Chapitre 4. Deuxième partie.
I'm in California dreaming about who we used to be
When we were younger and free
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet*
— J’ignorais que je payais pour vous entendre massacrer une chanson qui, de base, est déjà insupportable à tout être normalement constitué, lança le client blond du taxi, son nez pointu levé dans une posture hautaine.
L’homme fronça les sourcils, hocha la tête, et, puisqu’il ne chanterait plus pour ce rabat-joie, fit tourner la molette du son de l'autoradio entre ses doigts. Le client avait hélé son taxi près d’une heure plus tôt, du geste de ceux qui ont l’habitude de se faire conduire. Debout sur le bord du trottoir, près de plusieurs valises de luxe soigneusement étiquetées de précédents voyages, il était d’une élégance folle. Un vrai gentleman, avait pensé le chauffeur de taxi, ravi de pouvoir transporter un homme sur le front duquel “Lord” aurait pu être écrit sans que cela le choque outre-mesure. Il avait vite déchanté. Désagréable et peu bavard, l’homme n’avait pas ouvert la bouche sinon pour des réflexions qui ne laissaient guère place à l’imagination quant à ce qu’il pensait de son véhicule plutôt modeste.
Dans son rétroviseur, il le vit, le regard tourné vers l’extérieur. Le paysage n’était pas exactement charmant, et ne faisait pas partie des zones touristiques incontournables. Autour d’eux, la circulation était beaucoup trop lente, et les automobilistes commençaient à perdre patiente. Tous avaient dû se douter qu’en prenant la route à cette heure-ci, ils seraient coincés dans les bouchons, inévitablement. Pourtant, entre ceux dont c’était le métier que de transporter, par la route, biens, marchandises et personnes, et ceux qui rentraient du travail, une bonne part des usagers de la route n’avaient guère le choix. Ils prenaient leur mal en patience.
— Vous partez en voyage ? demanda-t-il, enhardi par l’absence de réaction du blond.
— Voyage d’affaires, oui.
— Vous allez où ?
— En Australie.
— Oh.. Vous y étiez déjà allé ? Parait que c’est beau, un peu sauvage, mais beau.
— Vous êtes payé au kilomètre et à l’heure, pas aux questions que vous me poserez. Contentez-vous de conduire.
Connard.
*.*.*.*
Draco Malfoy était un homme organisé. Là où d’autres n’auraient eu aucun problème à tout préparer à la dernière minute, lui s’était organisé pour ne pas avoir à le faire. Du tout.
Pansy s’en chargeait très bien. Malgré son petit faible pour Draco depuis des années, malgré leur collaboration florissante depuis pas mal de temps également, et malgré la place qu’elle tenait dans sa vie, Pansy n’était pas femme à s’abaisser à être le larbin de quiconque. Pour autant, elle avait très bien compris au moins une chose concernant le blond : il était capable d’être insupportable, de créer des scandales tels que le mot lui-même ne suffisait pas à en traduire l’ampleur, de maudire sur plusieurs générations ceux qu’il estimait responsable de son insatisfaction, et lorsqu’ils partaient ensemble en voyage, la jeune femme n’avait aucune envie de supporter ses colères.
L’arrangement entre eux était pratique, tacite, et plutôt satisfaisant, exception faite, bien entendu, parce que Draco n’était ni simple, ni conciliant, de son caractère souvent difficile. En prenant en charge les préparatifs des voyages, Pansy s’assurait que les différentes étapes de leur voyage seraient suffisamment bien prévues, ce que Draco aurait été en mesure de faire seul, mais qu’en plus elle n’aurait pas à subir, les semaines avant le dit voyage, l’agacement constant que cela aurait occasionné. Draco était un artiste, un négociateur hors pair, mais il était aussi un Malfoy, et même si ses relations avec ses parents avaient cessé d’être simple et cordiales depuis si longtemps qu’il aurait été incapable de dire à quand remontait le dernier moment simple et insouciant qu’il avait passé avec ses géniteurs, leur sang d’aristocrates fiers de leur condition de privilégiés et suffisants coulait dans ses veines. Il avait été élevé comme un petit roi, puis s’était construit seul, armé de de son intelligence et de sa culture dans une main, sceptre redoutable qu’il ne brandissait que lorsqu’il était clair que sa superbe, sa suffisance avait joué leur rôle, portées en étendard.
C’est précisément ce qui avait séduit Pansy, lorsqu’ils étaient bien plus jeunes et qu’elle, contrairement à lui, ne pouvait compter que sur son rang de fille de, biberonnée au luxe et à la noblesse traditionaliste anglaise, cette même crème de la crème qui considérait qu’une femme n’avait guère à leur apporter. Là où Draco faisait face, semblait-il, aux épreuves, tant académiques que sociales, avec une facilité presque surnaturelle, Pansy avait dû gravir des montagnes, suer sang et eau pour s’affirmer et prouver sa valeur, et si elle avait d’abord été motivée par la volonté d’impressionner Draco, la jeune femme avait rapidement compris qu’en plus de n’en avoir rien à foutre, il avait plus tendance à trouver cela pitoyable. Leur relation avait pris un jour nouveau lorsqu’elle avait commencé à se battre pour elle-même ; elle avait gagné son respect, son soutien, et son amitié.
