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au 31 Mai 21 :
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Ennemis de toujours
Par Zelande
Harry Potter  -  Romance/Drame  -  fr
8 chapitres - Complète - Rating : T (13ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
    Chapitre 6     Les chapitres     1 Review    
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Question de force ?

Disclaimer : aux dernières nouvelles, je ne suis pas blonde. J. K. Rowling, elle, l'est.

Note de l'auteur : Un petit saut dans le temps, pour lorgner du côté de chez Draco. Tout commence à basculer, tout doucement, légèrement... (Et j'arrête de parler de dates de publication, je n'ai pas Internet en continu, je chope le Wifi des voisins, donc les publications sont un peu chaotiques...)

Bonne lecture !

oOoOo

Février était arrivé. Cela faisait deux mois que Draco formait un couple parfait avec Pansy, calme, serein, beau. Le temps passait décidément beaucoup trop vite. Assis sur l’un des fauteuils de la Salle commune, une plume à la main gauche afin de terminer son devoir de Métamorphose, Draco méditait. En réalité, il établissait un bilan personnel, mentalement.

La Saint-Valentin ne s’était pas si mal déroulée, Pansy l’avait emmené dans ce salon de thé tant prisé par les couples, à Pré-au-Lard. Il avait même cru apercevoir Potter, et cette pensée suffit à lui rendre son expérience moins douloureuse. Le soir même, il avait retrouvé Ron dans la Salle sur Demande, et ce fut une nuit mémorable. Il en rougissait de plaisir et de honte. Et tout ce qu’il voulait, à l’instant présent, c’était recommencer, encore et encore, jusqu’à épuisement.

Sa relation avec Weasley lui plaisait. À leurs débuts, englués dans leurs préjugés, trop fiers pour reconnaître leurs torts, ils se disputaient beaucoup. Un jour, agacé à l’idée de l’imminente dispute qui éclaterait encore, Draco prit les choses en main. Quelques sujets furent interdits : ils n’évoquèrent plus jamais la famille Malfoy, la famille Weasley, Harry, Voldemort. Et leur relation était plus saine. Ils se voyaient tous les deux jours environ, profitant d’une ronde pour se parler, d’une soirée libre pour prétendre travailler. Une seule personne les avait surpris, et c’était Hermione.

Draco savait qu’elle n’aurait jamais rien dit à personne. En tant qu’ennemi attitré du Trio, il les avait longuement analysés. C’était en l’observant qu’il avait fini par être obsédé par ses lèvres. Il lui fallait les goûter, aussi irraisonnable et insensé que cela pût être. Ce soir-là, elle était magnifiée, si vulnérable dans sa belle robe. Il avait eu envie de la prendre dans ses bras et de danser avec elle, quelques minutes, de recevoir avec délectation son sourire. Au souvenir de ce baiser, Draco sourit. C’était une belle période de sa vie, Noël dernier.

Il n’était plus sûr du moment où son attirance était tombée de l’autre côté. Du côté d’un jeune homme roux, pauvre et tellement honnête que cela donnait des nausées à Draco. Mais c’était arrivé. Il ne s’en voulait pas. Définitivement, malgré tous les obstacles, ils étaient heureux. Il voulait faire une cure de bonheur avant de tout abandonner.

Noël chez ses parents avait été teinté d’une lourdeur indescriptible. Cette année, la réception mondaine s’était faite chez eux, dans leur Manoir. De nombreuses grandes familles avaient été conviées, comme la tradition le voulait, et Pansy l’avait donc rejoint pour ces vacances. Personne n’avait jamais deviné qu’il n’était pas plus amoureux d’elle que de sa première paire de chaussettes.

Personne, sauf sa mère. Elle avait simplement regardé les beaux yeux gris de son Draco afin de confirmer ce qu’elle avait déduit de leur complicité enfantine. Si Draco appréciait réellement Pansy, il ressentait une légère répugnance à l’embrasser. Il fronçait son nez lorsqu’il se forçait à agir contre sa volonté première. Elle se plaisait à croire que si des inclinations particulières avaient dû se révéler, il n’aurait pas attendu l’adolescence pour le lui dire. Elle connaissait son fils, il ne serait pas tombé amoureux d’une fille comme elle, dont la force de caractère égalait son attitude exécrable.

