Chapitre 10

A quelques mètres des cachots Serpentard où Draco tournait en rond dans son lit, Harry tentait tant bien que mal de peaufiner ses plans pour les présenter à ses coéquipiers le lendemain. Il aurait besoin de temps pour arriver à ses fins, non pas dans la création de ce fameux plan, mais par tous les préparatifs qu’il nécessitait.

Chacun allait devoir se métamorphoser, grâce au polynectar, en un des mangemorts les plus proches de Voldemort. Obtenir les places stratégiques auprès de lui serait nécessaire pour qu’Harry puisse l’approcher et l’éliminer sans avoir au préalable à combattre avec ses fidèles, et dépenser son énergie. Bien qu’il rechigne à l’avouer, Voldemort était un mage noir d’une puissance sans égale, et il aurait besoin de tout son potentiel magique pour le terrasser.

Seulement, infiltrer ses amis et les Serpentards dans les rangs des mangemorts ne se ferait pas sans encombre. Ils devraient rester en place au moins deux jours avant l’attaque, pour communiquer les informations stratégiques et logistiques nécessaires à l’aboutissement de ce stratagème.

La mise en place du plan prit toute la nuit et Harry ne s’endormit sur sa feuille, dans son lit, qu’au lever du soleil. Le dimanche passerait bien trop vite au goût d’Harry, il avait tellement de choses à leur dire, qu’il ne savait pas par où commencer. Ses rêves furent emplis de listes, de stratagèmes, de sorts et de batailles. Quand il se réveilla quelques heures plus tard, au moment d’aller déjeuner dans la Grande Salle, tout lui paraissait finalement plus clair. Il était fin prêt à tout leur expliquer.

***

- Hermione, je peux te parler ?

La jeune Gryffondor, penchée sur un livre de métamorphose, releva la tête à la mention de son prénom. Elle vit alors un Harry à peine réveillé mais plein de détermination.

-          Oui ?

-          Est-ce qu’on pourrait se voir tous ensemble aujourd’hui ? Avec les Serpentards ? Il faut que je vous explique ce qu’on va faire.

-          Viens, on va rejoindre les autres au terrain de Quidditch. Mais je ne sais pas où sont Draco et les autres. Tu sais, ce n’est pas parce qu’on leur a un peu parlé hier…

-          Oui, je sais. Mais il va falloir les trouver et je crois qu’il va falloir mettre vos querelles de côté un certain temps !

-          Ce n’est pas à moi qu’il faut le dire, Harry. Tu sais bien que je ne serai pas la plus difficile à convaincre. Mais je pense que Ron et les autres ont bien compris les enjeux eux aussi. Allons les rejoindre.

Quand ils arrivèrent à l’entrée du terrain de Quidditch, plusieurs autres élèves étaient là, installés sur l’herbe. Ils ne mirent pas longtemps à retrouver leurs amis, parés de leurs écharpes rouges et jaunes. Ron et Seamus étaient affalés auprès de leurs balais, et semblaient encore essoufflés. Les autres, en tailleurs, discutaient, sans grande surprise, des Serpentards.

-          Blaise a l’air d’être celui qui va nous poser le moins de problèmes, il a l’air cool.

-          J’suis d’accord Ginny, mais cette Parkinson me file la chair de poule. Je sais pas si je suis prêt à lui faire entièrement confiance.

-          Je crois que la question de la confiance n’a pas à se poser, Dean. Ils ont trahis Voldemort, tous autant qu’ils sont, et ils ne seraient pas revenus à Poudlard avec la marque. McGonnagall ne les aurait pas laissé entrer ici, si elle avait eu un quelconque doute. Pour être honnête, nous avons débattu de leur cas avec les membres de l’ordre juste avant la rentrée. Tout est clean, soyez-en certains.

Hermione s’était assise avec les autres en arrivant sur le terrain de Quidditch. Harry, encore debout, vit un petit groupe d’élèves s’approcher d’eux, auxquels il n’avait pas fait attention avant. Il s’agissait tout simplement des Serpentards, Blaise en tête, et Draco à la traîne, qui venaient se joindre à eux. Bien qu’il fût un peu surpris, Harry n’en laissa rien paraître. Blaise lui tendit la main, qu’il serra sans rien dire, et fit un signe de la main à ceux qui étaient au sol.

