Merci à Zemlya pour la correction.
On se retrouve en bas !
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Chapitre sixième : Le syndrome du survivant.
Hermione se sentait perdue, prise au piège d’un souvenirs qui refusait de la quitter. Ses prunelles allaient de Drago Malefoy à la gazette. Il avait parlé. Oh ça, pour parler … Mais elle ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Parce qu’en sortant de cette pièce, elle devrait obligatoirement faire un compte rendu à tout le monde. Salomée avait été clair, cette nouvelle était tombée la veille et personne n’était au courant avant ça, au ministère. Du moins, pas le « petit personnel ». La jeune femme n’avait jamais entendu de rumeurs concernant Malefoy. Personne n’avait rien vu venir.
« Donc, souffla longuement Hermione, si je comprends bien…
Oh par Merlin, c’était surréaliste ! Elle n’arrivait pas à formuler les mots qui végétaient sous sa langue. Ca ne sortait pas. Le blond planta ses prunelles grises dans les siennes, la tête légèrement baissée. Il attendait qu’elle récapitule. Qu’elle confirme avoir bien compris. Mais ce n’était pas possible, si ? Non !
- Tu nous cherches parce que tu veux nous rejoindre…, commença-t-elle d’une voix rauque.
Ridicule.
- C’est ça, confirma Malefoy d’un ton narquois. Enfin pas vous, vous… Rogue. Je voulais voir Rogue.
La suite était plus invraisemblable.
- …Pour vaincre tu-sais-qui.
Hermione lâcha une grimace. Le Tabou imposait cette mesure de sécurité, mais à chaque fois qu’elle s’adonnait au petit jeu de Voldemort, c’était une vague d’impuissance qui déferlait sur elle. Ceux qui n’avaient pas peur devaient se plier aux règles, qu’importe la manière. Et la jeune femme ne le supportait toujours pas. Mais ça l’avait conduite à se faire torturer par la tante de la tronche de scrout qui la fixait d’un air buté. Et le mot « sang-de-bourbe » n’avait jamais complètement disparu de son bras. Ni les souvenirs des supplices qu’elle avait endurés.
- Granger, reviens sur terre.
Hermione poussa un long soupire.
- La ferme, Malefoy. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu aurais retourné ta chemise ! C’est illogique, tu caches quelque chose et je compte bien découvrir ce que c’est.
La brune soupira à nouveau. Si elle continuait comme ça, elle n’aurait bientôt plus d’air dans les poumons. Au lieu de répliquer, ce dernier se contenta de laisser tomber sa tête contre le mur derrière lui. La brune retroussa les manches de sa chemise, passa une main sur son front et soupira longuement avant de s’affaler sur une chaise. Ces deux derniers mois avaient été terriblement éprouvants, mais elle présageait que ce n’était que le début. Le petit ricanement cynique du blond força Hermione à relever le menton et à lui lancer un regard agacé.
- Quoi ?
Il haussa les épaules en guise de réponse et vrilla ses prunelles grises dans ses onyx.
- Rien, c’est toi qui me fait rire. Toujours à croire que tout est soit blanc, soit noir … T’as peut-être pas tant changée que ça, finalement … souffla-t-il d’une voix lointaine.
Qu’est-ce qu’il pouvait bien insinuer ? Que connaissait-il d’elle ? La brune sentit le rouge lui monter aux joues et se reprit rapidement. Elle avait changé et il n’avait pas idée à quel point. Il était complètement ignorant ! Cette fois, c’était à son tour de lâcher un rire narquois.
- Si ça t’amuse de le croire, Malefoy. Tu me fatigues, je vais voir avec les autres ce que je vais faire de toi.
La sorcière sauta sur ses deux pieds et parcouru la distance la séparant de la porte sans un regard pour lui.
- J’ai pas fini, Granger.
La jeune femme serra les dents en même temps que la poignée de porte, puis tourna le menton pour jeter un regard noir au blond.
- Je détiens une information qui pourrait tous vous intéresser. C’est ce que j’étais venu dire à Rogue, à la base. Crois-moi Granger, tu ne veux pas passer à côté de ça …
La brune pinça ses lippes fines et cracha un juron.
- Ben voyons … T’en as d’autres sous ton chapeau, des comme ça ? Parce que j’vais pas y passer ma journée.
- Granger, écoute …
- Non, toi, écoute ! Tu sais depuis combien de temps on te garde ici en prenant des risques, malgré l’efficacité de nos protections ?! Un mois, ça fait un mois, Malefoy ! Et tu déboules pratiquement après la mort de Severus, comme c’est pratique ! J’en ai assez de t’écouter, je veux des réponses honnêtes – autant que ça puisse l’être lorsqu’on parle avec toi – et pas un ramassis d’âneries de ton cru ! Tu veux changer de camp ? Tu veux faire tes preuves ? Alors tu parles, ou tu pourris ici ! Et c’est non négociable. Je ne sais pas ce que tu as vraiment fait pour t’attirer la tête d’affiche de la gazette, je ne sais pas pourquoi ils ont attendu aussi longtemps pour t’exposer au grand jour, je ne suis même pas sûre de savoir si tu dis la vérité ou non !
