POV Ron : 

Après un rapide tour d’horizon, pas de suspect en vue.

Le hangar est vaste et est flanqué de deux rangées de pièces munies de portes grillagées. On dirait que quelqu’un a essayé de recréer des cachots ici. Ce qui est une idée vraiment étrange en soi.

Je me tourne vers mon compagnon et lui fais signe rapidement « tu vas à gauche, je vais à droite »

Je le sens hésiter, puis il hoche rapidement la tête et part dans la direction donnée, baguette au poing. Je me tourne de l’autre côté, en parfait miroir de mon collègue.

La première cellule contient le kit de base du petit maître de potion, l’hygiène en moins : c’est infesté de rats là-dedans…

Je vois Drago continuer sa lente progression de l’autre côté du hangar. Son air dégoûté me confirme que les geôles doivent être à peu près dans le même état de parte et d’autre de la pièce centrale.

Rien dans les trois premières salles. Je jette un coup d’œil à Drago qui s’est immobilisé et semble tendre l’oreille. Il croise mon regard et tourne les yeux vers une porte un peu plus loin de son côté avant de me regarder à nouveau, droit dans les yeux.

Je repousse la partie de moi qui se sent déstabilisée par le gris profond de ses yeux et me rapproche aussi rapidement et silencieusement que possible.

Arrivé à son niveau, je peux voir sa baguette trembler légèrement.

Puis un bruit de poignée de porte attire mon attention. Je lève aussitôt ma baguette, un sortilège déjà sur le bout des lèvres.

Le temps est comme suspendu tandis que la porte tourne lentement sur ses gonds. La silhouette qui se profile derrière elle porte une cape ample et un masque que j’aurais souhaité ne jamais revoir dans cette vie. Mon cœur manque un battement et ne peut que ressentir l’onde magique venant de Drago tandis ce qu’il envoie un sortilège paralysant sur le mangemort.

Celui-ci l’esquive facilement, comme si il s’y attendait, et riposte en une fraction de seconde.

« Protègo » la voix alarmée de Drago me parvient comme dans un rêve. Elle a quelque chose d’hystérique. Je réalise qu’il vient de me sauver, mais je suis pétrifié. Que fait un mangemort dans un endroit pareil ? N’ont-ils pas tous été chassés et condamnés au baiser du détraqueur ?

« Ron » Me crie Drago « Ressaisi-toi, bon sang ! Je défends, tu attaques ! Protègo ! »

Je le regarde et me rend compte que j’ai une certaine admiration pour son calme et son sang-froid. Ce coup d’œil n’a duré qu’un instant mais, à ce moment précis, avec son regard déterminé et sa posture ferme et décidée, je le trouve magnifique.

Me tournant vers l’homme masqué je lance « Expelliarmus ! »

Raté. Il riposte avec un sortilège de magie noire que je ne connais pas que Drago bloque avec un autre sortilège que je ne connais pas non plus et qui n’a pas l’air d’être plus apparenté à de la magie blanche.

J’en profite pour lancer un incendio, le bas de sa cape prend feu et ça suffit à me laisser le temps de murmurer « Confringo». Alors celle-là, il ne l’a pas vu venir ! Une partie du plafond s'écroule sur lui en l’assommant du même coup. Je me tourne vers le blond qui semble avoir pâli un peu plus.

« Drago, ça va ? »

Il me regarde et cligne bêtement des yeux. Merde. Je l’ai appelé par son prénom.

« Je vais bien, Ron, merci de t’en inquiéter, c’est juste que je ne suis pas fan des sortilèges explosifs… »

Je le regarde encore. Il n’a pas l’air au mieux. Je lui dis de garder un œil sur notre gars pendant que je vais inspecter la cellule. J’espère qu’il va se reprendre, parce que le voir comme un humain, avec ses faiblesses et ses défauts, ça me fait comme … je ne sais pas, j’espère qu’il va se reprendre.

La cellule est sombre et sale. Un petit lit suspendu par des chaînes au mur se trouve dans le coin de la pièce. Dans lequel est recroquevillé quelqu’un dont je ne parviens pas à distinguer les traits. Je me rapproche et pose ma main sur l’épaule de ce qui semble être un jeune homme aux cheveux noirs. J’ai un mauvais pressentiment.

Je tire un peu sur l’épaule et le visage ensanglanté de mon ami apparaît sous mes yeux ébahis : Harry !

Mon dieu, tout ce sang, d’où vient-il ?

J’essaie d’essuyer tout ce sang pour savoir d’où il vient. Mes gestes sont saccadés. Je m’écroule à genoux. Ce sang ne part pas, je n’y arrive pas. Des larmes coulent de mes yeux sans bruit. Harry, je te défends de mourir alors que je viens de te retrouver !

Je hurle à Drago de venir m’aider et ma voix déchire le silence.

POV Drago :

Lorsque l’on rentre dans le hangar, tout est calme.

Ron me fait signe d’aller à gauche tandis que lui va à droite. J’hésite. En partant de ce côté, j’aurais les cellules à ma gauche. Et si une attaque vient de gauche, je suis foutu.

Ron me lance un regard interrogateur. Je hoche la tête et lève ma baguette. Allons-y. J’expire doucement et me dirige à pas lents vers la première pièce.

Je m’attends presque à voir sortir un homme hystérique de cette porte.

Mais non.  J’ouvre prudemment la porte et jette un coup d’œil rapide. Rien qu’un débarras crasseux. Infesté de bestioles. Je fronce le nez, et passe à la seconde pièce.

Après quelques cellules, je crois percevoir un bruit inhabituel quelque part devant. Je stoppe ma progression. Encore un bruit. Je crois que c’est la deuxième porte à partir de ma position.

