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Ames soeurs
Par haniPyanfar
Harry Potter  -  Romance/Surnaturel  -  fr
18 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 9     Les chapitres     29 Reviews    
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Le verdict.

Ames sœurs.

Auteur : haniPyanfar

Même les Langues-de-plomb appartiennent à Madame J. K. Rowling via son traducteur Jean-François Ménard. ( gros soupir )

Rappel : Haute Cour de Justice Magique. Audience Malfoy Goyle.

Harry ouvre la bouche pour protester mais avant qu'il ait pu placer un mot, une voix s'élève dans le public.

« Moi, je sais où sont leurs baguettes. Je les ai retrouvées par hasard.. Elles sont ici, au bureau d'entrée de cette Cour de ... je ne sais pas si je dois dire Justice. »

Tous les regards se tournent vers un jeune homme qui vient de se lever au milieu des spectateurs. Harry et Draco échangent un rapide coup d'œil. Ils ne le connaissent pas. ... Cheveux châtains, les yeux marrons, de taille moyenne, d'apparence quelconque ... Ils ne l'ont jamais vu nulle part ... Qui est-ce ?

 

Chapitre 9

 

« Qui êtes-vous ? demande le Président de la Cour.

--Vous ne me reconnaissez pas parce que je suis sous Polynectar. Si j'avais gardé mon apparence normale, j'aurais été arrêté à l'entrée de cette salle. Je suis un Mangemort. Je suis Théodore Nott. »

A peine le jeune homme a-t-il prononcé ces mots que les sorciers assis ses côtés se lèvent et poussent leurs voisins pour fuir au plus vite. Dix baguettes magiques se pointent vers lui, celles des six jurés, du Président, du vieil appariteur, du greffier et de l'Auror de garde.

Nott ... Le nom lui-même inspire encore la terreur. Mais le jeune homme lève les mains et montre qu'elles sont vides.

« J'ai laissé comme tout le monde ma baguette au bureau d'entrée. Je ne suis pas armé. Le Polynectar cessera de faire effet dans quelques minutes. Je m'apprêtais à en reprendre mais je ne peux laisser mes frères d'armes seuls, face à des juges qui ne les croient pas. Je veux les rejoindre et témoigner à mon tour.

--Théo, murmure Draco en le regardant s'avancer vers eux. Tu n'aurais pas dû ... Tu étais libre ...

--Pourquoi Potter serait-il le seul à prendre votre défense ? J'ai suivi plusieurs procès, je sais comment ça se passe !

--Taisez-vous, Monsieur ... heu ...Nott, dit Madame Wright d'un ton froid. Nous vous interrogerons quand vous aurez repris votre véritable apparence. Auror, faites le nécessaire ! »

Le Président et les six Jurés se rassoient tout en gardant leurs baguettes pointées vers le nouveau venu. L'Auror fait apparaître un troisième fauteuil garni de chaines. Il tremble un peu et doit s'y reprendre à deux fois. Théodore prend place et se retrouve enchaîné aux côtés de ses camarades.

Harry, aussi surpris que les autres, n'a pas bougé. En silence, il admire le cran du Serpentard qui s'est jeté de lui-même dans la gueule du loup. Autour d'eux, la salle est bruyante, les cris, les protestations fusent mais le public se calme peu à peu et les commentaires se font en sourdine.

Rita Skeeter exulte, elle a son scoop de la journée. Les lecteurs de la Gazette commençaient à se lasser de ses comptes rendus. Il ne se passait plus grand chose pendant les procès. Seul, le récit détaillé des crimes commis par les Mangemorts éveillait un peu leur curiosité. La plume à papotes court sur le parchemin à toute vitesse et naturellement, le titre se veut accrocheur.

« Un Mangemort assiste en toute impunité aux audiences de la Cour de Justice ! Que fait le Ministère pour protéger les honnêtes sorciers venus y assister ? »

Les minutes passent et le visage du prisonnier commence à changer. Théodore Nott, dont le portrait est sur tous les avis de recherche des Mangemorts en fuite, apparaît, avec ses cheveux noirs légèrement ondulés, ses traits fins et ses yeux très bleus. Il n'y a aucun doute sur son identité. D'ailleurs, il relève sa manche et montre son bras gauche où une Marque noire se dessine peu à peu..

« Voyez-vous, Monsieur le Président, quand je suis sous Polynectar, la Marque s'efface, dit-il. Vous ne trouverez pas certains des Mangemorts que vous recherchez. Ne déclenchez pas pour rien une nouvelle chasse à l'homme.

--On ne vous demande pas votre avis, dit le Juré Stanfort, la main posée de nouveau sur ses journaux et parchemins. Tous les fidèles de Lord Voldemort seront pourchassés, partout où ils se cachent.

--Les partisans du Maître des Ténèbres qui n'étaient pas sur le champ de bataille n'ont pourtant pas grand chose à se reprocher, reprend Draco. Seuls les plus féroces l'avaient suivi pour attaquer Poudlard.. Et ceux qu'il gardait en otages. Mes parents, les pères de Vincent et de Grégory et nous ...

--Silence, Monsieur Malfoy ! Ne recommencez pas à nous raconter des histoires ! Voyons plutôt ce que ce jeune homme a à dire. Madame Wright ?

--Pour que nous soyons sûrs de votre identité, veuillez décliner vos noms, prénoms et ascendance.

--Théodore Valérius, fils de Adelphe Nott emprisonné à Azkaban et de Charlotte, née Rosier, mère au foyer. Elle n'a jamais participé à la guerre.

--C'est exact, nous n'avons aucune charge contre elle. Acceptez-vous de prendre du Veritaserum ?

--Non, Madame.

--Nous ne serons donc pas obligés de vous croire. Mais puisque vous avez assisté au début de l'audience, reconnaissez-vous avoir participé aux actions délictueuses reprochées aux accusés Malfoy et Goyle ?

--Oui, je faisais partie de la bande et j'étais avec eux quand les faits se sont produits.

--J'étais leur chef, ajoute vivement Draco. C'est moi le responsable.

--Nous étions tous d'accord, Draco. Nous avons agi ensemble, nous paierons ensemble.

--Où est votre complice ... Millicent je crois ... la fille du Mangemort Bulstrode ?

--Elle ne peut être présente. Elle est malade. Mais elle n'est coupable de rien. Pour prouver son innocence, elle m'a confié sa baguette magique qui se trouve parmi celles que j'ai déposées au bureau d'entrée. Dans une grande boîte de bonbons, précise-t-il en souriant un peu. J'ai donné le nom de Green et mon numéro est le 73.

