Cette fiction fera beaucoup de références aux cultes celtes et aux cérémonies druidiques -j'insiste, druidiques et pas néo-druidiques. Mon idée de "Magie des Eléments" se rapproche assez des croyances celtes et des pouvoirs magiques qu'ils attribuaient aux forces de la nature.

Dans mon idée, la suite de cette fiction se fera en cinq parties: La prochaine sur l'approche de la nature et la compréhension de la Magie, dans laquelle Gabrielle vivra un espèce de "rite" d'initiation, puis une partie par élément, L'Eau, La Terre, Le Feu, et L'Air.  

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Gabrielle fut réveillée par le silence.

Lorsque son esprit bascula hors du sommeil, elle eut un instant de panique durant lequel elle se demanda pourquoi elle n'entendait pas les bruits habituels de son immeuble. Ces cris d'enfants et grincements de portes qui se fermaient, de douches qui coulaient. Ces bruits de la ville qui s'éveillait lentement.

Puis elle ouvrit les yeux, et le plafond magique s'éclaira doucement, recréant les lueurs de l'aube. Cela lui suffit pour se rappeler qu'elle n'était plus à Paris, mais dans une cabane perdue au beau milieu de la campagne anglaise. Elle sourit et s'étira comme un chat.

Luna était sortie. Un mot attendait Gabrielle sur la table du séjour.

Je suis partie chasser les Nargoles. Je rentrerai avant midi. Il y a du café dans la cuisine.

Tu peux sortir te promener, mais fait attention de ne pas te perdre. Les Brindilles sont malicieuses, dans le coin.

Gabrielle fronça les sourcils devant le message cryptique. La seule chose qu'elle avait comprise avait un rapport avec le café et, à cette heure, c'était tout ce qui l'intéressait.

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Décidant de sortir pour prendre son petit déjeuner, elle savoura le fait de pouvoir s'asseoir sur la terrasse en pyjama sans craindre d'être vue. D'un coup de baguette, elle sécha le sol et s'assit.

La pluie était visiblement tombée toute la nuit, mais le ciel de ce matin d'octobre était bleu et sans nuages. Gabrielle soupira d'aise. Elle n'avait jamais eu l'occasion de se lever face à un paysage comme celui-là. Des prés à perte de vue, des collines verdoyantes et, au loin, une forêt aux couleurs orangées de l'automne. Pour parvenir à la cabane de Luna, pas de route, seulement un petit chemin de terre cabossé.

Un gros chat gris vint se frotter à elle et elle le caressa distraitement, songeant que la vie de Luna devait être bien solitaire. Aussi loin que portait son regard, pas une maison, pas un village. Pourtant, Luna avait mentionné d'autres personnes pratiquant la Magie Originelle, et les photos dans son salon la montraient en compagnie de plusieurs autres personnes.

Gabrielle sentit sa gorge se nouer à la pensée des amis qu'elle avait laissés derrière elle en France. Elle songea à leurs fêtes, à la douce ivresse des nuits parisiennes. Le mal du pays la prit par surprise, comme une vague. Elle secoua la tête, se détestant de se laisser abattre à peine une journée après son départ de France.

Un tintement de clochettes attira soudain son attention. D'abord lointain, puis se rapprochant de plus en plus. Par réflexe, Gabrielle rangea sa baguette dans la poche de sa veste et se redressa. Une roulotte approchait. Gabrielle écarquilla les yeux. Elle n'avait jamais vu de véritable roulotte ailleurs que sur des photos. Elle ignorait que des gens les utilisaient encore. Deux chevaux râblés la tiraient. Gabrielle s'attendait à la voir passer son chemin, mais elle s'arrêta devant le petit portail de bois.

« Salut ! »

Une femme conduisait les chevaux. Gabrielle la dévisagea un instant : la trentaine, la peau noire, ses longues tresses entrelacées de perles colorées, elle avait l'air amicale. Gabrielle décida de lui répondre :

« Bonjour. »

« C'toi Gabrielle, hé ? Moi c'est Sacha. J'suis une copine à Luna. Elle est là ? »

« Euh…non. Elle chasse les… » Gabrielle se tut et fronça les sourcils, cherchant le mot que Luna avait employé.

