous avons un long chemin à faire. » Content d'avoir de la compagnie, le hibou noir bavarde avec Alpha. « Je me présente : Ebony, porteur de messages de Harry Potter. --Quoi ! Tu appartiens au grand Harry Potter ! Quel honneur ! Quelle chance ! ... » Et patati et patata ... De hibou tout fier à chouette admirative, la conversation est facile et ça fait passer le temps. ^ x ^ x ^ x ^ x ^ x L'après-midi, 15 heures. Severus Snape est allongé sur sa chaise longue favorite, à la terrasse du cottage Serpentard. Il a les yeux fermés et il sourit. IL SOURIT ! Le spectacle est si dérangeant que les quatre jeunes hommes ont préféré s'installer dans le salon. Ils sirotent un « calva » rapporté du Mont par Greg. Ça arrache un peu, ça a un arrière-goût de pommes et ça chauffe assez pour avoir les oreilles qui fument. Harry et Draco sont assis côte à côte, sans démonstrations affectives ostentatoires. On sait se tenir à Serpentard, même si la main de Harry le démange un peu et irait bien caresser en douce des fesses rondes et même si des yeux gris glissent sans en avoir l'air sur un torse mince et un ventre plat. Peut-être qu'une sieste en commun ... ? Théo, lui, rêve d'un combat magique entre preux chevaliers et Greg se prépare benoîtement à aller dans son jardin. Il doit surveiller ses cinq citrouilles qui prennent depuis peu une jolie teinte orangée. C'est lui qui aperçoit le premier un point noir dans le ciel. « Voilà ton hibou, Harry. Il est en retard. D'habitude, il arrive le matin. Tiens, c'est bizarre, il ne vole pas droit. En effet, Ebony, plus fatigué qu'il ne veut le paraître, arrive d'un vol lourd. Il s'écrase un peu sur la table basse, renversant des verres au passage mais prenant soin de poser doucement Upsilon devant Théo. Les deux autres petites chouettes se précipitent, l'une vers Draco, l'autre vers Greg. Le hibou noir tend sa patte à Harry d'un air confus, comme s'il s'excusait de son arrivée calamiteuse. Les trois Serpentards sont surpris mais très vite, ils détachent les parchemins et les déroulent. Un cri de rage retentit. Théo a réagi le premier. Demain ! C'est demain, à huit heures, que doit avoir lieu leur deuxième comparution devant le Tribunal et ils n'ont aucun moyen de se rendre à Londres ! --Parrain ! hurle Draco, interrompant les doux rêves de Severus. L'heure est grave. S'ils ne répondent pas à la convocation de la Justice Magique, ils seront déchus définitivement de leur statut de sorciers, leur baguette sera brisée et ils n'auront plus aucun droit sur les biens de leur famille. --Comment se fait-il que les lettres n'arrivent qu'aujourd'hui ? râle Draco. Elles datent de quatre jours ! Ebony répondrait bien à cette question mais il ne parle pas l'humain. Il a faim mais il comprend que son Maître l'ait oublié, avec tout ce remue-ménage. Les chouettes aussi auraient besoin qu'on s'occupe d'elles, surtout la demi-noyée, là. Mais les hommes ont tous des mines de catastrophe. C'était sûr, le retard dans le courrier amène toujours des ennuis. Et apparemment, ceux-là sont graves. Harry propose d'envoyer un message par son hibou pour expliquer la situation aux Juges mais Severus dit d'un air sombre que ce ne sera pas suffisant. Les trois Serpentards sont Mangemorts, on les pensera en fuite. Et Millicent ? On peut peut-être la prévenir, elle. A-t-elle au moins reçu sa lettre ? --Oui, sans doute, puisqu'elle est dans la banlieue de Londres, répond Théo. Mais même si elle peut nous excuser, elle ne peut expliquer notre absence sans révéler l'existence de l'île. Par Salazar ! Pourquoi ont-ils envoyé ces putains de petits volatiles à notre recherche ! Je n'ai jamais rien vu d'aussi ridicule ! «Hé ! Toi ! Sois poli avec mes chouettes copines ! Ce n'est pas de leur faute ! Et occupe-toi d'elles au lieu de vitupérer ! Ah ! Si elles pouvaient parler ! » se dit Ebony. C'est aussi ce que pense Severus qui a soudain un gros doute en regardant les malheureux petits oiseaux. Il prend Upsilon dans sa main, lui fait un délicat massage sur le ventre et avisant un verre de « calva » intact, il trempe un doigt dedans et glisse un goutte de liquide dans le bec entrouvert. Le résultat ne se fait pas attendre. La petite chouette tousse, crache un peu d'eau de mer sur le beau pull de son soigneur et ouvre un œil. Bolby, qui est entré en entendant le remue-ménage, retourne en cuisine et ramène des croquettes sur une assiette et du méli-mélo dans une autre. Les quatre volatiles se précipitent sur la nourriture. Les sourcils froncés, Severus les regarde se goinfrer, puis il se tourne vers Harry et lui demande : --Avez-vous déjà reçu des messages du Ministère apportés par ces oiseaux ? --Jamais ! Ce sont des hiboux grands-ducs qui transportent le courrier sur longue distance. --Hé bien, on dirait que quelqu'un ne souhaitait pas que ces lettres arrivent à bon port. J'ai mon idée là-dessus. Mais avant tout, il faut trouver un moyen pour faire échouer cette manigance. --Vous croyez que quelqu'un a envoyé ces mignonnes petites chouettes à la mort pour nous empêcher de recevoir nos convocations à temps ? dit Grégory d'un air féroce. Si jamais je sais qui c'est, je lui ferai passer le goût du boire et du manger, moi ! --Je crois savoir de qui il s'agit, en effet, répond Severus. Mais je n'accuserai personne sans preuve. Voyons; réfléchissons ! Ici, pas moyen d'utiliser la poudre de Cheminette. Potter a un balai mais la distance est trop grande et je suis sûr qu'il s'égarerait en route ... --Professeur ! --Je sais ce que je dis. J'ai un portoloin mais il ne peut me conduire qu'au Mont-Saint-Michel. Le problème serait le même. Et je n'ai pas le droit d'entrer en territoire anglais. A la rigueur, Bolby peut transplaner jusqu'à Jersey, mais que pourrait-il y faire ? Un bateau moldu ne peut venir