Ces lèvres qui couraient le long de mon cou, son souffle qui réchauffais mon âme glacée. Doucement il faisait passer ses mains sur tout mon corps, caressant les partis les plus chastes, comme les plus indécentes. Et le désir qui montait, toujours plus fort, comme un ouragan de sensations familières et pourtant nouvelles à chaque fois. Un délice inavoué, secret, ce qui malgré les circonstances rendait tout cela encore plus excitant.
J’étais encore plonger dans les souvenirs de cette petite heure intense. Je marchais dans les rues sombres et sales de Donn tout en étant toujours plonger dans les bras d’Henry. Chaque pas était porté par un sentiment de bonheur qui hélas s’estompait peu à peu. Comme une malédiction qui régissait sur le monde, le bonheur était voué à disparaitre apprès quelques instant, happer par la réalité et sa noirceur. L’histoire de tout ma vie, du monde.
« Non je refuse, de penser encore comme ça ! Cette fois ci ça ne sera pas pareil ! » Pensais-je tout en secouant la tête d’indignation. « Ça ne se répèteras pas encore, Henry est la personne qui va me sortir de tout cela ! ». Je sais bien que compter sur une personne pour être sauver n’était pas une bonne chose. Mais comment autrement alors que chaque pas est douloureux et que le seul lui peu l’apaiser ? Un sourire revint sur mon visage.
La nuit était totalement tombée sur la petite ville, rendant les rues obscures et encore plus inquiétantes. Elles étaient tellement sombres que je n’osais emprunter les raccourcis qui m’auraient fait gagner quelques minutes pour rejoindre ma sœur.
J’avançais à pas rapide, ne pensant plus à rien que de partir au plus vite. Chaque réverbère se transformais soudainement en monstres menaçant et chaque coin sombre promettait d’horrible cauchemars. Je courais presque lorsque, au tournant d’un virage, je stoppai net.
Un homme se trouvait à quelques mètres de moi, immobile au milieu de la voie. Aucun réverbère n’éclairait cette rue, si bien que sa silhouette ne me parvenait que grâce à la lumière de la lune. Je pouvais discerner un long manteau (noir ?) et une étrange lumière qui semblait émaner de l’homme (ou de la femme ?).
Un frisson parcourus tout mon dos et vint susciter une peur grandissante dans mon esprit. Cette personne était dangereuse ! Je ne saurais dire comment je le savais, mais c’était une certitude.
Et soudain un coup de vent, un bruit distinct et sec, un clin d’œil. La silhouette avait miraculeusement disparu. Il avait suffi d’une seconde d’inattention et elle c’était tout simplement évanouis. « Comment est-ce possible ? Est-ce que j’ai tout simplement rêver ? Ou alors …. Il est toujours là ! ».
Les battements de mon cœur s’affolèrent et chaque coin sombre devint une cachette possible pour cet étrange être. Je n’osais plus bouger, de peur qu’un seul geste déclenche la fureur du fantôme que je venais d’apercevoir. Je restai ainsi quelques secondes qui me parurent une éternité afin de me persuader que j’avais tout simplement eu une hallucination.
Alors tout doucement je détendis mes muscles crispés et avança d’un pas. Puis un craquement presque imperceptible se fit entendre juste derrière mon dos, comme un bruit de grincement de dent. Un souffle glacé accompagné d’une odeur presque envoutante me chatouilla le cou et une main pâle aux ongles ressemblant à des griffes se posa sur mon épaule. Un contact froid, cadavérique et inquiétant.
« Aime tu le froid de la mort contre ta peau ? » Me demanda une voix ancestrale et noire.
Tout ce qui se passa ensuite fus à la fois lent et extrêmement rapide. Par reflexe je me retournai pour faire face à mon agresseur et ce que je vis me terrifia et me subjugua en même temps.
C’était un homme sans âge d’une beauté indécente. Son visage était comme sculpté par un Dieu charmeur, tout en trait fin et en mâchoire musclé. Et ses yeux était d’un gris profond où chaque esprit ne pouvait que s’y noyer.
