Il faisait nuit dehors. C’était une de ces nuits sans nuage avec une lune tellement grande que l’on avait l’impression de se trouver dans un autre monde. Je me trouvais sur le palier du bâtiment où Lucy et moi nous étions réfugiés. La porte de l’immeuble débouchait sur une rue assez propre avec des grandes maisons avec des jardins entretenus avec soin. Nous étions dans les quartiers riches de la ville, ceux qui faisaient rêver tous les habitants de la classe moyenne.

-          La quartier huppé … Vraiment ? Demandais-je avec une pointe de sarcasme

-          Quoi ? Tu ne crois quand même pas que j’allais dormir dans une maison délabrée ! Me répondit Lucy outré.

Je l’observai quelques secondes. Sous la lueur de la lune, son apparence semblait avoir changé. Elle c’était transformé en un fantasme presque fantomatique. Ses cheveux blancs se balançaient au gré du vent, créant une danse hypnotique. Son corps était comme près à s’envoler, son torse était avancé vers le ciel et elle avait les yeux plongés dans l’immensité du ciel.

-          Disons que je pensais qu’au bout de quelques siècles de vécus l’argent perdait de son importance …

-          L’argent n’est qu’un confort bienvenu. Me répondit-elle en souriant. La nuit, voilà ce qui est le plus important ! Voilà ce qui nous définis ! Elle est ton amante et tu dois l’aimer comme jamais tu n’aimeras personne d’autre.

-          Je ne suis pas sûr de comprendre grand-chose à ce que tu racontes …

Cette réplique la fit souffler d’agacement. Elle me regarda quelques instants comme partager entre l’envie de me frapper et c’elle de m’instruire. Un sourire apparut sur son visage pâle et elle s’approcha de moi puis me force à regarder vers le ciel.

-          Observe les étoiles. Les humains ne voient que des lumières brillantes trop éloignés pour les atteindre. Mais nous, nous percevons la vérité de ces étoiles ! Elles sont nos compagnes de voyages, nos confidentes.

Je me laissai emporter par ces paroles tout en observant le ciel étoilé. En effet maintenant que je possédais une vision modifier, je pouvais discerner chaque détail du ciel, toutes les constellations me semblaient comme des îles perdues dans un océan de diamant. Les étoiles étaient presque à porter de main. Mon cœur commença à s’emballer face à cette vision féérique et je compris ce que Lucy essayait de me dire.

La nuit cachait la misère du monde, elle le rendait plus accueillant et nous permettais de se cacher parmi le commun des mortels. La vision qu’ils avaient de nous devenais plus mystérieuse, cela les attraits encore plus, je pouvais le voir dans les souvenirs de Lucy. La nuit était notre sauveuse, c’elle qui nous montait au rang de dieux et non au niveau de monstres sanguinaires.

Lucy me tira soudainement de ma contemplation en me donnant une violente tape sur l’épaule. Lorsque je me tournai ver elle, son visage affichait une surprise non feinte. Son regard lui, était partager entre la frustration et une sorte de plaisir indéfinis.

-          Tu n’as même pas bougé …. Il y a vraiment quelque chose de spécial ... Chuchota t-elle, puis elle se reprit et retrouva un visage froid et impassible. Enfin bref, il ne faut pas qu’on tarde, la faim va revenir et je ne tiens pas à devoir t’éliminer quand tu vas te jeter sur le premier humain que tu verras !

Cette phrase me fit froid dans le dos et me ramenas à la difficulté de la situation. J’allais devoir me confronter pour la première fois à ma condition de tueur ! Je ravalai ma salive et Lucy dut m’entendre car elle se tourna vers moi avec un air agacé. Puis sans me laisser le choix, elle m’attrapa par le bras et me force à avancer.

-          Ecoute moi bien, je comprends que tout cela est nouveau pour toi. Mais je ne suis pas ici pour être compatissante ! Je suis ici pour t’apprendre les bases afin que tu sois prêt pour que les matriarches étudient ton cas. Tu es spécial certes, mais cela ne t’absolue pas de l’envie de sang. Je te le redis une dernière fois, si tu souhaites vivre, tu es obligé de passer par là !

En soi elle n’avait pas tort. Et puis il ne s’agissait pas de tuer quelqu’un, elle ne ressentira aucune douleur. Il s’agissait juste de prélever quelque chose d’une personne anonyme, comme s’il s’agissait de bétails. « Et merde ! ».

