Disclaimer: Le monde d'Harry Potter ainsi que ses personnages appartiennent à J.K. Rowling, aux divers éditeurs et à Warner Bros Inc. Cette fiction est écrite à but purement non lucratif, et en aucun cas avec une intention de violation de copyright.

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Voilà le quatrième chapitre de La Liberté des Rêveurs. J'espère qu'il vous plaira ! Les reviews sont appréciées.

Alice Saturne

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Décembre: L'Eau

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La pluie commença aux alentours de décembre. Tantôt bruine glacée, tantôt féroce ondée, elle tombait sans interruption. Luna et Gabrielle tentèrent d'aider Sacha à calfeutrer sa roulotte, mais aucun sort ne parvenait à repousser la méchante humidité qui s'immisçait partout. En désespoir de cause, Luna finit par proposer à Sacha de venir s'installer chez elle avec son fils le temps que les intempéries cessent.

La cabane de Luna, si modeste qu'elle parût, résistait au déluge sans broncher, petit soldat dans la tempête.

Gabrielle posa sa tête sur la vitre et regarda les gouttes couler dessus, traçant du bout du doigt leur trajectoire sinueuse. Elle poussa un soupir. L'approche de Noël avait réveillé en elle la nostalgie de la cacophonie des rues de Paris, des après-midi entre amis à chercher les cadeaux les plus absurdes possible. Elle songeait à l'arbre noël trônant dans le salon de ses parents, autour duquel virevoltaient des fées, petits éclairs dorés et bourdonnants.

Des rires lui parvenaient de la cuisine. Gabrielle soupira de nouveau. Elle adorait Sacha, son franc-parler et ses manières brusques, mais depuis qu'elle vivait avec elles, Luna ne passait plus beaucoup de temps seule avec elle. Gabrielle avait fait de son mieux pour réprimer la jalousie qui lui tordait l'estomac lorsque les deux femmes partaient dans un fou-rire dont elle ignorait la raison, mais elle était là, monstre endormi au creux de son ventre. Elle observait Luna et Sacha, leur complicité évidente, leurs gestes désinvoltes l'une vers l'autre, une main sur l'épaule, un frôlement, et elle détestait la colère irraisonnée qui la saisissait lorsqu'elle surprenait une de ces marques d'affection.

« Gabrielle ? »

La jeune fille sursauta à son nom. Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas vu Luna s'approcher d'elle.

« Est-ce que ça va ? », Luna semblait soucieuse, et Gabrielle ressentit une pointe de culpabilité.

« Je…oui. Ma famille me manque, c'est tout. »

« Oh. Ta sœur habite en Angleterre, n'est-ce pas ? »

« Oui. »

« Pourquoi n'irais-tu pas lui rendre visite pour Noël ? Cela te ferait du bien. Je vois bien que tu broies du noir depuis quelques jours. »

Gabrielle ne répondit pas immédiatement. Elle n'osait pas répondre à Luna que sa relation avec Fleur était quelque-peu chaotique. Elle aimait sa sœur, mais les deux ne s'étaient jamais comprises, comme si la nature avait voulu compenser leurs ressemblances physiques en leur attribuant des caractères opposés comme le jour et la nuit.

« Oui, j'y penserai. »

« D'accord. Tu viens manger ? »

« Je…Non, je n'ai pas très faim. Je crois que je vais aller me coucher. »

Gabrielle se leva et se dirigea vers sa chambre, tentant d'ignorer le regard de Luna qui la suivait à travers la pièce. La jeune femme était perspicace, et Gabrielle avait peur de croiser les yeux pâles de la jeune femme. Peur que la jalousie et la confusion ne se lise dans les siens.

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xXx

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Gabrielle se retourna dans son lit pour la énième fois. Elle saisit sa baguette et jeta un rapide Tempus. Il était plus de deux heures du matin, et elle ne parvenait pas à dormir. Elle avait lu un livre, tenté de compter les étoiles du plafond magique, fumé cinq cigarettes, et pourtant, le sommeil la fuyait comme la peste.

Les pensées tournoyaient dans sa tête, trop rapidement, trop violemment. Sa gorge était sèche et ses mains moites.