Ce ne fut que quelques jours après la réception que Draco comprit. Son père n’avait invité que des familles réputées pour avoir des Mangemorts en leur sein. Il n’osa pas en discuter avec lui, sachant quel était son devoir de fils modèle. Il n’en connaissait pas l’échéance, mais c’était cela, l’ambiance désagréable, hypocrite. Tous savaient que l’héritier Malfoy allait être intronisé dans le cercle restreint de Voldemort.

Pansy avait été sa confidente, durant leurs années de prime jeunesse. Elle n’avait pas perdu sa place, mais il gardait sa vie privée et ses sentiments pour lui, encore. Il ne fallait faire confiance à personne. La méfiance de Draco envers ses pairs avait été renforcée depuis le retour annoncé de Voldemort. De plus, il savait ce que son père allait faire, au Département des mystères.

Les vacances d’hiver avaient également été annonciatrices d’une bien triste nouvelle : Bellatrix Black établissait refuge dans la maison de sa petite sœur Narcissa. Elle avait profité de cette liberté recouvrée pour enseigner à son neveu la pratique de l’Occlumancie. Draco avait rapidement progressé, ce qui n’était pas particulièrement étonnant vu l’environnement dans lequel il avait baigné depuis tout petit. Elle avait également parfait son entraînement offensif. Tante Bella’...

Février était arrivé. Cela faisait deux mois que Draco formait un couple secret avec Ron, tumultueux, torturé, magnifique. Le temps passait décidément beaucoup trop lentement. Assis sur l’un des fauteuils de la Salle commune, Draco mit le dernier point à son devoir de Métamorphose, d’un geste de la main gauche.

L’heure des choix était venue.

Sa réflexion fut interrompue brutalement par l’ouverture de la porte de la Salle. Il avait été seul une partie de l’après-midi, de nombreux Serpentards ayant préféré profiter du beau temps précoce autour du Lac. C’était également le jour de l’entraînement de Quidditch, mais Draco s’était excusé.

« Draco ! Je te cherchais partout. Rogue veut te voir, il dit que c’est urgent.
–  Et tu n’as pas pensé à venir ici plus tôt, Pansy ?
–  Je te pensais à la Bibliothèque, tu avais parlé du devoir de Métamorphose.
–  Rogue est dans les cachots ? »

Bien sûr qu’il y était, en train de préparer une quelconque potion. S’il devait s’avouer quelque chose, Draco se sentait à l’aise dans cette pièce trop chaude, encombrée de dizaines de chaudrons toujours sur le vif, enivré par les vapeurs diverses des préparations de son professeur. Les Potions étaient sa matière préférée, il aimait la minutie, la patience et la solitude qu’elles requéraient.

Un Philtre de paix côtoyait une potion délicate de Felix Felicis, ainsi qu’un Veritaserum proche de la maturité. Il fallait à Draco une dose de revigorant, il se promit de la quémander à son parrain avant de quitter la salle.

Draco avait choisi sa famille. Et par ce choix, il entérinait, unilatéralement, la fin de la relation si satisfaisante qu’il entretenait avec Ron. Choisir sa famille, c’était logiquement choisir Pansy, et une voie dans laquelle il ne pouvait entraîner son petit ami. C’était le choix le plus difficile qu’il n’avait jamais eu à faire durant toute sa vie. Mais c’était sa famille, c’était son père, c’était sa mère.

Même l’amour qu’il ressentait pour le rouquin ne pouvait surpasser cela. De l’amour de ses parents, il en avait tiré une loyauté sans faille, une confiance sans limite. L’amour qu’il ressentait pour son petit ami, sans lui avoir jamais dit, était teinté de secrets. Ce n’était pas ce qu’il méritait. Mais il savait qu’ils avaient droit à quelques moments de plus. Il avait choisi sa famille, mais l’échéance n’était pas encore tombée.