Je décidais quand même de la suivre. Elle était mon guide et même si je n’adhérais pas encore à toutes les choses qu’impliquait mon nouvel état, je n’avais pas d’autre choix que de faire avec. Ainsi je me retrouvai à courir dans les rues de la ville, se déplaçant tellement vite que nous étions invisibles à toute personne ne faisant pas attention à nous. Comme une légère bourrasque de vent, nous nous déplacions entre les maisons. Une t’elle vitesse aurait dus modifier ma vision mais pourtant chaque bâtiment était toujours aussi net, je pouvais compter chaque feuille d’un arbre comme si le temps ralentissait alors que je me concentrais sur quelque chose. Cette sensation m’emplit d’un sentiment d’excitation intense. Cette nouvelle condition offrait des possibilités incroyables !

Mais au fur et à mesure que nous approchions de notre but, la faim commençait à refaire son apparition, comme une entité qui grandissait dans mon corps, prenant petit à petit le contrôle de mes gestes. Je commençai à courir plus vite, motiver par l’idée d’un repas proche. Je sentais ma mâchoire trembler d’envie et un sentiment presque animal apparaitre.

Durant notre course, Lucy c’était toujours trouvé un peu en retrait, observant chacun de mes mouvements. Je savais qu’elle était en train d’étudier les comportements que j’avais face à la découverte de mes nouvelles capacités. Et je la sentais aussi prête à intervenir si jamais je tentais quelque chose de dangereux.

« Elle m’étudie mais en même temps je la sens soucieuse de mon sort … Elle n’est pas complètement indifférente. Est-ce dus au fait qu’elle à participer à ma transformation, ou est-ce autre chose ? »

J’étais toujours dans mes pensées lorsque soudainement une odeur puissante commença à apparaitre. Il s’agissait d’un parfum de sueur et d’odeurs corporelles mélanger à des substances chimiques bon marché. Un parfum enivrant qui me renseigna sur la présence de beaucoup de personnes au même endroit. Nous n’étions plus très loin de la boite de nuit ! Sur cette pensée j’accéléra de façon inconsciente, la salive commença à me monter à la bouche et bientôt plus rien ne compta que l’envie de sang.

Ce fût comme si cette odeur avait déclencher un interrupteur qui avait libérer une sauvagerie intense. Je ne pensais plus qu’à me nourrir et Lucy devint vite un obstacle à l’obtention de ce but. Je savais qu’elle allait essayer de m’empêcher d’assouvir complétement ma faim, il fallait que je fasse quelque chose contre cela !

Je jetais un coup d’œil derrière mon épaule. Elle était toujours là, à 1 mètre ou deux de moi. Ce n’étais pas énorme mais si j’arrivais à la prendre par surprise, ces quelques mètres allaient me permettre de lui fausser compagnie. J’attendis que nous arrivions à un carrefour et alors je fis semblant de vouloir continuer tout droit tout en lui montrant bien que j’allais essayer de la distancer en tournant sur la droite. Je jetai un nouveau coup d’œil qui confirmais bien que Lucy était sur le qui-vive, prête à m’intercepter. Au moment même où j’esquissais un geste pour déraper sur la droite, je pliai mes genoux et pris poussa sur mes pieds afin de m’élever le plus haut possible.

Je fus moi-même surpris par la hauteur de mon saut. Je m’étais élever très haut dans le ciel, comme ci, l’apesanteur n’avait plus d’emprise sur mon corps. J’avais l’impression de voler. Cette sensation me dégagea quelques instants de la sensation de faim et j’arrivais à reprendre mes esprits pendant un court instant.

« Mais qu’est-ce que je fais ! Je ne dois pas me laisser aller ! Je dois … » Je n’eus pas le temps de finir ma pensée. Je venais d’apercevoir du coin de l’œil la boite de nuit pleine à craquer. Quelques personnes se trouvait sur le parking en train de fumer une cigarette ou de se battre sous l’effet de l’alcool. Et de nouveau cela remis la faim au premier plan.

J’atterris sur un toit comme si je n’avais rien peser. Je ne perdis même pas l’équilibre alors que la toiture en pente était glissante du fait du temps humide. J’entendis Lucy sauter à son tour et comme s’il s’agissait du coup de feu donnant le signal d’une course, je pris mon élan et commença à sauter de toit en toit. Je me voyais déjà m’abreuver de leur sang, je le sentais presque couler dans ma gorge m’apportant tous ces biens faits.