Elle se leva et ouvrit doucement la porte menant au séjour. A pas de loup, pour ne pas réveiller Sacha et Dylan qui dormaient sur dans le salon, elle se dirigea vers la cuisine.

Elle se prépara rapidement une tasse de thé, tentant d'ignorer ses mains tremblantes.

Un quart d'heure plus tard, elle se sentait plus détendue et décida de retourner se coucher. Dans le salon, elle se figea. Quelque-chose était inhabituel. Elle écouta attentivement. Un rire étouffé jaillit du fond de la pièce. Intriguée, Gabrielle s'avança silencieusement vers la porte de la chambre de Luna et osa un coup d'œil dans l'entrebâillure.

Ce qu'elle y vit la figea sur place, cœur battant à tout rompre et gorge nouée. Luna et Sacha étaient nues, enlacées sur les draps blancs. Leurs lèvres étaient liées en un baiser passionné, leurs mains se promenaient sur le corps de l'autre, comme avides d'en découvrir la moindre forme, la moindre imperfection. Fascinée, Gabrielle regarda la main de Sacha descendre sur les seins blancs de Luna, se promener sur son ventre plat, ses hanches étroites, avant de se perdre dans les boucles blondes de son pubis. Le corps de Luna se tendit d'anticipation, ses yeux se fermèrent et sur son visage se dessinèrent les prémices du plaisir à venir.

La réalisation de ce qu'elle était en train de faire percuta Gabrielle de plein fouet. Elle recula précipitamment et fuit dans sa chambre, sans se soucier de ne pas faire de bruit. Elle voulait juste oublier ce qu'elle venait de voir, oublier le corps blanc de Luna, oublier la chaleur qui avait explosé dans le bas de son ventre comme un brasier.

Elle s'allongea dans son lit et soupira, toute envie de dormir évaporée.

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xXx

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La senteur iodée lui rappela les vacances de son enfance, lorsqu'avec ses parents, elle marchait sur la plage et respirait les effluves grisants de l'océan.

La Chaumière aux Coquillages était nichée en haut d'une colline rocheuse, comme un champignon incongru au milieu des bruyères. Une rafale de vent glacé frappa Gabrielle, mais la jeune fille ne bougea pas, laissant la bise cinglante jouer dans ses cheveux et rougir la peau sensible de ses joues, contemplant les vagues se briser sur les rochers.

« Gabrielle ! Tu es arrivée ! »

La voix joviale de Bill Weasley la fit sursauter. L'homme la serra chaleureusement dans ses bras :

« Rentre vite ! Tu vas attraper la mort à rester dehors comme ça ! »

Gabrielle sourit. Elle adorait Bill Weasley et son beau-frère le lui rendait bien.

« Tu as fait bon voyage ? Tu as l'air fatiguée. »

« Oui, très bon, merci. »

Gabrielle se laissa guider dans la maison.

« Gabrielle ! »

Une boule de nerf blonde comme les blés lui sauta au cou.

« Salut Victoire ! » Gabrielle étreignit sa nièce avec affection, avant de serrer contre elle la petite fille qui attendait silencieusement sa part de câlins, regardant son exubérante sœur d'un air exaspéré. Gabrielle gloussa et embrassa la rouquine: « Bonjour Dominique. »

« Salut p'tite sœur ! »

Fleur la contemplait, un sourire sur les lèvres, un tablier blanc noué autour de son ventre arrondi.

« Bonjour Fleur ! », Gabrielle embrassa sa sœur sur les deux joues. « Comment vas-tu ? »

« Oh, le petit monstre me donne des coups de pieds insupportables, mais je commence à être habituée ! » Fleur rit, découvrant ses dents parfaites : « Je suis heureuse que tu vienne passer Noël avec nous. L'ambiance par là-bas doit être malsaine. Tu y passe trop de temps, Gabrielle. »

Gabrielle fronça les sourcils, mais s'abstint de répondre. Elle ne souhaitait pas gâcher ses retrouvailles avec sa sœur en se disputant avec elle. Fleur n'avait jamais accepté son intérêt pour la Magie Originelle, qui, pour elle, était « une magie que tout le monde a oublié pour une bonne raison ».