vous chercher dans l'île ... --Il nous faudrait un avion ... ou un hélicoptère, j'ai vu ça dans des revues moldues au MacDo. --Soyez poli quand vous parlez du professeur McGonagall, Nott, dit froidement Severus Snape. --Non, je parle du restaurant, le MacDo ... je vous expliquerai plus tard, professeur, répond Théo. Je disais simplement qu'on pourrait voyager dans les airs à la façon des Moldus. Mais pour cela il faudrait aller à Jersey ou à Guernesey et aucun de nous trois n'a le pouvoir magique d'y transplaner, même avec Bolby. --Attendez ... Voyager dans les airs ... Pour aller à Londres ... Je crois que j'ai une idée, dit Harry. Et il transplane, laissant les autres à leurs questions sans réponses. Il réapparaît à quelque distance du grand Sombral. Il s'avance doucement vers lui et lui dit en Fourchelangue : --Bon après-midi, Sombral. Ce matin, je n'ai pas pensé à te demander ton nom. Comment t'appelles-tu? --Ma tribu m'appelle Tzwrggtzwr mais ça m'étonnerait que tu puisses prononcer ce mot. Cela signifie Tzwr fils de Tzwr. Alors, appelle-moi Tzwir tout simplement. --Hé bien, Tzwir, j'ai un grand service à te demander. Mes trois amis et moi, nous avons un urgent besoin de nous rendre à Londres, comme l'autre fois. Vous pensiez partir ce soir. Cela vous ferait-il un grand détour de nous y déposer ? Ton prix sera le mien. --Tu plaisantes, je suppose. --Non, Tzwir, c'est très important. Demande-moi ce que tu veux, je ferai tout pour te satisfaire. --Tu ne m'as pas bien compris, Harry Potter. Je voulais dire, tu plaisantes en proposant de me payer. Sais-tu que ma tribu te doit la vie ? Si Lord Voldemort avait gagné la bataille, il avait juré de nous exterminer parce que nous étions restés fidèles à Poudlard. Tu peux me demander ce que tu veux. Les Sombrals sont à ton service. --Oh ! Merci Tzwir ! Je vais prévenir mes amis. --Attends ! Nous ne pouvons partir qu'à la tombée de la nuit. Flqzzflq ou Flq fille de Flq ... enfin pour toi Flqi, Gxti, Mbni et Drji ont encore besoin de repos et nous devons pêcher juste avant notre envol. Mais nous serons à Londres quand même demain matin, au petit jour. Ça te va ? --Tout à fait, Tzwir. Alors à ce soir. Harry réapparaît brusquement devant le cottage Serpentard. Severus le regarde, mi furieux, mi amusé. --Où étiez-vous passé, Monsieur Potter ? Avez-vous eu tout à coup une de vos brillantes idées qui nous conduisent directement à la catastrophe ? --Une brillante idée, oui professeur. Combien pariez-vous que nous serons demain matin, à Londres, Théo, Greg, Draco et moi ? --Oh non, Harry ! Pas question ! Je vous connais trop bien ! Je ne parie rien avec vous ! Qu'avez-vous encore inventé ? --Hé ! Attendez ! Moi, je veux bien parier, lance Draco. --Tiens tiens ! On dirait que tu ne me fais pas confiance ! Quel est ton enjeu ? --Tu obéiras au premier ordre que je te donnerai, commençant par « Mon cher Harry ». --D'accord ! Même enjeu pour moi. Premier ordre commençant par « Mon cher Draco ». --Mais vous allez cesser vos gamineries tous les deux, oui ? On dirait des enfants de six ans ! Alors, Potter, quelle est votre trouvaille ? --Nous partons ce soir à Londres à dos de Sombral. Un silence pesant suit cette annonce faite d'une voix assurée. Severus a déjà compris que cela peut se faire. Il avait envisagé toutes les autres possibilités mais pas celle-là. Ah ! C'est tout Potter, ça ! Une solution extravagante mais excellente. Les trois autres sont figés sur place. Greg réagit le premier. Il devient tout pâle et murmure : --Non ... Pas ça ... Jamais ! --N'y pense même pas, renchérit Théo qui dessine très bien les Sombrals mais ne s'est jamais approché d'eux. --Potter, tu as complètement perdu la boule, rajoute Draco. J'ai déjà gagné mon pari. Mon cher Harry ... --Stop ! Nous partons réellement ce soir pour Londres à dos de Sombral. Le grand mâle est d'accord et je ne plaisantais pas en vous disant que j'étais déjà monté sur son dos. C'est ça ou dire adieu à vos pouvoirs de sorciers. A vous de choisir. --Oh ! ... Mais ... Quoi ? ... C'est pas possible ! ... Jamais ! ... Ah oui ? ... Attends ... Et comment on va faire ? ... J'ai peur ... Un Serpentard n'a jamais peur ... Un MALFOY n'a jamais peur, moi si ! ... Tu fermeras les yeux ... Et je claquerai des dents ... Oh ! A ce propos ... Non, non et non ! ... Si ! En tant que Prince des Serpentards ... Pas plus Prince que moi ... Plutôt mourir ! ... Attendez ! ... --SILENCE ! Le cri du professeur Snape claque au milieu du brouhaha des protestations. --Il n'y a pas de pourquoi, pas de comment, pas de parce que ! VOUS partez ce soir pour Londres. Je donnerai à ceux qui en ont besoin une potion d'Euphorie et tout ira très bien ! La discussion est close. Et moi demain, hop ! Chez Séraphin ! » _ = _ = _ = _ = _ = Le soir, vingt heures. Severus, Greg, Théo, Draco et Harry regardent les silhouettes des Sombrals se découper sur le ciel bleu marine. Ils frappent du pied et déploient à tour de rôle leurs grandes ailes de chauve-souris géante. Ils ont l'air en pleine forme, prêts au départ. Leurs yeux blancs brillent comme des opales dans la nuit tombante. Ils sont sauvagement beaux. Trois des jeunes hommes n'en mènent pas large. Harry, lui, sourit. Il prend la tête du petit cortège qui s'avance lentement vers les animaux magiques. Il s'est habillé chaudement et il a recommandé à ses camarades d'en faire autant. Il se souvient de son premier voyage et du froid qui l'avait saisi après une heure de voyage. Il transporte dans un sac à dos trois petites chouettes blotties les unes contre les autres. Elles dorment, encore épuisées par leur long voyage aller. Le retour sera moins pénible. Ebony rejoindra Harry à Londres. Il ne vole pas aussi vite que les Sombrals et ne peut les suivre. Les bagages de tous rejoindront