Quand Draco avait ouvert sa galerie, qu’il avait développé son affaire, Pansy s’était immédiatement imposée dans son esprit comme l’associée idéale : elle était douce quand il était froid, elle était piquante quand il était nonchalant, elle séduisait quand il méprisait, et le claquement de ses talons sur le sol lui évoquaient immanquablement la marche déterminée des soldats romains en route sur le champ de bataille. Pansy était un dragon, qui ne s’en cachait pas. Souriante, ouverte et aimable, elle était l’exact opposé de Draco, mais rares étaient ceux qui se laissaient tromper par son calme ou par le doux parfum qu’elle dégageait : cette femme était dangereuse, implacable.
Debout dans le hall, près de leur point de rendez-vous habituel, elle resplendissait. Sa beauté n’appartenait qu’à elle, étonnante au premier abord, facilement qualifiable d’inexistante. Elle n’en avait pas moins une prestance qui vous frappait comme une évidence, comme un absolu. Elle occupait l’espace, attirait l’oeil et l’esprit, tant et si bien que même après avoir détourné le regard, le besoin de revenir vers elle se faisait rapidement sentir. Dans sa robe d’un vert profond, ses cheveux bruns lâchés sur ses épaules en larges boucles souples, juchée sur des talons d’une hauteur vertigineuse qui ne lui permettaient pourtant pas de dépasser la taille de Draco, il n’y avait pas la plus petite trace de fragilité chez elle. L’aura d’assurance qu’elle dégageait impressionnait autant qu’elle pouvait agacer. Elle cachait surtout, Draco le savait, les failles de cette jeune femme que ses choix avaient menée à la gloire.
— Ne me dis pas que je suis en retard, je le sais, dit Draco en s’approchant d’elle pour déposer un baiser sur sa joue.
— Je sais que tu le sais. De toute façon, l’avion ne part pas avant trois heures et demi. Ça nous donne le temps de nous asseoir autour d’un thé et de revoir notre programme pour les prochaines semaines.
Ils s’installèrent dans le coin le plus tranquille qu’ils purent trouver dans un salon de thé standardisé et aseptisé dont l’absence totale de charme aurait pu sembler volontaire et recherchée tant elle frappait dès le premier coup d’œil. Depuis des jours, Draco et Pansy avaient travaillé sur leur itinéraire au cœur de l’Australie. Les œuvres qu’ils recherchaient, disparues depuis la seconde guerre mondiale, seraient difficiles à retrouver, et si l’un comme l’autre s’interdisaient de faire mention de l’éventualité qu’ils ne parviennent jamais à mettre la main sur ces tableaux, le fait est qu’en près de soixante-dix ans ils avaient eu le temps de passer entre tant de mains différentes que les chances étaient minces comme du papier à rouler.
— Nous arriverons à Perth, énonça Pansy. Il n’y a pas de contact pour nous ici, mais des musées qui ont tenté de nous joindre depuis pas mal de temps pour qu’on les aide à trouver des œuvres qu’ils recherchent. Ca peut être l’occasion d’agrandir notre réseau, et eux ne cachent pas qu’ils veulent nous compter parmi leur réseau.
— La priorité est de trouver les tableaux qu’on nous demande, pas de faire de nouveaux contacts.
— Je sais, et rien ne nous oblige à accepter ce qu’ils nous proposeront, mais nous n’avons jamais fait affaire en Australie, et c’est une occasion à côté de laquelle on ne peut pas passer.
— Draco, j’en suis consciente, mais… C’est l’Australie.
— Et ? L’Angleterre, l’Europe, l’Afrique et les Amériques ne sont pas suffisantes pour toi ?
— Tu sais très bien que ça n’est pas ce que je dis, dit Pansy en croisant les bras sous sa poitrine, se reculant contre sa chaise. Quand as-tu perdu ton ambition, très cher ? Parce que si tu souhaites maintenant te contenter du minimum, autant le dire tout de suite, que je parte conquérir le monde de mon côté.
— Arrête d’être dramatique, ça ne fonctionne pas avec moi, soupira Draco.
— Alors quel est le problème ? Pourquoi est-ce qu’on ne profiterait pas de notre arrivée à Perth pour tenter notre chance ? Peut-être que ça ne donnera rien, mais peut-être aussi que ça nous fera un contact supplémentaire à travers non pas un pays, mais un continent tout entier, le raisonna Pansy, dont la patience s’effritait lentement.
