Chapitre 15

Le lendemain au réveil, Camille trouva les deux garçons dans le salon, elle sourit en se disant qu’ils avaient dû bien s’amuser et rentrer tard. Elle ne s’imaginait bien sûr pas ce qui s’était passé… Éveillés par la bonne odeur de café, Simon et Ethan allèrent rejoindre la mamie à la cuisine. Ils lui racontèrent brièvement la soirée et elle fut très triste pour leur ami qui n’avait décidément pas de chance. L’intérêt que lui portait son petit-fils ne passa pas inaperçu malgré tout…

« Ethan, mon chéri, tes préférences iraient-elles aussi vers les jeunes hommes ? » questionna-t-elle.

« Non pas spécialement, pour moi fille ou garçon c’est pareil. Mais Tristan me plait, si c’était bien le sous-entendu de ta question », rit le jeune homme, amusé par la curiosité de sa grand mère.

« En effet. J’aimerais juste que tu fasses très attention, ce garçon sort d’une période assez douloureuse. Il doit encore se sentir perdu pour le moment, il ne sait probablement pas où il en est. Je dis ça aussi bien pour lui que pour toi, mieux vaut prévenir que guérir. »

« Tu es pleine de sagesse mamie. Ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de le bousculer. En plus Julien m’a déjà agressé sur le sujet hier. Un vrai chien de garde », râla le petit fils.

« Tristan est comme son petit frère, il veut le protéger. Il ne te connaît pas encore très bien. S’il voit que tout se passe bien entre vous, il ne s’interposera probablement plus », expliqua Camille.

« Ho, ho, doucement. On n’est pas encore en couple. Je ne sais même pas ce qu’en pense Tristan, c’est quand même lui le principal intéressé », clama le motard.

« Oui c’est vrai. C’est parce que je tiens à vous caser tous. Mon François avec Julien, toi et Tristan. Il ne restera plus que Simon avec Lucie… » sourit-elle malicieusement, lançant un clin d’œil à l’intéressé.

« Camille ! » lança un Simon faussement outré.

« Je vois bien à quel point cette idée te déplait Simon, la gêne sur tes joues en témoigne », plaisanta-t-elle.

Ethan et sa grand-mère se moquaient du sportif pendant que ce dernier faisait semblant de bouder dans son coin. À ce moment là, François et son petit ami vinrent les rejoindre, suivis de peu par Lucie. Ils se saluèrent et la jeune fille demanda à Julien d’aller voir Tristan qui l’attendait dans la chambre. Elle essaya ensuite de savoir ce qu’il y avait de si drôle, mais personne n’accepta de vendre la mèche.

L’étudiant frappa à la porte et entra dans la chambre.

« Bonjour mon ange, comment te sens-tu ? » souffla-t-il tendrement.

« Je vais bien. J’ai surtout eu peur. Mais maintenant ça va. Je suis désolé que tu aies vu ça Julien, ça a dû te rappeler… » marmonna le jumeau en baissant la tête.

« Ne t’inquiète pas pour moi, je vais très bien. C’est du passé. Tout ce qui compte c’est que tu ailles mieux », le rassura son ami avant d’ajouter après un court silence « Mais en ce qui concerne Ethan, tu comptes sortir avec lui ? »

« Ça t’embêterait ? » s’étonna le blond qui voyait bien la contrariété sur le visage de son ami.

« C’est juste que je m’inquiète. J’aimerais la perle rare pour toi, le deuxième homme le plus merveilleux du monde, le premier étant mon François… et pas question que je te le prête ! » plaisanta-t-il.

Tristan se mit à rire, il adorait vraiment Julien. Et maintenant, lui aussi le considérait comme son frère. Il lui demanda ensuite :

« Tu as donc une mauvaise impression d’Ethan ? Il est pourtant le frère de ton homme et il m’est venu en aide en plus. Il a vraiment été super avec moi. »

« Je sais. Je vous crois simplement un peu trop différents. Tu es tellement doux et sensible, contrairement à lui. Je n’ai pas le droit de décider à ta place, mais en tout cas, discute bien avec lui avant de te lancer trop vite. Abordez le sujet du sexe notamment. »

« Hein ?! M’enfin Julien, t’es pas bien ! Tu imagines l’entrée en matière : Je sais qu’on se connaît à peine mais tu me plais, et si on parlait sexe ? Tu veux que je le fasse fuir ? » clama le blond qui n’en croyait pas ses oreilles.