--Bien. Auror, allez quérir les objets indiqués en prenant toutes les précautions nécessaires. »

Le public recommence à murmurer. Harry s'est de nouveau installé sur le banc des témoins. La famille sorcière le regarde d'un air hostile. Pourquoi leur cher Survivant, leur Héros, est-il venu défendre des Mangemorts ? Aurait-il le cerveau un peu fêlé ? Il n'y a pas si longtemps, le Ministère avait prétendu qu'il n'avait pas toute sa tête. C'est peut-être vrai après tout ...

Harry, lui, observe le Jury. Le Président parle à voix basse avec sa voisine. Le Juré Stanfort farfouille dans ses papiers d'un air absorbé. Les autres ont les yeux baissés. La sorcière blonde semble s'assoupir et la vieille demoiselle examine ses ongles. La toque du sorcier chauve glisse un peu sur son front.

Seul, le sorcier grippé regarde attentivement les trois accusés. Soudain, il se mouche avec un bruit de trompette dans un grand mouchoir blanc orné de pois verts et argent. Harry le regarde avec des yeux ronds. Ce Juré est un ancien Serpentard ! Il écoutera peut-être avec bienveillance les représentants de sa Maison. Y en a-t-il d'autres ?

Amedeo Dragnus était à Gryffondor, Harry le sait. Madame Wright est probablement une Serdaigle. Beaucoup d'élèves de cette Maison s'orientent vers les études de droit ou vers les sciences. Ah ! La vieille demoiselle porte au revers de sa cape une broche de Poufsouffle. Pour les trois autres, il n'y a pas d'indices précis.

L'Auror revient, tenant loin devant lui une longue boîte verte ornée d'une guirlande de petits cœurs et entourée d'un ruban argent. Dessus repose une baguette avec un carré de parchemin numéroté. L'homme porte des gants en peau de dragon et n'a pas l'air rassuré. On dirait qu'il transporte une bombe.

« Posez cela devant Monsieur Delbert, dit le Président. C'est notre spécialiste en baguettes magiques. »

Le Juré chauve lui lance un regard torve, redresse un peu sa toque et regarde suspicieusement les objets posés devant lui. Il hésite un peu puis s'adresse à Théodore Nott :

« Cette baguette vous appartient-elle ?

--Oui, Monsieur. Elle est en chêne et son cœur est un nerf de dragon.

--Nous vérifierons. Greffier, notez tous les renseignements donnés par l'accusé. »

Le silence se fait dans la salle. A son tour, le Juré Delbert conjure des gants en peau de dragon. Il saisit la baguette du bout des doigts et la pose à côté de la boîte . Il lance un nouveau coup d'œil vers le Président. Beau cadeau qu'il lui a fait là ! Il tire sur le ruban et le dénoue, hésite encore un peu et doucement soulève le couvercle.

Toute la salle retient son souffle. Théodore se permet un sourire. Baguettes brandies, les autres Jurés sont prêts à lancer des sorts de Destructio mais c'est un « Oh ! » de surprise qui leur échappe. La boîte contient tout un assortiment de chocolats, noirs, au lait ou emballés dans du papier doré. Ils ont diverses formes et sont sagement rangés les uns à côté des autres sur un plateau, dans de petites cases.

En fait, c'est une boîte de chocolats toute simple, une de celles que les Moldus ont coutume d'offrir pour les fêtes ou quand ils rendent visite à des amis. Les sorciers présents n'en ont pourtant jamais vu de semblables. Ce genre d'assortiments de bonbons n'existe pas dans leur monde.

La vieille demoiselle a tout à coup les yeux qui brillent. Ces chocolats ont l'air si appétissants ! Celui-là, par exemple, qui ressemble à un gros coquillage noir ... Elle tend instinctivement la main vers le bonbon convoité mais se fait repousser par son voisin qui lui dit d'un ton outré :

«Vous n'y pensez pas, Bertille ! Et s'ils étaient empoisonnés !

--Je vous assure que non, reprend Théodore d'une voix amusée. Mais ce que vous cherchez est en dessous des bonbons. »

Le Juré Delbert le regarde de travers puis il soulève le plateau contenant l'assortiment et découvre quatre baguettes magiques posées au fond de la boîte. Il soupire de soulagement. Ainsi, il n'y avait pas de piège. Le jeune sorcier n'a pas menti.

« Celle qui appartient à Millicent Bulstrode est en acajou et son cœur est une plume de harfang des neiges, continue Théodore.

--La mienne est en aubépine et crin de licorne, ajoute Draco.

--Et moi, elle est en hêtre avec le ventricule d'un cœur de Sombral, complète Grégory. Celle de Vincent était en charme, il y avait à l'intérieur une écaille de lézard de feu, quelque chose de très rare. Vincent y tenait beaucoup, c'était un cadeau de son parrain Eleazar. J'aimerais l'avoir en souvenir On peut la désactiver, ce ne serait plus qu'un simple morceau de bois. Ce serait dommage de la détruire.

--Vous perdez la tête, accusé Goyle, s'écrie le Juré Stanfort. Vous n'êtes pas près de revoir votre baguette, alors celle d'un autre ! Et d'abord, accusé ... heu ... Nott, -- votre nom m'écorche la bouche --, expliquez-nous où et comment vous avez mis la main sur ces baguettes qui ne vous appartiennent pas ?

-- Je les ai trouvées dans la bibliothèque du château Malfoy. J'y suis allé quinze jours après la bataille. Les Aurors me recherchaient et je devais rester libre pour m'occuper de mon amie Millicent. Elle avait besoin d'une potion qu'on ne trouve que sur le Chemin de Traverse. Il me fallait du Polynectar et je savais où se trouvait la réserve de Voldemort.

--Le Maître des Ténèbres se servait de Polynectar ?

--Oui, s'écrie Draco. Il se transformait et à la tête de ses fidèles, il attaquait des Moldus ou des sorciers qui lui résistaient. Il utilisait la baguette magique de ceux dont il prenait l'apparence. Il pouvait le faire grâce à un sortilège de magie noire.

--Mais pourquoi le Lord tout-puissant aurait-il fait cela ? Sa seule vue inspirait la terreur !