Mais en même temps il se dégageait de cet homme une aura de malfaisance. Comme s’il s’agissait d’un prédateur jouant avec sa future proie.
« Et c’était exactement ce qu’il était, le prédateur le plus élaborés de toute la création. Un homme n’ayant plus rien à perdre. »
Lorsque cette pensée s’afficha dans mon esprit, elle débloqua un instinct de survie que je pensais disparus depuis longtemps. Serrant fort mon poing je fis semblant de vouloir m’enfuir vers la gauche et avant qu’il ne puisse répliquer, lui envoya un coup dans la figure.
Se produisit alors deux choses glaçantes :
1 – Bien qu’ayant atteint ma cible, l’homme ne bougea pas d’un cil. Comme si mon poing n’avait été qu’une poussière tombant sur sa joue.
2- Un sourire s’afficha sur son visage, le rendant encore plus beau, encore plus menaçant.
De sa main droite il vint caresser l’endroit de l’impact sur sa mâchoire, puis il porta sa main à sa bouche et la lécha. Ses yeux se fermèrent et il leva sa tête vers le ciel comme s’il se délectait de quelque chose.
Profitant de ce moment d’inattention je pris mes jambes à mon cou, sans jeter un regard en arrière. Je courus comme un évadé de prisons jusqu'à ce que je tombe nez à nez avec une jeune fille me ressemblant étrangement. D’un air semi interloqué, semi-amusé elle me demanda d’une voie moqueuse :
« Et bien alors tu as vu un fantôme où quoi ? Je croyais que tu avais réussis à te débarrasser de ta peur du noir ! »
« Il y avait quelqu’un dans la rue commerciale … Il … Il était comme fous ! » Répondis-je tout essouffler.
Ma sœur me regarda cette fois ci avec de l’inquiétude et ces deux yeux marrons clairs se rétrécirent. D’une main nerveuse elle commença à faire des nœuds dans sa chevelure blonde (seule différence physique entre elle et moi).
« C’était surement le vieux Delort qui avais trop bus. Tu sais comment il est avec une bouteille de wisky dans le bide ! Encore pire que papa … »
« Je t’assure que ce n’était pas lui, c’était quelqu’un … autre chose »
« Autre chose ? On parle encore d’un mec peur ? »
Je ne répondis pas, préférant rester la regarder. Elle ne pouvait pas comprendre car elle ne l’avait pas vu. Elle n’avait pas lu dans ses yeux. Elle m’examina de haut en bas tout en secouant parfois la tête comme pour essayer de nier que j’étais sans doute fous. Puis voyant que je ne tremblais toujours, elle décida de rentrer.
« Bon je pense qu’il va falloir que je t’accompagne pour te protéger. De toute façon la fête était nulle et Yvan avais commencé à me peloter avec ses grosses mains dégueulasse. » Me dit-elle tout en me faisant signe d’avancer.
D’un pas mal assurer je lui obéis tout en jetant des coups d’œil fréquent derrière moi.
Ma sœur et moi n’étions plus aussi proche qu’avant c’était indéniable. Néanmoins quelque chose nous liait encore. Peut-être était-ce le lien fraternel ou alors tout simplement le besoin de se soutenir dans ce monde de merde. Ainsi je pensais qu’elle me soutiendrait dans toute les situations… Mais comme une personne me diras me bientôt, « toute personne est vouée à vous décevoir à un moment ou à un autre ».
Le trajet jusqu'à la maison dura 15 minutes. 15 minutes d’angoisse à chaque croisement, à chaque virage. Et quand enfin nous arrivâmes devant la porte de notre jardin délabrée, Emilie me regardait comme si j’allais craquer à tout moment. Je lui souris et lui dit que ça allait aller, que j’avais peut-être confondus le vieux Delort avec une autre personne. L’ayant ainsi rassuré je me dirigeai vers la porte d’entrée, ma sœur juste derrière moi, et respira un bon coup prêt à affronter une centaine de remarques désobligeantes.