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xXx

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Noël passa en un brouhaha de rires et d'embrassades. Gabrielle pensa beaucoup à Luna, se demandant à quoi elle occupait son Noël. L'amertume au creux de son ventre s'était transformée en nostalgie, et elle avait hâte de la revoir. Sacha lui manquait aussi, et Gabrielle se prenait à sourire en pensant à des moments partagés avec les deux jeunes femmes.

Elle finit par se persuader que son comportement des derniers jours passés dans le Somerset étaient simplement dû à son besoin de changer d'air. Seule subsistait l'étrange chaleur dans le bas du ventre, lorsqu'elle se laissait aller à penser à la nuit d'avant son départ pour les Cornouailles.

Elle était assise à la table de la cuisine et discutait avec Bill tandis que Fleur s'affairait aux fourneaux. Comme la bonne petite femme d'intérieur qu'elle était devenue. Gabrielle ressentait toujours un malaise diffus à la vue de cette femme jadis aventureuse et douée, qui ne jurait maintenant plus que par les Sorts de Ménage et écoutait Celestina Moldubec en chantonnant. Elle ne voulait pas finir comme ça.

« Alors Gabrielle ? » La voix de Bill la tira de sa rêverie. « Comment se passe ton stage chez Luna Lovegood ? »

« Très bien. Elle m'a appris plus en trois mois que je n'en ai appris en cinq ans d'université et-»

« Elle a un mari, cette…Luna ? », l'interrompit Fleur qui s'était tournée pour écouter leur conversation.

A la grande surprise de Gabrielle, Bill éclata de rire :

« Luna, avec un homme ? Aucune chance ! »

Fleur pâlit. « Tu veux dire que… »

« Oui, Luna préfère les femmes, ce n'est pas un secret. »

Un silence inconfortable s'abattit sur la pièce. Gabrielle gardait les yeux fixés sur sa tasse de chocolat chaud. Lorsque Fleur reprit, son ton était dangereusement calme :

« Tu savais ça, et tu ne me l'a pas dit ? Bill, ma petite sœur habite chez cette femme depuis trois mois. Si j'avais su que -»

« Que quoi ? » le ton de Bill était sec. « Luna est très talentueuse, c'est la meilleure experte en Magie des Eléments de toute l'Europe, Fleur. Gabrielle peut en apprendre beaucoup à ses côtés. Le reste ne regarde que Luna. »

« Le reste ne regarde que Luna ? Tu t'entends un peu parler, Bill ? Jamais je n'aurais laissé partir Gabrielle si j'avais su que cette femme était lesbienne ! Ce n'est pas sain pour elle de côtoyer ça tous les jours! »

Gabrielle releva vivement la tête. « Comment-ça, pas sain pour moi ? Depuis quand tu es la mieux placée pour décider de ce qui est bon pour moi, Fleur ? »

« Il faut bien que quelqu'un décide pour toi, tu en es visiblement incapable ! Ne me dis pas que tu savais, et que tu es restée là-bas ? »

La colère submergea Gabrielle. Elle se leva, posant sa tasse si brutalement que du lait se répandit sur la table. « J'ai vingt et un ans, Fleur. Je suis parfaitement capable de décider de ce qui est bon pour moi. Luna est adorable, et ce qu'elle fait de sa vie privée ne me regarde pas. Et te regarde encore moins. J'apprends beaucoup à ses côtés, et tu n'as pas ton mot à dire dans cette histoire. »

Gabrielle quitta la pièce en claquant violemment la porte. Et attrapa son paquet de cigarette. L'air glacial ne la dérangea pas, et son regard se perdit dans la nuit, sentant sa colère fondre et se transformer en écœurement.

Il était temps qu'elle retourne dans le Somerset.

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xXx

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Lorsque Gabrielle poussa la porte de la maison de Luna le lendemain matin, elle la trouva assise à son bureau, plongée dans la lecture d'une pile de parchemins poussiéreux. Luna leva la tête et lui sourit, comme si elles s'étaient vues quelques heures auparavant.