--Il aimait torturer et tuer lui-même. Mais il avait peur de LUI ! lance Draco d'une voix forte en désignant Harry du doigt. Oui, il avait peur de se trouver face à Potter et d'avoir à le combattre sans mise en scène grandiose. C'est pour cela qu'il a attaqué Poudlard. Il voulait tuer Potter, il voulait vaincre le Phénix mais surtout, il voulait détruire jusqu'au souvenir de Dumbledore. Voldemort avait la folie des grandeurs !

--C'était votre Maître et celui de votre père !

--NON ! Juste après sa réapparition peut-être mais pas ensuite ! Croyez-vous vraiment que tous les Mangemorts étaient en adoration devant lui ? Certainement pas ! Certains étaient sous Imperium. D'autres avaient tout simplement changé et le voyaient pour ce qu'il était, un Tyran mégalomane. Mais on ne quitte pas sans risque un tel Maître.

--Ils auraient pu le trahir et demander la protection du Ministère.

--Quelques-uns ont essayé. Vous souvenez-vous de Lilian Bildegard ? Il s'était rendu. Il en avait assez de cette guerre. Il avait négocié sa liberté contre quelques renseignements sur les Mangemorts. Il voulait émigrer en Australie. On l'a retrouvé massacré avec toute sa famille. Sa cachette a été vite découverte ! Et Voldemort a tenu à achever lui-même le traitre après une longue séance de torture. Il s'en est vanté en rentrant au château ! Y avait-il la trace de cette mort sur sa baguette ?

--Non, c'est le sieur Crabbe qui s'en est chargé.

--C'est faux, crie Grégory. Le père de Vincent n'y est pour rien. Voldemort avait pris son apparence !

--Et c'est lui aussi qui a tué Dennis Crivey et ses parents avec la baguette de mon père, » lance Draco.

Dans la grande salle d'audience, l'ambiance est devenue pesante. Un silence lourd plane à présent sur le public. On n'entend même plus la plume à papotes gratter le parchemin. Pour la première fois depuis le début des procès, des accusés ont l'occasion de s'expliquer, de parler de leur vie de Mangemort, de faire des révélations inattendues.

Les Jurés eux-mêmes sont stupéfaits. Jusqu'à aujourd'hui, ils ne se posaient pas de questions. Tous les Mangemorts étaient des serviteurs du Mal et ils les traitaient tous de la même façon. Accusés, interrogés sommairement, confrontés au Priori Incantatem de leur baguette et condamnés à Azkaban. La routine ... Maintenant, ils doivent remettre en cause leurs convictions et ce n'est pas facile.

L'ancien Serpentard hoche la tête, il a compris tout à coup bien des choses. Mais à côté du Président du Jury qui garde un visage froid, Stanfort pince les lèvres. Sa baguette magique le démange. Il ferait bien taire d'un bon Silencio ces trois jean-foutre qui sont passés du rôle d'accusés à celui d'accusateurs.

Mais où va le monde sorcier si on donne la parole aux serviteurs du Lord Noir ? Ils disent tous n'importe quoi !

C'est dans un silence total que la voix de Théodore s'élève à nouveau :

« Le Polynectar était sur un rayonnage de la bibliothèque, derrière les Contes de Beedle le Barde. Au même endroit, j'ai découvert ma baguette et celle de mes camarades. Je les ai prises pour les protéger. L'elfe de maison, Bugsy je crois, m'a dit qu'une employée du Ministère avait tenté de s'introduire dans le château et qu'elle devait y revenir bientôt pour une perquisition. J'ai lancé sur lui un sortilège d'Oubliettes. Il ne fallait pas qu'il me dénonce.

--Qu'aviez-vous à cacher ?

--Le lieu où réside Millicent Bulstrode. Elle n'a rien fait. C'est une victime parmi d'autres. Vous le constaterez en analysant sa baguette. C'est la raison pour laquelle je ne peux prendre de Veritaserum. Mais tout ce que j'ai dit, tout ce que mes camarades ont révélé, tout est vrai.

--Qu'est-ce qui nous le prouve ?

--Grégory est sous Veritaserum, il ne peut mentir.

--Pourquoi avoir attendu si longtemps pour révéler l'existence des baguettes ?

--Je comptais vous les faire parvenir au moment du verdict. Ça aurait été un beau coup de théâtre et vous auriez été obligés de réviser vos accusations. En venant ici aujourd'hui, je croyais que Draco était mort et je voulais défendre sa mémoire.

--Mais vous n'aviez pas l'intention de révéler votre identité.

--Non. C'est votre ... façon de rendre la Justice qui m'a fait changer d'avis. Le reste de Polynectar est dans ma poche. J'aurais pu m'échapper et vous ne m'auriez jamais retrouvé. Le cheveu que j'ai utilisé est celui d'un jeune Moldu que je ne connais même pas. Mais Millicent est en lieu sûr. Alors qu'importe ! Je partagerai le sort de mes deux amis.

--Merci Théo, souffle Draco à voix basse et Grégory approuve d'un signe de tête.

Le Président du Jury reprend la parole. Au son de sa voix, nul ne peut deviner ce qu'il pense de la scène qui s'est déroulée sous ses yeux.

« Nous allons faire examiner ces baguettes par les Langues-de-plomb du Département des Mystères. L'audience est levée. Elle reprendra cet après-midi à trois heures. Auror, emmenez les accusés dans l'annexe de la prison. »

La salle se vide lentement et à grand bruit. Il ne reste que Harry et ... Rita Skeeter. Elle se précipite vers lui. Il l'attend de pied ferme et ne lui laisse pas le temps de dire un mot.

« Qui vous a communiqué la nouvelle de la soi-disant évasion de Malfoy ? Qui vous a parlé de sa présence à Sainte Mangouste ? Qui vous renseignait sur ce qui se passait dans son château ? D'où tenez-vous vos informations, vraies ou fausses ?

--Une bonne journaliste ne révèle jamais ses sources, Potter.

--Il y a une taupe au Ministère alors. Qui est-ce ?

--Une taupe ? ... Qu'il est drôle, ce petit Griffondor ! Non mais, qu'il est drôle ! Ce n'est vraiment pas nécessaire ! Les gens sont prêts à donner tous les renseignements qu'ils possèdent pour quelques mornilles ! Ou pour avoir leur nom cité dans la Gazette ! Quelquefois même pour le simple plaisir de nuire à quelqu'un !

--C'est faux ! Vous mentez !