Draco porta la tasse de thé à ses lèvres. Lui-même ne l’aurait pas cru si on lui avait dit qu’il serait réticent à l’idée de conclure de nouveaux contrats, de nouer de nouveaux réseaux, des relations qui lui seraient utiles à un moment ou un autre, directement ou pas. Il avait fêté sa venue en Australie, s’était enthousiasmé sur ce projet, avait travaillé des heures, des nuits durant, ça n’était pas pour perdre de sa combativité alors qu’il touchait au but.
— J’ai vraiment envie de retrouver ces œuvres. C’est de loin le contrat le plus excitant que l’on ait signé depuis… des années. Alors je te préviens : on ne restera pas plus de quarante-huit heures à Perth. Passé ce délai, nous partons. Pas d’exception.
Pansy eut un sourire qui dévoila ses dents, d’une blancheur parfaite, et conféra à son visage une allure carnassière, lionne impitoyable prête à dévorer sa proie.
— C’est tout ce que je voulais entendre.
*.*.*.*
Perth, bien qu’à l’autre bout du globe, avait le climat d’une ville méditerranéenne : en ce début de mois d’Avril, période à laquelle le printemps pointait timidement ses rayons de soleil à Londres, l’été venait tout juste de se terminer, laissant derrière lui des températures bien trop élevées, de l’avis de Draco et de sa chemise qui s’était fort peu élégamment trempée de sueur dès son arrivée sur le sol australien. Située au sud-ouest de l’état d’Australie-Occidentale, cette ville au nom plutôt passe-partout en était la capitale. Elle offrait surtout un avantage dont Draco avait immédiatement compris que Pansy souhaiterait absolument en profiter : des plages de sable blanc, léchées paresseusement par un océan d’un bleu turquoise qui invitait même les plus récalcitrants au dépaysement et au farniente.
Comme à chaque fois qu’il voyageait, Draco photographiait mentalement tout ce qu’il voyait, fasciné par la diversité culturelle qui renforçait chaque fois sa certitude que Londres, quoi que charmante et dynamique, n’était qu’un grain de sable dans un océan qu’il rêvait de conquérir. Pansy avait raison : il voulait que son nom soit connu dans le monde entier, mais surtout, il avait pour ambition de bénéficier d’une reconnaissante internationale dans ce domaine dans lequel il excellait. Perth était peut-être bien moins peuplée que Londres, elle n’en serait pas moins un étrier de choix pour se lancer dans la conquête artistique d’un nouveau territoire.
Le chapitre de l’histoire du monde qui le menait ici n’était pourtant pas glorieux. Lors de la seconde guerre mondiale, les nazis, ces charmants extrémistes décidés à massacrer tout ce qui serait potentiellement plus intelligent et capable d’esprit critique ou susceptible d’interroger le monde autour d’eux. La cible était massive, et entre les juifs, les handicapés, homosexuels, tziganes, opposants politiques et libres penseurs, ce qui représentait déjà un panel de groupes sociaux auxquels il y avait de fortes chances d’appartenir, plus ou moins volontairement, leur projet consistait plus ou moins en une dévastation massive de l’Europe telle qu’elle existait à l’époque.
Dans leur folie des grandeurs — si tant est que l’on puisse considérer que massacrer, exploiter et mener des expérimentations sur des personnes innocentes, fragiles et privées de leur dignité comme la clé pour atteindre une quelconque grandeur — ils avaient compris un point essentiel : l’Art, sous toutes ses formes, avait toujours été, depuis des temps immémoriaux, et serait toujours, y compris lorsqu’il aurait pris une forme différente et imprévisible, un formidable moyen d’expression et un témoignage de l’environnement des artistes au moment de la touche finale à leurs œuvres. Aussi s’étaient-ils efforcé de museler les artistes contemporains dont les idées étaient contraires au nazisme, à la suprématie de la race ou au concept même de race. Ils avaient exterminé, pourchassé, poursuivi et forcé à l’exil des centaines d’artistes, là où d’autres, qui seraient mondialement connus des décennies plus tard, avaient choisi l’option de l’acceptation polie, de la soumission forcée par la volonté de se faire un nom, et tant pis s’il devait être souillé de la honte des millions de morts et de familles détruites. Par ailleurs, ils avaient pillé, volé, détruit, dérobé et planqué des quantités inestimables d’œuvres de toutes sortes ; des livres avaient été brûlés, sorcières de la culture et de la réflexion jugées coupables de donner à l’Humanité un accès rapide à la conscience, tandis que des toiles de maîtres étaient subtilisées et possédées par des hauts fonctionnaires nazis avides de dorures et de noms célèbres dont la sonorité était connue de par le monde.
Si certaines de ces œuvres avaient été retrouvées au fil des années, bon nombre d’entre elles avaient été perdues à jamais. Certaines ne seraient probablement jamais retrouvées, détruites ou perdues dans des circonstances qui resteraient inconnues, victimes collatérales d’un drame qui avait touché le monde entier et dont les cicatrices, les relents nauséabonds étaient loin d’avoir disparu.