l'Angleterre par le prochain voyage du White Wing. Bolby en profitera pour payer à Christopher Fringant le prix de ses nombreux allers et retours. Le vieux marin sorcier va se trouver en possession d'une jolie cagnotte. De quoi faire un peu relâche, fréquenter souvent le « Homard qui chante » et payer à sa petite-fille quelques « dentelles et fanfreluches » comme il dit. Greg tremble un peu. C'est le plus costaud des quatre voyageurs, alors il a été désigné d'office pour chevaucher le grand mâle. Le professeur Snape lui a donné une grosse cuillerée de sirop d'Euphorie et la potion commence à agir. Théo est déjà moins pâle et Draco affiche un air blasé. Il se dit qu'il a peut-être parié un peu vite avec Harry quant à la réussite de leur expédition. Le beau brun semble très sûr de lui. « Installe-toi juste à l'arrière de son cou, devant les ailes, explique-il au grand Serpentard.. Il y a là un petit creux dans son dos, c'est assez confortable et tu peux accrocher tes mains à sa crinière. Tu replies tes jambes comme si tu étais sur ton balai pendant un match de Quidditch. Tu peux t'appuyer contre lui et même dormir un peu. --D'accord, mais je grimpe comment ? répond Greg d'une voix chevrotante. --Ah oui ! Dans la Forêt Interdite, il y avait des souches d'arbres. Hm ... Tzwir, peux-tu l'aider ? Le grand Sombral comprend ce qu'on attend de lui. Il plie un jambe et s'agenouille. Poussé par Harry et Severus, Greg se hisse sur le dos de l'animal qui ensuite se redresse fièrement. Une fois installé, le Serpentard a l'air plus rassuré. Il domine la situation et se sent en sécurité. Il se détend et même il sourit en voyant Théo s'emmêler les pieds en grimpant sur une des femelles. Draco se dirige vers la deuxième. Avant qu'il ne monte sur elle d'un air dégagé, Harry pose un rapide baiser sur sa joue en murmurant : « Je veille sur toi, ne crains rien ! --Potter, un Malfoy ... --Oui, je suis au courant, tu te répètes, trésor. A tout à l'heure. Trésor ! Il déraille, le Potter ! Mais Draco n'a pas le temps de protester. Harry s'installe déjà sur la troisième femelle et la dernière se dirige vers Severus d'un air engageant. Le professeur lève les mains et recule en criant : « Non, non ! » Il faudrait le payer cher pour qu'il accompagne ses ex élèves dans leur expédition. Soudain, le grand Sombral prend son élan et d'un large coup d'ailes, il décolle et prend de la hauteur et de la vitesse. Un cri perçant accompagne le décollage. Théo, le plus paniqué des quatre, n'a pu contenir son effroi mais très vite, il se calme. Fermement cramponné à la crinière de la jeune femelle, il découvre avec émerveillement le paysage vu d'en haut. L'île paraît soudain toute petite, un confetti posé sur une mer d'un bleu nuit, ourlée de vaguelettes phosphorescentes. Le ciel est encore lumineux, droit devant eux, à l'ouest. Mais juste au-dessus de lui, dans un ciel de velours noir, la lune, à demi pleine, est environnée d'étoiles scintillantes. L'âme d'artiste du jeune Serpentard ne peut qu'admirer la splendeur qui l'entoure. Il se sent incroyablement bien, au point qu'il lâche la crinière de sa monture, lève la tête et les bras vers le ciel et lance un autre hurlement, mais cette fois, c'est un cri d'allégresse. Il vole vraiment. Cela n'a rien à voir avec voler sur un balai magique. Là, il entend le vent siffler à ses oreilles, il respire à pleins poumons, il sent les muscles de sa monture se contracter en cadence, tout son corps accompagne le mouvement. Il ressent une intense impression de bonheur et de liberté. Ah c'est sûr ! Quand il sera à Poudlard, il ira souvent rendre visite au troupeau de Sombrals ! Les heures passent et le vol se poursuit. Il fait nuit noire, on aperçoit à peine les lumières des gros bateaux qui montent ou descendent le rail d'Ouessant. Les quatre voyageurs, appuyés à leur monture, somnolent ou même dorment profondément. Les Sombrals battent des ailes de façon régulière et le bruit cadencé incite au sommeil. Quelquefois ils planent un moment. Aucun mouvement brusque. Le vol parfait des oiseaux migrateurs. Ils se relaient pour entraîner la harde, chacun prenant à son tour le poste de leader.. La jeune femelle qui n'a pas de cavalier reste devant un peu plus longtemps que les autres. C'est toujours le mâle qui prend sa suite, Greg, endormi, cramponné à son dos. Harry et Draco rêvent ensemble. Ils sont debout sur une mer de nuages. Ils sont deux, mais si collés l'un à l'autre qu'en fait, ils ne font qu'un. Le jeune homme brun sent son beau blond dans son dos, la tête posée sur son épaule, ses bras entourant étroitement sa poitrine. Ils ne parlent pas, ils échangent des pensées vagabondes. Il ne s'agit pas de sexe comme la veille dans la salle de bain. Il est plutôt question de vie, d'avenir, de bonheur commun, de rêves quoi ! Draco est toujours aussi moqueur : « Potter, c'est quoi ce costume ? Tu fais l'épouvantail, ce matin ? » mais c'est dit avec tendresse. Harry sourit avec malice : « C'est pour le mariage. Ça ne te plaît pas ? » « Hein ? Mariage ? Mais qui se marie ? » « Ron et Hermione, bien sûr ! Tu avais une autre idée, trésor ? » « Potter ! Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler trésor. C'est niais ! » « Oui, moi aussi je t'aime, Draco. » La vie toute simple quoi ! Mais la vie peut-elle être simple avec un Malfoy ! ° + ° + ° + ° +° + Le matin, à Londres. Il est six heures. Le jour se lève derrière eux. Depuis un moment, les cinq Sombrals survolent l'Angleterre. Les villes et les villages sont encore noyés dans la brume matinale et soudain, c'est la Tamise, c'est Londres. Ils plongent vers le sol, leurs cavaliers aussitôt réveillés par le brusque mouvement descendant. Harry a indiqué Regent's Park comme destination. De si bonne heure, l'endroit sera tranquille. Ils se posent près d'un petit lac, sur un espace vert dégagé. Un kiosque à musique et un bosquet doivent protéger leur arrivée des regards indiscrets mais il n'y a personne. Après avoir déposé leurs cavaliers, les Sombrals repartent immédiatement. Bientôt, on ne distingue plus dans le ciel que des points noirs s'éloignant de la ville à grande vitesse. Greg sort d'une sacoche des sandwichs préparés par Bolby mais il n'est pas question de s'attarder. Il faut sortir du parc, trouver la station de métro et se rendre au centre ville. Le temps passe vite, le Ministère n'est pas tout près, il ne faut pas être en retard. Mais comme il est difficile de se déplacer chez les Moldus, sans même la possibilité d'un petit transplanage ! Heureusement, Harry se souvient très bien de son voyage avec Monsieur Weasley, le jour où il était convoqué par le Magenmagot pour cette histoire de Détraqueurs. Et Théo a l'habitude du métro. Mais Draco et Greg ouvrent de grands yeux. Descendre sous terre ! Acheter des « tickets » avec de l'argent moldu ! Se faire bousculer par des gens pressés ! Attendre sur un quai envahi par une foule bigarrée ! Tout semble étrange aux deux Serpentards un peu déboussolés. Ils voient passer devant eux aussi bien des messieurs en strict costume noir portant à la main des attachés-cases que des jeunes en jean et tee-shirt bariolés arborant des coiffures hérissées aux coloris variés. Il y a aussi beaucoup d'étrangers, des Indiens, des Africains, certains en costumes traditionnels. Et ça parle toutes les langues ! Et ça s'interpelle d'un quai à l'autre ! Cette promiscuité ! Ce remue-ménage ! Cette ODEUR ! Draco Malfoy n'aime pas, vraiment pas, mais alors pas du tout ! Et voilà le « métro » qui arrive dans un bruit de ferraille. Il doit monter dans cet espèce de train brinquebalant et en se faisant bousculer en plus !. Heureusement Harry est juste derrière lui ! Théo et Greg sont une porte plus loin. Et bien sûr, à l'intérieur, aucune place assise ! Il faut s'accrocher d'une main à une barre de fer malpropre ! Pas joli joli le monde moldu de bonne heure le matin ! Tous ces gens, debout ou assis, ont déjà l'air fatigué avant même d'avoir commencé leur journée. Le blond sorcier grimace de dégoût. Beurk ! Il s'en rappellera, du Londres souterrain ! Tiens ! Trois gamins sont debout juste à côté de lui. L'un est aussi roux qu'un Weasley. Ils le regardent et ils ont l'air de se marrer. Il n'a pourtant rien de risible ! Il est habillé en Moldu, les capes de voyage ont été « réduites » par Harry et rangées dans le sac à dos. Il est élégant et parfait comme seul un Malfoy sait l'être. Heu ... un peu trop parfait pour un métro matinal, peur-être ? «Alors, blondinet, dit le rouquin avec un fort accent cockney, on traîne avec la populace ? Ta Rolls est en rade ? Ta majesté est descendue dans les égouts ? T'as pas un peu de tune à me filer ? J'ai plus de clopes. Les yeux du blond jeune homme virent au noir, son visage se ferme et il répond d'une voix glaciale : --Tu oses m'adresser la parole, véracrasse ? Mais le gamin ne se laisse pas démonter pour si peu. C'est un habitué de la ligne et ce n'est sans doute pas la première fois qu'il s'en prend à un passager car les autres voyageurs détournent les yeux ou se plongent dans leur journal. --Comment tu m'as appelé, friqué à la manque ? Ferme ton clapet et aboule ton blé ou tu vas goûter à ça ! Et il balance un poing petit mais bien serré tout près du nez de Malfoy. Ses deux copains se rapprochent, un air mauvais sur le visage. Harry se place à côté de Draco, une main sur sa taille. Greg et Théo essayent de les rejoindre mais ils sont gênés par la foule indifférente. --Et pédé en plus ! rajoute le rouquin en ricanant. Allez, chochotte, tu voudrais pas que je t'abîme le portrait, 's pas ? Et toi, la tapette, tiens-toi peinard ou mes gus vont s'occuper aussi de ta jolie gueule ... Mais soudain, il interrompt son chapelet d'insanités. Il devient blanc comme un linge. Sa brusque pâleur fait ressortir ses taches de rousseur et ses cheveux en deviennent encore plus flamboyants. Les deux autres reculent et bousculent les voyageurs en leur écrasant les pieds. La peur se lit sur les trois visages. Un mince serpent aux anneaux colorés sort de la veste de Draco, il darde plusieurs fois sa langue fourchue vers les agresseurs et siffle semble-t-il avec colère. En même temps, une petite bête velue est apparue sur l'épaule de Harry, sa gueule ouverte découvrant deux rangées de dents bien pointues. Un corail venimeux et une agressive petite fouine sont arrivées à la rescousse des deux voyageurs. --Hé ... hé ... dit le rouquin en reculant à son tour, fallait le dire que vous êtes avec ceux du zoo ! On vous aurait pas embêtés ! Vous fâchez pas, on décanille au prochain arrêt ! Ils se sauvent vers la porte et se trouvent face à Greg qui a réussi à se faufiler jusque là. --Et qu'on ne vous revoit pas dans le coin, petits morveux ! rugit le grand Serpentard. --Puissiez-vous dire vrai, murmure une petite dame tassée dans un coin. Ils nous pourrissent la vie un matin sur deux ! Pendant ce temps, un Draco furieux fait face à un Harry qui au contraire, sourit d'un air malicieux. --Je n'avais pas besoin de ton aide, Potter ! Je l'aurais écrasé tout seul, ce débris humain ! --Bah ! C'était amusant, non ? Mais le beau blond ne se déride pas. Putain de Potter qui lui pourrit la vie ! La nuit n'a pas été assez pénible ? Bon, le rêve était agréable mais en attendant, il a le dos en compote. Serpent et fouine – Rah ! Mauvais souvenir ! -- ont disparu sous leurs vêtements comme par miracle. D'ailleurs peu de gens ont eu le temps de les voir. N'empêche ! Il a ENCORE fallu que le Balafré s'en mêle ! Il a bien senti contre son dos la pointe de la baguette magique et il