« Carpe diem quam minimum credula postero. » Horace l’avait écrit avant lui, il l’écrirait dans sa propre histoire. Profiter était le seul bien qu’il lui restait. Il ne le galvauderait pas. Dans quel but l’aurait-il fait ? Il ne courait pas après le bonheur, il ne voulait pas de la gloire.

Il avait vu les dégâts de la gloire sur Harry Potter, et il ne l’enviait aucunement. Jamais il n’aurait voulu prendre la place de son adversaire. Au fond, il l’admirait un peu, ce benêt trop confiant. Il avait dû endosser des responsabilités trop grandes pour son jeune âge. Et leur petite guerre était un divertissement que Draco lui offrait de bonne grâce.

En évoquant le divertissement, Draco allait pouvoir montrer ses talents, encore une fois.

« Alors, petit pote Potter, on est tout seul ?
–  Comme toi, Malfoy. Qu’est-ce que tu veux ?
–  Mais rien du tout... Dis-moi, tu t’es amélioré en maléfices récemment ? De ce que j’ai vu du Labyrinthe, tu aurais pu faire bien mieux...
–  Je vais t’étrangler, espèce d’ordure ! »

Ouch, ça faisait mal quand même. Le poing de Harry ne mentait pas !

oOo

« Mais qu’est-ce qui t’a pris de te battre avec Harry ? Ça faisait des semaines que tu lui avais rien dit !
–  Justement, et le temps me paraissait long. Arrête de crier Ron, on est à l’infirmerie !
–  Mais je m’en fous de savoir où on est, bordel !
–  Écoute, si je t’explique, tu ne comprendras pas, alors laisse-moi tranquille.
–  Essaie toujours ! »

Ron ne put s’empêcher d’afficher un air perplexe, qui lui donnait plutôt l’air stupide. Lorsque Draco le lui fit remarquer, il écopa d’une bourrade dans l’épaule, celle qui n’était pas démise. Et un sourire, celui du petit ami attendri. Il ressentait de la peine pour son blondinet, tout de même, coincé dans un lit d’infirmerie pour avoir voulu égayer la vie de son ennemi juré. Il avait beau trouver l’autre dérangé (quelqu’un de mentalement sain n’aurait jamais fait cela), il était adorable. Avant d’en faire la remarque, Ron s’éclipsa de l’infirmerie.

Deux mois qu’il fréquentait l’ennemi. Sa loyauté envers Harry n’en avait pas été moins diminuée, malgré les crises de culpabilité qui le prenaient de temps à autre. La pire eut lieu quelques jours après la scène de la Salle de bains, lorsque son père avait été attaqué par un serpent. Il en voulut à tout le monde, à Harry pour l’avoir vu, à Draco pour être de l’autre côté. Mais ce n’était « que » la faute de Vous-Savez-Qui.

Il avait dû apprendre à compartimenter. Pour quelqu’un qui avait la capacité émotionnelle d’une cuillère à café, Ron s’en sortait vraiment bien. Un jour, Hermione lui avait demandé comment il parvenait à gérer cette montée d’émotions soudaine, cette sorte de double vie. C’était devenu naturel pour lui, il ne réfléchissait plus. Certes, parfois, il doutait du bien-fondé de cette relation. Et l’autre souriait de loin, et il sentait l’autre près de lui, et plus rien d’autre n’avait d’importance.

Ils communiquaient de mieux en mieux. Ils se faisaient discrètement signe lorsqu’ils se croisaient dans les couloirs, même si Draco avait repris son regard méprisant pour Harry. Ils discutaient à travers leur parchemin magique, tous les soirs, ne serait-ce que quelques minutes, ou pour se souhaiter Bonne nuit. Ils tenaient l’un à l’autre.