En quelques bons seulement j’avais réussi à rejoindre le toit de la boite de nuit. De là-haut je pouvais voir les jeunes entrains tituber sur le bitume et entendre chaque battement de chaque personne se trouvant à l’intérieur. L’odeur était ici tellement forte qu’elle me faisait tourner la tête, on aurait dit que j’étais sous l’influence d’une drogue forte. Je tremblais de tous mes membres et m’apprêtais à sauter dans la foule quand Lucy apparue soudainement à mes coter avec un visage emplis de colère.

-          Tu vas sauter et puis quoi ensuite ? Dévorer chaque personne de la boite de nuit et après ? réfléchis un peu avant de laisser la faim te dominer. Je sais que tu en est capable. Concentre-toi sur ma respiration, efface tout autre son et laisse-toi imprégner de mon odeur.

Je l’écoutais, je bloquais mon attention sur le bruit de sa respiration. Elle était calme et apaisante et entrait dans mon esprit comme une douce mélodie. Je me concentrais aussi sur son odeur, toujours aussi délicieuse. Des images de champs enneigés, de feu de cheminer et de journée pluvieuse me virent à l’esprit, m’éloignant de la sensation de faim. Mon esprit commença ainsi à s’apaiser et bientôt la faim et l’envie de tuer passèrent au second plan.

-          Je suis désolé … Je me suis laisser emporter.

-           Ça j’ai bien vue. Mais ce n’est pas une si mauvaise chose, tu as eu une première expérience de la monstruosité de notre condition mais tu as aussi pris connaissance du fait que nous pouvons la contrôler si nous le voulons. Si tu la laisse prendre le dessus, tu ne vaudras rien de plus qu’un animal enragé, tout ce qui te liais à ton ancienne vie, ton ancien toi disparaitras. Et surtout je serais obligé de régler ce problème. Dit Lucy avec un voix tellement calme et froide qu’elle me rendis mal à l’aise.

Tout en parlant, elle avait son regard plongé dans l’horizon. Comme perdus dans des souvenirs désagréables, son visage affichait des émotions de façon presque imperceptible. Etais de la colère ou de la tristesse ? Peut-être les deux.

-          C’est déjà arriver ? Que vous deviez vous occuper d’un jeune vampire incontrôlable ? Demandais-je avec précaution.

-          Trop souvent oui. Répondit-elle en secouant la tête comme pour se sortir de ses souvenirs. Trêves de rêveries. On va rentrer dans la boite et tu vas devoir choisir celui ou celle dont tu vas te nourrir. Un conseil, prend quelqu’un qui n’est pas saoul.

-          Quelqu’un de sobre … Dans une boite de nuit ?

-          Quoi ? Tu n’as jamais fait Sam dans ta vie ? Les jeunes de nos jours sont irresponsables ! répondit-elle en riant.

Sur ces mots, elle sauta du toit pour atterrir à l’ombre d’une maison près de l’entrée du parking. Je la suivis aussi tôt. La musique emplissait mes oreilles et avec mes nouvelles aptitudes j’en ressentais la moindre pulsation. Mais l’odeur du sang frais et jeune m’appelais, comme un doux sortilège. Mes narines commencèrent à se retrousser, comme pour mieux la ressentir. Pourtant le regard de Lucy pesait sur moi et m’empêchait de me ruer dans la boite comme un fou furieux, je sentais son emprise me menotter.

-          C’est le moment. Me dit Lucy. Nous allons rentrer. Je serais constamment avec toi physiquement et psychiquement, alors pas d’inquiétude. Je pourrais t’aider à choisir pour bien commencer mais je pense que tu n’auras pas trop de problème pour … Trouver quelqu’un à ton gout. Sois juste bien attentif à la façon dont tu dois te comporter.

-          D’accord. Répondis-je en déglutissant d’excitation. Comment je procède ?

-          Lorsque tu auras trouvé la personne de ton choix, il te suffira de l’approche. Danse avec cette personne, envoute là. Fais-lui sentir ton odeur et surtout fais lui sentir que tu l’aime ! Je t’empêcherais de l’attaquer avant le moment voulus, alors ne t’inquiète pas, concentre-toi juste sur l’envoutement.

J’acquiesça du chef sans prendre le temps de répondre. Lucy m’avait dit tout cela d’un ton ferme mais rassurant, ce qui me donnait bon espoir. Nous avons commencé à nous rapprocher de la boite et plus nous approchions, plus la faim me tordait les boyaux au rythme de la musique.

-          Garde le contrôle. Me susurra Lucy dans mon oreille.

