Chapitre 18

Un soir, Tristan et Ethan eurent une grosse crise. Ils s’engueulèrent. Le motard ne supportait plus d’entendre « Pierre ci, Pierre ça… ». Le blond tenta de le rassurer, d’apaiser sa jalousie. Il ne comprenait pas pourquoi le brun le prenait comme ça, qu’il lui parle de lui, de Simon ou de Julien, qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? En plus, le médecin était en âge d’être son père. Il n’arrêtait pas de répéter à son amant que c’était lui qu’il aimait et pas le docteur, mais le frère de François avait plutôt l’impression qu’il essayait de se convaincre lui-même. Il en avait assez de se disputer, il avait besoin de prendre l’air. Il prévint alors le jumeau qu’il allait faire un tour en moto pour se calmer, qu’il ne serait pas long. Il voulait s’éloigner un moment, il avait terriblement peur d’un jour lever la main sur Tristan, comme il l’avait fait avec Mira. Il enfourcha sa moto et partit à toute allure. Il roula, roula, tout en ruminant ses pensées. Et hélas, énervé comme il l’était il ne vit pas le 4 x 4 arriver. Il fut fauché avant d’avoir le temps de réagir et emmené à l’hôpital dans un état critique.

Ethan était domicilié chez son frère, même s’il vivait chez les jumeaux depuis un moment. Ce fut donc chez François que le téléphone sonna et Julien, qui était à proximité décrocha. Lorsque le professeur le rejoignit pour demander qui appelait, son amant venait de raccrocher. Il était livide. L’hôpital venait d’appeler, il lui expliqua la situation. Ensuite, ils informèrent Camille de ce qui se passait et partirent chercher Tristan avant de se rendre aux urgences.

Le blond commençait à trouver que le petit tour de moto s’éternisait. Encore une nouvelle façon de le faire enrager sans doute. L’arrivée bruyante de ses amis, qui plus est à une heure aussi tardive, transforma sa colère en panique. Il faillit s’évanouir lorsqu’il apprit que son amant avait eu un accident et se sentit immédiatement coupable. Ils venaient de se disputer, c’était sûrement à cause de ça.

Une fois à l’hôpital, on les informa que le motard était dans un état grave, mais que son casque lui avait sauvé la vie. Il était en salle d’opération, il fallait attendre. François appela Camille et lui promit de la rappeler dès qu’il en saurait plus.

Ensuite une infirmière s’approcha d’eux pour leur demander s’il y avait un dénommé Mira parmi eux. Le blessé n’avait cessé d’appeler cette personne avant de s’évanouir. Cette information avait provoqué comme une petite décharge dans le cœur de Tristan mais il répondit avec un petit sourire qu’il allait essayer de le trouver. L’infirmière le remercia et retourna à son travail. Le blond avait mal. Son amant lui reprochait sans cesse de trop parler de son collègue à son goût mais lui, même s’il n’en parlait pas, il ne pensait toujours qu’à son ex. Il n’arriverait jamais à lui faire oublier.

« Qui est Mira, Tristan ? » demanda Julien, en se doutant un peu de la réponse.

« Son ex… » répondit-il tristement, avant d’ajouter qu’il allait chercher un bottin pour tenter de le joindre.

« Tu es sûr ? » s’inquiéta son ami.

« Oui, c’est de lui dont il a besoin, pas de moi », souffla le blond.

« Ne dis pas ça, mon frère t’adore », le rassura François.

« Je sais. N’essayez pas de me réconforter, ça va. Il m’aime beaucoup je le sais, mais Mira, il l’aime tout court. Je vais l’appeler, j’arrive », dit-il en s’éloignant, avant de fondre en larmes.

Le jumeau réussit à contacter le jeune Asiatique. Sa mère n’apprécia pas trop que quelqu’un appelle son fils à une heure aussi tardive, mais le blond s’étant excusé et l’ayant informé de l’importance de son appel, elle finit donc par aller chercher son enfant.

Mira se demandait qui ça pouvait bien être et fut vraiment surpris lorsque son interlocuteur se présenta comme étant le nouveau petit ami du motard. Il lui expliqua ensuite le motif de son appel, l’accident et le fait qu’Ethan l’avait appelé à plusieurs reprises avant de perdre connaissance.