Plus elle parlait, plus le blond palissait. Et, au bout d’un moment, il finit par hurler lui-même.
- LA POCHE DE MA VESTE ! Va voir dans la poche de ma veste, Granger ! Par pitié, arrête de me casse les oreilles et fais ce que je te demande !
Hermione approcha brusquement de lui pour pointer un doigt accusateur en direction de son visage.
- Tu nous prends pour des imbéciles ?! C’est déjà fait !
Malefoy leva ses mains liées en l’air tout en hurlant d’exaspération.
- C’est toi qui me prend pour un imbécile ! Tu crois que j’avais pas prévu le coup ? J’ai dissimulé mon dernier atout à l’intérieur de la capuche de ma veste, et ne crois qu’un simple Revelio marchera, miss-je-sais-tout.
La jeune femme, interloquée, sortit brutalement de la chambre et traversa le couloir pour rejoindre l’entrée. La plupart des membres de l’Ordre réunit dans la cuisine la regardèrent passer devant l’encadrement sans oser prononcer un mot. Hermione revint rapidement avec le manteau noir et épais de Malefoy. Il était tellement grand et lourd qu’elle devait le plier en deux pour qu’il ne traîne pas par terre. Un manteau de Rafleur qui s’était révélé en même temps que Malefoy, le sort de métamorphose était assez convaincant, elle devait se l’avouer à contrecœur… Malefoy était doué. La jeune femme fixa le tissu d’un air distrait. Ils savaient tous que Malefoy était à la tête de cette foutue élite qui remplaçait actuellement les Aurors, même si la gazette tentait stupidement de le cacher. Ce qui n’aidait pas franchement Hermione à croire Malefoy sur parole… Néanmoins, ça expliquait aussi le fait que le Ministère ait mis tellement de temps à mettre sa tête à prix, sans crier son titre officiel sur les toits. Les gens savaient, mais la honte devait planer au-dessus de la tête ministérielle. Un Ministère qui éludait ce qui ne l’arrangeait pas… ça, ça ne changeait pas.
Hermione entra dans la pièce, un œil sceptique vissé sur Malefoy.
- Bon, comment je suis censée découvrir quoi que ce soit si tu insinues que rien ne marchera ? demanda sarcastiquement la jeune femme qui avait refermé la porte derrière elle.
Malefoy tendit ses deux mains liées et agitait les doigts pour lui faire signe de lui passer le menteau. Mais la brune se contenta de lui lancer un regard moqueur.
- Si tu crois que je vais me laisser avoir aussi facilement…
Le blond laissa retomber ses bras avec un soupire exaspérer et lâcha entre ses dents :
- J’ai fait en sorte que le sort ne réagisse qu’à mon contact, il faut que je touche la doublure. Allez Granger ! J’ai pas de baguette et tes foutues chaînes sont très efficaces, laisse-moi faire.
La jeune femme pinça ses lèvres fines et ses paupières teintées de veines violettes à cause de la fatigue. Un souvenir la hantait depuis qu’elle avait vu la une de la gazette. Un souvenir qu’elle avait refoulé pendant longtemps et presque oublié. Si bien qu’un mois plus tôt, elle y avait à peine songé. Et prise d’une impulsion, Hermione tendit le manteau au blond pour le voir farfouiller à l’intérieur de la capuche tout en marmonnant. Il en sortit alors une petite fiole sous le regard éberlué de la jeune femme.
- C’est le choipeaux magique qui m’en a donné l’idée. Ca été très compliqué, mais voilà, fit-il en tendant la petite fiole à Hermione.
La jeune femme reprit le mentaux et approcha doucement sa main de la fiole, avant de stopper son geste.
- C’est ce que je crois ?…
- Je l’espère, sinon ça voudrait dire que t’en as perdu et ça me désolerait. Y aurait bien la Weaslette pour rattraper le niveau, mais j’ai un doute.
Hermione arracha brusquement le flacon des mains de Malefoy, jeta le manteau sur la table derrière et fit tourner la fiole entre ses doigts. Le petit liquide doré scintillait sous la lumière artificielle. Du sérum de vérité. Il avait même pensé à ça… Le doute planait de plus en plus au-dessus de la tête d’Hermione.
- Bon … qu’est-ce qui me prouve qu’il est authentique ?
- J’ai toujours été doué en potion.
- Justement, la couleur est bonne mais tu as très bien pu apprendre à fausser une potion à l’aide de magie noire.
- Pour m’empoisonner moi-même ?!
- Pour t’enfuir et révéler notre position.
Drago poussa un nouveau juron exaspéré.
- Ce que tu peux être borné ! Essaie-le si tu me crois pas !
- Pour finir empoisonnée ? Qui me dit que ce n’est pas justement ça, ton plan ?