« Joyeux Noël, Gabrielle. Tu t'es bien amusée ? »

Gabrielle haussa les épaules et embrassa Luna sur la joue. « Pas vraiment. Je me suis disputée avec Fleur. »

« Ah oui ? A propos de quoi ? »

« Je – Ce n'est pas important. »

Luna la fixa un instant, puis hocha la tête.

« Ou est Sacha ? »

« Elle répare une roue de sa roulotte qui s'est fendue à cause du gel. Dylan dors dans ma chambre. »

Gabrielle s'affala sur le canapé et ferma les yeux, écoutant Luna remuer ses parchemins. Le calme de la jeune femme lui avait manqué plus qu'elle ne le pensait.

« Que penses-tu d'une petite leçon de Magie, Gabrielle ? »

Gabrielle releva la tête si brusquement qu'elle entendit un os craquer dans sa nuque.

« Maintenant ? Oui ! »

Luna rit.

« Le temps est parfait. Nous allons travailler sur l'Eau. »

Lorsqu'elles sortirent, Gabrielle retint un cri d'admiration à la vue du panorama qui s'étendait devant elles. La nuit avait été très froide, et les prés étaient couverts d'un tapis de givre qui craquait sous les pieds. Les herbes blanchies par le frimas s'agitaient doucement, et le soleil se prenait dans les gouttes gelées, faisant étinceler le paysage.

Luna s'agenouilla sur le sol, sans se préoccuper de la glace qui fondait sur son pantalon, ni du froid piquant qui rougissait sa peau pâle.

« Regarde. », murmura-t-elle. Elle étendit une main au-dessus des herbes gelées, les frôlant de sa paume. Gabrielle la vit fermer les yeux, fascinée et impatiente. La vague de chaleur qui la frappa n'avait rien à voir avec celle que la magie de Sacha avait générée. Celle de Luna était plus compacte, plus puissante, et Gabrielle pouvait presque voir la magie s'échapper de ses mains en étincelles.

Luna finit par refermer la main, et se leva. Elle prit la main de Gabrielle, et y déposa quelque-chose.

Le souffle coupé, Gabrielle découvrit une rose de glace si finement taillée qu'elle frôlait la perfection. Un rayon de soleil se reflétait en son cœur comme dans un prisme, projetant des flammèches de lumière autour d'elle.

Incapable de trouver des mots, Gabrielle saisit la main de Luna et la serra dans la sienne, juste un instant. Luna l'observa, l'air surprise, puis elle sourit et serra la main à son tour. Pendant quelques secondes, aucune des deux ne bougea, Gabrielle contemplant la rose dans son autre main. Puis Luna recula et reprit comme si de rien n'était.

« Bien, à ton tour, maintenant. J'ai besoin de voir quelle densité de Magie t'a été attribuée. »

Gabrielle s'agenouilla lentement sur le sol, frissonnant malgré elle du froid qui enveloppa ses jambes. Elle posa la rose de glace sur le sol à ses côtés et regarda Luna d'un air interrogateur.

« Bien. Maintenant, ferme les yeux et étends tes mains devant toi. Les deux, ce sera plus facile. Tu dois te concentrer. Il faut que tu visualise une rose dans ses moindres détails. Au bout d'un moment, tu vas sentir des picotements au bout de tes doigts. Ne bouge pas, et concentre toute ta magie sur tes mains. »

Gabrielle plaça ses mains à quelques centimètres des herbes gelées et ferma les yeux. Elle concentra tout son esprit sur l'image d'une rose, la délicatesse de son bouton, les nervures parcourant les pétales, sa douceur soyeuse.

La sensation la prit par surprise et elle manqua d'ouvrir les yeux. Un fourmillement parcourait ses doigts. Se rappelant des consignes de Luna, elle se concentra sur ces fourmillements, sans perdre de vue l'image de la rose. Soudain, tout parut évident. Les picotements s'étendirent dans tout son corps, comme des milliers de petites décharges électriques. La Magie s'échappait d'elle en vagues régulières, chaleureuses, et Gabrielle entendit Luna pousser une exclamation.

Ouvrant les yeux, Gabrielle fixa son œuvre, ébahie.

Sortant de la terre, un rosier de glace entrelaçait ses épines et ses fleurs sous le soleil froid de décembre.

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à suivre...

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Merci,

Alice Saturne