Les tableaux que recherchait Draco appartenaient à une série peinte par un artiste espagnol relativement peu connu du dix-septième siècle, Bartolomé Esteban Murillo, qu’un collectionneur anglais souhaitait posséder pour agrandir sa collection d’artistes issus du siècle d’or espagnol. Une série de peinture bien précise l’intéressait, à thématique fortement pieuse, et même si Draco ne trouvait pas les œuvres particulièrement intéressantes ou étonnantes, le contexte dans lequel elles avaient disparu leur conférait un intérêt tout particulier. Il ne l’aurait certainement avoué à personne, mais il appréciait l’idée de parcourir le globe à la recherche d’objets précieux disparus depuis si longtemps qu’ils étaient presque devenus des légendes, de courir après ces trésors d’une valeur exceptionnelle et de voir le regard de ses clients, impressionnés, admiratifs. Reconnaissants, aussi, car ils n’auraient pas osé faire autant que lui.
C’était l’aventure, la belle, la grande, celle qui faisait palpiter son cœur, fourmiller ses jambes de l’envie de parcourir plus de kilomètres, de comprendre plus de mystères, de découvrir des secrets depuis longtemps enfouis, et de ramener, en plus de tableaux et d’œuvres d’art qui valaient des millions, des connaissances qui n’intéressaient peut-être personne d’autre que lui… Et ça n’avait pas d’importance.
À leur arrivée à l’hôtel, Pansy souhaita qu’ils se rendent immédiatement dans le musée qu’elle avait repéré ; leur potentiel futur client les y attendait, et Draco compris qu’elle l’avait piégé depuis le début, et qu’elle devait même être prête à y aller seule s’il décidait au dernier moment de ne pas l’accompagner. Il plaida pour une douche, qu’il prit longue, chaude et embuée. Entre les longues heures d’avion, le décalage horaire, la différence de température entre Londres et Perth, les heures passées dans un avion sur climatisé, sa peau lui paraissait collante, et il n’y avait rien qu’il détestât plus que cette sensation. S’il y’avait bien une chose qu’il se devait de reconnaître, c’est que Pansy avait très bien choisi leur hôtel : luxueuses, spacieuses et aménagées avec goût, les chambres étaient des petites merveilles qui invitaient au repos, à la paresse, à la langueur, même… À condition d’avoir quelqu’un à y emmener.
Le blond chassa cette pensée idiote de sa tête, secouant ses cheveux mouillés, qui projetèrent une myriade de gouttelettes tout autour de lui. La serviette nouée autour de la taille, il consulta machinalement son téléphone, qu’il n’avait pas rallumé à leur arrivée à l’aéroport. Un froncement de sourcils, qui se transforma lentement en un léger sourire, accueilli et conclut la lecture du message. Le numéro était inconnu, mais le contenu, lui, ne laissait guère de place au doute. Seuls quelques mots avaient été rédigés, mais le ton était indubitablement malicieux. « J’ai retrouvé la boîte d’œufs, abandonnée, seule, à côté de la benne. Avoue que c’est inhabituel, comme carte de visite. » Draco lui répondit presque aussitôt le message lu, pianotant rapidement du bout des doigts, faisant claquer sa langue contre son palais alors que des gouttes d’eau tombaient sur l’écran. « Je suis inhabituel, Potter, je pensais que tu l’avais compris ».
En étaient-ils vraiment à s’envoyer des sms, comme deux adolescents ? Le ton n’était pas le même que lorsqu’ils se voyaient, et il n’y avait pas besoin d’être un génie pour comprendre ce qui différait. Les claviers, les écrans en tout genre, les connexions wifi et la 4G rendaient tout bien moins réel, bien moins dangereux. Le sentiment, rassurant, que rien de tout cela n’était vraiment réel permettait de donner un peu plus de soi, de se permettre des paroles, des sous-entendus qu’ils auraient dédaignés, l’un comme l’autre, s’ils avaient été face à face. Potter était agaçant, trop souriant et trop sauvage à la fois, trop assuré et trop hésitant tout en même temps, il était bourré d’ambivalences qui lui conféraient un charme fou, mais c’était précisément ce que Draco n’était pas : fou. Il était si peu fou, en réalité, il se permettait si peu de fantaisies dans sa vie qu’il en était presque fou, même, sauf si l’on considérait que se lancer à la recherche d’œuvres d’art disparues était une aventure, une folie en soi. Mais ça n’avait rien de glamour, rien de sexy, rien à voir avec ce chef cuisinier de génie qui transpirait la sensualité, la décadence et réveillait dans le cerveau tordu du blond les idées les plus lubriques juste en l’imaginant léchant une cuillère d’un coulis quelconque… Ou mordre dans un croissant.