--Mais non, pauvre benêt ! J'ai des indicateurs partout et j'en suis fière ! J'en avais même chez les Mangemorts ! Le Lord était très content quand je parlais de lui dans la Gazette, surtout si je donnais d'horribles détails ! Chaque article sur lui ou sur ses serviteurs renforçait sa gloire et augmentait la peur des lecteurs. Même maintenant, son nom fait vendre autant que le tien, pauvre petit Sauveur du monde !

--Vous êtes un vautour, une hyène puante ! Vous vous vautrez dans le sang et le purin ! Vous êtes un monstre ! »

La voix a claqué fort dans la salle vide. Rita Skeeter s'est figée, immobile et muette. Elle a pâli sous les insultes. Un long moment passe avant qu'elle ne reprenne la parole. Harry, lui aussi blanc de rage et les poings serrés, reste stupéfait du changement qui s'opère soudain chez la journaliste.

Son visage s'adoucit, elle semble tout à coup plus jeune, plus fragile, moins agressive et elle murmure sa réponse d'un ton apitoyé :

« Harry ! Mon pauvre enfant ! Vous êtes un innocent. La hyène, ce n'est pas moi. Les vautours, ce sont tous ces gens qui vendent leur âme en même temps que leurs informations. Ce sont ces lecteurs qui brûlent leurs yeux en dévorant mes articles. Et ce sont surtout ceux qui n'aspirent qu'à plus de richesse ou plus de puissance. Ce sont eux les monstres. Je ne suis que leur miroir.

--Vous leur donnez vie !

--Ils existent, Harry, avec ou sans moi ! Le Bien et le Mal se confondent ! Le monde est pourri, accepte-le une bonne fois pour toute !

--NON ! C'est faux ! Il y a des braves gens partout ! Des courageux ! Des fidèles ! Des gens pour qui l'amitié compte plus que la richesse !

--J'ai perdu mes illusions à ce sujet depuis longtemps. Mais je t'admire de croire encore en la bonté humaine après tout ce que tu as eu à supporter. Tu es un vrai Héros, Harry, pas un Survivant de pacotille ... Mais ne crois surtout pas que cela m'empêchera de faire marcher ma plume à papotes.. C'est mon gagne-pain, Potter. A propos, où en es-tu avec Malfoy ? C'est le grand amour, on dirait ?

--Taisez-vous, vampire ! Un seul mot à ce sujet et je ...

--Tu feras quoi, Griffondor ? Tu me jetteras un Impardonnable ? Mais je te donne un répit. Je ne parlerai de vous que pour annoncer votre mariage. A bientôt dans la Gazette, Potter ! »

Elle s'éloigne en ricanant, laissant Harry au bord de l'explosion. Elle est folle, c'est ça, elle est folle !

° + ° + ° + ° + ° +

Dans l'annexe de la prison, en début d'après-midi.

Les trois prisonniers finissent leur repas sans laisser de restes. C'est pour deux d'entre eux nettement meilleur qu'à Azkaban. Ils échangent rapidement des nouvelles pendant que l'Auror de garde est sorti du couloir de surveillance, le temps de déjeuner lui aussi.

« Millicent ? Que lui est-il arrivé ? Pourquoi vous êtes-vous enfuis sans même nous prévenir ?

--Ce n'était pas prémédité, explique Théo, mais elle ne pouvait plus rester au château. Le sieur Bulstrode, ce salopard, était venu ce jour-là « donner » sa fille à Voldemort. Comme vous le savez, il n'a pas de fils, juste cinq filles, Millie, les deux jumelles qui devaient entrer cette année à Poudlard et deux plus petites. Il enrageait de ne pouvoir offrir à son Maître un combattant de plus.

--S'il avait su qu'à ce moment-là, on ne voulait déjà plus se battre pour lui !

--Il a donc fait « cadeau » de sa fille aînée à son Maître. Celui-ci pourrait en faire ce qu'il voudrait : sa servante, sa maîtresse, son esclave !

--Mais tout le monde sait que Voldemort détestait les femmes ! Il n'y avait que Bellatrix Lestrange qui trouvait grâce à ses yeux !

--Et ma mère était déjà son esclave, ajoute amèrement Draco. Il lui avait imposé cet horrible bracelet ...

--Justement ! La proposition de Bulstrode a fait rire Voldemort. Il avait envie de « s'amuser » ce jour-là. Il avait découvert qu'on lui racontait des bobards et que nos expéditions n'étaient pas si glorieuses que ça. Il nous avait déjà fait subir quelques Doloris.

--Et il avait confisqué nos baguettes ! Il avait dit que pendant trois jours, on verrait ce que c'était que vivre comme des Moldus ! Je m'en rappelle maintenant !

--L'idée de mettre un bracelet d'esclave à Millicent a paru le réjouir. Il nous a dit d'aller mettre nos plus beaux habits de sorcier, il a ordonné à Millie de porter une robe blanche...

--Et nous avons obéi ... J'en ai encore honte aujourd'hui ...

--Mais Millie s'est révoltée. Quand je suis sorti de ma chambre, je l'ai rencontrée dans le couloir. Elle portait une cape noire et tenait un petit sac à la main. Elle avait l'air terrifiée. Elle m'a dit qu'elle ferait tout pour échapper à son sort, qu'elle se sauvait. Je lui ai proposé de l'aider à sortir du château par une porte dérobée et à s'enfuir par le parc.

--Vous n'avez pas rencontré les Mangemorts de garde ?

--Ils ne nous ont pas vus. Et Millie m'a proposé de partir avec elle. Hors du parc, elle pouvait transplaner. Elle avait encore sa baguette, elle ne faisait pas partie de notre expédition. Sur un coup de tête, j'ai accepté. Je ne pouvais pas la laisser seule. Elle m'a tenu par le bras et elle était tellement furieuse que sa magie a très bien fonctionné. Nous sommes arrivés dans la banlieue de Londres.

--Mais elle savait déjà où aller ?

--Oui. Vous ignorez sans doute que Bulstrode a une sœur Cracmol mariée à un Moldu. Il ne s'en est pas vanté devant son Maître ! C'est chez elle que nous sommes allés. Nous avons atterri dans son jardin. Heureusement, son crétin de frère ne sait pas où elle habite. Nous étions en sécurité. Elle et son mari nous ont accueillis à bras ouverts. Ce sont des gens formidables !

--Vous avez eu beaucoup de chance ! Mais pourquoi dis-tu que Millicent est malade ?