Ron a arrêté sa progression de son côté et me regarde. Je lui désigne ce que je pense être la source du bruit. Et plonge mon regard dans le sien. Mon cœur rate un battement. On se regarde rarement dans les yeux, et ça me fait toujours ça. C’est bête, n’est-ce pas ? Mais je ne peux pas le contrôler.

Il se dirige vers moi d’un pas souple et néanmoins silencieux.

Ma main tremble, je crois.

La poignée de la porte commence à tourner. Je me tiens prêt.

Je lève aussitôt ma baguette, un sortilège déjà sur le bout des lèvres.

Celui qui sort porte l’habit de mangemort, me renvoyant à une époque que je croyais révolue depuis longtemps. Trois ans pour être exact. Mon sang ne fait qu’un tour et je lance l’offensive.

Mon sortilège n’atteint pas son but. Il réplique et je vois avec horreur son sortilège se diriger vers un Ron aux yeux écarquillés, je lève une barrière in extremis qui renvoie le sortilège.

Ron est figé et sans voix. Mais qu’est-ce qu’il me fait ?

« Ron » Je crie « Ressaisi-toi, bon sang ! Je défends, tu attaques ! Protègo ! »

Il essaie d’envoyer un sort de désarmement qui échoue et je vois notre adversaire préparer une attaque de magie noire, mais je sais comment parer ce sort. Et la magie qui sort de ma baguette est un pur cru de la famille Malefoy. Qui fonctionne, bien sûr, à merveille.

Le sortilège de feu qui suit n’est là que pour la diversion, car une explosion s’en suit. Mes oreilles sifflent et je me force à ne pas fermer les yeux.

 « Drago, ça va ? »

Mon prénom dans sa bouche… Je souris intérieurement et le rassure. Il n’a pas l’air convaincu, mais ne fait aucun commentaire, et me laisse garder le type inconscient devant moi, et passe la porte ouverte donnant accès à la cellule.

Les minutes passent et je n’entends plus rien. Je commence à stresser. Et s’il lui arrivait quelque chose ? Je devrais être à ses côtés, c’est pour ça que je suis venu, non ? Mais prendre le risque de voir s’envoler le mangemort à mes pieds…

Je m’apprête à lui demander si tout va bien, et alors je l’entends crier d’une voix désespérée « A l’aide ! Drago, je t’en prie, viens m’aider pour l’amour de Merlin ! »

Mon sang se glace dans mes veines et je m’élance sans prendre le temps de réfléchir.

Je ne vois pas arriver l’onde qui me percute. Je ressens juste cette sensation, comme si une bulle d’eau glacée venait de m’engloutir.  J’entends un cri. Je crois bien que c’est le mien. Mon corps me semble si lourd, tout à coup… Je crois que je tombe.

J’entends mon nom. C’est la voix de Ron.

Qui me lance un sortilège de protection.

POV Ron :

J’entends soudain un cri. Drago ?

Je me précipite et, tout en restant protégé derrière la porte à demi ouverte, je jette un rapide coup d’œil à la situation.

Drago est à terre à quelques mètres de là, et sa peau a pris une teinte livide, légèrement bleutée qui ne me dit rien qui vaille.

L’homme que j’ai assommé est toujours à terre, inconscient.

Mais il n’est plus seul. Un autre mangemort l’a rejoint. Je murmure une formule de protection sur le blond, et envoie valser d’un expelliarmus le nouvel arrivant. Ça me laisse le temps de traîner Malefoy dans la cellule froide. Sa peau est glacée. Je me penche sur lui et vérifie qu’il respire. C’est le cas.

Bien.

Étape un : mettre hors d’état de nuire le deuxième mangemort. Il a récupéré sa baguette et est en train de saisir l’autre mangemort par les épaules. Depuis quand se portent-ils ainsi secours ? L’homme inconscient doit avoir une certaine valeur dans leur organisation.

Je sais que je ne devrais pas le laisser partir, mais suis-je de taille à lutter tout seul ?

Un sortilège s’écrase sur le mur un peu à ma gauche et je tente un « Impedimenta » qui est esquivé, je vois un éclair vert se perdre quelque part à ma droite. Merde. Je tends le bras pour envoyer un sortilège de flamme alors que j’entends « oculorum caligo » et ma vue se trouble. Je suis incapable de voir à plus de trois mètres, mais je peux entendre le son caractéristique d’un transplanage.

Je me rue vers Drago, qui semble avoir de plus en plus de difficulté à aspirer son air. Sa respiration est sifflante et sa peau semble maintenant presque grise. Quelle merde ce type lui a lancé au juste ?

Je me penche au-dessus de lui, pour voir ses yeux. Il me regarde et essaye de parler mais seul mon prénom réussi à franchir ses lèvres dans un souffle douloureux.

Je lui dis tout ce qui me vient à l’esprit : de se battre, de ne pas fermer les yeux, de rester avec moi…

Un pâle sourire effleure ses lèvres et il murmure : « je t’aime » avant que ces yeux ne se révulsent.

Je reste pétrifié, son corps commence à convulser, je ne sais pas quoi faire. Ma vue se trouble de plus en plus. Des points noirs apparaissent devant mes yeux. J’essaye de percevoir Harry dans tout ce brouillard, en vain.

Soudain, des bruits de pas dans le hall. Je me fige et tends l’oreille. Merlin, pas d’autre mangemorts, s’il vous plaît…

« M. Malefoy ! Êtes-vous là ? »

C’est la voix de l’auror Johnson, ce type me déteste et vénère pratiquement Malefoy.

Les secours sont arrivés, je leur hurle pas position.

Ma peur me paralyse alors que des points noirs me bouchent à présent totalement la vue…