-          Bonjour tout le monde. Bien dormi ? On peut se joindre à vous ?

-          ...

-          Bon,  je sais, ça vous paraît bizarre, mais après tout, on pourrait peut-être se cotoyer un peu non ? Me dîtes pas que vous n’y avez pas pensé ?

-          Oui… Euh, bien sûr, Blaise. Assieds-toi.

-          Merci Ginnevra.

-          Ginny, ça suffira.

Harry regardait les trois autres Serpentard prendre place au sol et s’assit donc en même temps qu’eux. Leur groupe très hétéroclite semblait attirer les regards et les commérages comme le sucre attire les abeilles. Les quelques autres élèves présents sur le stade les regardaient de travers, et ne semblaient pas s’inquiéter d’être discrets. Harry se demandait tout de même si cette situation n’était pas un peu risquée, tout le monde allait se demander ce qu’ils fichaient ensemble, et la discrétion était de mise dans la réalisation de leurs plans. Le risque d’être démasqué était d’autant plus grand désormais, et il ne voyait pas cela d’un très bon œil. C’était d’ailleurs ce que Draco semblait penser lui aussi, jetant au même moment un regard mauvais aux Poufsouffles tournés vers eux, non loin de là.

-          Bien, je ne sais pas ce qui va se dire à notre sujet, mais tant mieux. Tant qu’ils colporteront leurs ragots, on aura le temps de tout organiser sans que l’on nous courre après. Au moins, on ne dira plus que j’essaye d’égorger des premières années Gryffondor dans les toilettes.

Tous les regards se tournèrent vers Pansy, qui avait prononcé cette phrase, le regard dirigé vers un autre groupe d’élève situés à l’entrée du stade.

-          Ne me regardez pas comme ça, je sais que de nous quatre, je suis la seule à crouler encore sous les rumeurs. Je suis même prête à parier que je suis celle à qui vous faites le moins confiance, pas vrai ?

-          Euh…

-          Oui, c’est vrai Pansy, mais puisqu’apparemment, tu n’égorges pas de premières années dans les toilettes…, s’enquit Dean.

-          Non, elle fait autre chose dans les toilettes.

-          Draco ! Je t’ai pas demandé d’en rajouter !

-          Oui, Pansy chérie, mais c’est toi qui as commencé !

Les regards éberlués des Gryffondors suffirent à stopper cette conversation sans queue ni tête. Tous retrouvèrent leur calme, et petit à petit, tous les regards se tournèrent vers Harry. Il était resté bloqué à regarder Draco, depuis sa dernière phrase envers Pansy. S’ils avaient beaucoup discuté et rigolé tous les deux ces derniers temps, ils ne s’étaient jamais côtoyés au milieu d’un groupe d’amis. Cela lui faisait bizarre, il appréciait de voir Draco ouvert aux autres, et en même temps il ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la jalousie à son encontre. Quelque part, il avait cru ses derniers temps être le seul à qui Draco se confiait, et avec qui il rigolait. Il pensait être plus important que n’importe qui pour Draco, et à l’évidence, ce n’était pas le cas. Harry se flagella mentalement d’avoir osé y  croire.

-          Harry, tu voulais nous parler tous ensemble ce matin, non ? l’interpella Hermione.

-          Euh, oui. Mais je ne sais pas si c’est le meilleur endroit.

-          Ca l’est. Interrompit Draco. Si on se dirige ailleurs, c’est là que nous aurons l’air suspect.  Aller à la salle sur demande maintenant ne serait pas très malin, des regards nous suivraient jusque là-bas et je vous assure que nous souhaitons tous que cette pièce reste secrète.

Harry croisa le regard de Draco, et détourna les yeux à ce moment, les joues rougissantes. Draco semblait faire référence à autre chose que leurs réunions stratégiques. Bien que les autres n’aient, semblait-il, rien remarqué, Pansy enchaina dans un demi-sourire.

-          Bien, alors Harry, par quoi on commence ? Tu nous dis d’abord où se cache l’autre face de serpent, ou on attaque directement par les rôles qu’on va tous devoir jouer pour assouvir tes désirs de vengeance ?