Elle n’était pas Harry ou Ron. Il ne l’aurait certainement pas comme ça. La psychologie inversée, c’était son truc. Elle avait berné des ennemis de cette manière un nombre incalculable de fois. Hermione avait toujours été celle qui méditait ses réflexions et analysait toutes les données avant d’agir. Et on l’avait remerciée on lui collant la tâche ingrate qu’était la direction d’un groupe de rebelles déchus et presque rouillés. Elle s’en voulait de le penser, mais en dix ans, ils n’avaient fait aucuns progrès essentiels à la libération du monde sorcier. Ils n’avaient fait que fuir, se faire capturer, s’enfuir encore… Et voilà qu’elle dirigeait un foutu bar Moldu sous la couverture d’un rôle qui la rongeait de plus en plus.
Et plus encore, elle s’en voulait de ressentir ce petit picotement d’excitation à l’idée d’avoir enfin un peu d’action. Parce que cette nouveauté grisante était provoquée par Malefoy, par Merlin !
- C’est pour ça que je voulais que Rogue soit là ! Il l’aurait authentifié, lui. Tu vois, Granger ? Tout ça est une impasse. J’avais tout millimétré à la perfection. Je ne sais pas comment te convaincre… Je te jure que je suis honnête, Granger. Jette moi un sortilège qui m’empêchera de fuir. Fais tout ce que tu voudras, mais il faut que tu me crois ! Je veux que tu-sais-qui tombe, autant que vous !
La brune glissa la fiole dans sa poche arrière et croisa les bras.
- Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi tu n’es pas venu avant ?
Le blond lui lança un regard sidéré.
- Tu …
Il semblait aussi surpris que choqué, mais se ravisa rapidement en se composant un visage de marbre.
- Parce que.
Hermione soupira longuement et secoua le menton.
- T’as raison, arrange ton cas.
S’il croyait qu’en masquant plus de vérités, elle allait lui faire confiance…
- …Mes parents, lâcha finalement Malefoy avec une mine sombre.
La jeune femme marqua un temps d’arrêt. Oh… elle devait avouer qu’elle aurait dû y songer plus tôt. Et en voyant le regard désespéré de Malefoy, la brune retomba délicatement sur la chaise derrière elle. S’il avait toujours suivi ses parents… et qu’il était là… alors…
- Ils… Ils sont… ?
Pour toute réponse, Malefoy lui jeta un regard morne. Hermione ne savait pas quoi dire. Elle n’aimait pas Lucius Malefoy, ni Narcissa. Mais elle savait que ce que c’était, d’être séparé des gens qu’on aimait. Oh, les siens n’étaient pas morts, certes. Mais ils ne se souvenaient même plus d’elle.
- Alors… tu fais ça par vengeance, soupira finalement la jeune femme.
Cette fois, les choses étaient bien plus claires.
- Tu aurais dû commencer par ça, reprit-elle lentement en lui lançant un regard fatigué.
- Parce que tu crois ça, mais pas le reste ?
La brune soupira une nouvelle fois et lui adressa un regard sombre. Il était inutile de s’aventurer sur ce terrain-là.
- C’était ça, ton information ? Parce qu’aussi désolée que je puisse être pour cette perte que je ne souhaite à personne, même pas à toi, ça ne me servira à rien pour vaincre tu sais qui.
Malefoy secoua le menton, semblant soudain étrangement nerveux.
- Non, et c’est pour ça, le Veritaserum. Vous … aucun d’entre vous ne me croira, sans ça. Même moi, j’ai toujours eu du mal à m’y faire.
L’agacement commençait à la piquer à vif, à nouveau.
- Quoi ?… Quoi, Malefoy ?!
Le blond se redressa légèrement, soudain plus pâle que jamais.
- Avant que mes parents ne meurent… c’était… c’était quelques mois avant, commença l’ancien serpent d’une voix hésitante. Je continuais de faire ce qu’on me demandait pour que ma famille vive avec décence… et… J’ai surpris quelque chose. Quelqu’un, au manoir de mes parents…
La brune fronça les sourcils et sentit son cœur battre la chamade. Ron, c’était sûrement Ron ! Malefoy planta ses prunelles dans les siennes et prononça un nom qui la fit perdre pied. Elle avait mal entendu. La chaise ne semblait plus suffisante pour la soutenir. La respiration haletante, elle s’accrochera difficilement à la table à sa gauche.
- C’était Potter, Granger. Potter est vivant. Et il faut qu’on le sorte de là-bas.»
Mais la sorcière n’entendait plus que d’une oreille ce qu’il disait. Son cœur battait trop vite. Ses jambes tremblaient et son corps chancelait sur sa chaise. Pourquoi il lui faisait ça ? Pourquoi ? Quel monstre pouvait accrocher un tel espoir vain au cœur d’une amie qui n’avait jamais fait son deuil ? La colère la prit aux tripes avec une virulence qu’elle ne connaissait que trop bien maintenant.
Et Hermione poussa un cri de rage strident avant de se jeter sur Malefoy, toutes griffes dehors.
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Voilà, la clef de l'intrigue, est (peut-être) dévoilée. Est-ce que vous vous y attendiez ? Le titre possède un double-sens, maintenant que vous connaissez le premier, avez-vous devinez le deuxième sens ? Que pensez-vous de cette révélation ? Croyez-vous Malefoy ? Ment-il ou dit-il la vérité ? Que pensez-vous de la réaction d'Hermione ?
Je vous dit à très vite,
Merci de m'avoir lu.
B.Brocklehurst. |