Je ne vis rien, aucun souvenir, et pas de sensations. Demyx ne m'inspirait rien, et à mon grand malheur, le nom complet de A ne me revenait pas.

"Alors Rox ? Des souvenirs ?"

"Pas du tout, je suis désolé…"

Je me sentais inutile et honteux. Je voulais me rappeler de lui, lui montrer à quel point je m'intéressais à lui, mais rien ne me revenait. Il éclata de rire, Demyx également.

"Rox, c'est normal !"

Demyx et A s'assirent dans la cuisine, se parlèrent une minute, et Demyx me demanda si j'aimais le fromage et le jambon. A répondit à ma place, avec exactitude. Demyx se mit à cuisiner des pizzas, et en une demi-heure, trois parfaites pizzas trônaient devant nous sur la table. Je mordais dans une part sans même lui laisser le temps de refroidir, la sensation de brûlure partout sur mon corps était la meilleure que je connaissais depuis ma rencontre avec A.

"Demyx, tu es un cuisinier hors pair !"

Il sourit à mon commentaire, qui apparemment lui fit plaisir. Le goût de la pizza me ravit et je l'avala entièrement en à peine cinq minutes.
"Tu n'a pas mangé depuis deux jours ou quoi Roxas ?"

Demyx avait raison, et je ne m'étais même pas rendu compte que la faim me tiraillait. La seule explication plausible, qui me fit du mal à avaler, était que j'étais trop occupé était que j'étais trop occupé à observer la perfection des traits de A, de l'attraction de son corps et la séduction de sa voix.

Roxas, arrête tes délires, tu es en train de mater un gars !

"Rox, ça ne va pas ?"

Avec son air inquiet, A me fit rire. Si il savait à quoi je pensais, à l'instant même… Je m'en voulais, tout en lui était une perfection et mes yeux ne se détachaient pas de lui. Mais après tout, je m'émerveillais tôt le matin dans les forêts inondées de lumière simplement parce qu'elles étaient belles, aucune allusion amoureuse la dessous, alors, je pouvais bien observer une belle chose de plus, homme ou arbres ?

Ma conscience soulagée, mes yeux se fermèrent. Cette maison était comme une harmonie parfaite, et je me sentais comme une note de musique, jouée dans la symphonie des lieux. Le sommeil s'empara de moi en une seconde, et je m'endormis sur la table de la cuisine, la tête sur les bras.

Une minute ou une heure après, je n'avais plus la notion du temps, la chaleur m'entoura. Luttant contre le sommeil, j'ouvrais difficilement un œil. A me portait dans les escaliers, et très vite il me ramena dans la chambre où je m'étais éveillé quelques heures plus tôt.

Il me posa contre le lit, et un œil toujours discrètement ouvert, je l'observais m'enlever les vêtements que je portais. Je me retrouvais donc comme la première fois en caleçon. A rabattu les draps sur moi, plia mes vêtements, et sorti de la pièce. Son rire se fit entendre dans la maison quelques secondes plus tard.

La pire des idées effleura mon esprit avant que je ne me rendorme. Je regrettais que A ne m'enlève mes vêtements que pour que je puisse dormir. N'ayant aucune envie de lutter contre le sommeil, je me jurais de me punir à mon réveil pour cette terrible pensée, qui mêlait en moi une peur inconnue et une envie incontrôlable.

La nuit passa comme une seconde et je m'éveillais une seconde fois chez A. Par la fenêtre, le soleil brillait clairement. Je descendis les escaliers, sans aucun soucis dans ma tête, quand je vis A, allongé sur le canapé, emmitouflé dans une couverture. J'étais vraiment le pire des parasites. En plus de ne pas connaître le nom de mon hôte, je lui volais son lit.

Silencieusement, je passais devant lui et entrais dans la cuisine, où à mon grand étonnement, Demyx était en train de préparer un petit déjeuner.

"Bonjour Roxas ! Tu es très matinal, rien à voir avec la marmotte qui dort sur le canapé."

Il tourna la tête vers le salon, avec un sourire en coin.

"Demyx, est ce que A dors toujours sur le canapé ou est ce que je lui vole sa chambre ?"

"Je ne vais pas te mentir, tu dors dans son lit depuis trois jours, mais il était tellement content de te retrouver qu'il t'a tout de suite donné le plus de confort possible. Tu pourras lui en parler, mais à mon avis, il gardera son canapé tant que sera chez lui."