Disclaimer : aux dernières nouvelles, je ne suis pas blonde. J. K. Rowling, elle, l'est.
Note de l'auteur : Un petit peu plus d’explications sur le début de leur relation...
oOoOo
L’eau chaude coulait dans ce bain que Ron avait mérité, et les vapeurs que cette baignoire exhalait enivraient le jeune homme. Le harassement avait terrassé ses muscles, et il se reposait dans la Salle de bains des préfets en attendant la grosse soirée que les jumeaux avaient préparée en vue de leur victoire.
Avant même de combattre, ils savaient tous que les Lions allaient rugir. Les stratégies des Serdaigles, la solidarité des Poufsouffles ou la ruse des Serpentards ne pouvaient rien contre les Gryffondor. C’était écrit. Cela n’empêcha pas Malfoy de soupirer lorsqu’il poussa la porte de la Salle de bains, tout en se débarrassant de sa lourde robe. Il ne remarqua pas Weasley, jusqu’à ce qu’il plongeât le pied dans l’eau.
Ils restèrent tous les deux immobiles et silencieux. Enfin, Draco eut tout de même la décence de se plonger dans l’eau. Ron l’avait perçu et écouté, et lorsqu’il se rendit compte que l’autre n’avait pas l’intention de partir il décida d’en profiter et de le laisser entrer dans son bain. La voix hermignonienne avait probablement raison, mais le doux credo de l’action avant la réflexion avait pris bien trop de place dans sa cervelle pour qu’il le reconnût.
Le Serpentard se maudit, s’il ne s’était pas plongé dans ses pensées de manière si profonde, il aurait remarqué que le bain n’était pas vide, il aurait senti une présence à ses côtés. Il se reprit : il l’avait remarqué, il n’avait pas pu l’ignorer alors qu’elle était tangible, mais il avait simplement choisi (contre son gré) de ne pas y prêter attention. Son entraînement ne lui permettait pas d’aussi grandes inattentions. Il déglutit légèrement, ne sachant que faire, que dire. Il sentait de l’animosité.
« Que fais-tu dans mon bain, Malfoy ? – C’est vrai que même une cuvette doit te paraître grande, à côté de ce que tu as chez toi. – Tu as fini de m’insulter ? Au cas où tu n’avais pas remarqué, nous sommes seuls. Pas besoin de... – Tu as envie de me dire quelque chose ? Sinon, je m’en vais. – C’est quoi cette histoire avec Pansy ? »
Cette mascarade, ces simagrées, ce mensonge. Par où commencer ? Il ne voulait pas le blesser en affirmant qu’il ne ressentait pas de l’amour, mais que ce n’était pas non plus un rejet catégorique. Et comment faire comprendre à l’autre ce que lui-même n’avait pas démêlé ?
Quand le silence devint trop lourd, Ron s’impatienta et se rapprocha physiquement de Draco. Il réussit à lui attraper la main. Ce simple contact les électrisa tous les deux, l’un luttait pour s’en éloigner tandis que l’autre s’y accrochait, ils étaient si troublés qu’ils finirent tous les deux par se toucher, entièrement. Corps-à-corps.
Aucun d’entre eux ne pensait à la situation. À leur nudité, à leur dispute avortée. Ils se délectaient de l’autre, et à ce moment précis, rien ne pourrait les déranger. Une porte qui claque, un fantôme qui surgit, un courant d’air qui s’infiltre.
Ils ne s’embrassaient pas encore, trop occupés à savourer leur proximité physique. Ils respiraient leurs corps d’une manière qui leur était inédite, mais pas désagréable. Ils n’avaient plus le temps de penser, leur bon sens était brouillé par leurs sens. Se voir, se toucher, se sentir, s’entendre. Et se goûter.
Encore plus timidement que la dernière fois, parce que cela ne répondait pas à une pulsion, leurs lèvres se frôlèrent. Passé le premier moment de surprise, le ballet ne fut plus tendre, mais bestial. Avec avidité ils se cherchèrent. Avec passion ils s’entrechoquèrent. Avec ardeur ils se rencontrèrent.
Ce n’était plus deux ennemis qui se trouvaient dans ce bain, ce n’était plus deux passés familiaux qui se détestaient profondément. C’était deux garçons qui s’aimaient suffisamment pour avoir envie de s’embrasser. Juste s’embrasser.