--En fait, elle n'est pas malade. Elle est ... enceinte.

--Enceinte ? Mais de qui ?

--C'est une triste histoire. Vous vous souvenez de Arctarus Flint, le frère aîné de Marcus ? Lui et Millicent sont vaguement cousins, au troisième ou au quatrième degré. Il était Mangemort. Ils sont tombés amoureux l'un de l'autre. Quand Millicent venait au château, ils se retrouvaient dans la cabane des forestiers. Il voulait l'épouser après la guerre.

--On en rêvait tous, de l'après-guerre !

--Lui n'a pas eu la chance de la voir. Il a été tué par un Auror lors d'une des stupides expéditions de Voldemort contre un village moldu. C'est lui le père de l'enfant. Mais les Flint refuseront sans doute de le reconnaître. Marcus était sympathisant Mangemort mais il ne porte pas la Marque. Il n'a probablement pas envie d'avoir un neveu qui revendiquerait son héritage. Pour lui, ce ne sera qu'un bâtard.

--De quand date la grossesse de Millie ?

--De six mois. Ça ne se passe pas trop bien. Elle est dépressive. Elle est obligée de rester couchée la plupart du temps. Enfin, je n'y connais pas grand chose. Mais sa tante prend bien soin d'elle.

--Et toi, qu'as-tu fait pendant tout ce temps ?

--Vous ne le croirai jamais ! Je travaille chez MacDo !

--Quoi ? MacGo t'a embauché ? Mais pour quoi faire ?

--Pas MacGo, MacDo ! C'est un endroit où on prépare des hamburgers, des sandwichs avec du pain, de la salade, du fromage, de la viande et de la sauce. C'est assez bourratif. Mais les gens ont l'air d'aimer ça. En fait, je suis serveur dans une sorte de restaurant.

--Serveur ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

--Hé bien, je suis derrière un comptoir, les Moldus commandent ce qu'ils veulent manger, je les sers, ils paient à la caisse et ils vont s'installer à une table avec leur plateau rempli de nourriture et de boisson, un truc noir et pétillant. J'en au bu une fois, le goût est assez bizarre. En tout cas, si vous voulez connaître la vraie vie des Moldus, c'est là qu'il faut aller ! Ah c'est trop drôle !

--Qu'est-ce qu'ils font ?

--Hé bien, ils viennent en famille et les enfants moldus sont les mêmes petits monstres que les enfants sorciers. Ils font autant de bêtises, ils sont capricieux et bavards, pas toujours très obéissants mais ils aiment rire et s'amuser. Leurs parents ne sont pas très sévères, ils les gâtent trop. C'est étrange, ils sont plus libres que nous. Il est vrai que chez eux, il n'y avait pas la guerre.

--Mais Voldemort a souvent attaqué des Moldus !

--Leurs journaux et leur télévision n'en parlent pas ou alors ils disent qu'il s'agit d'accidents ou quelquefois d'attentats. Les Moldus se savent pas que les sorciers existent vraiment et qu'un Lord Noir voulait conquérir notre monde et détruire le leur. Tout est différent vu de leur côté.

--On dirait que tu les regrettes !

--Oui, un peu. J'ai appris beaucoup de choses en vivant parmi eux. Ils n'emploient pas la magie mais ils sont très malins. Ils ont inventé des tas de machines qui leur rendent bien des services, même pour voyager. Evidemment, c'est moins rapide qu'un Portoloin, la Poudre de Cheminette ou un bon transplanage. Mais ça marche !

--Où as-tu été ?

--Hé bien, j'ai dû prendre le train pour aller chez toi, Draco. Je n'avais plus de baguette, donc je ne pouvais pas transplaner. Et je ne voulais pas être reconnu par un sorcier de passage. Je n'avais pas encore retrouvé le Polynectar. C'était une véritable expédition.

--Le manoir Malfoy n'est pas si difficile à trouver pourtant, on le voit de loin !

--Pas quand on voyage comme un Moldu. Tu oublies les sorts de protection. Jusqu'à Salisbury, j'ai pris un train, un peu comme le Poudlard Express mais il marche à l'électricité, pas à la vapeur. Ensuite, comme le château est proche de Stonehenge, je suis monté dans un autocar de touristes, des Japonais, pour être sûr qu'ils ne connaissaient pas mon visage et de là, j'ai fait du stop.

--Tu dis Stop et les gens s'arrêtent comme avec un Petrificatus ?

--Non, pas les gens, les voitures ! Tu fais un signe comme ça avec ton pouce et il y a des automobilistes-- oui, j'ai aussi appris plein de mots étranges --, enfin des gens très gentils qui te font faire un bout de route avec eux. Je suis tombé sur un couple charmant et quand j'ai senti la magie du château toute proche, j'ai fait le reste du chemin à pied. Heureusement pour repartir, j'avais ma baguette et les vôtres.

--J'irais bien faire un petit séjour chez les Moldus, moi. Ça a l'air marrant, dit Grégory avec envie.

--Moi aussi, soupire Draco, mais ce n'est pas demain la veille ! On va plutôt prendre des vacances à Azkaban. Théo, tu n'aurais pas dû te dénoncer. C'est assez horrible, tu sais !

--Ben moi, j'espère que Potter va nous aider. Il t'a à la bonne, Draco. Il n'était pas obligé de venir nous défendre.

--Potter et toi ... reprend Théo d'un air songeur. J'ai été surpris de le voir à l'audience. Il a beaucoup changé, en mieux. Il est beau, il parle bien, il a l'air beaucoup plus mature. Tu devrais être un peu plus aimable avec lui.

--L'habitude, que veux-tu ... »

L'Auror revient. Ils se taisent tous les trois. Et Draco rêve ... Harry ...

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Haute Cour de Justice Magique. Audience Malfoy, Goyle et Nott. L'après-midi.

_ - _ - _ - _ - _ - _

« Mesdames et Messieurs, veuillez vous lever. La Cour. »

Le public est encore plus nombreux que le matin. Les spectateurs sont tassés sur les gradins. Un homme portant cape et capuchon rabattu a pris place au bout du dernier rang. Comme il a sa baguette magique en main, ses voisins le soupçonnent d'être Auror et de surveiller le bon déroulement du procès.

Tout en bas s'est installée une personnalité connue. Madame Ombrage, la Sous Secrétaire d' Etat, est venue assister à la sentence. Son but est proche. Elle a un peu discuté avec les Jurés après le déjeuner et leurs avis sont partagés, mi figue de Barbarie, mi raisin de Corinthe. Elle ne sait pas encore de quel côté penchera la balance mais tous les espoirs lui sont permis.