« Les Nargoles, hé, encore ? » la jeune femme éclata de rire, laissant voir ses dents blanches : « Les Nargoles. C'te Luna. Ca fait bien dix ans que j'la connais et elle chasse encore et toujours les Nargoles. Elle en a pas encore trouvé une seule, mais ça la décourage pas, au contraire ! »

Gabrielle sourit. Cela ressemblait bien à la femme qu'elle avait rencontrée la veille.

« J'peux entrer, dis ? Mes chevaux crèvent la soif. »

« Je suppose… »

« T'inquiètes, tu vas pas t'faire engueuler, Luna a l'habitude que je squatte pour mes bestioles. Ca consomme pire qu'un train, ces trucs-là. » Lança la jeune femme d'un ton affectueux.

Un peu dépassée, Gabrielle la regarda sauter prestement de la roulotte, déharnacher les chevaux avec la rapidité des habitués et les guider dans le jardin de Luna.

Sacha plongea sa main dans sa poche, en tira une baguette : « Accio seau »

Un énorme récipient sortit de la roulotte et vint se poser devant la femme.

Gabrielle se détendit. Elle préférait l'idée d'avoir affaire à une sorcière. Cela limitait ses possibilités de faire une gaffe.

Sacha la regarda, les yeux pétillants :

« T'es là pour étudier la Magie des Eléments, pas vrai ? »

Gabrielle acquiesça.

« R'garde bien ça ! »

La jeune femme s'agenouilla face au seau et étendit ses mains au-dessus. Gabrielle s'approcha, fascinée. Elle observa la jeune femme se concentrer, yeux fermés, murmurant des mots inaudibles. Un filet de sueur coula sur son front, et soudain, Gabrielle sentit la magie l'envelopper comme un courant d'air chaud, picotant délicatement sa peau. Les yeux écarquillés, elle vit le seau s'emplir petit à petit d'une eau limpide.

Lorsqu'il fut plein, la jeune femme releva la tête et ouvrit les yeux. Le courant de magie disparut aussitôt.

« Ouah, ça fatigue t'sais ! J'suis loin d'être aussi douée que Luna dans c'domaine, elle fait ça avec tellement de facilité qu'elle fait passer les autres pour des balourds ! Normalement j'apprécie bien l'plaisir simple d'un robinet, mais vu qu't'es là autant qu't'en voies l'plus possible, pas vrai ? »

Encore sous le choc de la puissance de la Magie qu'elle avait ressentie, Gabrielle hocha la tête.

« Orion ! Sidé ! »

Gabrielle vit les deux chevaux approcher.

« Ils ont de beaux noms. »

« Oui, hein ? Orion, c'était un chasseur géant, chez les Grecs. J'l'ai appelé comme ça parce qu'il est énorme et qu'il a un caractère pourri. Sidé, c'était la femme d'Orion. C'est des braves bêtes. Jamais ils renâclent à m'trimballer partout où j'veux. »

« Tu… Tu vis dans ta roulotte ? »

« Ouaipe ! Depuis quinze ans, ma belle. Normalement j'reste jamais bien longtemps au même endroit. J'ai été un peu partout, mais j'suis tombée amoureuse du Somerset, ça fait un an que j'me balade dans le coin. Les gens ici… ils sont habitués aux drôles de zigotos qui vivent en marge, ils m'emmerdent pas. Au contraire, ils sont vraiment sympas. Les moldus aussi, hein. Y en a pas mal qui vivent sur la route, comme ça. C'est rare qu'on m'refuse un coin d'pré pour que j'pose ma baraque. »

Impressionnée, Gabrielle hocha la tête.

Un cri s'échappa de la roulotte.

« Oh, oh, en v'là un qui s'réveille ! Attends-moi, j'reviens. »

Elle sauta dans la roulotte et revint quelques minutes plus tard, un bébé dans les bras. Gabrielle écarquilla les yeux.

