"Laisses-moi rire l'elfe.."
Je souris doucement. J'ai l'impression de m'amuser bien plus que lui.
Quelques instants il m'observe, la machoire hésitant entre une moue moqueuse ou crispée, avant de laisser parcourir son regard à travers la fenêtre.
"Je suis sérieux."
" Aussi sérieux qu'un fou peut l'être. "
J'hausse les épaules, m'arrachant une grimace sous la morsure de cette corde pourtant si inutile..
La folie. Une option que je n'avais encore jamais envisagée. Etais-je fou? Cela pouvait combler chacune de mes interrogations.
"Alors je plaide la folie."
"Ce serait trop facile. Il faut apprendre à assumer ses actes, l'elfe."
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" Mais quelle pitrerie! Drizzt Do'Urden qui me demande à moi, l'Assassin de Luskan, Artemis Entreri, de devenir mon compagnon !"
L'humain se retourne, posant son regard sur moi. Je frissonne un instant sous ce regard si inquisiteur. Je n'avais guère l'impression d'être prude jusque là, mais ces yeux..si noirs..ils semblent fouiller jusqu'au fond de mon âme.
Pourtant je souris, je sais qui je suis!
Drizzt Do'Urden.
Ce patronyme fond dans mon esprit, l'en impreigne, l'immerge. Je le savoure alors qu'il me pique aussi surement que le plus acide des citrons. J'ai l'impression de gagner autant que de perdre à découvrir les mots qui me définissent comme individu. Cela ne scelle t-il donc pas mon passé et mon futur?
Je me rend à peine compte que j'apprend son nom à lui aussi, dans la volée.
Ni qu'il m'observe avec une moue dubitative à ce moment là..
L'instant d'après, il est face à moi, poings sur les hanches.
" Te rends-tu vraiment compte de ce que tu demandes, l'elfe? C'est absurde. "
"Laisses-moi en juger. "
"Et qu'y gagnerais-je? Je n'ai pas besoin d'un second capable de décider de sauver ma cible au dernier instant ou de courir défendre la veuve et l'orphelin au moindre cris! Je me débrouille parfaitement seul, et compte continuer ainsi."
Je soupire doucement, légerement déçu, quelque peu paniqué.
Son regard s'est durçit, je sens qu'il souhaite autant me convaincre que lui-même.
" C'est moi qui suis attaché, et c'est toi reste sur la défensive? Te protégeant derrière de factices remparts? Plutôt amusant.."
Artemis Entreri grogna, agacé par la remarque si juste.
" Oses me dire qu'une telle proposition ne t'intrigue pas! Que ton esprit n'a pas déja imaginé notre force ainsi! Oui, seul tu es un parfait assassin, apte à survivre dans les tréfonds de l'obscurité, la lame toujours à l'affut. Mais avec moi..tes possibilités seraient infinies.."
"Et bien, quelle humilité!" Ricana l'humain. "Si un jour on m'avait dit que tu défendrais notre alliance..J'aurais tué cet imbécile sur le champ. Maintenant..."
"Tout le monde évolue, Entreri."
"Même toi?" répliqua t-il d'un sourire mauvais.
" Surtout moi. " Lachais-je d'une moue agacée.
Quelques minutes s'égrainèrent, laissant Entreri tourner dans la petite pièce sans plus m'accorder un regard, jouant avec un petit couteau de lancé. Murmurant quelques mots dans sa barbe. Le nom de Jarlaxle ressortit plsuieurs fois, attisant ma curiosité. Mais je pris sur moi afin de ne rien laisser paraître. Il en savait déja sufisement trop sur mon étrange état.
Mais je devinais son tourment. Il ne comprenais pas tout, se sentait mis en danger par ma seule présence. Je ne savais rien de notre passé, si ce n'était qu'il avait été tumultueux et jonché de haine. Et que ce manque flagrant de sa part comme de la mienne en ce jour l'effrayait. N'ayant nul pierre sur laquelle me reposer, je l'acceptais, m'en réjouissais même.
"Je reviens."
Balança t-il d'un coup, me jetant un regard tumultueux avant de quitter la salle, me laissant perplexe.
Quelques secondes plus tard, un son etouffé m'informa qu'il avait même rejoint l'extérieur.
Je soupirais.
Je me sentais étrangement exténué. Et quelque peu inquiet malgré tout. Allait-il accepter? Ou finalement décider de me livrer aux autorités ou quelque autre parti qui apprécierait ma carcasse diabolique?
Tout me semblait si simple et compliqué à la fois!
Les minutes s'égrénèrent. Horriblement lentes. Et je n'avais absolument aucune notion du temps écoulé.
Juste de ma position absolument inutile, désagréable et impuissante.
"Tu aurais au moins pu me détacher, bougre d'iblith!!" Sifflais-je doucement entre mes dents.
Je ne me serais pas enfui! Ne lui avais-je donc pas signifié mon interêt? Un problème de confiance, certes, mais tout de même.
Soupirant une énième fois, je fermais doucement les paupières tout en faisant le vide dans mon esprit. Sans me souvenir d'où je tenais cette étrange technique de méditation, je rejoignais mon néant intérieur, gelant mes émotions afin d'accroître mes limitations.
Un leger sourire apparut sur mes lèvres.
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Je de mots
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