a entendu les sortilèges en Fourchelangue. D'accord, c'était une bonne idée mais Potter profite du fait que lui est désarmé pour faire étalage de sa force magique ! Non mais, quel enfoiré d'emmerdeur de première ! T'en foutrai, moi, des foutus soi-disant Bienfaiteurs de l' Humanité ! --Combien de stations encore ? demande Théo qui a enfin réussi à se rapprocher. --Quatre, répond Harry alors que le métro redémarre et que les trois chenapans leur montrent le poing derrière la vitre. --J'espère que l'entrée du Ministère n'est pas trop loin. Il est déjà sept heures vingt. On a intérêt à faire vite. Allez, Draco, ne fais pas ta mauvaise tête, rajoute-t-il. Mais le Serpentard en rogne se détourne et fait semblant d'admirer le « paysage ». Personne ne parle pendant le reste du trajet. Ils quittent le train, enfilent les longs couloirs et surgissent à l'air libre. Il est huit heures moins vingt. Harry s'oriente et retrouve facilement la bonne direction. Pendant qu'ils suivent rapidement les rues de moins en moins luxueuses, il se rapproche de Draco et murmure : --Allez ! Tu ne vas pas bouder toute la matinée ! Ce n'était pas grand chose ! Tu ne connais pas ce genre de gamins des rues. Ils nous auraient insultés pendant tout le trajet, ils n'auraient pas hésité à nous bousculer un peu et comme tu l'as remarqué, personne n'aurait levé le petit doigt pour nous venir en aide. Pense plutôt à tes pouvoirs de sorcier que tu vas bientôt récupérer. On fera un concours ce soir si tu veux ... --Et tu me laisseras gagner pour me faire plaisir ! crache Draco en s'arrêtant brusquement sur le trottoir et en attrapant Harry par le revers de sa veste. J'en ai marre, Potter, on baise bien ensemble, c'est d'accord, mais pour le reste, tu me lâches, compris ? Harry reste immobile. Peu à peu, son visage se ferme et devient aussi dur que celui de Malfoy. Ses yeux verts brillent dangereusement et Draco a un petit pincement au cœur. Il est allé trop loin et il le sait. Mais il est trop tard pour ravaler ses paroles. La voix froide de Potter répète en écho : --Compris. On baise mais pour le reste, je te lâche. Une seconde de silence et Théo, énervé, qui revient vers eux : --Vous venez, oui ? Il est moins dix ! On est en retard, c'est sûr ! Au coin de la rue, la cabine téléphonique rouge est toujours là, avec ses vitres cassées et son combiné au fil pendant. --C'est là, dit Harry sèchement. Entrez tous les trois. Faites le 62442, répondez aux questions, prenez vos badges et descendez jusqu'au niveau dix. Puis prenez l'escalier, c'est tout en bas. Bonne chance ! --Tu ne viens pas avec nous ? s'étonne Greg. --Non. Je vais à la Poste Magique ramener les trois petites chouettes. Faites vite, il est presque huit heures. Il regarde les trois Serpentards un peu serrés disparaître vers les profondeurs du Ministère de la Magie et sourit amèrement. « On baise bien ensemble ... Je t'aime moi, crétin de Serpentard ! Mais il faudra que tu me le dises toi-même pour que je te l'avoue à nouveau ! » ** ** ** ** ** Ministère de la Magie, Haute Cour de la Justice Magique, Bureau trois, Service des Amendes, Confiscations, Recouvrement de dettes et Indemnisations des Victimes. ( A.C.R.I.V.) -- ... Il est huit heures sept, Miss Bulstrode. Nous ne pouvons attendre plus longtemps. Nous allons procéder à la lecture de l'arrêté vous concernant. Vos camarades seront déclarés en fuite et de ce fait, ils seront déchus de leur statut de sorcier. --Voyons, Stanfort, encore un peu de patience ! Vous connaissez les difficultés de circulation dans le Londres moldu. Ces jeunes gens ne peuvent utiliser comme nous la Poudre de Cheminette. --Nigellus, vous êtes un ancien Serpentard. Pas étonnant que vous souteniez les représentants de votre Maison. Pour ma part ... Quoi ? Que voulez-vous ? dit le Juré Stanfort à l'appariteur qui est entré après avoir discrètement frappé. --Les convoqués sont là, dit le petit homme en s'effaçant devant Draco, Théodore et Grégory tout essoufflés. --Hé bien, ce n'est pas trop tôt, dit Madame Wright, la Jurée aux cheveux gris et aux lunettes d'écaille. Quelles sont les raisons de votre retard ? --Bonjour, Mesdames, bonjour Messieurs, dit Théodore en s'inclinant brièvement imité par ses camarades. Nous n'avons reçu nos convocations qu'hier. Notre voyage de retour a été long. Nous avons fait aussi vite que possible. --Votre voyage de retour ? dit Guilbert Nigellus. N'étiez-vous pas à Londres ? --Non, répond Théo, nous étions ... --En France, coupe Draco brusquement. Les chouettes messagères nous ont cherchés longtemps. --Comment ça en France ? Stanfort, vous nous avez bien affirmé qu'ils étaient à Londres, comme Miss Bulstrode ? --C'est ce qu'on m'avait dit ! La préposée à l'enregistrement des naissances sorcières a appris que Miss Bulstrode avait accouché dans une maternité moldue. Quand nous avons envoyé les convocations ... --Miss Bulstrode, vous avez accouché chez les Moldus ? Pourquoi pas à Sainte Mangouste ? --Je n'avais pas le droit d'entrer dans une enclave sorcière ... --Mais cette interdiction ne concerne pas les malades ou les femmes enceintes ! Et qui est le père de cet enfant ? Est-ce l'un de ces jeunes hommes ? --Non. Mon fils est un enfant de l'amour. Je suis une mère célibataire et ... --De toute façon, il faut le déclarer au plus vite dans notre monde. Avez-vous déjà choisi un parrain ? --Attendez ! Par politesse, je dois prévenir la famille ... --Et comment avez-vous fait pour revenir de France aussi vite sans utiliser la magie, questionne suspicieusement le Juré Stanfort. --Nous avons volé dans les airs, répond Grégory d'un ton ravi --Oui, coupe Théo, nous avons pris l'avion, vous savez, les machines volantes moldues ... --Comme c'est intéressant ! reprend l'ancien Serpentard. Racontez-vous un