Elle se voit déjà parader dans le château de Lucius, ce même Lucius qui lui a fait affront du temps où elle était encore Mademoiselle Dolorès Jane Castillo, fille d'une sorcière de Sang Pur et d'un beau Moldu espagnol.

Elle était pourtant à Serpentard comme lui et sa mère était apparentée à la noble famille des Peverell, eux-mêmes cousins éloignés des Gaunt, les derniers descendants de Salazar Serpentard. Son arbre généalogique était exempt de toute impureté jusqu'à ce que sa mère tombe amoureuse au cours d'un voyage en Espagne !

Mais elle, Dolorès, n'était jamais invitée aux réceptions des Malfoy. Ils la méprisaient et elle les avait entendus une fois se moquer d'elle. Elle n'était peut-être pas très jolie mais à l'époque, elle portait exclusivement du vert et argent. Maintenant, elle aimait le rose, cette couleur lui allait mieux au teint.

Elle avait attendu longtemps le moment de la vengeance. Car même après son mariage inespéré avec le vieux Thadeus Ombrage, défunt depuis cinq ans, elle n'avait pu franchir en invitée la grande grille du château. Et la dernière fois qu'elle avait voulu forcer la porte, les elfes l'avaient accueillie en déversant sur sa tête un grand seau d'eau glacée.

Crétins d'elfes ! Elle leur offrirait les plus vieux et les plus sales habits qu'elle trouverait et elle les ferait déguerpir ! Et après ... Ah après ! ... Ce serait une douce revanche ! ... Heu ... L'orphelinat pourrait attendre encore un peu ! ....

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Le Président et les six Jurés ont repris leur place. Les trois prisonniers leur font face mais cette fois, ils ne sont pas enchaînés. Harry s'est de nouveau installé sur le banc des témoins, s'attirant des regards soit admiratifs, soit réprobateurs. Madame Wright agite sa clochette et le silence se fait. Tous attendent le verdict, prêts à applaudir ou à protester.

« Accusés Goyle, Malfoy et Nott, dit le Président, vos baguettes ainsi que celle de vos complices Bulstrode et Crabbe ont été testées grâce au Priori Incantatem. Il s'avère qu'aucun de vous n'a commis de crime de sang. Vous échappez donc à l'emprisonnement à vie à Azkaban. »

Quelques soupirs de soulagement mais aussi quelques cris hostiles se font entendre. La voix froide du Président ramène le silence.

« Cependant, vous avez fait allégeance au Maître des Ténèbres, vous avez combattu pour lui contre les Forces du Bien. Vous devez donc subir un juste châtiment.»

Le mot « juste » résonne de façon différente aux oreilles des personnes présentes. Pour beaucoup, il évoque un couperet, pour quelques-uns, il est source d'espoir.

« Nous avons pris la peine d'étudier le cas de chacun de vous en particulier, notamment pour déterminer quelle sera votre contribution financière à la réparation des dommages de guerre. Votre complice, Millicent Bulstrode, n'a commis aucun délit. Sa baguette est vierge. Mais le fait qu'elle ne se soit pas présentée à l'audience ne plaide pas en sa faveur. Nous n'avons pas pu vérifier la présence ou non de la Marque.

--Elle ne la porte pas, dit Théo.

--Ne m'interrompez pas, Nott ... Hm ... Par contre, son père, Wolfram Bulstrode, était un redoutable Mangemort. Il finira ses jours à Azkaban. Votre autre complice, Vincent Crabbe, étant décédé, l'action en justice contre lui est éteinte. Son père est en prison et ses biens ont déjà été confisqués. Ce chapitre est clos.

--Mais le père de Vincent est innocent des crimes révélés par sa baguette. Il était otage du Lord !

--Silence Goyle ! N'aggravez pas votre cas par des affirmations mensongères. Votre baguette porte quelques traces suspectes. Nous vous soupçonnons d'avoir tenté de tuer quelqu'un et d'avoir raté votre sortilège. Mais si réellement votre père est mort à Azkaban faute de soins, nous ne ferons pas de recherches plus approfondies. »

« C'est le premier signe d'indulgence que montre ce Jury, pense Harry. C'est peut-être bon signe.»

« Accusé Nott, le fait que vous vous soyez livré à la Justice est un bon point pour vous, même si vous l'avez fait pour tenter de sauver vos complices. Votre baguette non plus n'est pas intacte. Elle nous a causé une grosse frayeur. Vous avez tué une Acromantule et sa réapparition, même sous sa forme fumeuse, a failli causer une crise cardiaque à Monsieur Delbert.

--Mais c'était à Poudlard, il y a longtemps ! J'étais allé dans la Forêt Interdite. L' Acromantule m'a attaqué, c'était elle ou moi !

--Passons ! Votre père est à Azkaban. Vous n'allez pas prétendre vous aussi que c'est un Saint et qu'il n'a rien fait de mal ?

--Non, Monsieur le Président. Mon père est un vrai Mangemort. Même en prison, il doit encore vénérer son Maître

--Vos biens sont déjà sous séquestre, nous examinerons seulement si une petite part peut vous revenir malgré tout, pour services rendus à la Justice sorcière. Quant à vous, accusé Malfoy, vos parents étant tous deux décédés, vous devriez être l'unique héritier de leurs biens. Mais vous avez reconnu vous-même être le chef de votre bande. Votre peine sera donc plus lourde que celle de vos camarades.

--Monsieur le Président ...

--Taisez-vous, Monsieur Potter, votre présence ici est inopportune. Nous avons déjà voté et par six voix contre une ...

--En tant que témoin de la défense, je demande la parole.

--Refusée, répond le Président d'une voix forte.

--Accordée, dit une voix dans le public.

L'homme assis au dernier rang se lève et repousse son capuchon. Une rumeur confuse parcourt la salle. Rufus Scrimgeour ... Le Ministre de la Magie lui-même ! C'est une surprise ! En vertu de la séparation des pouvoirs exécutifs et judiciaires, il n'assiste jamais aux audiences. D'ailleurs, le Président du Jury n'a pas l'air spécialement heureux de le voir.

