Chapitre 11 De temps à autre lorsqu’ils avaient le temps, Julien venait faire des dessins à l’orphelinat avec les enfants, François de la lecture et Simon du sport. Ça leur permettait de passer du temps en compagnie des jumeaux et de rendre les petits pensionnaires fous de joie. Le jour de la Saint-Nicolas, Julien et ses amis s’y rendirent tous ensemble et firent la fête avec les enfants. Les petits adoraient Tristan, ils ne le lâchaient jamais et ça lui plaisait. Il n’aurait changé de boulot pour rien au monde. Les petites filles se pendaient à son cou sans arrêt et se disputaient pour savoir laquelle il épouserait quand elles seraient grandes. Elles le trouvaient très beau et lui les trouvait adorables. Lucie se plaisait aussi mais son mi-temps lui suffisait, elle était décidée à devenir professeur de français comme François mais elle visait plutôt des lycéens. Simon observait Julien et son petit ami depuis un bon moment. Il n’avait plus jamais critiqué le choix de son voisin, mais plutôt opté pour la surveillance à distance. Il se souvenait de l’enfant fragile et blessé qui était venu habiter à côté de chez lui, bien des années auparavant. Il l’avait tout de suite pris sous son aile, l’avait vu changer et retrouver goût à la vie. Le jeune Polet était redevenu souriant et animé, mais il avait gardé un fond de tristesse dans le regard. Maintenant qu’il l'étudiait depuis quelques temps, Simon se rendait compte que depuis l’arrivée du professeur dans la vie de son ami, cette tristesse avait disparu. Julien ne prenait en effet plus de médicaments depuis quelques temps et ne faisait presque plus de cauchemars. Il appréhendait toujours le moment ou ils allaient passer à l’acte, mais il avait confiance en François. Il était même sûr qu’il finirait par ne plus faire de cauchemar du tout grâce à lui. Simon devait bien admettre que tout cela était sans doute dû à monsieur Nelson. Il ne le brusquait pas et n’avait apparemment jamais rien tenté de plus osé qu’un baiser, il le laissait venir à lui. Simon appréciait beaucoup l’attitude de l’enseignant et même s’il avait essayé de le détester, il n’y était pas parvenu. Ils s’entendaient finalement très bien. Les jumeaux, quant à eux, vivaient toujours chez Julien, le bureau était devenu la chambre de Tristan, pour qu’ils aient chacun la leur. Ils contribuaient financièrement aux frais de la maison et pensaient se prendre un petit appartement ensemble quand Tristan se sentirait tout à fait bien. Enfin, aussi bien que possible dans cette situation. Ils passèrent tous un très bon moment en ce jour de fête et voir Tristan rire de cette façon les rendait particulièrement heureux. François profita de l’ambiance festive pour inviter Julien à dîner chez lui le lendemain. Il lui proposa par la même occasion de passer la soirée ensemble et que le jeune homme reste pour la nuit. Le professeur le rassura immédiatement en lui disant qu’il lui laisserait sa chambre et que lui dormirait sur le canapé. Il ne voulait pas qu’il se sente piégé et angoissé avant même que la soirée ne commence. L’étudiant accepta, très heureux à l’idée de pouvoir passer autant de temps en compagnie de son petit ami. Et si la situation venait à déraper, il aviserait. Il était un peu inquiet bien sûr, mais en même temps très excité. Le soir en question, François avait préparé un bon repas, la totale. Il voulait impressionner Julien avec ses talents culinaires et y réussit parfaitement. La majeure partie du dîner se passa dans le silence, les yeux dans les yeux. Pas beaucoup de paroles exceptés les multiples compliments de Julien envers le cuisinier. Le jeune homme le prévint même que si c’était aussi délicieux à chaque fois, il s’inviterait régulièrement. Son petit ami lui répondit qu’il était le bienvenu et que le but recherché était, en fait, qu’il devienne accro au point de ne plus savoir se passer de lui. Ils débarrassèrent la table en riant et laissèrent la vaisselle pour le lendemain matin. Ils la feraient ensemble après avoir pris leur petit déjeuner. Ils s’installèrent devant Les experts, Julien était littéralement fan de cette série. Pour leur première véritable soirée ensemble, il y avait mieux. Mais faire plaisir au jeune homme, était la seule chose qui comptait aux yeux de