POV Ron :
Je viens de me réveiller, mais je n’ai pas envie de me lever.
Aujourd’hui encore une journée de défi permanent pour ne pas paraître infime à côté de si parfait Drago Malefoy.
Je sais qu’il sera la première personne que je verrais de la journée et la dernière aussi… Nous vivons ensemble, car je n’ai pas assez d’argent pour m’offrir un appartement en plein Londres.
Alors, saint Drago s’est proposé, la bouche en cœur, pour m’accueillir pour une durée indéterminée, prétextant qu’il ne se sentirait pas bien s’il vivait seul, sans quelqu’un qu’il connaissait à ses côtés. Bien évidemment, de dernier critère limitait ses choix, puisque sans compter les morts et les disparus sans laisser de trace, la majorité de ses anciens amis se trouvaient actuellement à Azkaban, pour mangemeurisme avancé. Il avait ajouté avoir besoin d’un chauffeur. Un putain de chauffeur, c’est ce qu’il voyait en moi !
J’ai commencé par refuser, et puis, il a été engagé dans le bureau voisin du mien, au niveau de mon supérieur… Moi j’arrivais en retard presque tous les jours car j’habitais loin… Depuis un certain temps, il était devenu impossible de transplaner trop près des bureaux du gouvernement.
Et on m’a traité d’imbécile de refuser pareille offre.
J’ai fini par accepter. Et je vis chez lui, comme un intrus, une bête noire dans sa petite vie brillante. Un profiteur.
Certains s’étonnent de l’animosité que je lui voue.
Il est tellement parfait… C’est enrageant, comme si, quoi que je puisse faire, je ne lui arriverais pas à la cheville. Pourtant, il paraît si fragile, si faible par moments, que je crois entrevoir ce qui pourrait être une faille dans son armure.
Tout ça depuis qu’il avait appris à être espion. A garder ses sentiments et ses doutes enfermés tout au fond de son cœur…
Tout cela pour Harry. Ou pour Hermione, je ne sais pas. Je sais qu’il avait un jour avoué à Harry être amoureux d’un membre de notre groupe.
Il était tellement proche d’eux. Comme s’il m’avait volé ma place, comme s’il m’avait volé leurs dernières années.
Et je suis tellement las de l’affronter tout en dépendant de lui. De ne pas être capable de parvenir, seul, à faire quelque chose…
Et de le voir avoir tant de succès. Comparé à moi qui ne suis rien.
Il est même devenu la mascotte de ma propre famille, après tout ce qu’il avait dit et fait auparavant. Le diable s’est transformé en saint et je suis le seul à trouver cela étrange. Peut-être que ce sentiment a été enfanté par la jalousie que je lui voue, mais peu importe.
Je sais ce que je ressens, et je le déteste ! Je déteste cette perfection et je déteste plus encore cette fragilité qui vient parfois à bout de ma haine… Qui me fais me sentir perdu…
Je me lève. Mais il n’est pas dans la cuisine. Le café n’est pas fait, il doit être encore couché. Peut-être est-il malade, peut-être n’est-il pas en état de se lever. Ça ne lui ressemble tellement pas d’être en retard. Je m’inquiète soudain et je me maudis pour cela.
Pour ne jamais avoir été capable d’être indifférent.
Je le trouve dans sa chambre, emmêlé dans ses draps, les joues un peu rouges, les cheveux libérés de ce gel qu’il met encore tous les jours et qui les entrave, lui donnant l’air plus sérieux. On dirait qu’il fait… ce genre de rêve… mais soudain, son visage affiche une véritable souffrance et il s’agite plus, essayant de se raccrocher de ses doigts blancs à une ombre onirique. Je m’approche et le secoue pour le sortir de sa torpeur. Il gémit, pâlissant à vue d’œil. Paniquant, je me mets à le secouer plus vivement, lui intimant l’ordre de se réveiller.
Il finit par ouvrir les yeux, un regard d’enfant perdu se pose sur moi, et la tristesse que je vois dans ses deux orbes de métal me donne envie de pleurer. Je lui enserre les épaules doucement, attendant qu’il se ressaisisse. Il ne doit pas être comme ça ! Je le déteste… mais pourquoi déjà ? Son arrogance… Sa fierté de monsieur je suis mieux que tout le monde… Je ne sais plus…
Il paraît se ressaisir et m’offre un sourire qui a tout d’une grimace tellement il est faux et peu sûr de lui, avant de partir, en prenant au passage les affaires qu’il avait préparé la veille pour se vêtir, me laissant seul, me laisser tomber sur son lit, ne sachant plus quoi penser. Son odeur et partout et assaille mes narines sensibles, me troublant plus encore si c’est possible. Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi penser : je suis perdu…
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