Chapitre 11 :
- J’ai les idées claires concernant ce qu’on va faire pour abattre Voldemort.
Harry s’attendait à des regards effrayés, à des sursauts de peur mais rien ne vint. C’est franchement rassuré qu’il pouvait continuer ses explications, aucun de ses amis n’avait peur de Son nom, heureusement. Comment auraient-ils pu tenir devant Lui, sous l’identité de ses plus proches fidèles, s’ils avaient peur de son nom ?
- Je vais avoir besoin de votre aide pour pouvoir l’atteindre sans craindre d’être attaqué par ses mangemorts. Ça parait logique, mais j’ai pensé à une idée toute simple pour leur éviter de m’attaquer. Il faut que vous preniez leur place.
- Attends une minute, Harry. Tu ne comptes pas nous faire enrôler dans ses rangs quand même ?
- Non, Dean, rassures-toi, vous ne porterez pas sa marque. Et aucun de vous ne serait crédible, à postuler comme si de rien n’était. Il va falloir que vous preniez la place de ses bras droits, ceux qui sont tout le temps avec lui. Pour ça, il nous suffit de polynectar, et de connaître les cibles.
- Et c’est toi qui va faire la quantité de polynectar nécessaire, Potter, je suppose ?
Un petit rire s’éleva du groupe de Serpentards, après la phrase de Pansy. Tous connaissaient le niveau médiocre du Gryffondor en potions, il n’en était pas capable. Mais Hermione, oui, et il était clair qu’avec l’aide de Draco, elle y arriverait.
- Euh non, ça c’est certain Pansy. C’est donc maintenant que je distribue les rôles. Draco et Hermione, vous devrez préparer assez de potions pour vous tous, pour tenir 48h. Je sais que c’est énorme, mais je pense que vous en êtes capable. La salle sur demande pourra nous fournir tout ce qu’il nous faut.
- Pas les cheveux des mangemorts, par contre…
Ron venait de mettre le doigt sur un des principaux problèmes du plan. Harry y avait longuement pensé.
- Ce sera long et fastidieux, mais chacun d’entre vous devra mener une enquête approfondie sur son « sujet » pour le connaître par cœur. Vous devrez vivre dans leur corps pendant deux jours. Quand on en saura assez, on constituera des équipes de trois pour réaliser des missions pour récupérer les cheveux.
- Ca va nous prendre un temps fou Harry ! Et pour le pauvre gosse qui est là-bas, on fait quoi ?
- Ecoute Seamus, je suis désolé de te dire ça, et de vous le dire à vous tous, mais j’ai enfin réussi à admettre que tout ça ne pourra pas se faire sans dégâts collatéraux. Il en est un, c’est certain. C’est déjà trop tard pour lui de toute façon.
- Que… qu’est-ce que tu entends par là Harry ? Les yeux d’Hermione étaient déjà embués de larmes, rien qu’à l’idée de la réponse.
- Voldemort continue de m’envoyer des images de lui. Mais comme il le torture toutes les nuits depuis déjà trop longtemps, il est très sérieusement atteint. Physiquement et psychologiquement. Mon rapport quotidien de ce matin à Dumbledore et Mme Pomfresh est sans appel. Je vous épargne les détails, mais au vu de mes descriptions, un peu trop précises d’ailleurs, il souffre probablement d’une septicémie. Sans soin, il mourra dans quelques jours, et c’est bien trop peu pour mettre nos plans au point.
Tout le groupe d’amis garda le silence à cette annonce. Ils se savaient en guerre, mais ils connaissaient tous Harry. Pour en arriver cette fatalité, il avait vraiment dû faire un énorme travail sur lui-même, et malheureusement pas dans le bon sens. Tous ressassaient ses dernières paroles et allaient devoir se faire à l’idée, eux aussi. Après tout, ils entraient en guerre, en phase active.
- Bien, comment on choisit qui sera qui ? demanda Blaise, histoire de briser ce silence pesant.
- J’avais pensé que vous pourriez choisir vous-mêmes. Nous connaissons tous les plus proches fidèles de Voldemort, à vous de voir. Choisissez en fonction des connaissances de vos cibles, et de la facilité que vous aurez à vous faire passer pour eux. Pansy, Drago, Théo et Blaise, j’avais pensé que vous pourriez…
- … jouer le rôle d’un de nos proches ? Pourquoi pas, mais les garçons ne pourront pas prendre la voix des femmes et inversement, si je me souviens bien du polynectar ?