En entrant dans la Salle commune, Ron ne s’attendait pas à l’explosion qui allait suivre. Fred lui tendit le magazine du père de Luna,Le Chicaneur. De plus en plus grave au fil de la lecture, Ron finit par comprendre ce qui allait se passer.

Voldemort était vivant. Ron le savait, bien sûr, mais de le voir écrit, noir sur blanc, dans une interview que son meilleur ami avait donnée, cela rendait la vérité encore plus claire. Il était vivant, et cet entretien signait le début de la fin. Il faisait surgir des inquiétudes nouvelles dans le cœur de Ron, des questions qu’il avait délibérément occultées. Et la première de toutes concernait, égoïstement, sa relation avec Draco.

Objectivement ? Son mec était un connard. Il continuait à effrayer les pauvres « petits », à voler celui qui n’avait rien demandé, à exiger que tout le monde s’écarte sur son passage. Le personnage public de Draco Malfoy le dégoûtait. Il savait que cela faisait partie, comme Pansy, de son paraître, mais il n’acceptait pas que cette partie publique le rongeât dans le privé.

Pourtant, et ce n’était pas une information dont Ron était fier, il l’aimait un peu trop. Il aimait le regard perplexe et le jeu de sourcils dont Draco avait la spécialité. Il aimait le ton traînant et exagéré qu’il utilisait lorsqu’il se moquait. Il aimait le corps délié et musclé de son amant.

Son amant. C’était toujours perturbant de le dire. Encore plus de repenser à la nuit de la Saint-Valentin. Le cliché était dérangeant, pour des esprits aussi peu romantiques que les leurs, mais au moins, durant cette soirée-là, Harry et Hermione ne s’intéressaient pas à lui. Ils n’avaient pas remarqué son absence, du moins Harry ne l’avait pas remarquée. Hermione semblait ne pas s’en préoccuper.

Il avait vécu l’une des plus belles nuits de sa vie. Il avait été maladroit, hésitant, imparfait, mais ils s’étaient aimés, plus fort qu’ils ne l’avaient jamais fait.

Hermione venait de croiser son regard, elle semblait perdue au milieu de toutes ces allégresses. Il ne les avait pas délaissés, ces derniers temps. Il avait beau disparaître, de temps en temps, il oscillait entre les soirées avec l’AD (qui étaient libératrices de toute la colère qu’il gardait en lui), les moments passés avec son petit ami (un peu de paix), les entraînements clandestins puis officiels de Quidditch (il était bon, vraiment), les devoirs plus nombreux que jamais (les B.U.S.E. cette année...). Il ne savait même pas comment il faisait pour survivre.

« Ron, tout va bien ?
–  Et toi ? On dirait que l’article te rend, je ne sais pas, triste.
–  Rien ne sera jamais plus pareil, n’est-ce pas ?
–  Non. Je serai toujours là, et Harry aussi. C’est à ça que servent les amis. »

Il la prit dans ses bras, quelques minutes, parce qu’il savait lui aussi qu’elle avait raison. Hermione avait rarement tort, surtout lorsqu’elle énonçait ce genre de nouvelles pessimistes et dévastatrices. L’Ordre du Phénix avait jailli de ses cendres cet été, et le plus sérieux était à prévoir.

Leur innocence, leur adolescence leur avait été volée. À Harry encore plus qu’à eux. Molly avait beau tenter de cacher les horreurs du monde à ses fils, elle ne pourrait rien faire contre la guerre, sauf s’y engager. Et cela, plus que tout, attrista Ron. Il tenait à sa famille, il considérait Hermione et Harry comme sa famille.

Il espérait encore, dans son cœur, qu’ils s’en sortiraient tous, certes meurtris, mais vivants. Il espérait encore que Draco ferait le bon choix, qu’il servirait contre le Maître de son père. Il espérait, pour tenir, pour rester fort. C’était sa seule arme contre les Ténèbres. Il refusait que son esprit noircissât.

C’était sa force.

oOoOo

Toute question ou toute remarque est la bienvenue.

(Sérieusement, ce serait bien de savoir si quelqu'un me lit...)

 
 
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