François. Lui, il était bien blotti dans les bras de son chéri, peu importe ce qui passait à la télé. Pendant les publicités, le professeur se rendit compte que son petit ami ne suivait absolument pas l’histoire, il était on ne peut plus pensif. « Est-ce que ça va ? Tu veux qu’on regarde autre chose ? » demanda l’enseignant. « Non, j’adore cette série. Et toi tu aimes au moins ? » s’inquiéta seulement l’étudiant. « Oui beaucoup et avec tes bras autour de moi, elle me paraît encore beaucoup mieux ! C’est marrant quand même, c’est moi l’aîné mais c’est toujours toi qui me chouchoutes », s’amusa François. Amusement qui retomba vite lorsqu’il remarqua que Julien n’avait même pas esquissé un sourire et qu’il avait même plutôt l’air agacé, ou triste. Le jeune homme regarda alors son petit ami dans les yeux et lui dit : « Pas assez visiblement… » « Quoi ?! Qu’est-ce qu'il te prend ? » demanda le professeur qui ne comprenait vraiment pas ce qui se passait. Que voulait dire Julien au juste ? À quoi était dû ce changement d’attitude ? Il ne regrettait pas quand même ? Il n’allait pas le quitter ? « J’aimerais tellement te rendre heureux François ! Mais depuis qu’on se connaît, ton regard est toujours tellement amer et tu es constamment perdu dans tes pensées. Je pensais que tu irais mieux, quand on est rien que tous les deux tu as l’air bien et dès qu’on sort tu redeviens aussi triste. Est-ce que je m’y prends mal ? Je ne fais peut être pas ce qu’il faut pour que tu te sentes mieux ? Ça irait peut être mieux si… Tu veux qu’on le fasse ? Enfin, je veux dire… tu comprends quoi… » proposa le jeune homme. « Ça suffit ! » le coupa l’enseignant, en colère. Comment le jeune homme pouvait-il croire que le sexe avait quelque chose à voir là dedans. Le croyait-il aussi superficiel ? Sa subite mauvaise humeur devait se voir parce que l’étudiant se tut et détourna même le regard. Réalisant qu’il avait blessé son aimé sans le vouloir, le professeur tenta une explication. « Je me sens bien avec toi Julien, il n’y a rien à changer. Il n’y a nulle part où je me sente mieux que dans tes bras. Tu m’apportes beaucoup et je suis vraiment heureux quand je suis avec toi. Si tu venais à me quitter, même si ça ne fait pas longtemps que nous sommes ensemble, je ne m’en remettrais probablement pas. Mais j’ai toujours été comme ça, on n'efface pas toute une vie aussi facilement. Je me sens vraiment beaucoup mieux depuis que je te connais, je te le promets. La seule chose que je te demande c’est d’être naturel, d’être mon petit ami tout simplement. Je ne veux pas avoir l’impression de n’être qu’un but que tu t’es donné, tu comprends ? Pense un peu à ton bien être à toi, avant de penser au mien. » « L’un ne va pas sans l’autre, c’est normal de vouloir que la personne que l’on aime soit heureuse », argumenta le garçon. « Bien sûr, c’est ce que je te souhaite aussi. Tu arrives très bien à me rendre heureux, je te le jure. Pour ce qui est du sexe, je t’ai déjà dit que ce n’était pas le plus important. Je ne t’ai pas invité à passer la nuit ici pour ça tu sais, je dormirai sur le canapé. » « Non ! J’ai envie de te serrer contre moi toute la nuit, s’il te plait. » « Si tu es sûr de toi, moi je ne demande pas mieux. Un oreiller tout chaud rien que pour moi, bonne nuit en perspective… » sourit François, espérant que Julien retrouve sa bonne humeur du début de la soirée. Le jeune homme, s’en rendant compte, lui répondit : « Je vais devoir me faire pardonner pour t’avoir inquiété… » sourit-il en retour avant de soulever le menton de son aimé pour lui donner un long baiser passionné. Puis un second… puis un autre… quelques caresses aussi. Ils se sentaient tellement bien, la chaleur montait, leur excitation était de plus en plus visible. François avait terriblement envie que Julien le prenne mais il ne voulait pas le brusquer. Et si la peur de Julien persistait parce que l’étudiant croyait que c’était lui qui désirait le dominer ? « À quoi tu penses ? » questionna Julien, amusé par l’air béat de son petit ami. François devint écarlate, ce qui le fit éclater de rire. Il l’observait depuis un moment et avait bien remarqué le désir qui s’emparait de plus en plus du professeur. Il en était de même pour lui d’ailleurs. « Je… Je… Bon ben ça va ! Arrête de