Disclaimer : aux dernières nouvelles, je ne suis pas blonde. J. K. Rowling, elle, l'est.
Note de l'auteur : C’est plutôt un choix qu’une autre force, mais tout de même. C’est là où Draco entérine quelque chose de grand(iose).
Bonne lecture !
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Draco tournait en rond dans la Salle sur demande. Ron était une fois de plus en retard. Une demi-heure ! Sachant qu’il avait rendez-vous avec Pansy après, il ne pouvait prendre le risque d’arriver en retard, et ce serait donc leur moment qui serait écourté. Cela l’énervait prodigieusement. Le rouquin avait intérêt à avoir une bonne raison.
« Désolé, l’entraînement de Quidditch a été beaucoup plus long que d’ordinaire, on a bâti une nouvelle stratégie. Tu as passé une bonne journée ? – Tu m’as manqué. Sinon, je ne t’aurais pas attendu. – Oui, je sais, je suis désolé. Tu m’as manqué aussi. »
Ils ne s’étaient pas vus depuis une semaine. Et Draco avait besoin de courage pour affronter Pansy. Il avait envie de ressentir le soutien de la personne qu’il aimait. Il se sentait dépendant, il abhorrait cette idée, mais elle était devenue une nécessité au fil du temps, des mois.
Mai se rapprochait à grands pas, et le match de Quidditch contre les Poufsouffle également. Ce n’était pas la préoccupation principale de Draco, et Montague n’en pouvait plus de le sermonner, de quémander un peu plus d’attention. Le Quidditch avait perdu son attrait principal lorsqu’il avait compris qu’il avait réellement payé pour entrer dans l’équipe, et qu’il n’était pas si bon Attrapeur que cela.
Voir les fossettes de son amant se creuser sous son sourire lui avait manqué. Toucher du creux de ses mains son corps lui avait manqué. Respirer son odeur à pleins poumons lui avait manqué. Entendre sa voix rauque et posée lui avait manqué. Goûter du bout des lèvres.
Sentir les muscles tendus et le souffle court.
Ce n’était pas le moment de faiblir, de s’éloigner de lui. Les jours s’étaient succédé avec cette inquiétante régularité, le printemps s’était installé avec ses températures plus douces et ses oiseaux qui chantent, les cours avaient apporté leur lot d’injustices, d’efforts à fournir et de récompenses. L’avenir s’assombrissait, surtout dans la perspective de Draco. Ron ne devinait aucun des tourments qui s’acharnaient dans l’esprit de Draco, et aucun d’entre eux n’avait jamais eu le courage de briser leur paix éphémère par l’évocation du futur.
Rien de brillant n’en sortirait.
« Pourquoi tu vas voir Pansy le même jour que tu me vois, moi ? – Je rends ma future épreuve plus douce en pensant à ce qui s’est passé juste avant. – J’aimerais bien que tu ne sois pas obligé de sortir avec elle. »
Draco aussi. Recevoir cette confidence l’avait touché, plus qu’aucun des autres mots que Ron prononçait, ou écrivait. Les banalités étaient d’usage entre eux. Cela leur faisait certes plaisir, connaître une partie de la journée de l’autre, mais pour quiconque l’avait expérimenté, c’était insuffisant. Grandement insuffisant. L’amour a besoin d’une autre essence que celle du quotidien.
Après quelques minutes de plus en la compagnie de son amant, le blond fut contraint de prendre congé et de gagner la Tour d’Astronomie, là où Pansy lui avait donné rendez-vous. Ce n’était pas usuel de sa part, il se méfiait de ce qu’elle pouvait lui cacher de si important. D’habitude, elle se contentait de lui dire qu’elle le retrouverait dans sa chambre, Draco chassait ses compagnons de dortoir et s’attelait à cette besogne à peine satisfaisante, et c’était fini.
Pour dire la vérité, le chemin lui parut angoissant.
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Une fois qu’il eut pris Pansy dans ses bras et qu’ils se furent embrassés (comment comparer l’automatisme de ces baisers avec les merveilles que donnait Ron ?), il la suivit dans les couloirs. Ils se rendirent bientôt dans une salle vide, dotée d’une cheminée. Il craignait le pire... et il avait bien raison.
Le moment était finalement venu de mettre en application son choix. Il vit la tête de son père apparaître dans l’encadrement de la cheminée, il apercevait même Bellatrix à ses côtés, le sourire maléfique aux lèvres. Il ne pouvait s’empêcher, il la détestait. Le récit de sa mère ne la mettait pas en valeur, il fallait l’avouer. Leur enfance n’avait pas été facile, et l’aînée avait décidément attrapé un grain de folie. Narcissa avait été à Poudlard en même temps que sa sœur, et elle avait subi des brimades... notamment pour être tombée amoureuse de ce faible Lucius Malfoy.
Il admirait l’amour que ses parents se portaient mutuellement. Lucius n’avait jamais voulu que sa femme fût marquée, et elle ne l’était d’ailleurs pas. Ils s’étaient soutenus dans toute épreuve difficile, il n’avait jamais vu ses parents se disputer une seule fois. Il aurait aimé exhiber son amour pour Ron de cette manière. Il assumait, même si son petit ami n’en avait jamais rien su, et ne le saurait probablement jamais.
« Je sais que tu fais partie de cette Brigade Inquisitoriale. – Oui Père. Que dois-je faire ? – Lorsque Potter cherchera à quitter Poudlard, tu ne devras pas l’en empêcher. – Quand ? – Quand le Seigneur des Ténèbres l’aura décidé. »
Ils allaient attirer le Balafré dans le Département des Mystères ! Draco failli demander à son père comment ils comptaient faire, mais la lueur dans son regard l’en dissuada. Allait-il mourir ? Qui l’y attendrait ? Il n’avait jamais souhaité (jamais réellement) la mort de son ennemi juré. C’était un blasphème.
Le plus gros défaut de son père était, sans nul doute, sa haine envers les nés-Moldus. De vieux préceptes familiaux destinés à protéger la pureté du sang. Probablement une crainte immense de voir l’héritage dilapidé, qu’il soit matériel ou intellectuel. Si son père savait qu’il avait embrassé Granger, ou qu’il tombait amoureux d’un traître à son sang, il serait envoyé sur une autre planète en moins de temps qu’il ne fallait pour dire « Avada Kedavra ».
À force de côtoyer des sorciers plus ouverts d’esprit que lui (oui, cela existait à Serpentard également), Draco avait fini par comprendre et accepter que l’argent ne faisait pas tout. Au contraire, il pourrissait le cœur. Il avait vu Ron, d’une générosité et d’une honnêteté sans limites, Ron qui venait d’une famille pauvre, mais où l’amour suffisait pour continuer à avancer. Il s’était demandé ce qu’il ferait s’il avait moins d’argent. Mais il ne pouvait pas...
Il avait tout de même choisi sa famille.
Elle était sa force.
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