peu ... --Nous nous égarons, Nigellus !. Revenons à ce qui nous réunit ici, à savoir le jugement concernant cette jeune sorcière et ces trois sorciers. Nous avons déjà pris du retard et ... --Ce n'est pas de notre faute ! --Qu'est-ce que c'est que cette histoire de chouettes messagères ? dit tout à coup le Juré Delbert, le spécialiste des baguettes magiques. Monsieur le Président, pour des convocations aussi importantes que celles d'un jugement définitif, pourquoi n'avez-vous pas envoyé des hiboux ? C'était plus sûr ! --Ce n'est pas à moi de m'occuper de ces détails ! Greffier, comment avez-vous procédé ? ... Draco, fasciné, regarde se dévoiler sous ses yeux les multiples arcanes du pouvoir. Le dénouement de leur procès se joue à plusieurs niveaux, judiciaire bien sûr mais aussi politique, avec trafic d'influence et dessous de table, c'est presque certain. Parmi les sept Juges, certains sont innocents et ne trempent dans aucune magouille. Guilbert Nigellus est de ceux-là, Madame Wright aussi sans doute et Delbert probablement. Leur étonnement paraît sincère. Par contre, Bertille, l'ancienne Pouffsouffle à l'allure de petite fille ne parvient pas à cacher son embarras, elle est bien trop silencieuse. Et Stanfort baisse le nez et tripote trop ses papiers pour avoir la conscience tranquille. Le Président, Amedeo Dragnus, Premier adjoint du Ministre, donne l'impression d'avoir été trompé ou trahi. Il est très rouge et paraît furieux. Enfin Madame Hoggs, qui avait provoqué l'éclair vert lors du premier jugement, semble assise sur des charbons ardents. Le greffier jette de fréquents coups d'œil vers le public clairsemé. Ce jugement ne se fait pas dans le grand amphithéâtre comme la première fois, mais dans une petite salle attenante. Les Jurés sont assis derrière une simple table recouverte d'un tissu rouge. Devant eux se trouve la barre où seront appelés les accusés pour entendre les uns après les autres le verdict les concernant. Un personnage vêtu d'une robe de sorcier grise à larges parements jaunes est assis en bout de table. Il a devant lui une liasse de feuilles et n'a pas encore ouvert la bouche. Ses yeux enfoncés au fond de ses orbites se fixent sur celui ou celle qui prend la parole et ne cillent pas. Il n'était pas présent la fois précédente. Qui est-ce ? Un Auror est à la porte mais il a l'air de s'ennuyer à mourir. Une vingtaine de chaises sont disposées au fond de la salle. Cinq seulement sont occupées et ... Tiens, remarque Draco, qui voilà parmi le public et à qui le greffier lance-t-il des coups d'œil avec inquiétude ? Madame Dolorès Ombrage ! Quel heureux hasard ! Que vient-elle faire à une audience qui n'intéresse plus personne ? Rita Skeeter n'est même pas là ! --Bien ! Commençons, dit Madame Wright en agitant sa sonnette. Monsieur Iacinthe MacNamara, Conseiller à la Cour des Comptes, va donner lecture des attendus aux différents jugements. J'ai cependant le plaisir de vous annoncer, ajoute-telle en souriant aux accusés, que, quelle que soit votre condamnation au niveau financier, vous pouvez tous les quatre faire votre dernière année d'études à Poudlard. J'espère que cela vous fait plaisir. Ils inclinent tous la tête, même Draco qui fulmine intérieurement. Et la voix grave de l'homme en gris et jaune égrène en litanie les confiscation, amende et autre saisie dans leur coffre de Gringotts qui les privent pratiquement de toute leur fortune. Les épouses des Mangemorts sont relativement épargnées et gardent leurs biens personnels. Et cela dure, cela dure ! Draco a décroché depuis un bon moment quand il entend appeler son nom. Et bizarrement, à ce moment-là, tout le monde se redresse. Les oreilles des Jurés et du public se font attentives. Bon d'accord, sa fortune est confisquée, on lui laisse un pécule de cent gallions pour assurer sa rentrée à Poudlard ... Merci aux lycoperdons de l'ile magique ! Son avenir est assuré malgré les rapaces de la Cour des Comptes ! Et celui de ses camarades aussi ! « ... En ce qui concerne le château Malfoy, dont la valeur est estimée à trente mille gallions, soit le double du prix payé pour la reconstruction de l'école moldue incendiée ... « Quoi ? Le château vaut dix fois plus et cette école dix fois moins ! » ... la Cour des Comptes estime qu'une mise sous séquestre de dix ans est un juste prix à payer pour les crimes commis par les parents du dénommé Draco Severus Malfoy qui en est l'héritier direct. Pendant cette période, le château sera confié à une œuvre charitable qui en usera et utilisera les revenus du domaine à sa guise. Il sera rendu au sieur Malfoy à l'issue de ces dix ans dans l'état où il sera à ce moment-là .... « Il sera en ruine et j'en aurai bien profité avant, orphelinat ou pas ! Ah ! Lucius ! Qu'il est doux, le jour de la vengeance ! Je n'ai pas réussi à me faire donner ton château définitivement mais ton fils ne l'aura jamais ! Moi, Dolorès Jane Ombrage, je serai la dernière châtelaine de Malfoy ! ... Mais ... Mais qu'est-ce qu'il dit, le rejeton ? C'est quoi cette requête ? Draco à la barre a écouté sans émotion apparente les divers attendus de son jugement. A la fin, il élève la voix d'une manière très digne qui impressionne tous les spectateurs. --J'aimerais me recueillir une ou deux fois par an sur la tombe de mes parents qui, comme vous le savez peut-être, se trouve dans le parc du château. Le pourrais-je ? --Naturellement, répond le Président du Jury qui semble tout à coup assez soulagé. --Et concernant l'œuvre charitable qui profitera du château pendant dix ans ... Et c'est là que tout dérape ! Des applaudissements chaleureux se font soudain entendre. Madame Wright a l'air ravie. Amedeo Dragnus sourit largement, Guilbert Nigellus est debout et ne retient pas ses larmes. Même Iacinthe MacNamara a l'air