"Réveille-toi Roxas, ça ne peut être qu'un rêve !" J'avais beau me frapper la tête autant que je le pouvais, rien ne m'indiquait que je n'étais pas dans la réalité. Comment je pouvais passer une si mauvaise semaine, un si mauvais mois même ? Tout allait de travers, et je n'en pouvais plus. Cette note sur ma copie, comment il était arrivé-la ? Je travaille comme un fou depuis des mois pour un D ? J'avais besoin de vacances, sinon je risquais de faire une bêtise…
Après cet échec scolaire accablant, je rentrais chez moi, sous un désespérant ciel de novembre. Je ne me donnais pas la peine de dire au revoir à mes amis, pour la simple raison que je n'en avais pas. Ca vous paraît étrange ? Personne pourtant ne s'intéresse à moi, filles ou garçons. Et je dois dire qu'après tout, je suis très tranquille comme ça. J'ai un certain succès avec les animaux, ce qui fait que je ne suis jamais vraiment seul, mais malgré cela, je suis assez comment dire… Solitaire, c'est le mot. Ce vendredi soir donc, accompagné du vent froid et des légères gouttes de pluie glacées qui collaient à mes cils, je retournais chez moi. Rien de bien particulier, je ne suis pas très intéressant, il est vrai. Ce qui sort peu être de l'ordinaire chez moi, c'est qu'à 16 ans, j'habite seul dans une maison. Ma famille et moi, nous sommes en conflit depuis déjà de nombreuses années. En vérité, mes parents biologiques sont morts il y a de cela 15 ans, et j'ai été recueilli par l'autre famille, qui ne m'a jamais aimé. L'année de mes 15 ans, nous avons eu une grosse dispute et à la suite de celle ci, j'ai pris ce que j'avais gardé comme argent et j'avais payé à mes grands-parents, biologiques cette fois, la somme d'un an de loyer. Ils m'avaient en échange donné la possibilité de vivre dans leur grande maison, qu'ils n'habitaient plus. Pour continuer à payer ce loyer, j'avais trouvé un petit boulot dans une pizzeria. Je vivais assez simplement, pour tout dire.
En ouvrant la porte de la maison, je poussais un soupir de consternation. Qu'est ce qu'il faisait froid ici, j'oubliais toujours de mettre le chauffage… Je refermais, jetais mon sac contre un mur et montais le chauffage. En entrant dans la cuisine, je me rendis compte que la fenêtre était ouverte. C'était d'ailleurs anormal, je la fermais toujours avant de partir. Je refermais cette dernière et montais dans ma chambre. La fenêtre était également ouverte. Je commençais à me poser des questions, jamais je ne laissais rien ouvert. Mes yeux parcoururent la chambre, et s'arrêtèrent sur mon bureau en verre. Mon ordinateur avait disparu. Comment était-ce possible ? J'avais été cambriolé !
La vie ne m'aimait définitivement pas. J'avais pourtant beau regarder partout, les fenêtres n'avaient pas été forcées, et seul mon ordinateur portable avait été volé. Quel voleur aurait uniquement volé un ordinateur ? On trouvait dans ma chambre une guitare qui valait une fortune, et qui m'avait coûté 2 mois de salaire a la pizzeria, une console de jeu dernière génération, et sur ma table de nuit, un collier en argent, incrusté d'un diamant, qui avait appartenu à ma défunte mère. Enfin, ces objets de valeur n'en on peu être que pour moi. Il était hors de question que j'appelle la police pour signaler le vol, j'avais déjà eu une mauvaise expérience avec eux dans le passé.
Plus d'ordinateur ? Tant pis. Je me préparais à manger et m'affalait dans un fauteuil. Quelle vie pourrie. Je m'écrasais un coussin sur le visage, sans aucune envie particulière. Le silence dans la maison était pesant et je me sentais vraiment seul.
"Tu te sens si seul, délaissé…"
Qu'est ce que c'était ? La voix avait parlé dans ma tête, douce et vibrante. Je devais sérieusement commencer à fatiguer, si j'entendais des voix. Pourtant, il me semblait connaître ce son, cette profondeur et cette douceur. Ma tête me tournait. Je montais dans ma chambre, malgré l'heure, et je m'allongeais.