« S’il te plait, viens jusqu’ici, il a besoin de toi », supplia le jumeau.

« Tu es son mec et tu demandes à son ex de venir ? » se moqua l’Asiatique, surpris par cette initiative. Il tentait de rigoler pour ne pas penser à ce qu’il venait d’apprendre. Ethan…

« Je comprends que cela te semble étrange. Mais pour l’instant tout ce qui compte c’est qu’il guérisse. Et même si je suis son mec, celui qu’il aime c’est toi. Je le sais, je l’ai toujours su », souffla le frère de Lucie, tremblant d’émotion. Des larmes silencieuses coulaient sur ses joues et il entendait des sanglots à l’autre bout du fil également.

Mira n’arrivait plus à parler, Tristan attendit patiemment que le jeune homme se calme et reprenne la parole de lui-même.

« Je vais demander à mes parents. Mais je ne sais pas s’ils seront d’accord, Ethan n’a pas été très tendre avec moi la dernière fois que je l’ai vu. Qu’est-ce que tu sais de nous au juste ? » interrogea l’ex du motard.

« Pas grand-chose. Il n’aime pas beaucoup quand j’essaie d’en savoir plus sur toi. Est-ce que tu l’aimes toujours, Mira ? »

« Oui. Malgré tout ce qu’il m’a fait… je l’aime toujours », clama l’Asiatique.

« Alors viens s’il te plait. Je ne sais pas ce qui s’est passé entre vous, mais je suis certain qu’il serait prêt à tout pour que tu lui pardonnes. Mais avant ça, il faut d’abord qu’il s’en sorte », conclut Tristan.

Après s’être mis d’accord avec ses parents, Mira prévint Tristan qu’il allait arriver et lui fit savoir par la même occasion que c’était en partie pour lui qu’il acceptait de venir. Il admirait beaucoup le courage dont le blond faisait preuve en lui demandant de se rendre au chevet de son petit ami à sa place. Lui, aurait été incapable d’agir de la sorte. Mais le frère de Lucie avait toujours été d’un altruisme rare.

Les parents de Mira étaient furieux, comment leur petit bébé pouvait-il encore vouloir voir ce monstre qui l’avait aussi violemment battu ? Déjà que leur fils avait refusé qu’ils portent plainte ! Si seulement il pouvait y rester, leur enfant l’oublierait une bonne fois pour toutes. Mais ils devaient bien admettre aussi qu’ils n’avaient plus jamais vu leur fils sourire depuis leur séparation. Le jeune homme avait besoin de l’accord de ses parents pour se rendre à l’hôpital, pour la bonne et simple raison qu’il était encore mineur.

Il demanda à ses parents de le laisser à l’hôpital, il y passerait la nuit et les appellerait le lendemain sans faute. Il n’oublia pas de les remercier et leur avoua que c’était vraiment très important pour lui. Qu’il l’aimait toujours et qu’il ne supporterait pas qu’il meure. Ses parents eurent un pincement au cœur en voyant sa détresse et lui dirent que tout allait bien se passer, pour tenter de le rassurer.

Lorsqu’il arriva à la salle d’attente près des autres, Tristan le reconnut immédiatement, grâce à la description qu’il avait eue de lui. Ils se présentèrent chacun à leur tour. Julien et François, un peu mal à l’aise, ne pouvant malgré la situation inquiétante s’empêcher d’imaginer un Mira nu attaché sur un lit…

Qu’est-ce que ça pouvait être long ! Mira et Tristan pleuraient, François n’en menait pas large non plus. Ils avaient aussi appelé Simon car ils savaient tous qu’il était devenu le meilleur ami d’Ethan. Il les rejoignit et leur fit savoir que Lucie était partie attendre auprès de Camille avec Hélène, pour qu’elle ne soit pas seule. Après une attente interminable, le médecin vint leur dire qu’il était sorti d’affaire. Mais il ne se réveillerait pas avant le lendemain matin, il n’était donc pas nécessaire qu’ils restent tous. François et Mira demandèrent à rester à son chevet et le médecin accepta. Le jumeau confia son chéri à l’Asiatique, en ayant bien compris que leur relation venait de prendre fin en même temps que son retour. Julien embrassa son amant et ils rentrèrent. Camille fut soulagée d’apprendre que son petit-fils allait s’en sortir, de telles frayeurs n’étaient pas bonnes pour son cœur. Ils dormirent tous chez François et Lucie consola son frère qui était doublement plus marqué que les autres.

