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Le bonheur arrivera un jour
Par Yamaneko
Originales  -  Romance  -  fr
23 chapitres - Complète - Rating : T+ (16ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Chapitre 03

Chapitre 3

Un soir, à l’heure du cours de dessin, les élèves durent se rendre à la bibliothèque. Leur local n’étant plus disponible, c’était dorénavant à cet endroit qu’ils allaient travailler, le bâtiment devant fermer ses portes durant ce laps de temps. Julien apprit de cette façon que Monsieur Nelson y était de garde après ses heures d’enseignement car il était présent ce soir là. Le professeur de dessin, Mademoiselle Serain, lui avait permis de rester travailler à son bureau, pour ne pas perturber ses habitudes.

Julien se prit à penser que passer autant d’heures au boulot ne devait pas faciliter son mariage, à moins que ce ne soit justement le contraire ? Qu’il y passait le plus de temps possible pour ne pas rentrer chez lui ? Était-ce pour cela qu’il avait toujours cet air triste ? Avait-il de graves problèmes dans son ménage, au point que ça l’amenait à en pleurer ?

Tristan était aux anges de pouvoir passer les cours de dessins avec son ami. Cependant, quelque chose chez celui-ci le troublait : vu qu’il ne le quittait jamais des yeux, l’insistance avec laquelle il venait de regarder cet homme ne lui avait pas échappé.

« C’est bien lui ton prof de littérature, non ? » interrogea-t-il.

Surpris d’avoir été interrompu dans ses pensées, le jeune homme répondit « Heu… oui. J’étais juste en train de me dire qu’il passait beaucoup de temps à l’unif… »

« Hmm. Les filles ont raison en tous cas, il est vraiment beau, tu ne trouves pas ? » se renseigna le frère de Lucie.

« Si, c’est vrai », souffla-t-il.

Tristan eut un pincement au cœur, mais pourquoi lui avait-il demandé cela, aussi ? Enfin… il ne fallait plus qu’il y pense, les cours de dessin étaient supers et il avait l’élu de son coeur à ses côtés, c’était déjà très bien.

Les semaines filaient à grande vitesse, Julien passait de plus en plus de temps à la bibliothèque après les cours ; il y étudiait et, de temps en temps, demandait à Monsieur Nelson des conseils de lecture, ce qu’il lui donnait avec plaisir. C’était leurs seules conversations mais c’était un début. Julien avait envie d’apprendre à le connaître et le professeur, de son côté, lui portait également un intérêt grandissant.

Tristan lui, se comportait de manière de plus en plus étrange avec Julien, à tel point que ce dernier se décida à lui en parler. L’ayant vu se diriger vers les toilettes, il le suivit et bloqua la porte derrière eux. Il s’assura ensuite qu’ils étaient seuls en regardant sous chaque porte pour pouvoir discuter tranquillement. Ce qu’il ne savait pas, c’était que son professeur s’était enfermé dans une des cabines pour s’isoler un peu et qu’il avait pris le soin de replier ses jambes contre lui, geste qui avait tendance à le rassurer.

« Qu’est-ce que tu fous Julien ? Tu t’enfermes dans les waters avec moi, ça va jaser ! » nargua Tristan.

« Je me fiche de l’opinion publique, Tristan ! Nous sommes amis depuis longtemps, alors maintenant tu vas me dire ce qui ne va pas, je ne te laisserai pas ressortir d’ici tant que nous n’aurons pas eu une bonne discussion ! »

« Quoi ? Mais je vais très bien, qu’est-ce que tu racontes… » rétorqua le jumeau innocemment, en se mettant aussitôt à trembler.

« Arrête ça tout de suite ! Tu me prends pour un con ? Tu n’as plus confiance en moi ? Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que tu vas mal, je n’aime pas te voir comme ça… ça fait un moment que ça dure, je me suis dit que tu viendrais m’en parler de toi-même mais comme tu ne l’as pas fait, nous y voilà ! Je suis là pour toi Tristan, tu le sais bien, non ? » se fâcha Julien.