Pas le moyen de trouver le sommeil, je me retournais sans cesse, les paroles mystérieuses résonnant dans ma tête. J'imaginais le visage de l'homme qui aurait pu avoir cette voix. Au bout de deux heures, je me levais et me dirigeais vers la salle de bains, histoire d'être propre, ne voyant rien d'autre à faire. L'eau chaude coulait, et je me glissais en dessous. La chaleur me relaxait, j'oubliais cette histoire de cambriolage, mes notes scolaires, la voix… Je passais mes mains dans mes cheveux blonds, ne me souvenant que de ma peau qui brûlait presque. Au fur et à mesure des minutes, je me souvenais d'une chaleur semblable à celle la, de rouge et de vert, de noir et de feu…
En sortant de la douche, je ne comprenais plus rien. Des souvenirs me revenaient sans que je sache réellement d'où ils venaient, et la seule explication que je trouvais était que je délirais, entre la fatigue et la tristesse, et je retournais me coucher, la nuit noire envahissant désormais ma chambre.
Cette fois ci, dès que les draps frais enlacèrent mon corps encore brûlant, la fatigue et l'envie de dormir pénétra en moi par tous les pores de ma peau. Je ne luttais pas et sombrais dans les délices de la nuit, la douceur du sommeil, le bien être des rêves.
… J'étais dans une salle noire. Ma poitrine écrasée par un effort que je ne connaissais pas m'empêchait de respirer. Je n'étais pas seul, mais impossible de savoir qui était devant moi. Une cendre tiède se colla à ma joue, et c'est seulement à ce moment là que je me rendis compte que j'étais entouré par un brasier étouffant, et que mise à part les deux uniques éclats verts en face de moi, il n'y avait que le feu et rien d'autre.
'' Roxas !''
Je me redressais en sursaut dans mon lit. Un rêve ? Comment était ce possible ? Tout cela m'avait semblé si réel… Sur mon visage, un rayon du soleil matinal s'était posé et me réchauffait. La nuit était passée en une seconde. J'allais avoir le temps des vacances pour dormir, c'est déjà ça.
J'étais bien décidé à comprendre pourquoi j'avais entendu cette voix. Comment par contre, je ne savais pas. Je sortais de ma chambre, la faim me chatouillant le ventre. Dehors, le soleil était pâle mais éclairait le ciel glacé.
Assis contre une chaise dans la cuisine, le dos nu, je perçu une douleur que je n'avais pas ressenti depuis des années. Sur mon épaule, ma brûlure en forme de larme se remit à me faire souffrir. Je fis glisser ma main sur le haut de mon épaule et laissa mes doigts effleurer la blessure qui ressortait en relief. Il s'en dégageait une chaleur inhabituelle en permanence, mais ce matin là, elle me brûlait vraiment. Aussi loin que remontaient mes souvenirs, je ne me souvenais pas de comment je l'avais eu. Un frisson me parcourut au contact du carrelage sur mes pieds nus alors que ma cicatrice me donnait l'impression de déchirer ma peau. Ce mélange de glace et de feu me rappelait bien quelque chose mais quoi ?
Toujours cette vision de vert émeraude, et ce rouge feu… Est ce que je devenais fou ? Des voix et maintenant des visions… Déjà que je ne connaissais pas grand monde, tous les amis que j'aurais pu avoir m'auraient laissé seul. Je dois être vraiment spécial.
" Ecoute ma voix dans la nuit…"
Je sursautais, choqué d'entendre encore cette voix, alors que j'étais perdu dans mes pensées. Mais qui es tu ? Je voudrais bien l'entendre ta voix dans la nuit, mais parles moi ! Je me demandais si les phrases avaient du sens finalement. La première disait que je me sentais seul et la deuxième de l'écouter durant la nuit. Mais en y réfléchissant, je les avais toutes les deux entendues quand je me sentais vraiment sans appui. Alors, il fallait que je me sente délaissé pour t'entendre hein ?
J'avais trouvé mon objectif du week-end.
Qui tu es, j'allais le savoir. |