Il reposa son téléphone, et s’habilla. Hors de question de se presser, alors qu’il aurait largement préféré aller nager un peu dans une eau plus accueillante que celle des côtes anglaises. Dans le lobby de l’hôtel, Pansy faisait sans doute les cent pas, vêtue d’une nouvelle robe, arrangée et prête à en mettre plein les yeux à leur potentiel-nouvel-associé. Avant de partir, il pressa le bouton latéral de son téléphone ; aucun nouveau message.
S’il commençait à attendre les messages comme un gamin de quinze ans, le voyage risquait d’être long.
*.*.*.*
Une boîte d’œufs. D’un vert clair, passé, dans cette matière cartonnée étrange, légère, gondolée dans laquelle étaient emballés, protégés, transportés les œufs de la ferme du producteur à la table du consommateur. Une étiquette précisait que les œufs étaient bios, issus de poules élevées en plein air, nourries avec des aliments biologiques.
Harry aimait tout particulièrement ce produit. Protégé par sa coquille fragile, il ne payait pas de mine, semblait même plutôt ordinaire, imprévisible, même : tant de choses étaient possibles avec ce produit pourtant si simple, si basique. Frits, à la coque, durs, brouillés, en gelée, pochés, meurette… À la base de pâtes, de gâteaux, de sauces et de plats sophistiqués, Harry découvrait maintenant une utilisation tout à fait différente et originale de ce produit : carte de visite.
Sur la boîte, collante et tâchée, que Harry avait fini par trouver près d’une poubelle, dans la rue, le numéro de Draco était inscrit au feutre noir, de son écriture qu’il découvrait fine et élégante. Une écriture pouvait-elle être nerveuse ? Pouvait-elle trahir une forme d’exigence, de volonté de n’avoir que le meilleur ? Pouvait-elle dire la complexité d’une personne ? Les courbes des six, des neufs, des huit, les angles des sept, des cinq, des uns, le menton pointu de l’artiste, son demi-sourire, sa nonchalance, l’accent aristocratique traînant de sa voix le sourcil haussé de moquerie, d’amusement acide, le rouge léger de ses joues lorsqu’il avait trop bu, le goût de ses lèvres quand elles avaient eu le temps de gonfler dans un baiser trop tempétueux... Ces détails pouvait-ils surgir de quelques chiffres griffonnés à la va-vite sur une boîte d’œufs ordinaire et sans intérêt ? L’esprit du chef était-il déjà trop tourné vers ce blond insupportable qui semblait doté d’un talent particulier pour l’emmerder ?
Il avait soigneusement enregistré le numéro sur son téléphone, et, accoudé au bar qui séparait sa cuisine de son salon, il avait longuement réfléchi à ce qu’il allait lui envoyer. Etait-il seulement supposé lui envoyer quoi que ce soit ?
Les jours qui avaient précédé le dîner, Harry s’était plongé dans le travail : les cours s’étaient enchaînés, les rendez-vous commerciaux, les discussions téléphoniques avec Hermione, qui avait eu la délicatesse de ne pas ramener le dossier du blond sur le tapis à chaque fois que l’occasion se présentait, le rugby, même. Sa vie était exactement telles qu’elle avait été toutes ces années, trop remplie pour qu’il ait le temps de réfléchir, d’explorer son moi intérieur et de s’interroger sur ce qu’il considérait comme sa normalité.
Ce dîner, en revanche, avait changé quelque chose. Parmi ses rouages parfaitement huilés, un minuscule grain de sable s’était glissé, et s’il n’empêchait pas son quotidien de se dérouler selon l’ordre préétabli. La satisfaction, la fierté qu’il tirait des cours de cuisine était restée inchangée, intacte ; la liberté qui dévorait jusqu’à ses terminaisons nerveuses lorsqu’il courait sur le terrain de rugby, le corps couvert de boue, les cheveux ébouriffés comme jamais et le regard brillant d’une forme d’animalité étaient tels qu’ils avaient toujours été. La couleur du ciel était similaire, l’odeur des tomates mûres l’emplissait de la même joie, le croustillant des viennoiseries lui paraissait toujours aussi sensuel, érotique, presque.
Au coin de son regard, pourtant, à l’angle le plus extrême de sa vision périphérique, une lueur nouvelle s’était invitée, d’un blond presque blanc, d’un gris semblable au mercure en fusion. Malfoy était là, nuance à peine visible, à peine perceptible qui pourtant parvenait à colorer son monde, prisme inattendu, inconnu qu’il n’était pas encore certain de comprendre. Il n’avait fait qu’un pas dans sa vie, mais il n’en était pas moins parvenu, déjà, à réveiller des fantômes du passé que Harry comme Hermione auraient préféré garder cachés.
— Qu’est-ce que tu fais, gamin ? demanda Sirius en levant la tête par-dessus le dossier du canapé.
— Rien, j’arrive.