« Non, c’est pas ça... Je crois qu’Ethan a des pratiques sexuelles hors du commun. Je ne voudrais pas que tu aies de mauvaises surprises. Tu es mon petit ange et tu as suffisamment été blessé comme ça. »

« Merci. Merci de toujours t’inquiéter pour moi. Mais qu’est-ce que tu entends par « hors du commun » ? » s'alarma-t-il malgré tout.

« Ce n’est pas vraiment à moi de t’en parler. C’est pour cette raison que je te demande d’en parler avec lui. En tout cas, quoi qu’il arrive, n’oublie jamais que je serai toujours là pour toi. »

« Il n’y a aucun risque que je l’oublie mon Julien. Merci, tu es un amour. Tu veux bien lui demander de venir me voir ? »

« Ok, j’y vais. Tu m’appelles s’il t’embête hein ! »

« Oui papa ! Je regarderai bien des deux côtés de la route avant de traverser, c’est promis ! » se moqua gentiment le frère de Lucie. Son ami avait vraiment tendance à le couver, mais il fallait bien avouer qu’il adorait ça.

« Oui bon ça va… je te laisse tranquille », grogna l’étudiant en sortant de la pièce.

Julien envoya Ethan, qui n’attendait que ça, auprès de son ange. Il rassura les autres en leur disant que Tristan allait bien. François sourit de voir son amant si boudeur et protecteur. Lucie avait l’habitude mais au vu de l’attitude que son ami avait depuis la veille, elle demanda quand même si le motard était à ses yeux la réincarnation du grand méchant loup. Elle eut un grognement en réponse, ce qui provoqua un rire général.

Ethan proposa à Tristan de lui apporter son petit déjeuner au lit, mais ce dernier refusa. Il se sentait suffisamment bien pour aller le prendre avec tout le monde. Le motard s’assit alors sur le bord du lit et le jumeau le remercia pour son aide de la veille. Le cadet de François lui fit part de son regret de ne pas être arrivé plus tôt. Il aurait dû le suivre et l’attendre derrière la porte finalement. Le blond fut étonné qu’il se reproche d’être arrivé en retard alors qu’il était le seul à être intervenu.

« Tu es vraiment quelqu’un de bien. T’en vouloir alors que tu m’as sauvé. J’ai eu très peur que tu ne t’allies à eux en découvrant que je n’étais pas une fille », avoua le jumeau.

« Pour moi, fille ou garçon c’est pareil. Tu me plais c’est tout. Et contrairement à ce que tu penses je ne suis pas quelqu'un de si bien que ça. Mais c’est vrai que ce n’était pas très honnête de ta part, tu aurais pu me le dire pendant qu’on dansait. »

« J’avais peur que tu ne m’embrasses pas si tu savais et j’en avais vraiment trop envie », souffla le frère de Lucie, très gêné. Il pouvait bien lui avouer et être honnête, Ethan venait bien de lui dire qu’il lui plaisait alors c’était la moindre des choses.

« Vraiment ? Et tu en as toujours envie là ? » se moqua-t-il gentiment devant l’embarras du blond. Avant de l’embrasser pour la deuxième fois mais de manière bien plus tendre cette fois. Il recula ensuite et lui caressa la joue.

« Ethan, tu me plais beaucoup. Tu viens de me dire que c’est réciproque mais je ne veux pas d’une passade. Je voudrais que ce soit sérieux tu comprends. Sinon j’aime autant qu’on en reste là et qu’on soit simplement ami. C’est à toi de voir », proposa le jumeau.

« Je m’en doute un peu. J’aimerais aussi mais avant ça, tu dois savoir que je sors tout juste d’une relation sérieuse. Tu me plais beaucoup, je suis très attiré par toi. Mais même si j’ai des sentiments qui naissent envers toi, j’en ai toujours pour mon ex aussi. Tu peux accepter ça ? » demanda le frère de François, plein d’espoir.

« Oui. Je suis vraiment content que tu me le dises. Je vais être franc avec toi moi aussi, jusqu’il y a peu j’étais amoureux de Julien. Je ne suis jamais sorti avec lui, il n’a jamais vu qu’un petit frère en moi mais moi je l’aimais vraiment de tout mon cœur. Mais c’est terminé, maintenant moi aussi je l’aime comme un frère. »

« C’est pour ça que j’ai eu droit à un Julien en mode Pitbull ! » clama le motard, ce qui amusa le blond.