« Tu as…un enfant ? »

« Oui, j'te présente Dylan. Pour l'instant il a pas trop d'conversation, mais il est sympa. Là, il a faim. »

Sur ce, elle s'assit dans l'herbe et remonta son t-shirt. Un peu gênée, Gabrielle se tourna vers les chevaux.

« Bonjour tout le monde ! »

Gabrielle se retourna pour voir Luna arriver sur le chemin, de grandes bottes de caoutchouc aux pieds, un panier au bras.

« Oi ! Luna ! La chasse a été bonne ? »

« Pas aujourd'hui, j'en ai bien peur. Mais j'ai trouvé des fraises des bois. C'est mieux que les Nargoles, je pense. Les Nargoles ne se mangent pas. » Répondit Luna en souriant. Elle se tourna vers Gabrielle :

« J'aurais dû te prévenir que Sacha pouvait passer. J'espère qu'elle ne t'a pas trop fait peur. Sacha peut faire cet effet, par moment.»

Gabrielle fronça les sourcils en direction de Luna, se demandant si elle plaisantait. Mais la jeune femme semblait vraiment inquiète d'avoir effrayé son hôte.

« Non, non. Elle m'a montré sa Magie Originelle. »

« Oh ! Elle doit t'apprécier, alors. Sacha est une vraie feignante, d'habitude. »

« Hé, j'suis là, hein ! » cria Sacha, les yeux pétillants.

« Je sais. » Répondit Luna, tournant ses grands yeux bleus vers son amie.

Gabrielle secoua la tête, un rire au bord des lèvres.

« Je vais faire à manger. Sacha, tu restes, bien sûr. »

« Oh, moi… tant que tu me fais pas ta soupe de poisson bizarre, j'suis preneuse ! »

La journée passa sur le même ton de légèreté. Elles étendirent une couverture sur l'herbe, mangèrent des fraises des bois en profitant du soleil de l'été indien. Gabrielle en oublia presque son mal du pays.

Elle se rendit vite compte qu'elle appréciait les deux femmes. Luna et sa naïveté loufoque, Sacha, son franc-parler et sa voix rauque. Toutes deux étaient différentes de toutes les personnes qu'elle avait rencontré au long de sa vie. Gabrielle ne parvenait pas à mettre des mots sur cette force qu'elles dégageaient, comme si chacune d'entre elles vivaient le même rêve en suivant des chemins différents.

Sacha lui raconta des anecdotes de sa vie nomade, la faisant rire aux larmes et rêver, juste un peu.

« Tu sais, » lui dit-elle, «y a des jours ou j'ai envie de tout arrêter, d'arrêter la galère, d'trouver un travail fixe et d'acheter une maison pour moi et le p'tit bout. Mais le matin, quand j'me réveille et que j'vois l'soleil se lever, j'me dis que si j'veux, j'peux partir sans rien regretter, et que ça vaut l'coup. J'me sens comme la reine de la route, un peu, sur ma carriole. »

Le soir venu, Sacha repartit, son fils sur la hanche, et Luna regarda la roulotte s'éloigner, un léger sourire aux lèvres.

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« Cette semaine, je vais te faire découvrir les environs. » Dit Luna à Gabrielle le lendemain. Toutes deux étaient à son bureau penchées sur des cartes griffonnées sur des parchemins. « Si tu veux vraiment apprendre à pratiquer la Magie des Eléments, tu vas devoir apprendre à les connaître. Le Somerset a un grand potentiel pour cette magie. Les recherches que j'ai faites m'ont amenée à penser que des cérémonies druidiques avaient lieu dans la région il y a très longtemps. La nature ici a gardé des traces de cette magie, dont j'aimerais que tu t'imprègnes avant de tenter quoi que ce soit. »

Gabrielle hocha la tête, sentant son cœur s'affoler dans sa poitrine. Les choses sérieuses allaient commencer.

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à suivre...

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Les choses "sérieuses" commencent au prochain chapitre, donc ;) 

Alice