« Que crois-tu que nous sommes en train de faire, Ron ? – Des bêtises. C’est bon les bêtises. – Je suis désolé pour Pansy. J’ai besoin d’elle pour être ce que je parais, tu comprends ? – Un peu. Qu’est-ce que cela fait de nous ? – ... – Rien du tout, je présume. »
Draco hésitait, il avait hésité trop longtemps. Aucun son ne passait ses lèvres, parce qu’aucune parole pré-fabriquée n’existait dans sa tête. Il avait des mots prêts pour chaque situation. Il avait une excuse pour chaque faux-pas. Il était censé apaiser la situation, c’était lui qui l’avait rendue épineuse. Mais l’air triste de Ron, il ne le supportait pas. Pas une étreinte, pas un baiser ne le rassurerait sur la situation.
Ils ne pouvaient pas être rassurés par la situation. La stabilité n’était pas au programme, et ne le serait probablement jamais. Draco ne serait jamais le gendre idéal pour Mrs. Weasley, et prétendre le contraire serait du mensonge stupide. Mais ils pouvaient tracer un bout de chemin ensemble, voir comment les choses évolueraient.
C’était un bon début.
oOo
« Que faisais-tu ? Je ne t’ai pas trouvé dans ta chambre. – Je prenais un bain chez les Préfets. Tu as fini le devoir de Rogue ? – Tu l’as terminé hier soir, pourquoi me demandes-tu ? Draco, je ne compte certainement pas le faire ce soir ! Nous avons une autorisation de sortie à Pré-au-Lard demain, tu te souviens ? »
Pour les cadeaux de Noël, bien sûr. Était-il de bon ton qu’il achetât un présent à son nouveau petit ami (il rougit en pensant qu’il l’était, définitivement) alors que celui-ci n’aurait probablement pas la possibilité de lui en offrir un ? Parfois, il détestait que son père fût riche.
Machinalement, il embrassa Pansy (ce qui éteignit immédiatement toutes les conversations de la Salle commune) avant de se diriger vers sa chambre. Une semaine qu’il n’avait pas donné de nouvelles à sa mère, elle risquerait de s’impatienter s’il ne prenait pas sa plume. Quatre jours qu’elle ne lui avait pas envoyé de colis, elle attendait donc un signe de sa part. Il lui fallait rester neutre. Son courrier serait lu par au moins deux personnes avant d’arriver aux mains de sa mère, ici et là-bas, et il n’était pas de bon ton de laisser transparaître trop d’arrogance.
Trois parchemins froissés et deux plumes brisées plus tard, une heure était passée et sa lettre était prête. Il n’en était pas pleinement satisfait, mais il donnait les nouvelles essentielles : son O en Potions (et non, le fait que Rogue fût son parrain n’y était pour rien) et son E en Métamorphose (parce qu’il n’avait pas fait apparaître un pingouin mais un manchot, sérieusement qui pouvait dire la différence entre les deux ?), le relâchement de la méfiance de Potter (le coup des sourires avait troublé Hermione, par contre), sa relation avec Pansy (« vous serez ravie d’apprendre que Pansy et moi avons décidé que notre amitié méritait un approfondissement réfléchi »). Et « le soufre était-il éradiqué de la cheminée ? ».
Tante Bella’, comme elle exigeait qu’il l’appelle, était sur le point d’accélérer le recrutement de Draco au service du Lord. Personne n’était prêt, pas Rogue qui lui donnait ses leçons, pas Lucius qui tentait de récupérer son ancienne place auprès de son Maître, pas Narcissa qui couvait son petit, et surtout, pas Draco qui n’avait pas encore accepté qu’on l’utilisât comme un pion.
Il avait mis une demi-heure à chercher une bonne formulation afin de demander des nouvelles de sa tante, mais il s’en tint au soufre. Après tout, combiné à l’hydrogène, il dégageait une odeur âcre qui était très représentative de ce qu’il ressentait pour elle : du dégoût profond.
Pansy vint le chercher pour le repas, et avec autorité, passa son bras autour du sien. Il était temps que toute l’école prît connaissance de leur rapprochement. Elle était fière de sa réussite, de sa patience, d’avoir convaincu son meilleur ami qu’une relation amoureuse entre eux était possible. Leurs parents n’attendaient que cela, mais elle voyait un rêve devenir réalité.
Elle voyait le prince de ses rêves à ses côtés, elle voyait toute une vie se dérouler devant elle. Une vie qui serait suite d’aubes prometteuses, d’orages et d’éclaircies, de soleils brûlants. Une vie comblée par un héritier, et des enfants si possible. Une vie de voyages et d’affaires, parce que Draco était un sorcier brillant. Elle voyait son bonheur, et elle irradiait.
Ce n’était que le début.
oOoOo
Toute question ou toute remarque est la bienvenue. |