te foutre de moi ! Je me disais juste qu’il commençait à faire très chaud ici… Je vais aller prendre ma douche, ça vaut mieux. Ça te va ? » grogna l’enseignant, faussement vexé, content que Julien rie à nouveau. « Oui, tu as raison, c’est peut-être mieux. Mais je veux un gros bisou avant sinon je ne te laisse pas y aller… Mmmm… Délicieux… Il faut dire que rouge comme une tomate bien mûre, comme ça c’est tentant… » plaisanta l’étudiant en reprenant ses caresses. « Un fruit qui ne demande qu’à être cueilli… » souffla l’enseignant qui n’en pouvait plus. Avant de se figer lorsque ses paroles arrivèrent à son cerveau embruni par le désir. Le jeune homme stoppa ses papouilles avec la même rapidité, mais de surprise. Il ne s’attendait pas du tout à entendre ça, il pensait plutôt que François serait à nouveau embarrassé de rougir autant. Ils se fixèrent alors et l’enseignant lança : « Heuuu… à la douche ! Tout de suite ! J’y vais ! » Et il se courut se réfugier dans la salle de bain sous le rire de son petit ami. Q’est-ce qu’il pouvait le trouver craquant son François ! Il regrettait presque qu’ils se soient arrêtés, le jeune homme se sentait très bien en fait. Enfin sous la douche, plus froide que chaude histoire de se remettre les idées en place, François se reprochait d’avoir osé de telles paroles, mais qu’est-ce qui lui avait pris ! Ce n’était pas du tout dans son tempérament de se comporter de la sorte. Malgré tout, il avait un mal fou à faire partir cette tension dans le bas de son ventre... Il en était là de ses réflexions lorsqu’il se retourna, certain d’avoir entendu quelque chose. Il se retrouva face à un Julien complètement nu, qui le mangeait des yeux. Le regard de prédateur qu’il portait ne laissait aucun doute sur ses propres désirs. L’étudiant était subjugué par la beauté de l’homme qu’il aimait, il le trouvait tout simplement parfait. Il sentait son sexe gonfler et durcir de plus en plus, si c’était encore possible… Et d’après ce qu’il pouvait voir, il n’était pas le seul… Dans l’esprit de François, l’image d’une panthère noire se superposa à celle de Julien lorsqu’il avança pour se glisser derrière lui sous la douche. Il lui souffla d’une voix rauque à l’oreille s’il voulait qu’il lui frotte le dos. Le professeur, incapable de laisser s’échapper un seul mot, hocha simplement la tête en guise d’assentiment. L’étudiant fit mousser le savon dans ses mains et se mit à malaxer minutieusement les épaules et le dos de son amant. L’enseignant sentait son souffle chaud dans son cou et ce traitement le rendait dingue. Les sons qui lui échappaient le démontraient bien, au grand bonheur de Julien qui en profita pour descendre les mains de plus en plus bas. Il lui caressa les fesses et l’enlaça ensuite de ses deux bras, François se laissant aller contre son torse. Julien fit alors subir le même traitement au torse d’un François prêt à défaillir. Pendant qu’il s’attardait à jouer avec la pointe des seins de son petit ami, sa virilité frottait contre les fesses de ce dernier. Leur respiration se faisait de plus en plus bruyante et François gémissait carrément. Il était tellement en transe qu’il ne se rendait plus compte de rien. Dans un geste instinctif, il se cambrait et frottait ses fesses contre Julien. Celui-ci attrapa alors le sexe tendu de son aimé et entama un mouvement de va et vient de plus en plus rapide, il adorait l’entendre gémir, ça l’excitait au plus haut point. François, rassemblant toutes ses forces pour former une phrase cohérente lui dit en souriant : « Moi qui pensais que tu venais juste me savonner le dos… » « Tu n’aimes pas mon traitement ? J’arrête alors… » taquina le jeune homme, faisant mine de sortir de la douche. « Tu ne vas pas me faire un coup pareil, hein ? Je crois d’ailleurs que tu n’es pas en meilleur état que moi… » exposa l’aîné en le retenant d’un geste rapide comme l’éclair. « Tu l’as dit… j’aurais bien du mal à en rester là », sourit l’étudiant. « Tu es sûr de toi ? » demanda quand même l’enseignant, avant de perdre ce qui lui restait de lucidité. « Je n’en ai pas l’air ? » pouffa le jeune homme en lui montrant une certaine partie de son anatomie. « Heuuu… si », convint le professeur, riant avec son petit ami. Julien souleva François et le porta jusque sur le