Son parrain, dont la tignasse noire, striée de gris, et plus décoiffée encore que celle de Harry, dépassait du dossier, s’était invité à regarder le match de rugby du jour avec son filleul. Habitués, lorsque le jeune homme n’était encore qu’un enfant, puis un adolescent, à partager leur passion pour ce sport, souvent en compagnie de James, le père de Harry et meilleur ami de Sirius, ces moments privilégiés s’étaient raréfiés. Le travail, les voyages de Sirius, puis, presque insidieusement, le quotidien, l’oubli, la routine les avaient éloignés l’un de l’autre. Reflet cohérent de ce qu’était devenue la vie de Harry : une version aseptisée, rassurante et sans prise de risques de ce qu’avait été sa vie autrefois.
Assis côte à côte pendant le jeu, bières à la main et paquet de chips entre eux, ils en profiteraient pour s’accorder le temps de discuter, de rattraper le temps perdu depuis la dernière fois, et surtout, cela permettait à Sirius d’offrir à son filleul un instant de détente qu’il ne s’autorisait pas le reste du temps. L’image de ce jeune homme incapable de vivre sans vie comme il le méritait, figé dans un entre-deux qu’il n’avait jamais réussi à franchir, était douloureux pour l’homme sage qu’était devenu Sirius avec les années. Chien fou qui jamais ne se posait, jamais ne se satisfaisait de rien, jamais ne trouvait un semblant de quiétude, les voyages lui avaient permis de simplement trouver l’apaisement qu’il avait toujours cherché, sans même en avoir conscience.
— Tes parents savent que tu as quitté Colin ? demanda Sirius en ouvrant les bouteilles de bière, dont il jeta les capsules sur la table. Elles rebondirent et retombèrent en silence sur le sol, étouffée par le tapis épais qui recouvrait le parquet.
— Maman aurait voulu connaître les détails, et papa…
— Ton père n’a jamais aimé Colin, compléta son parrain.
— Papa aurait voulu que je passe ma vie avec Ginny.
— Tu es injuste, c’est faux.
— Sirius, est-ce qu’on va remettre ça sur le tapis ? Encore ? soupira Harry en se laissant tomber lourdement à ses côtés.
— Oui, s’il le faut. Tu es persuadé que ton père n’accepte pas ton homosexualité, alors qu’il est juste inquiet pour toi.
— Il ne l’était pas quand j’étais avec Ginny.
— Non, mais ta mère l’était.
— C’est ridicule. C’est… C’est ridicule, je n’ai pas d’autre mot.
— Je trouve ça plutôt logique… commença Sirius avant de s’interrompre devant la grimace que lui adressait Harry. Quoi ?
— Je me méfie de ton sens de la logique, surtout quand on considère que…
— Ma vie privée n’a rien à voir avec cette histoire, le prévint Sirius, agitant un doigt inquisiteur sous son nez.
Harry claqua des dents, exactement comme lorsqu’il était enfant. Dans ces moments, dans son rire retentissait un peu de son enfance, de son innocence, de sa pureté, même, des qualités qu’il n’avait jamais tout à fait perdues, mais qui se faisaient plus rares. Il s’était endurci.
— Ecoute-moi un peu, s’il te plait, demanda Sirius tout en baissant le son de la télévision, appuyant frénétiquement sur la télécommande. Ça ne marche jamais ce foutu truc… Bref, écoute-moi : ta mère s’inquiétait pour toi parce qu’elle connait les femmes, bien mieux que toi et moi le ferons jamais. Elle est elle-même têtue, contradictoire, susceptible, exigeante, elle a un cerveau de femme, tu vois ?
— Si Hermione t’entendait…
— Je m’en fous, elle a toujours une bonne raison pour n’être d’accord avec personne.
— Sirius…
— Oui, bon. Ton père, lui, est inquiet pour toi, maintenant, parce qu’il est un homme, et qu’il connait les hommes. Il sait, exactement comme toi, et il ne veut pas que tu souffres. L’inquiétude n’a pas disparu, elle n’a pas augmenté, elle a juste changé de camp.
— C’est la réponse facile, objecta Harry.
— Crois ce que tu veux, ce n’est pas à moi de te dire ce que tu peux ou dois croire. Mais je connais tes parents mieux que personne…
— Je sais.
— Et ils sont morts d’inquiétude.
— Est-ce que tu es venu ici pour me faire la morale sur mes parents, Sirius ? demanda Harry, les sourcils froncés.
— Je passe la moitié de l’année à faire le tour du monde, l’autre moitié à parcourir les océans et à écrire des bouquins dans la montagne, Harry. Je ne suis à Londres que… Deux semaines dans l’année ? Trois, grand maximum, et seulement quand tes parents me font un scandale pour que je vienne les voir, et même comme ça, je te vois plus qu’eux. Tu m’appelles, tu m’envoies des mails, des sms, plus qu’à eux. Qu’est-ce qui cloche, exactement ?
