Disclaimer : aux dernières nouvelles, je ne suis pas blonde. J. K. Rowling, elle, l'est.
Note de l'auteur : Me voici de retour avec une histoire écrite pour « plaisanter », comme un défi. Un petit Draco / Ron, que j'ai essayé de rendre crédible avec tous mes efforts. (Je dois avouer que ce couple me terrifie ! Mais les acteurs ensemble sont magnifiques, haha.)
Bonne lecture !
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L'hiver s'installait patiemment, et apportait avec lui les flocons de neige tant attendus. Demain après-midi aurait lieu une bataille de boules de neige. C'était écrit, et même Hermione ne pourrait rien faire contre. D'ailleurs, elle n'en avait pas spécialement envie : elle était (comme toujours) bien en avance sur les devoirs, et Harry était si impatient et heureux, comme le gamin insouciant qu'il avait été avant (mais avant quoi, exactement ? Elle ne savait plus vraiment...), qu'elle n'avait pas le cœur de lui faire la morale.
Une bataille de boules de neige, sans magie, avaient déclaré les jumeaux Weasley. En réalité, ils l'avaient clairement affiché dans chaque salle commune, avec un règlement, des inscriptions.
Hermione, en passant dans les couloirs pour une petite ronde de Préfète-en-Chef, pouvait sentir l'excitation de tous les sorciers, sauf ceux de Première année, à qui il était interdit de participer au tournoi. Car oui, Fred et George voulaient que cette bataille soit mémorable. Ils voulaient leur nom inscrit dans l'Histoire de Poudlard, rien que cela.
Et quoi de mieux que d'inventer une tradition, certes calquée sur le calendrier du Tournoi de Quidditch, mais qui impliquait plus d'équipes, plus de convivialité, et plus de rires ? (Propagande effectuée sur les affiches clandestines qui circulaient de main en main, la faute à Ombrage.) Ah, bien sûr, leurs tests pour les farces et attrapes. Ça.
Peu lui importait, la recherche de la gloire par les jumeaux, les incessants babillements des élèves qui tentaient de faire de la magie dans les couloirs (« Dix points en moins pour Poufsouffle ! Interdiction de lancer des Wingardium Leviosa à tout va dans les couloirs ! Vous pourriez blesser quelqu'un ! »), le sourire de Malfoy quand elle le croisait. Le sourire de ce bellâtre de Malfoy, qui, elle devait l'avouer, était devenu plus sexy que le jour où elle l'avait giflé, en Troisième année.
Le sourire de cette fouine de Malfoy, qu'elle croisait plus souvent que nécessaire, et qui ne pipait mot lorsqu'il la frôlait. Pas de « Sale Sang-de-Bourbe ! » ou insultes fleuries. À vrai dire, elle s'en inquiétait. Après la bagarre entre Harry et Malfoy (qui s'était soldée par une interdiction de Quidditch à vie...), elle s'attendait à ce que son meilleur ami répliquât.
Ce qui la turlupinait encore plus que Malfoy (et c'était beaucoup dire), c'était Harry. Encore Harry, oui. Harry et Cho, plus précisément. Si Ron avait la capacité émotionnelle d'une cuillère à café, Harry, lui, avait celle d'un chaudron... quand cela ne concernait pas les filles. Sur ce dernier terrain, il était digne d'un Neville dansant la valse. Horriblement maladroit. Il allait souffrir, Cho était une garce.
Perdue dans ses pensées, Hermione ne vit pas Ron surgir du coin du couloir, et la collision fut rude. Avant même d'avoir pu s'en empêcher, Ron jura. « Langage, Ronald ! » Il eut l'air effrayé de se faire apostropher ainsi, tout englué dans ses pensées romantiques. Il sursauta comme jamais et de sa baguette surgirent quelques étincelles vertes.
« Hermione ? Que fais-tu ici ? – Je te rappelle que c'est ma ronde ce soir. Et toi, alors, que faisais-tu ? – Je... ahem... une visite aux cuisines. – Avec tout ce que tu as mangé ce soir ? Oh, peu importe, va te coucher, le couvre-feu est dans un quart d'heure. Bonne nuit Ron. »
Peut-être qu'Hermione était jalouse de l'attraction qu'exerçait Cho sur lui. Peut-être qu'elle ne se sentait plus à sa place, comme avant. Peut-être qu'elle aimait un peu trop Harry, elle n'en savait rien. Peut-être qu'elle aussi avait besoin que quelqu'un la regardât différemment. Viktor avait été terriblement magique cet été, mais il n'était plus là, et elle n'avait personne. Personne, sauf le sourire de Malfoy. Mais cela, elle ne l'avouerait jamais.
Elle se dirigeait malgré elle vers les cachots, à l'autre bout du château. Elle aurait une chance de l'y croiser, elle avait vu le planning des rondes, elle mettait en œuvre sa stratégie d'approche. Elle ne perdait rien, elle voulait juste le voir sourire. Seulement cela.
Elle voulait juste ressentir un peu de chaleur dans son cœur, elle voulait juste être importante aux yeux de quelqu'un, suffisamment pour être le centre de sa vie. L'amitié de Ron, l'amitié de Harry ne lui suffisaient plus. Elle était belle, elle était brillante, mais il lui fallait quelqu'un pour lui dire.