Sa voix m’apparut comme une ancre à laquelle me raccrocher contre cette vague immense qu’était la faim. Une fois que nous sommes rentrés, je me suis sentis comme un enfant à qui l’on autorisait tous les bonbons du monde. Je ne savais où donner de la tête tellement les choix étaient multiples.

Parmi la confusion de mes sentiments, cela me perturbait un peu. J’avais toujours été attiré sexuellement et sentimentalement par les hommes, une chose que je n’avais pas choisi et qui ne me dérangeais pas néanmoins. Pourtant lorsque j’observais tous ces corps brillant de sueur en train de danser, tous m’attiraient. C’était une attirance sexuelle mêlée à un appétit vorace. Les hommes comme les femmes me créaient des chatouillements dans la gorge et au niveau de mon entre jambe.

« Pour les vampires la question de l’attirance sexuelle ne se pose plus. La faim est liée à l’acte sexuel, d’une façon très intime. Et comme tout être humain est une proie potentielle, et bien tout être humain est un partenaire sexuel potentiel. » M’informa Lucy dans tête.

Intéressant … La raison pour laquelle j’avais été bannis de ma famille avait été balayer. Cela m’énervait grandement et pourtant me réjouissais. Plus de barrière, je pouvais aimer qui je voulais, me nourrir de qui je souhaitais. 

J’étais toujours dans cette réflexion lorsque mon regard est tombé sur une magnifique fille. Elle était belle, très belle ! Son corps bougeait au rythme de la musique sans aucun mouvement forcé, comme si toute sa vie avait été vouée à la danse. Son visage respirait l’extase tandis qu’elle dansait les yeux fermés, un sourire sur le coin des lèvres. Et je pouvais sentir d’ici son haleine qui avait une odeur de jus de fruit, elle était sobre !

-          Elle ! Chuchotais-je à l’intention de Lucy. Elle est parfaite !

-          Bien, maintenant …

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, puisque dans un élan d’envie je m’étais avancé vers ma future victime. J’ignore comme j’avais procédé exactement mais j’avais réussi à l’aborder. Son odeur avait empli mes narines, un mélange de cigarettes bon marchés qui m’avait un peu rebuté, de sueur et de pastille à la menthe. Nous avons longuement dansé ensemble, sans un mot, nous rapprochant à chaque seconde. Je jouais de mes charmes en lui montrant la force qui se dégageais de mon corps et la fluidité de mes mouvements. Elle aussi à commencer à se rapprocher, en rythme avec la musique. Mes mains se sont poser comme par magie sur ses hanches, sans permission. Elle avait semblé aimer ça, car son bassin c’était rapprocher du mien et nous dansions maintenant de façon très érotique. Il me semblait que toutes les personnes de la salle avaient les yeux tournés vers nous et j’adorais cela !

J’avais toujours été insignifiant au regard des autres, comme une vulgaire fourmi parmi tant d’autre. Mais maintenant j’étais la perfection sur terre, je pouvais décider de la vie et de la mort de toutes les personnes dans cette boite. Je pouvais faire en sorte qu’ils m’aiment tous !

Porter par cette nouvelle fougue, j’ai plongé mes yeux dans le vert des siens. J’ai commencé par essayer de l’envouter puis je me suis ravisé. Je pouvais la faire aller plus loin sans recourir à se moyen. Alors en silence, j’ai demandé la permission, faisant passer le message par mon regard. J’ai senti son souffle s’accélérer et son cœur rater quelques battements. D’un signe de la tête, elle m’a alors accordé le droit.

Je me suis rapproché encore plus de son visage, puis j’ai marqué un arrêt de quelques secondes.  Aussi-tôt l’emprise que Lucy possédais sur ma faim c’est renforcé comme pour me dire « Vas-y, profite, j’assure tes arrières ».

Alors sans prévenir j’ai collé mes lèvres contre les siennes. Elle a tout de suite répondu à mon baiser, ouvrant la bouche pour laisser passer ma langue. J’ai glissé une main dans son dos, caressant doucement sa peau de ma main froide. Un gémissement de plaisir est sorti de notre bouche à tous les deux. C’était tellement bon !

Nous sommes restés ainsi, à nous embrasser jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de souffle. Elle est restée me regarder pendant quelques secondes, le temps de reprendre son souffle, puis m’a pris la main et m’a attiré vers une autre pièce. Du coin de l’œil j’aperçus Lucy nous suivre discrètement, un petit sourire illuminant son magnifique visage, comme une mère fière des premiers pas de son enfant.

Le moment était venu de prendre mon premier repas, celui qui allait définitivement enterrés ma vie d’humain et baiser ma nouvelle vie de vampire.