Tristan tremblait de plus en plus, il avait un mal fou à se retenir de pleurer. Monsieur Nelson, quant à lui, était très gêné de les épier involontairement et faisait de son mieux pour que l’on ne remarque pas sa présence.

« Je suis gay Julien… » souffla-t-il, embarrassé.

« Je sais et alors ? C’est ça qui te met dans cet état ? Quelqu’un t’a fait du mal ? »

« Non, non, personne. Comment tu l’as su ? Lucie ? » demanda Tristan, surpris.

« Non, ta sœur ne m’a rien dit, disons plutôt que je m’en doutais »

« Je ne te dégoûte pas ? » osa timidement le jeune homme.

« Voilà autre chose ! Bien sûr que non ! Tu es toujours le même Tristan, mon ami pour la vie », le rassura-t-il, avant d’ajouter « Ce n’est pas vraiment le fait d’être gay qui te met dans cet état quand même ? »

« Je… je suis amoureux… de toi… » hoqueta le blond, avant de fondre en larmes qu’il ne pouvait plus contenir. Julien, surpris, mit un moment à réagir, puis il s’approcha, le prit dans ses bras et le serra contre son torse pour le laisser se calmer.

Quelle sensation agréable pour Tristan, les bras de Julien tellement forts, doux et chauds.

Il le réconforta un moment, puis lui releva le visage d’une caresse avec la paume de sa main.

« Ecoute-moi Tristan, ça me fait beaucoup de peine que tu sois malheureux à cause de moi, je suppose que tu te doutais bien que je ne répondrais pas à tes sentiments. Je tiens énormément à toi et tu le sais. Si je devais te perdre à cause de ça j’en souffrirais beaucoup. Je ne veux surtout pas que ça arrive Tristan, je ne le supporterais pas. J’aimerais que tu sois heureux et j’espère de tout mon cœur que tu trouveras un jour un homme digne de ton amour, mais cet homme, ce n’est pas moi… »

« Les cours ont dû recommencer maintenant, on devrait y aller… » essaya de se défiler le frère de Lucie.

« Pas question ! Ce n’est pas dans mes habitudes de sécher mais il n’est pas question qu’on se quitte comme ça ! » s’énerva son ami.

« Julien, je ne te demande rien, je le sais bien que tu ne m’aimes pas, pas de cette façon, je veux dire… Je ne comptais jamais t’en parler tu sais »

« Je n’en pouvais plus de te voir comme ça, je voulais faire quelque chose pour toi. Même si ça ne change pas vraiment quelque chose entre nous, je pense qu’en parler t’aura quand même fait un peu de bien, en tous cas je l’espère… »

« Je crois oui, je suis au moins soulagé que notre amitié n’en pâtisse pas »

Julien lui embrassa le front, lui caressa les cheveux et lui dit « Je serai toujours là pour toi mon Tristan. »

« Tu ne m’aides pas là, comment veux-tu que je ne sois pas amoureux de toi après ça ! » sourit-il.

« Tu as raison ! À partir de maintenant je vais te maltraiter, tu seras ma chose ! » s’amusa son aimé.

Après un éclat de rire commun Tristan enchaîna « Dis Julien ? »

« Quoi mon ange ? »

Tristan avait toujours adoré ce petit surnom que lui avait donné Julien, tout en sachant bien que c’était purement affectif de la part de ce dernier. Il le considérait comme un frère et l’avait un jour appelé de cette façon, c’était ensuite devenu une habitude.

« Tu te rappelles avec Lucie vous avez couché ensemble juste une fois pour essayer, tu ne voudrais pas… » tenta le blond.

« Non ! » coupa Julien.