lit. Ils reprirent leurs activités là où ils les avaient laissées. Ils firent l’amour plusieurs fois dans la nuit et s’endormirent comme des bébés, heureux et épuisés. Le lendemain matin, Julien regardait amoureusement François qui dormait encore. Son regard brûlait tellement qu’il finit par l’éveiller. « Bonjour mon amour, bien dormi ? » souffla le jeune homme. « Très bien et toi ? » sourit le professeur en se redressant, geste qui lui tira une petite grimace. Il avait voulu aller trop vite et eut un léger élancement. Vraiment rien en fait, mais malheureusement, cette mimique suffit à faire paniquer Julien. Rien qu’avoir vu, une fraction de seconde, la douleur sur le visage de son amant lui avait ramené ses souvenirs en pleine face. « Je… je t’ai fait mal… Je ne voulais pas… » trembla Julien, projetant François à sa place dans son propre passé. « Non ! Non mon Julien. Je t’en prie ne panique pas ! Je vais très bien, mieux que bien même. Je n’ai pas mal Julien, j’ai juste été surpris en me redressant. Promis ! Calme-toi mon amour », expliqua le professeur en serrant son petit ami dans ses bras. Le jeune homme avait eu une réaction excessive mais il pouvait le comprendre. Il avait probablement cru un instant que François avait ressenti la même chose que lui à cette époque. Julien fini par se rendormir dans les bras protecteur de son aimé. Ce dernier le déposa délicatement sur le lit et le couvrit de la couette, avant d’aller prendre sa douche et de préparer le petit déjeuner. Il mangea et fit la vaisselle pendant que l’étudiant dormait encore et le rejoignit avec un plateau-repas qu’il le déposa sur la table de nuit. Il entreprit de le réveiller en douceur, en le couvrant de petits baisers dans le cou et sur les épaules. Julien qui s’était éveillé tout de suite, ne le montra pas directement. Il voulait jouer un peu avec son amant pour le rassurer sur son état et ne plus penser à ce qui venait de se passer. « Mmm, si je ne me réveille pas tu continues ? » plaisanta-t-il. « Si ça ne marche pas, je devrai essayer le verre d’eau froide, ça fonctionnera peut être mieux… » se moqua l’enseignant, ravi que son petit ami ait retrouvé le sourire. « Suis réveillé !!! » sursauta Julien, sous le rire de François qui le couva d’un regard bienveillant tandis qu’il attaquait son petit déjeuner. « Dis-moi, tu regrettes pour cette nuit ? Il m’a semblé que tu as aimé autant que moi mais j’aimerais être sûr… » questionna l’enseignant. Il voulait être certain de ne pas avoir été aveuglé par son propre plaisir. « J’ai adoré ! J’ai juste eu peur de t’avoir fait du mal, j’ai paniqué, je suis désolé », s’excusa le jeune homme. « Tu n’as pas à l’être mon Julien, je comprends ne t’inquiète pas », sourit François avant d’ajouter « Je comprends même très bien… En fait, tu avais prévu que je te consolerais jusqu’à ce que tu te rendormes et que pendant ce temps là, je me taperais toute la vaisselle d’hier tout seul ! Calculateur ! » plaisanta le professeur. « Merde, je suis grillé ! Même le petit dèj au lit, je l’avais prévu... » rit l’étudiant. « Je n’en doute pas ! » gronda gentiment l’homme, avant de souffler après un petit moment de silence « Ton sourire est la plus belle chose au monde, mon Julien. » « Le tien est merveilleux, mais trop rare… » répondit-il gentiment. Julien termina de manger et fila sous la douche pendant que François achevait de ranger la cuisine. On sonna à la porte, juste au moment ou le jeune homme sortait de la salle de bain. Comme elle se trouvait à proximité de l’entrée, l’étudiant alla ouvrir à la demande de son petit ami. Un jeune homme habillé de cuir se trouvait sur le pas de la porte. Il devait avoir à peu près la même taille que lui, les cheveux bruns, les yeux couleurs or. Dix-huit ans, peut-être. « C’est bien ici qu’habite François Nelson ? » demanda l’inconnu, après qu’ils se soient salués. « Oui, oui. Le voilà juste…ment… François ça ne va pas ? François ? » s’inquiéta Julien devant la pâleur soudaine de son petit ami qui les rejoignait. Le professeur fixait le jeune homme qui venait d’arriver sans réagir, mais il n’avait vraiment pas l’air d’aller bien. « Excusez-moi, mais qui êtes-vous ? » demanda sèchement l’étudiant qui n’appréciait pas de voir son amant dans cet état. À suivre… |