Lorsque j’entra dans la maison et déposa mon manteau contre une chaise, je remarqua tout de suite que quelque chose n’allait pas. Mon père ne se trouvait pas dans le salon et la télévision était éteinte. Un silence de mort régnait dans la pièce et la seule lumière provenait de la cuisine.
Interloqué et angoisser nous nous y rendîmes, appréhendant une crise de notre père ou une réprimendation de notre mère.
Nos deux parents étaient bien dans la cuisine, ma mère adosser contre la table me regardait avec une intense peur dans le regard. Ses cheveux gris étaient attachés en un chignon mal fait et ses mains ridées étaient crispé contre le rebord en bois de la table. Mon père lui se trouvait debout près de l’entrée, une intense colère dans le regard.
« Je suis désoler d’être en retard, il y avait quelqu’un sur la route, il a essayé de me … » Commençais-je avant de réaliser que mon père me fixait toujours avec les poings fermer.
« On peut savoir ce que tu faisais exactement chez les Dehaan ? » Me demanda t’il froidement.
« Je te l’ai dit je suis allé réviser avec Henry, comme toujours. On a … » Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que mon père m’envoya valser contre le sol grâce à son poing.
J’entendis ma mère émettre un sanglot et vis ma sœur reculer tout en se protégeant le visage. Sonner je ne réalisai pas tout de suite que mon nez avait commencer à saigner. Je restai quelques secondes au sol à retrouver mes esprits puis me releva doucement.
« S’il te plait Marc … » Implora ma mère les larmes aux yeux.
« Tais-toi ! Tu ne vas pas me dire que tu le défends encore ? Après ce qu’on vient d’entendre ! » Cria t’il en élevant la moi à chaque mot. « Figure toi Liam, que monsieur Dehaan nous à appeler il y a une dizaine de minute. Il affirmait qu’il t’avait vus, toi et Henry, en train de faire … en train de … Merde je n’arrive même pas à le dire ! »
La peur s’empara une nouvelle fois de moi. C’était la fin, la fin de mon histoire avec Henry et peut-être même la fin de ma vie ! Si je ne faisais rien il allait me réduire en morceau.
« Ecoute, je ne sais pas ce qu’il croit avoir vus mais il c’est sans doute tromper. Je ne … » Une nouvelle fois son poing vient cogner contre mon visage et j’entendis cette fois ci un craquement douloureux. Je chancelai quelques secondes mais parvint à retrouver mon équilibre.
« Je veux QUE TU DEGAGE ! Je ne veux plus te voir dans cette maison ! » Cria mon père en me balançant un sac qui semblait remplis de mes affaires.
Je restai figer quelques instants, ne pouvant émettre le moindre son. Je regardai ma mère, qui, les yeux baisser fixait le sol en pleurant. J’implora silencieusement ma sœur de me venir en aide mais elle resta là à me regarder avec une expression terrorisée dans le regard.
« DEGAGE ! » Hurla-t-il une dernière fois. En pointant la porte du doigt.
Mon monde s’écroula à cet instant. Comme pousser par son cri, je reculai de quelques pas, jeta un dernier regard à ma sœur puis partis en courant. Je sortis de la maison en trombe, manquant de tomber plusieurs fois. Et je courus, courus encore et encore sans me soucier de la direction, aveugler par les larmes.
Un rire retentit au loin. Un rire d’un sadisme presque opaque. Il était à lui, il allait pouvoir jouer avec lui autant qu’il le souhaitait ! Il n’aurait même pas à s’occuper de sa famille. Ils étaient aussi monstrueux que lui. « Oui l’être humain est une espèce qui dépasse à chaque fois mes espérances. Toujours plus cruel ! ». De délectation il passa sa langue sur ses lèvres. « Si le garçon survit, je penserais peut-être à faire de lui l’un des nôtres ! S’il survit … » |