Mira et François firent connaissance, préférant tout deux veiller plutôt que dormir.

Lorsqu’Ethan s’éveilla, il vit son frère assit à ses côtés. Après un petit moment de réflexion, il se souvint ce qui s’était passé. Il aperçut ensuite Mira, de l’autre côté du lit. Le choc fut grand. Mira était la dernière personne qu’il pensait voir à son chevet. Il était fou de joie de le voir et François le remarqua tout de suite.

« Ethan ! Tu es réveillé ! Comment tu te sens ? Tu as fait peur à tous le monde ! » s’anima Mira.

« Même à toi ? » souffla le motard, qui avait la gorge sèche. Son frère lui souri et lui donna un verre d’eau.

« Peut être encore plus qu’aux autres… » avoua le plus jeune en baissant les yeux, pour cacher sa gêne.

Le blessé fit part de son étonnement dû à sa présence et Mira lui détailla ce qui s’était passé. C’était donc Tristan qui avait appelé son ex petit ami… Ou était-il d’ailleurs, pourquoi n’était-il pas à ses côtés lui aussi ? François lui dit qu’ils ne pouvaient pas tous rester, le blond était donc rentré avec les autres.

« Maintenant que je sais que tu vas mieux, je vais te laisser avec Mira. Tu veux que je demande à Tristan de venir ? » demanda le professeur juste avant de sortir.

Le motard acquiesça et son frère quitta la pièce.

« Tu veux que je te laisse aussi ? Je peux partir si tu veux, je comprendrai que tu n’aies pas fait exprès de m’appeler », paniqua soudain l’Asiatique.

« Je t’aime Mira », répondit simplement Ethan, le plus sérieusement du monde. Son regard ancré dans le sien, débordant de sentiments.

Le plus jeune ne répondit pas tout de suite, ne s’attendant pas à cette réaction et ne sachant pas trop à quoi s’en tenir.

« Je n’arrive pas à t’oublier. Je t’aime et je te demande pardon pour tout le mal que je t’ai fait. J’ai arrêté de boire tu sais, et je sais que si tu me redonnais une chance, je ne te battrais plus jamais. Je m’en veux tellement, redonne-moi une chance Mira, tu es toute ma vie », enchaîna le motard, en laissant quelques larmes couler.

« C’est la première fois que tu me parles comme ça. Et je ne t’avais jamais vu pleurer », s’étonna son ex.

« Je ne pleure jamais. La seule autre fois où j’ai pleuré, c’est quand tu m’as quitté. »

Mira était ému. Heureux bien sûr mais en même temps un peu inquiet pour Tristan, le pauvre, il était tellement gentil. Mais contrairement au blond, même s’il était triste pour lui, il voulait le motard pour lui tout seul. Peu importe s’il avait pensé qu’il pourrait être mieux avec un autre. Ethan avoua au garçon qu’il aimait beaucoup le jumeau, il espérait d’ailleurs qu’ils resteraient en bons termes, mais que c’était lui qu’il avait toujours aimé. Il était un peu gêné en repensant à la scène qu’il avait faite au frère de Lucie concernant son collègue, alors que c’était lui qui s’apprêtait à le quitter pour son ex. Il se sentait probablement coupable de ce qu’il ressentait toujours pour l’Asiatique et avait mis la faute sur son petit ami. C’était un de ses plus grands défauts.

« Je t’aime aussi tu sais », souffla Mira, interrompant ses pensées. Quelle manière agréable d’être interrompu d’ailleurs.

« Encore ? Malgré le mal que je t’ai fait ? » s’étonna le frère de François.

« Oui, toujours. J’ai toujours été un peu maso... » rit le plus jeune en lui tirant la langue pour changer l’atmosphère pesante d’émotion qui régnait dans la chambre. S’il ne mettait pas un terme au sérieux de la conversation, ils allaient finir au lit et ce n’était pas l’endroit.

