POV Drago :
Je suis dans ma chambre. Je crois que je me suis endormi, mais un froissement de tissu, à côté de mon lit, me réveille en sursaut.
Je relève la tête et murmure un lumos endormi. Mais la vision que j’ai de ma chambre me réveille d’un coup, comme si on m’avait donné un coup de poing dans l’estomac.
Ou plutôt la vision que j’ai de ce qu’il y a dans ma chambre. Ou plutôt la vision de la personne qui se trouve devant moi, dans ma chambre, habillé de manière légère et les cheveux en désordre, lui donnant l’air un peu sauvage d’un félin.
Mon cerveau refuse de fonctionner. Je ne peux pas analyser ce que je suis en train de voir, moins encore ce que je suis en train de vivre.
Il s’approche doucement, d’une démarche presque incertaine, et il me regarde.
Il me voit.
Et moi, je suis hypnotisé par lui, par sa démarche, par sa beauté à la fois sensuelle et innocente.
Mon souffle se bloque quelque part dans ma cage thoracique et j’ai la chair de poule. Il s’avance sur le lit, ne me lâchant pas du regard, s’approche inexorablement. Il pose sa main sur ma joue, dans un geste plein de douceur et j’y appuie ma tête dans un geste d’abandon. Ses lèvres esquissent un sourire doux et il m’embrasse sur la tempe. Ce moment est parfait.
Puis il murmure à mon oreille « Il faut que tu te lèves maintenant ou tu vas être en retard au travail »
Je lui lance un regard interrogateur, et il se recule alors. La perte de sa chaleur me donne tellement froid d’un coup que je me retiens de crier. Son regard se fait moqueur, et il me lance avec une légèreté contrastant avec la brutalité de ses mots :
« Tu croyais réellement que j’allais venir à toi, tu croyais vraiment que je serais un jour à toi ? Tu oublies une chose : je te déteste »
Il commence à rire d’un rire cruel et je me retiens de me raccrocher pitoyablement à lui.
« Comment oses-tu ? Croire en de pareilles choses ! Je ne suis qu’un fantasme et tu ne me mérite même pas ! Alors debout ! Debout ! DEBOUT ! »
Je me réveille en sursaut. Un Ron passablement furieux me secoue en me criant dessus de me réveiller, je cligne des yeux et me retiens de crier. Mais je me souviens de ce qu’avait dit son double imaginaire. Je ne le mérite pas. J’ai franchement envie de pleurer mais ce ne serait pas digne de moi. Je refuse qu’il me voit aussi pitoyable que je me vois moi-même.
Il passe à un air inquiet, et la pression qu’il effectue sur mes épaules se fait plus douce, presque réconfortante. Il me demande si tout va bien, je le regarde éperdu, et je me souviens pourquoi je l’aime. Il n’y a que lui pour s’intéresser aux états d’âme d’un type qu’il déteste plus que tout. Je lui lance un sourire que j’espère être rassurant, mais que je sais infiniment triste. J’ai le cœur en miettes. Et je me ressaisis et me lève pour me préparer en vitesse. Je suis en retard, et c’est lui qui conduit. Je n’ai pas le permis. Pendant que je prends quelques affaires et me dirige vers la salle de bain, je sens son regard me brûler le dos, comme s’il était trop intense pour être ignoré. Mais c’est inutile, je ne peux jamais rien ignorer venant de lui. Jamais.
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