« …parce que je suis un garçon ? »

« Non, parce que tu m’aimes. Lucie et moi avions bu ce soir là, nous étions quand même conscient de ce que nous faisions, c’était notre première fois, on voulait essayer juste pour l’acte, sans sentiment. Toi, tu es amoureux de moi Tristan, c’est différent, tu souffrirais encore plus après et tu serais encore plus attaché à moi. Mais ne crois pas que ce soit parce que tu es un garçon, ça n’a rien à voir »

« Tu es déjà sorti avec un mec ? »

« Non, mais l’idée ne me dégoûte par pour autant. Il m’est déjà arrivé de trouver un mec beau et attirant, je n’ai juste jamais éprouvé le besoin de sortir avec lui »

« Julien ? Tu ne me mentiras jamais hein ? » supplia Tristan.

« Non bien sûr, je ne l’ai jamais fait et je ne le ferai jamais, je te le promets. Pourquoi ? » s’intrigua-t-il.

« Je voulais te demander… Est-ce que tu es amoureux de ton prof de littérature ? »

François Nelson, toujours cloîtré dans sa cabine faillit dégringoler de son perchoir et ne put étouffer un petit cri de surprise, qu’heureusement personne n’entendit.

Julien, surpris lui aussi, rétorqua « Voilà autre chose maintenant ! Non, je ne suis pas amoureux de lui, de personne d’ailleurs… Qu’est-ce qui te fait penser ça ? »

« Tu fais beaucoup de dessins de lui, je les ai vus… Des portraits très détaillés et expressifs… Tu dois souvent le regarder pour être aussi précis »

« J’en ai aussi fait de toi, tu en as vu certains d’ailleurs. Si c’est le fait que les siens se trouvent presque tous dans mon carton à dessins, c’est parce que je le dessine souvent à l’école. Ne vois ça que d’un point de vue artistique Tristan »

« Pourquoi tu lui donnes toujours un air tellement… mélancolique ? » questionna le frère de Lucie.

« C’est comme ça que je le vois… »

« Quand tu dis que tu le dessines souvent à l’université, tu veux dire que tu l’as déjà fait sans qu’il soit présent ? »

« Ça m’arrive, pourquoi ? » répondit Julien, un peu surpris par l’insistance de son ami.

« Julien… Je ne veux pas que tu te fâches après moi, d’ailleurs ne réponds pas à ce que je vais te dire, je te demande juste d’y penser. On ne dessine pas un homme de mémoire si on ne l’aime pas. Déjà, si tu le dessines quand il n’est pas là, c’est que tu y penses suffisamment fort Réfléchis-y Julien… On devrait vraiment y aller maintenant, je suis content d’avoir pu discuter avec toi »

« J’ y penserai, mais tu fais erreur, on peut penser à quelqu’un pour d’autres raisons que l’amour. Et allons-y, oui », conclut Julien.

François attendit encore un moment avant de sortir de sa cabine pour être sûr de ne pas être vu. Heureusement qu’il n’avait pas eu de cours à donner à cette heure, un prof qui sèche c’était encore plus embêtant !

Il n’en revenait pas, alors comme ça Julien faisait des portraits de lui ? Encore un qui s’intéressait à son physique comme bien d’autres. Purement artistique, il avait dit, dommage… Pas qu’il souhaitait qu’il soit amoureux de lui, car il était marié, mais il aurait voulu qu’il soit réellement intéressé par sa personne, il se sentait tellement vide et sans intérêt. Il n’avait pas d’ami et n’avait jamais rien fait pour que ça change. En tout cas, Julien avait l’air d’être un ami en or, d’après tout ce qu’il venait d'entendre.

L’attitude de Julien ne changea pas vis-à-vis de son professeur les jours qui suivirent, celle de ce dernier non plus d’ailleurs, surtout qu’il n’était pas sensé avoir entendu tout cela. Mais tous deux étaient souvent perdus dans leurs pensées.

Tristan lui, allait mieux, ça lui avait vraiment fait du bien de discuter avec Julien. Lucie était ravie, elle avait eu peur à un moment que ça ne crée un froid entre eux et qu’elle finisse par devoir passer de l’un à l’autre.

à suivre…

 
 
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