ému. La vieille petite fille prénommée Bertille, Madame Hoggs et Monsieur Stanfort applaudissent mollement en baissant les yeux. Hm ... L'affaire prend un tour imprévu ... Dans le public, Dolorès Ombrage se dresse sur ses courtes jambes, ouvre une bouche grande comme un four, passe du rose au pourpre puis au violet et tombe en arrière comme une masse. Il faudra trois infirmiers costauds pour la transporter à Sainte Mangouste et plusieurs mois pour qu'elle puisse de nouveau dire un mot. ... « Aga ... » °° °° °° °° °° Midi, en face du Chaudron Baveur. Harry attend le retour des Serpentards après leur procès. Ils se sont donnés rendez-vous dans la brasserie moldue en face du bar sorcier pour être tranquilles.. Il déguste une bière bien fraîche. Rien à voir avec la bièraubeurre qui est souvent tiédasse ! Il a ramené à la Poste magique les trois petites chouettes. Il y a eu des exclamations ravies parmi les employés. Le directeur lui-même, un sorcier très strict en uniforme galonné, est venu le remercier et Harry a senti que c'était sincère. « Alpha ! Sigma ! Upsilon ! On vous croyait perdues ! Mortes ! Quel plaisir de vous revoir ! Allez ! Vite ! A la volière ! Votre camarade Iota vous attend ! Merci, monsieur Potter ! Comment les avez-vous retrouvées ? Ah, c'est votre hibou qui ... ? Un grand noir aux yeux verts ? James Bond ! C'est lui ! Une légende dans la Poste magique ! Comme vous, Monsieur Potter ! Tenez ! Un paquet de Miam Hibou de Luxe pour lui ! Un autographe, s'il vous plaît ? Harry a eu beaucoup de mal à quitter les lieux. Chacun voulait lui serrer la main, le remercier. Voilà pourquoi il n'aime plus guère aller dans les lieux magiques. Enfin, à Poudlard, il sera tranquille. Et dans un an, le monde sorcier l'aura un peu oublié. Il réfléchit tout en buvant une gorgée de bière. Qu'on ait envoyé les pauvres petits volatiles sur des chemins de perdition n'est donc pas le fait des employés de la Poste. La faute vient d'ailleurs, d'une clique du Ministère, c'est certain. Le professeur Snape n'a pas voulu préciser ses soupçons mais Harry a en tête une femme en rose qui s'insinue partout et sème la zizanie sur son passage. La peste soit de toutes les Dolorès Ombrage du monde ! Soudain la porte de la brasserie s'ouvre sur un groupe joyeux. Millie, Théo, Greg et Draco rejoignent Harry qui commande aussitôt une tournée générale. Les exclamations fusent, on porte des toasts. Qu'importe la sentence sévère qui les frappent tous ! Ils sont libres ! Ils ont récupéré leurs pouvoirs. Et puis, ils sont quand même riches, au nez et à la barbe de tous ces Juges insensibles ! Pour eux aussi, la guerre est enfin finie. Grégory a les larmes aux yeux en racontant que l'un des Jurés, Nigellus l'ancien Serpentard, lui a donné en cachette la baguette désactivée de Vincent. Il est content d'avoir un souvenir de son ami, enfin il peut bien l'avouer maintenant, plus qu'un ami pour lui. Il aimait vraiment le Serpentard, qui sous des dehors bagarreurs cachait une âme tendre. La fête tourne un peu à l'attendrissement général. Heureusement, Harry s'était installé dans un coin reculé de la brasserie. Les autres clients ne comprennent pas leurs conversations. Ils ont commandé des sandwichs, des « fish and chips » et de la bière, ils sont bêtement heureux. Même Draco semble avoir oublié sa mauvaise humeur du matin. Soudain, Millicent se lève, un peu chancelante, et annonce : « Je vais chercher mon fils et je vais voir ma mère et mes sœurs » --Moi aussi, je vais voir ma mère, dit Théo. Elle n'avait rien à voir avec les Mangemorts. --Moi aussi, j'y vais, dit Greg. Elle sera contente de savoir que je m'en suis bien sorti. » Ils paient leur quote-part et s'en vont, laissant Harry et Draco en tête à tête. Le blond sourit et dit d'un ton faussement triste: --Nous voilà seuls ! Deux pauvres orphelins, sans famille, sans maison, abandonnés de tous ! Noyant leur chagrin dans l'alcool ! A ta santé Harry, Sauveur du monde ! --A la tienne, Draco, Prince des Serpents ! Sortons d'ici avant de sombrer dans le désespoir et la déchéance ! Que vas-tu faire cet après-midi ? --Shopping, Harry ! Connais-tu un meilleur moyen de fêter la paix et la liberté retrouvées ? Je suis passé à Gringotts, mon compte privé, inconnu des gens du Ministère, s'est enrichi depuis la vente des premiers lycoperdons. Ne laissons pas l'argent dormir dans les coffres ! Semons les gallions à tout vent ! Les livres anglaises aussi ! Viens avec moi. Toi aussi, tu as besoin de te reloocker. Faisons les boutiques moldues. Tu connais les lieux à la mode ? --Heu ... pas vraiment mais allons vers le centre ville . Tu trouveras sûrement ce que tu cherches. Et Draco passe une après-midi de rêve. Harry un peu moins mais la joie presque enfantine du blond dès qu'il entre dans un magasin de vêtements est communicative. Bien sûr, tout ce qu'il achète est à la fois élégant, confortable et luxueux sans excès. Il se rhabille de pied en cap et invite Harry à en faire autant. Mais le beau brun est plus réservé, il s'offre juste le nécessaire. Ce n'est pas à Poudlard qu'il brillera par sa garde-robe. Le soir, épuisés tout les deux, ils vont dîner dans un MacDo. Harry tient absolument à montrer au beau blond à quoi ressemble un fast food. Bien entendu, le Prince Draco trouve l'endroit détestable. N'empêche qu'il s'y amuse beaucoup en observant les Moldus dans leur élément. Mais il chipote sur la nourriture et n'apprécie pas vraiment le goût étrange du Coca. En face du restaurant clignote l'enseigne d'un hôtel. Un simple coup d'œil échangé et ils savent de quoi ils ont envie pour finir cette belle journée. Les « frères Draco et Harry Black » se retrouvent dans une chambre à deux lits, dont ils savent très bien qu'un seul sera « occupé », et que les occupations qu'on