Ethan lui promis qu’il ferait tout pour le reconquérir et être digne de son amour. Leur discussion passa ensuite à François, le motard lui dit à quel point il était heureux de l’avoir retrouvé. Qu’il vivait chez lui avant de partir vivre chez Tristan. Mira fut surpris que le blond ait déjà son chez lui, il ne pensait pas qu’il avait deux ans de plus que le motard. Il l’avait cru plus jeune. Il demanda à son petit ami s’il pensait que ça allait aller pour ce dernier et le frère de François le rassura en lui disant qu’il soupçonnait que lui aussi en aimait un autre mais qu’il refusait de l’admettre.

L’Asiatique quitta la chambre pour appeler ses parents et prévint Ethan qu’il reviendrait à ses côtés après que le blond soit passé.

Dès l’arrivée de celui-ci, il avoua au blessé à quel point il s’était senti coupable et surtout qu’il avait eu terriblement peur. Puis sans prévenir, il l’embrassa passionnément.

« Je voulais absolument te donner ce baiser car je suppose que c’était le dernier n’est-ce pas ? » avança-t-il, le rouge aux joues, dû à l’audace de son geste.

« Oui… Pardon… Je n’ai jamais voulu te faire de la peine Tristan. Je pensais vraiment que ça marcherait nous deux et que je finirais par oublier », répondit tristement le motard.

« Je sais. Et je sais que tu l’aimes à la folie, je le sais depuis le début », sourit courageusement le frère de Lucie.

« Je suis désolé de t’avoir fait une scène avec ton collègue, alors que c’est moi qui suis dans cette situation. Je t’aime vraiment beaucoup Tristan mais c’est différent… »

« Je sais, ne t’inquiète pas. Je crois que tu n’as peut être pas entièrement tort pour Pierre non plus. C’est juste que je ne me suis jamais vraiment posé la question, vu que j’étais bien avec toi. Je t’aimais, que vouloir de plus… Ne crois pas que je ne t’aime plus, je t’aime Ethan et c’est pour ça que je te laisse partir sans me battre pour toi. Je sais que j’ai déjà perdu. Promets-moi qu’on sera amis pour la vie, que quoi qu’il se passe que tu viendras me voir en cas de besoin. »

« Je te le promets. Je te souhaite tout le bonheur du monde, sincèrement », sourit le cadet de François.

Le jumeau quitta le blessé pour se rendre à son travail. En sortant de la chambre, il vit Mira qui attendait contre le mur. Il lui demanda de bien prendre soin du motard, qu’il le lui confiait. Et il partit, sans pouvoir s’empêcher de verser quelques larmes, ce qui fit de la peine à Mira. Ce dernier allait tout faire pour qu’Ethan se porte bien, il le lui promettait.

Les jours qui suivirent furent très durs pour Tristan, il pleurait beaucoup. Sa rupture était pénible qu’il ne l’avait imaginée. Les enfants essayaient de le consoler à l’orphelinat, il ne voulait pas dire ce qu’il avait bien sûr, mais il était content de les avoir près de lui. Ça lui faisait du bien.

À sa sortie de l’hôpital, le motard dut aller s’expliquer avec les parents de Mira. Il présenta ses excuses à toute la famille et promit que plus jamais il ne lèverait la main sur leur fils. Enfin… cela dépendait de quelle manière on l’entendait… mais ça, il n’allait certainement pas en parler avec les parents de son chéri. Le père de ce dernier lui précisa bien qu’il avait intérêt à tenir parole, que si ce n’était pas le cas, ça serait lui qui l’écraserait avec sa voiture et il ne le raterait pas, c’était une promesse. Ethan avait bien entendu, au ton de sa voix, qu’il était on ne peut plus sérieux. L’Asiatique avait vraiment des parents formidables, ils faisaient tout pour lui et avait toujours accepté sa façon d’être.

Leur couple repartit donc sur de nouvelles bases, ils s’aimaient encore plus qu’avant, si c’était possible. Leur relation devint plus forte que tout, ils étaient heureux, vraiment heureux.

À suivre…