« Vous condamnez un peu trop vite, Monsieur Dragnus. Les décisions prises après un bon repas bien arrosé manquent parfois de discernement. J'aimerais entendre ce que Monsieur Potter a à dire. On ne peut le soupçonner d'alliance avec l'ennemi. Et je trouve que la présence de témoins de la défense est une bonne idée. La Justice sorcière est un peu trop expéditive. Vous avez la parole, Monsieur Potter. »

Le Président se renfrogne, les Jurés, mal à l'aise, s'agitent sur leurs chaises. Seul, le Serpentard grippé sourit. Scrimgeour est un ancien Auror, un homme sévère, peu porté sur le vin et la bonne chère. Ça se voit !

Harry vient se placer près des trois prisonniers. Etrangement, Malfoy lui lance un coup d'œil hostile. Qu'est-ce que le Survivant va encore inventer? Ne lui est-il donc pas assez redevable ?

« Monsieur le Ministre, Monsieur le Président, Mesdames et messieurs les Jurés, il est un point que vous n'avez abordé à aucun moment au cours de ce procès. Les accusés ont des torts, c'est un fait, des torts assez légers à mon avis ...

--Ils ont mis le feu à une école !

--A ce qui restait d'une école après vandalisme ! Mais je veux rappeler une chose importante. A la fin de la bataille, Draco Malfoy m'a sauvé la vie. Je tiens à lui exprimer ma reconnaissance.

--Monsieur Potter, vous avez dit à plusieurs reprises que vous ne vous souveniez pas de ce qui s'était passé après avoir lancé l'Avada sur Lord ... heu ... Voldemort.

--C'est exact, Monsieur le Président, je me souviens seulement d'un grand choc Mais il y a une preuve que personne parmi vous n'a vue : la trace sur nos cous du sortilège qui nous a frôlé tous les deux. Nous allons vous la montrer.

Harry dégrafe sa cape, sa robe de sorcier et ouvre l'encolure de sa chemise. A la base de son cou, une ligne noire apparaît.

--Malfoy, je t'en prie.

De mauvaise grâce, Draco fait de même. Théo écarquille les yeux. La même trace noire, juste un peu plus bas sur l'épaule et plus longue aussi, apparaît à son tour.

--Ça ne prouve rien ! Quelles étaient vos intentions, Malfoy, quand vous vous êtes mis devant le Survivant ? Je vous rappelle que vous avez refusé de prendre du Veritaserum. Si maintenant vous venez nous dire que c'est par amour pour Harry Potter, nous ne vous croirons pas !

--Par ... amour pour le Balafré ? Jamais de la vie ! Merlin m'en préserve ! Je ne voulais pas que Voldemort gagne en tuant Potter. C'est tout ! Je n'allais pas laisser la victoire à ce misérable !

--C'était votre Maître et celui de vos parents !

--NON ! LES MALFOY N'ONT PAS DE MAITRE !

--MURMURA VOCE ! Ces Mangemorts sont d'un orgueil incroyable ! Hurler ainsi en pleine Cour de Justice ! ... Ces marques ne prouvent rien Monsieur Potter. Vous avez entendu l'accusé. Il vous a sauvé la vie par vengeance, pas par bonté d'âme. Il vous haïssait, ne l'oubliez pas.

--Tout de même, dit la Juré blonde qui n'a pas dit grand chose jusque maintenant, j'aimerais vérifier quelque chose. J'écris en ce moment un mémoire sur l'histoire de l'Avada, les grands sorciers qui l'ont utilisé et ceux qui en sont morts. Vous figurez bien sûr dans cette étude, Monsieur Potter, puisque vous êtes la seule personne à avoir survécu au sortilège. Mais je voudrais faire une petite expérience. Puis-je, Monsieur le Président ?

--Faites, Madame Hoggs, faites, répond-il d'un ton rogue.

--Monsieur Potter, Monsieur Malfoy, veuillez vous mettre l'un devant l'autre pour que je puisse vérifier la trajectoire du sortilège.

Draco n'étant pas enchaîné, il se lève de mauvaise grâce et vient se placer devant Harry.

--Cette petite séance n'était pas prévue, murmure-il à voix si basse que c'est à peine si Harry l'entend. .

--Je n'y peux rien. Et ce n'est pas si désagréable !

--Rapprochez-vous encore, vos têtes doivent presque se toucher. Voilà, ne bougez plus.

--Tu me le paieras, Potter, souffle la voix murmurante

--Mais oui, mais oui ! Tu sais quoi ? Tu sens bon ! »

Leurs deux corps ne sont séparés que par un minuscule espace. Ils sentent la chaleur de l'autre à travers la mince épaisseur des vêtements. Ils se regardent, affamés. Pendant ce temps, Madame Hoggs, qui n'a pas fait pas attention aux paroles murmurées, approche sa baguette magique horizontalement des deux traces noires dans le but de vérifier leur alignement.

Un hurlement retentit. « NON ! » crie Rufus Scrimgeour. Mais il est trop tard. Une lumière verte jaillit de la baguette à ses deux extrémités, traverse la salle et rebondit de mur en mur. Le bruit sourd d'une explosion retentit. De la fumée commence à obscurcir les lumières et à piquer les yeux et la gorge.

Toutes les personnes présentes se sont jetées à terre ou sont tombées de leurs gradins ou de leurs sièges. Les spectateurs sont un peu empilés les uns sur les autres. Seul, Scrimgeour, sa baguette tendue, est encore debout. Rita Skeeter, échouée entre deux bancs, s'aperçoit soudain que sa plume à papotes est brisée en deux. Dolorès Ombrage a roulé sur le sol, cul par dessus tête.

Les membres du Jury, le greffier et l'appariteur se sont cachés derrière le grand bureau placé devant eux. La tête du Juré grippé dépasse un peu, le pauvre tousse à fendre l'âme. L'Auror lui-même est accroupi près de la porte, l'air peu rassuré.

Théo et Grégory se sont aussi jetés au sol. Ils regardent avec stupeur Madame Hoggs, étendue près d'eux, les yeux grands ouverts et la figure noircie,. Sa robe et sa cape sont déchirées et brûlées par endroits et sa perruque blonde a volé à plusieurs pieds de là, révélant ses rares cheveux grisonnants. Elle a l'air stupide mais elle est vivante.

« Ne vous affolez pas, crie Scrimgeour, ce n'est qu'une rémanence du sortilège. Il n'y a aucun danger. Rasseyez-vous, je vais dissiper la fumée et vous verrez qu'il n'y a rien à craindre. Evanesco, ajoute-t-il en décrivant un grand cercle avec sa baguette.