Harry haussa les épaules.
— Tu as raison sur un point : ça ne me regarde pas. Tu fais ce que tu veux de ta vie. Mais James est le meilleur ami que je n’ai jamais eu, et très franchement, ça me troue le cul de voir que son propre fils, son portrait craché, n’est pas capable d’être proche d’eux, ou juste de leur dire ce qui ne va pas.
— Sirius, tout va bien. Notre relation a juste changé. C’est ce qui se passe quand on devient adulte.
— Non, prétendre que la relation a changé alors que tu fuis, c’est ce qui se passe quand on prétend devenir adulte mais qu’on se conduit comme un lâche. Monte le son de ce match, je crois que je préfère écouter le match que les conneries que tu oses raconter.
Harry s’exécuta. Ses joues avaient rougi de colère et de honte mêlées, pourtant il ne dit pas un mot.
Loin d’être attentif au match, il buvait une gorgée de bière de temps à autre, machinalement. Sa main se levait du canapé jusqu’à sa bouche, automatique, raide et mue par sa volonté propre. Le liquide ambré coulait dans sa gorge, frais et chaud à la fois, l’alcool annulant l’effet rafraichissant des bulles et des heures passées au frigo.
Il en avait ras le bol des leçons de morale, qu’on l’emmerde avec ce qu’il devait faire, ce qu’il devait penser, la façon dont il devait mener sa vie, les personnes qu’il devait fréquenter.
Il n’en pouvait plus de ceux qui savaient mieux que lui, qui devinaient, qui lisaient dans le mar de café, qui lui prédisaient un avenir sombre de solitude, comme s’il n’en avait pas été lui-même conscient.
Il les conchiait, ces personnes de son entourage qui, sous prétexte de ne vouloir que son bien, se permettaient d’opiner sur sa vie, son échec sentimental, la solitude et l’évitement qu’il avait préférés à la sollicitude, à la vigilance constante que ses proches lui appliquaient comme un mantra ridicule supposé l’amener à faire de sa vie ce qu’ils considéraient comme un idéal.
Le problème était précisément celui-ci. À un moment donné, leur idéal et le sien avaient divergé, pris des routes différentes ; les options qu’il souhaitait explorer n’étaient juste pas les mêmes, et cela, ni les parents Potter, pourtant si « cools », si attentifs, si compréhensifs, lorsqu’il était adolescent et que James l’accompagnait acheter la bière pour les beuveries où il gesticulait plus qu’il ne dansait sur la musique à la mode de l’époque, ni ses amis, ni les Weasley, ni même, visiblement, Sirius, n’étaient en mesure de le comprendre.
Aveugles. Ils étaient aveugles à ce que le jeune homme désirait vraiment : avoir le choix.
Tant pis si cela impliquait d’avoir des regrets, un jour.
Tant pis si, pour l’instant, il n’était en mesure ni de présenter la personne avec qui il partageait sa vie, s’il n’annoncerait pas de sitôt à ses parents qu’une nouvelle génération Potter était prête à voir le jour.
Tant pis si son amitié avec Hermione n’était pas tout à fait celle que la jeune femme aurait voulu, même si elle avait au moins l’élégance de le laisser.
Il avait juste envie qu’on lui foute la paix, qu’on le laisse faire des conneries, se tromper, se planter, se cogner et souffrir, voir le bleu s’épanouir sous sa peau, tâche d’encre douloureuse, rappel de son erreur, se cogner une seconde fois, comprendre enfin, ne plus recommencer, et y retourner parce que la douleur, au moins, est vivante. Il désirait seulement, profondément, vivre sa vie comme il l’entendait, fréquenter les mauvaises personnes et pouvoir leur dire merde, ne pas savoir reconnaître immédiatement les gens qui seraient amenés à exister dans la sienne, de vie. Grandir comme dans un film, ne plus juste être l’homme qui avait construit une affaire florissante, qui avait noyé le manque de son meilleur ami dans des activités qui le passionnaient mais ne faisaient pas battre son cœur. Ecouter la musique à fond, recevoir qui il avait envie, se donner le temps d’être heureux. Regarder, au moins, les raisons de son insatisfaction dans le blanc des yeux et leur adresser un majeur magistral, plutôt que de prétendre que tout va bien et aller manger sagement le rôti du dimanche chez ses parents.
Tout avait toujours semblé si simple pour eux, même si Harry savait que ça n’était pas le cas. Que Sirius vienne le lui rappeler sonnait comme une tentative de le culpabiliser, de le mettre face à ses responsabilités, comme un mioche qu’on met au coin pour le faire réfléchir sur la connerie qu’il vient de faire.