Son souffle fut coupé un instant, rien qu'une seconde, lorsqu'elle le vit marcher de son pas royal, fier, conquérant. Elle tenta de lui parler, il leva les yeux vers elle, haussa les épaules et descendit dans sa Salle commune.
Tout ça pour ça.
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Le vent soufflait fort ce soir, frappant les flocons de neige survivants sur les fenêtres du couloir. Demain après-midi, la bataille de neige aurait lieu, cette bataille que Ron attendait avec impatience pour le premier match : Gryffondor – Serpentard. Même Harry n'était pas aussi excité que lui, et pourtant, il était le premier à vouloir prendre sa revanche sur Malfoy. Non, si Ron était intenable, c'était bien parce qu'il savait dans quel état il serait après l'affrontement, il ferait tout pour le provoquer. Et ce sourire, il ne l'avait pas volé.
Le roux marchait à grandes enjambées vers la Salle commune du petit protégé de Rogue. C'était leur rendez-vous quotidien, les quelques secondes où Ron se délectait de ce sourire. Un hasard qui avait commencé avec la Salle de bains des Préfets et qui avait continué après les rencontres impromptues dans les couloirs. Il ne savait même pas ce qu'il faisait, pourquoi le sourire de son ennemi lui procurait tant de bien.
Juste un sourire, qu'il offrait même au trio. Selon Harry, Malfoy était devenu effrayant et beaucoup trop niais, donc vulnérable. (Et la pensée qui se cachait derrière était que, c'était bon. Très bon.)
C'était pour lui que les jumeaux, avec l'aide cachée de Harry (Hermione ne l'avait pas su car elle aurait clairement perdu son sang-froid), avaient mis en place le Tournoi de la Neige. Quatre équipes par maison, deux regroupant les Deuxième, Troisième et Quatrième année. Des dizaines de combats à la loyale. Une récompense sacrée.
Les trois avaient prévu de faire du repérage demain sur le terrain et requis la participation volontaire de leur frère et meilleur ami. Celui-ci n'avait pas voulu (ni su) refuser. Après tout, ils ne feraient pas vraiment mal à Draco, si ?
Arrivé au bout du couloir, Ron marqua une pause. Pas la moindre trace visuelle, auditive, sensorielle de Draco. Pas de message flottant, comme à son habitude lorsqu'il n'était pas là ou en retard. La panique commença à gagner le jeune homme, la panique et la trahison. Mais machinalement, il continua son chemin.
Jamais les deux garçons ne s'arrêtaient, dans ce couloir. Ils passaient leur chemin, et si quelqu'un les avait croisés, il n'aurait rien pu soupçonner de leur manège. Ils marchaient juste, lentement bien sûr, en se brûlant la rétine sur l'image de l'autre, mais rien de plus, rien de moins. Pas un geste superflu, pas un son incongru.
Il ne savait plus comment tout avait basculé. Leur haine était si tangible quelques mois plus tôt, Draco avait fait expulser les trois meilleurs joueurs de l'équipe de Quidditch, Draco avait tenté des centaines de fois de leur nuire, Draco avait été l'un des pires lâches de cette planète, et aujourd'hui, que faisait-il ? Il souriait.
Il savait comment tout avait basculé. La peau blanche de son adversaire dans l'eau. Les volutes de fumée rouge qui juraient contre ses cheveux. La voix douce et tranquille lorsqu'il discutait avec Mimi Geignarde. Il avait découvert un cœur chez l'ennemi. Et aussi borné qu'il puisse être, aussi têtu qu'il avait été, aussi loyal qu'il était, Ron avait ressenti ses oreilles rougir de surprise, Ron avait ressenti cette chaleur intense dans le cœur, Ron avait ressenti l'urgence de parler à son ennemi de toujours.
Il n'expliquait rien. Le moment était là, l'évidence était telle. Envers et contre tout.
Ron échoua contre la panique. Et si leur secret infâme avait été découvert ? Et si Draco s'était réveillé et avait trouvé cela contre-nature ? Et si son nouvel ami était blessé, se vidant de son sang dans il-ne-savait-quel coin du château ? Cette dernière pensée était pire que les araignées. Il en aurait vaincues cent si le blond avait été menacé.
Le sentiment de trahison fit son entrée, théâtralement, par un coup de poing dans le cœur. Mais avant qu'il ne pût s'installer durablement, un bras agrippa celui de Ron et il fut entraîné dans un placard exigu et malodorant.
« Par la barbe de Merlin, qu'est-ce que tu fais ? – Ron, c'est moi. »
Et l'éclaircie fut immédiate, les lèvres de Malfoy sur les siennes pour la première fois, et ce sourire senti plus que vu.
C'était ça, les débuts d'une relation amoureuse ? Un baiser dans un placard avec un garçon ?
Non, les questions viendraient plus tard, le moment était venu de savourer, comme toujours lorsqu'il s'agissait de lui. L'éphémère les guettait, l'interdit les couvait. Alors, à côté de ces exigences sociales, de ces contraintes malheureuses, ils engloutissaient le peu qui leur était permis de vivre. Le parfum de ce baiser volé. Les papillons qui l'accompagnaient. Le goût de l'adrénaline dans ses veines.
Tout ça pour ça.
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