y aura seront « incestueuses », le tout dans le respect total de la vertu. Car enfin, qu'y a-t-il de plus vertueux que l'amour partagé ? C'est d'ailleurs ce genre de relation que soupçonne l'employé de la réception qui s'ennuie et parcourt rapidement les couloirs de l'hôtel, à l'affût de bruits révélateurs. Mais il en sera pour ses frais. A peine entrés dans la chambre simplette, les deux amants ont prononcé les sortilèges « Collaporta » et « Silencio » et tout semble tranquille. Le rôdeur curieux ne verra qu'une lueur bleue glisser faiblement sous la porte de la chambre. Sur la table de chevet, deux baguettes magiques sont posées côte à côte et quand les deux corps magnifiques ont commencé à s'aimer, elles se sont illuminées. Maintenant, elles « communiquent ». « Je te reconnais, dit l'aubépine, surprise. Tu es la baguette d'Harry Potter. Par Salazar le puissant, nous nous sommes battues bien souvent. Pourquoi es-tu à côté de moi maintenant ? --Nos Maîtres sont devenus très proches comme tu peux le voir. Mais il y a plus que ça : ce sont des âmes sœurs, répond l'if d'un petit ton fier. --Ça n'arrive qu'une fois par siècle et c'est tombé sur eux ? --Oui, Godric le vénérable en soit loué ! Ainsi, pendant ton absence, ton Maître m'a utilisée en plusieurs occasions. La dernière fois, c'était pour fixer leurs anneaux d'oreilles. C'est joli hein ? --C'est original surtout. Donc, nous sommes « baguettes sœurs » et Serpentard a fait alliance avec Griffondor. Comment est-ce arrivé ? --Oh c'est vrai ! Tu n'es pas au courant ! Il s'en est passé des choses pendant que tu étais sous le boisseau ! Le monde a changé. Nos Maîtres aussi Et si j'en crois leurs « occupations » actuelles, nous avons du temps devant nous. Je vais tout te raconter. Dommage que tu n'aies pas assisté à la bataille finale ! C'était grandiose ! ... » Et la baguette d'if à la plume de phénix peut broder à son aise sur les aventures de Harry Potter et de Draco Malfoy, le propriétaire de la baguette d'aubépine au crin de licorne. Beaucoup de temps passe. Le brun magnifique et le superbe blond sont TRES, TRES occupés. Et le sort « Silencio » se révèle TRES, TRES utile. Bien sûr, il y a eu d'abord le bruit mouillé des baisers innombrables. Puis le doux froissement ses vêtements qu'on enlève et qui glissent à terre un peu n'importe comment. Ensuite sont venus les soupirs de plaisir, les caresses et les tendres ronronnements, les murmures, les chuchotements, puis les premiers gémissements rauques, les râles et les appels hachés de feulements sourds, les cris brefs, tantôt aigus, tantôt graves. C'est le moment où les mains, les lèvres, la langue et les dents ne suffisent plus à contenter les deux corps brûlants. Il faut qu'ils s'unissent, qu'ils ne fassent plus qu'un dans toute leur gloire. Ils partagent le même puissant cri de joie. Et pour un moment encore, les battements frénétiques de leurs cœurs et les halètements précipités de leurs gorges emplissent la chambre d'un bruit saccadé qui va s'affaiblissant. Ils reposent, nus et luisants sous le doux rayonnement bleu de leurs baguettes sœurs. Ils n'ont même pas remarqué la lumière diffuse qui a accompagné leur fusion. Il leur faut un long moment pour regagner le décor modeste de leur chambre d'hôtel, qui n'a jamais connu pareils ébats. C'était doux et sauvage, tendre et puissant, barbare et céleste. Unique. °*°*°*°*°*°*°*°*°*°* ... Minuit, dans une chambre d'hôtel. « Trésor ... -- Mm ... Non ... Pas comme ça ... --Si, tu es mon trésor ... Tu sais ? ... Pour le pari ... J'ai gagné ... Mon cher Draco ... « Ha ha ha ! Il va me demander d'aller à Poudlard avec lui à la rentrée ! Je ne lui ai pas encore dit, mais de toute façon, j'avais déjà décidé d'y retourner avec tous les autres. Ça va être un pari facilement perdu pour moi et gagné pour lui. Mais je me ferai prier un peu. Il ne doit pas croire qu'il m'a convaincu aussi vite ! Faisons durer le plaisir ! --Mon cher Draco ... --Oui ? --Dis-les moi. --Quoi ? Que veux-tu que je te dise ? --Les mots que j'attends. --Facile ! ...Mon cher Harry ... à la rentrée ... j'irai ... avec toi ... en voyage ... à ... Poudlard. --Non. Pas ces mots-là. Les autres. Ceux que tu ne m'as jamais dits. --Quels mots ? Je ne comprends pas. --Mais si ! Moi, je te les ai déjà dits souvent. Tu réponds « Moi aussi ». Dans tes lettres, tu écris « Idem ». Une fois, tu as même dit « Je te veux » Mais ces mots-là, tu ne les as jamais prononcés. --Oh ! C'est plus compliqué que je ne pensais. Ces mots-là ... Je ne les ai jamais dits à personne. Suis-je prêt à les dire ? A lui ? Hm ... Potter, on ne dit pas ces mots-là sur commande. --D'accord, je retire le pari. S'il te plaît, dis-les moi. --Il faut y croire vraiment. Ils ont valeur de serment, tu le sais ? Serment sorcier, serment imprescriptible ! Toi, tu prends peut-être ça à la légère, moi pas. --Oh ! Je comprends ! Enfin, moi, j'ai dit ces mots-là avec tout le sérieux possible. Mais si tu ne veux pas ... --Je n'ai pas dit ça ... --Ce n'est pas grave ... Je n'aurais pas dû te demander ... --Attends ! Je vais essayer ... Harry Potter, je ... je ... « Allez ! Vas-y ! » --Harry ... je ... Non, je ne peux pas. --... Ah ... Bon, tant pis, ce n'est rien, une autre fois peut-être ? Bonne nuit Draco. --Bonne nuit Harry. Soupir. *°*°*°*°*°*°*°*°*°*° ... Le matin. Il fait grand jour. Une chambre bien ordinaire. Un seul corps dans un lit. Deux yeux gris qui papillonnent un peu. Une seule baguette sur la table de chevet. Un carré de papier plié. Un message. « Rendez-vous le 31 août, dans le Magicobus pour Poudlard. H.P. » * ° * ° * ° * ° * ° - - - A suivre ... Mes idées vagabondes ayant encore frappé, il y aura un quinzième chapitre. Souhaitez que ce soit vraiment le dernier ... Et s'il vous plaît, reviewez ... |