- En effet, il serait mieux qu’Hermione, Pansy et Ginny choisissent des femmes, et elles sont peu nombreuses à être proches de Voldemort.
- Non, elles ne le feront pas.
Draco avait soudain le regard froid. Il n’osait plus lever les yeux et son teint pâle alerta ses coéquipiers. Ils ne savaient pas quoi dire, et en levant les yeux vers Harry, il y lu une question muette. Que savait-il dont il n’avait pas parlé à Harry ? Il lui avait tout dit depuis sa fuite des mangemorts, tout ce qu’il savait à cette époque. En tout cas, c’est ce que croyait le Gryffondor. Draco, lui, était conscient de ne pas avoir abordé certains sujets avec lui. Par gène, parce qu’il croyait ça inutile, sans doute.
- Les femmes ont une place spéciale auprès de lui.
- Oh… Draco, tu veux dire que…
- Ouais, Hermione. Vous croyez quand même pas qu’il vit des relations platoniques avec ses collègues féminines ? Avant d’avoir cette affreuse face de serpent, je vous rappelle qu’il était un homme, comme les autres. Et si une dizaine d’années après il s’est ressuscité un corps, je vous assure qu’il n’a pas oublié de se mettre ce qu’il fallait là où il fallait.
Bien que surréaliste, cette situation fit rougir la plupart des adolescents. Parler de sexualité, sans en rire, de façon très sérieuse et même plutôt grave, leur faisait venir en tête des images peu ragoutantes, et assez gênantes. Pansy se racla la gorge, et rompit doucement le silence.
- Draco, tu veux dire que…
- Que ma mère se fait sauter par Voldemort, oui.
Sa mâchoire serrée ne laissait aucun doute sur l’état de nerf du blond. Il se leva et parti quelques mètres plus loin, et frappa de son pied dans une butte de terre qui se trouvait sur son passage. Les mains dans les poches, il resta quelques secondes à regarder le ciel, empêchant les larmes de lui monter aux yeux. Non pas qu’il éprouvait de grands sentiments envers sa mère, mais cette situation était très gênantes pour lui. N’importe quel adolescent vivrait mal d’apprendre qu’un de ses parents commet l’adultère. Alors, le faire pour le plaisir du plus grand mage noir de tous les temps, c’était à vomir. Des pas dans son dos firent baisser la tête au jeune Serpentard. Il savait qui serait là, à vouloir le rassurer. Harry serait déçu qu’il ne lui ait pas dit, et à la fois il voudrait le réconforter, comme cette fois où ils avaient pris le temps de discuter de leur enfance, dans la salle sur demande, ce soir où…
Il fit volte-face et se trouva finalement en face de Granger. Elle se tenait droite et fière, et semblait attendre qu’il parle. Elle remarqua son regard surpris, et presque déçu. Puis finalement, elle se décida à ouvrir la bouche.
- Je ne sais pas ce que tu ressens, et je ne te connais certainement pas assez pour savoir ce que tu ressens. Par contre, moi, je peux te dire ce que je pense.
Son ton était calme, posé, et pas agressif le moins du monde. Elle voulait juste parler, lui dire.
- Cette guerre est une saloperie, et nous n’oublierons jamais ce que nous avons vécu. Mais on fait tout ça en connaissance de cause. Je n’arrive déjà pas à faire comprendre à Ron mes sentiments pour lui, alors autant te dire que si ma première fois doit avoir lieu avec Voldemort, je ne te cache pas que me faire « sauter » ne me donne absolument pas envie. Mais s’il faut le faire je le ferai, parce que ça permettra de faire gagner Harry. C’est aimable de ta part de penser à Pansy, Ginny et moi, mais je crois pouvoir te dire en notre nom à toutes les trois, que nous sommes pleinement consciente de ce qui risque de nous arriver. Nous l’éviterons autant que possible, mais si cela doit arriver pendant nos deux jours d’infiltration, alors on serrera les dents et on fera avec. Range ta fierté, Draco. T’en fais pas pour ça, tu souffriras aussi à mon avis. Rappelles-toi, si nous devons aider Harry à gagner, alors nous ne serons que des dégâts collatéraux. |