Lentement, la fumée tournoie et disparaît. Les gens médusés se relèvent lentement et leurs regards se fixent sur un étrange spectacle.

Harry Potter et Draco Malfoy sont serrés dans les bras l'un de l'autre, joue contre joue, les yeux clos. Ils sont enveloppés d'une lumière blanche. Leurs pieds ne touchent pas terre. Ils s'élèvent en spiralant doucement jusqu'à atteindre le centre de la salle puis redescendent tout aussi lentement. Leurs cheveux flottent autour de leurs visages lumineux. Ils sont divinement beaux.

Ils posent le pied sur le sol. La lumière blanche diminue peu à peu et s'éteint. Tout redevient normal. Ils ouvrent les yeux et s'écartent l'un de l'autre. Le blond a l'air furieux mais il ne peut protester à voix haute. Le brun sourit un peu. Les spectateurs pourraient croire qu'ils ont rêvé si Madame Hoggs ne se relevait pas péniblement, aidée charitablement par Théo et Grégory.

Rufus Scrimgeour descend les gradins, s'approche d'elle et prononce un Reparo qui fait disparaître les dommages causés à ses vêtements et rappelle sa perruque. Puis il s'adresse aux Jurés qui se réinstallent en époussetant leurs robes et leurs capes :

« Quoi qu'en dise Monsieur Malfoy, à qui je rendrai ensuite sa voix, il s'est bien passé quelque chose entre lui et Monsieur Potter à la fin de la bataille. Pensez-y avant de formuler votre verdict. Je vous laisse. Je n'ai pas à intervenir à ce niveau. Pas de protestations stupides, Monsieur Malfoy. Finite Incantatem. »

Le Ministre sort en faisant à Harry un discret signe de la main. Ainsi, il est au courant de bien des choses mais comme tous les puissants du monde, il doit donner de lui-même une certaine image. Rita Skeeter a tort, tout n'est pas pourri, dans le monde sorcier comme dans l'autre.

« Le Jury se retire pour délibérer, dit le Président d'une voix encore un peu tremblante.

* ° * ° * ° * ° * °

Une demi-heure plus tard, le verdict.

« ... considérant les faits suivants :

-En premier lieu, les accusés Goyle, Malfoy et Nott ont reconnu avoir été Mangemorts et avoir servi le Maître des Ténèbres dont ils portent la Marque. Cependant, l'examen de leurs baguettes n'a révélé aucun crime de sang. Ils ne seront donc pas envoyés à Azkaban.

-En second lieu, ils ont avoué être coupables de divers méfaits ayant entraînés des dommages matériels importants dans le monde moldu et, dans une moindre mesure, dans le monde sorcier. Ils sont donc condamnés solidairement à indemniser les victimes et à payer une amende dont le montant leur sera communiqué ultérieurement.

-En troisième lieu, leur chef, Draco Severus Malfoy, ayant mystérieusement sauvé d'une mort certaine Harry Potter, l'Elu du monde sorcier, la Haute Cour de Justice a décidé de faire preuve d'indulgence et par quatre voix contre trois ordonne ceci :

-Les accusés Goyle, Malfoy et Nott ainsi que leur complice Bulstrode sont bannis de toutes les enclaves sorcières d'Angleterre pour une période probatoire d'une durée indéterminée, le temps que la Cour des Comptes fixe le montant des sommes à prélever sur leur fortune et leur patrimoine.

-Ils devront pendant tout ce temps vivre comme des Moldus sans commettre le moindre méfait et sans faire connaître leur état de sorcier. Leurs baguettes et celle de leur complice Bulstrode sont confisquées et ne leur seront rendues qu'après ladite période probatoire.

Le présent jugement est exécutable immédiatement. Les accusés devront avoir quitté le territoire sorcier au plus tard demain à minuit. Dont acte.

° * ° * ° * ° * ° *

La salle se vide lentement. Ceux qui ont assisté à l'audience d'aujourd'hui vont avoir des nouvelles croustillantes à raconter. Rita Skeeter aura plus de mal qu'eux. Les plumes à papotes sont introuvables en ce moment sur le marché. C'est la pénurie avec tous ces procès !

Harry se dirige vers la petite salle où doit avoir lieu la remise en liberté des trois ex prisonniers. Quelques signatures au bas d'un parchemin et leur cauchemar sera terminé. Enfin presque ! Qu'est ce que c'est que cette sentence à la noix ? Les condamner à vivre comme des Moldus ! Qui a bien pu souffler au Jury une idée pareille ?

Harry avait espéré une relaxe pure et simple ! Il trouve Draco en compagnie du Juré Serpentard.

« Ne vous inquiétez pas Monsieur Malfoy. Ce ne sera pas long, entre un et trois mois tout au plus. Savez-vous que nous sommes cousins éloignés, à la fois du côté des Black et du côté des Malfoy ? Je m'appelle Guilbert Nigellus. Ce nom doit figurer au moins trois fois dans votre arbre généalogique ... ».

« Et patati et blablabla ... Ah ces Serpentards ! Dès qu'il s'agit de compter leurs ancêtres, ils n'en finissent pas ! pense Harry. »

L'importun Juré s'éloigne enfin. Le Gryffondor est seul avec les trois Serpentards privés de magie. Goyle a l'air tout déboussolé. Nott fait meilleure figure. Malfoy se tourne vers Harry et demande d'une voix polaire :

--Potter ! Que veux-tu ? Encore envie de jouer au Sauveur ?

Un soupir ...

--Malfoy, j'ai une solution à vous proposer.

--Voyez-vous ça ! Je ne t'ai rien demandé !

--Malfoy ...

--Nous nous débrouillerons sans ton aide précieuse !

--Malfoy je ...

--Lâche-nous la grappe !

--Putain ! Draco ...

--Casse-toi ! Tu me pompes l'air !

--Ah oui ? Chiche !

Deux pas. Harry prend entre ses mains le visage de Draco et pose un court instant ses lèvres sur la bouche entrouverte. Puis il recule aussi prestement.

Un long silence ... Théo et Greg, ébahis ... Deux regards qui s'affrontent ... Un soupir exaspéré ... Puis ...

--D'accord, emmerdeur de première ! Crache le morceau !

--Tsss Tsss Tsss ! Monsieur Malfoy ! Quel langage ! Donc je disais : j'ai une solution à vous proposer ...

-

A suivre .

 
 
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