« Il s’inquiète toujours pour moi, mais il a toujours souhaité que je trouve quelqu’un qui m’aimerait en retour. Il a peut être peur que tu te moques de moi, je ne sais pas… En tous cas, tu vas trouver ça bizarre mais il m’a demandé d’aborder le sujet du sexe avec toi, avant d’entamer une éventuelle relation », expliqua Tristan, un peu gêné.

« Ce n’est pas bizarre. Tu comptes beaucoup pour lui et il connaît certaines choses à mon sujet. En fait, ce qu’il veut que je mette au clair, c’est que j’entretenais une relation SM avec mon ex. »

« ??? Tu es sérieux ? » interrogea le frère de Lucie en pâlissant à vue d’œil.

« Tout à fait. Je n’attends rien de spécial de ta part Tristan. Ce n’est pas parce que j’ai eu ce genre de relations que je n’accepte que celles là. Mon ex était tout à fait consentant, il aimait ça autant que moi », sourit le frère de François pour le rassurer. Il espérait toutefois que cet aveu ne le ferait pas fuir, en mettant ainsi un terme à une relation qui n’aurait même pas eu le temps de naître.

« Donc, tu pourrais m’aimer même si je ne veux pas de ce genre de relation ? Parce que je suis formel, je ne veux absolument pas de ça », protesta timidement le jumeau, apeuré en même temps qu’empli d’espoir.

« Bien sûr. Ce n’est pas le plus important. Imagines que tu aurais couché avec trois mecs, tomberais-tu forcément amoureux de celui avec qui tu aurais pris le plus de plaisir ? Ce qui ne veut pas dire que je ne prends pas de plaisir dans une relation plus ordinaire, sois-en sûr. D’ailleurs, je suis certain que tu dois être délicieux… » dit Ethan de sa voix la plus sensuelle, devant un Tristan qui ne savait plus ou se mettre. Le motard était tellement direct.

« C’était un mec aussi ton ex, si j’ai bien compris ? » demanda le blond, désireux de changer de sujet. Il était assis dans un lit quand même, alors continuer à parler de sexe comme ça, ce n’était pas une bonne idée.

« Oui, il s’appelle Mira », répondit le cadet de François ayant compris la tentative de fuite.

« Etrange comme prénom, mais joli. »

« Il est asiatique, c’est pour ça. »

« Oh, je ne lui ressemble pas du tout alors… »

« Et bien, tu es blond et lui a les cheveux noirs, mais vous avez tout les deux une apparence fine, douce et fragile. Et on ne peut pas vraiment dire que Julien et moi nous ressemblons non plus… » conclut-il, voyant ou il voulait en venir. Décidément, Tristan était du genre inquiet.

« C’est vrai, ça ne veut rien dire… » acquiesça le frère de Lucie.

Ethan entraîna ensuite le jumeau dans le salon, où tout le monde l’attendait. Il n’oublia pas de le prendre par la main, histoire de faire enrager Julien, ce qui fonctionna très bien d’ailleurs. Le blond fit savoir discrètement à ce dernier qu’ils avaient mis les choses au clair, qu’il était au courant pour son ex. Ça ne le rassura qu’à moitié mais il devait bien faire avec. Il comptait bien les tenir à l’œil de toute façon.

Le professeur avait appelé ses collègues pour en apprendre un peu plus sur les deux lascars qui avaient été retrouvés inconscients dans les toilettes. Ils eurent vite fait de vider leur sac et dénoncer le troisième garçon. Après tout, il les avait abandonnés là. Ils promirent de faire leurs excuses à Tristan et de ne jamais recommencer. Ils avaient trop bu ce soir là et maintenant ils avaient bien trop peur de ce cinglé qui leur était tombé dessus. Ils espéraient aussi que l’affaire en resterait là et que le jumeau ne porterait pas plainte. Lorsque l’enseignant expliqua tout cela au principal intéressé, celui-ci confirma que tout ce qu’il voulait c’était oublier. En plus, il valait mieux pour Ethan que ça n’aille pas plus loin car un des garçons se trouvait quand même à l’hôpital.

Ils décidèrent de tirer un trait sur cette soirée désastreuse, sauf Julien qui ne voulait pas oublier un point très important selon lui. Il glissa alors à l’oreille de son amant qu’il aimerait bien qu’il remette ses collants de Peter Pan rien que pour lui…

« Tu as envie que je t’emmène au pays imaginaire ? J’aurais peut-être dû choisir le déguisement d’Alice aux pays des merveilles dans ce cas… » taquina le professeur.

« Tout dépend de l’imagination… » ronronna l’étudiant.

À suivre…