Il avait passé l’âge du coin, passé l’âge d’être un mioche à qui on fait gentiment la leçon, et pourtant, il était là, la mine boudeuse, mâchoire serrée, sa bière tiédie à la main, sourd aux encouragements que Sirius aboyait à l’équipe d’Irlande, brandissant une casquette verte qu’il n’avait pas portée mais sans laquelle il ne regardait aucun match de son équipe fétiche. Il se faisait l’effet d’un adolescent que personne ne comprend, un homme de succès qui pourtant ne se connait pas encore, qui a besoin de tester les limites, d’aller plus loin que lui-même pour comprendre, pour savoir. Pour, enfin, ressentir.
Ne jamais en avoir assez, vouloir toujours plus, et, pour toute réponse, décider de se contenter du minimum, par peur de ne jamais être satisfait. Une crise d’adolescence, la trentaine passée, qui lui donnait le sentiment diffus mais amer d’être de ces personnes ridicules qui n’avaient pas d’avenir parce qu’elles se refusaient à tourner le dos au passé.
Ça n’était pas son cas. Son présent n’était juste déjà plus d’actualité, et il savait exactement à quoi ressemblait son futur : des cours de cuisine, encore, des livraisons de Ginny, encore, des heures au téléphone avec Hermione, encore, des plans cul qui s’éternisaient et son cœur qui restait désespérément froid, muscle atrophié, poussiéreux. Encore.
— Je n’ai jamais été un parrain chiant, Harry, pas vrai ? demanda Sirius, sur le pas de la porte, alors qu’il s’apprêtait à partir.
Malgré leur discussion, plus tôt dans la journée, ils avaient passé un bon moment.
Sirius avait insisté pour qu’ils se commandent des pizzas (« tu ne vas pas encore cuisiner, tu fais ça toute la semaine »), et ils les avaient dévorées devant un film dont ils n’avaient pas écouté un traître mot. Harry lui avait donné des nouvelles de Hermione, parlé de Blaise en des termes relativement bienveillants. En échange, son parrain avait placé quelques infos sur la vie que menaient James et Lily. Rien de neuf sous le soleil, sinon l’absence de leur fils qui les rongeait. Les bières aidant, le fromage et le gras des pizzas avaient tout rendu plus acceptable, avaient arrondi les angles, si bien que Harry ne s’était pas formalisé des tentatives à peine déguisées de son parrain pour créer chez lui un électrochoc.
C’était oublier que son filleul était un Potter, une tête de mule qui n’en faisait qu’à sa tête, un cabot irrécupérable.
— Non, bien sûr que non, confirma Harry.
— Alors j’aimerais que tu prennes ceci en compte : tes parents t’aiment. Je ne sais que trop ce qui t’est arrivé, mais je ne comprends pas plus qu’eux. Je ne suis pas sûr que toi-même tu saches, mais ils t’aiment et tu es leur fils unique. Tu leur manques.
— Ils… À moi aussi.
— Alors bouge ton foutu cul, gamin. Je ne vais pas le faire pour toi, t’es le seul à en être capable. Tu sais que je te porterais moi-même sur mes épaules si je le pouvais, mais…
— Tu es trop vieux.
— Tu es trop lourd, petit con, et tu dois être celui qui fait ce choix.
Harry referma la porte derrière son parrain, et poussa un long soupir. Ça avait été moins pénible qu’il ne l’avait d’abord imaginé. Ses relations avec Sirius n’avaient jamais été ce qu’elles étaient devenues ; sérieuses, profondes… Dérangeantes. Lorsqu’il était plus jeune, son parrain était celui qui intervenait toujours en sa faveur, dans un jeu implicite avec Lily et James auquel les trois prenaient un plaisir que Harry ne comprenait alors pas. Là où le couple Potter représentait l’autorité, Sirius faisait voler en éclat leur sérieux et leurs bonnes résolutions et encourageait son neveu à prendre des risques, à être le jeune casse-cou (et casse-couilles, comme James s’empressait souvent de le rappeler) que son père était, bien des années auparavant. Ron avait toujours jalousé cette complicité joueuse qui s’était installée comme une évidence dans cette famille un peu tordue mais si unie que jamais aucun d’entre eux n’aurait imaginé qu’elle deviendrait plus creuse qu’une coquille d’œuf qu’on aurait lentement et soigneusement vidée. Les contours étaient là, les apparences avaient été maintenues, puis, petit à petit, excuse après excuse, Harry avait pris ses distances, ce que ses parents avaient alors semblé prendre avec une forme de soulagement qu’il avait d’abord appréciée. C’était, bien entendu, avant de réaliser que ses propres parents ne l’avaient pas retenu.
Il était une coquille vide.
Une putain de coquille vide au sourire étincelant, aux manières fières, il paraissait presque sûr de lui, ouvert, alors qu’à l’intérieur, il n’était qu’un courant d’air hurlant comme un lion en cage.
Son portable vibra dans sa poche.
Quelque part en Australie, à l’autre bout du monde, Draco Malfoy pensait à lui.
* Hello, Adele. |