Prologue

Harry et Drago marchaient côte à côte dans le couloir du troisième étage. Rien à l’horizon pour ce soir. De toute façon, il ne se passait jamais rien pendant leur ronde du soir. Il ne se passait plus jamais rien à Poudlard depuis le retour officiel et explosif de Voldemort au mois de juin précédent. Les étudiants se confinaient à leurs chambres, pensant bizarrement y être plus en sécurité que dans le reste de Poudlard…

Harry avait été nommé Préfet, sous les ordres de la Préfète en chef, Hermione. Hors de question, d’après McGonagall, qu’il ne subisse un traitement de faveur. Il avait donc ce travail à effectuer, de la même manière que douze autres élèves de Poudlard. Et forcément, Malefoy était lui aussi Préfet.

Après la mort de Dumbledore en juin dernier, même si Harry était très en colère, peu de choses avaient changé dans sa vie. Le portrait de l’ancien directeur trônait dans le bureau de McGonnagall, et quand Harry allait lui parler dans le cadre de l’Ordre du Phoenix, Dumbledore était toujours là. Les seules choses qui le préoccupaient étaient les Horcruxes, mais il n’avait pas le droit de se mêler à cette histoire, les membres de l’Ordre s’en chargeaient. Lui n’avait qu’à s’entraîner à se battre, avec l’aide de professeurs, mais surtout des livres, et d’Hermione. L’AD existait à nouveau, mais plus de manière secrète. Les élèves à y participer étaient beaucoup plus nombreux, ainsi, chaque soir se déroulait une séance de deux heures d’entraînement, mais seules deux par semaine étaient obligatoire, pour tous. Les Serpentards étaient donc de la partie, mais aucun ne s’en plaignait.

En effet, Drago Malefoy était de retour à Poudlard. Après leur fuite hors de Poudlard, Rogue et lui avaient fait demi-tour. Harry avait assisté en juillet à leur procès, ils avaient fait patte blanche en acceptant de témoigner sous veritaserum. Harry avait alors appris que le Drago auquel il avait envoyé le sectusempra essayait d’échapper à un imperum de Peter Pettigrow, et que Rogue avait dû tuer Dumbledore, qui en plus l’en avait supplié, car il avait fait un serment avec Narcissa Malefoy : il ne voulait pas laisser mourir ni Drago, ni sa propre petite personne. Harry ne regardait plus Malefoy de la même façon, ce n’était plus un ennemi. Il n’avait cessé d’essayer de le prouver durant le mois d’Août aux réunions de l’Ordre.

La maison de Sirius appartenait maintenant à Harry. Il y vivait pendant chaque vacances, avec tout le reste de l’Ordre. C’était la seule maison au monde dont les sorts de protection égalaient ceux de Poudlard, aucun des membres n’allait s’en priver. Les capacités du Manoir Black étaient telles que l’on pouvait créer de nouvelles pièces, et même de nouveaux étages. Cette maison était de tout façon invisible aux moldus, et les mêmes sorts que ceux utilisés pour agrandir les voitures du ministère y étaient utilisés. La famille de Tonks, les Weasley, Rogue, Malefoy, les Granger et quelques Aurors y avaient établi résidence permanente depuis l’été précédent. La cohabitation se passait bien, du moins tant que tout le monde n’essayait pas de parler en même temps.

Ainsi, Harry n’était pas gêné de faire cette ronde avec Malefoy, mais la conversation n’était pas non plus des plus animées.

- Malefoy, sincèrement, tu vas combien de fois aux cours du soir ?

- Tous les soirs Potter.

- Tu rigoles, à chaque fois que j’y suis tu n’y es pas, et j’y vais le Lundi, le mercredi, et même à celle du samedi !

- Je te rappelle que tu fais comme tous ces moutons d’élèves qui n’y vont que les jours les moins chargés de la semaine, soit le lundi et le mercredi. Il y a foule, normal que tu ne me voies pas.

- Mais ça n’explique pas pourquoi je ne te vois pas le samedi après-midi !

- J’ai dit les cours du soir, Potter, pas de l’après-midi.

Harry était toujours étonné de la facilité et de la rapidité dont faisait preuve Malefoy pour mettre fin aux discussions qui auraient pu s’avérer intéressantes. Depuis la fin Août, quand Malefoy avait proposé ce programme d’entrainement au combat, Harry essayait de savoir pourquoi, et surtout d’où lui était venue cette idée. Mais la seule réponse que donnait Malefoy était celle qu’il avait donné lors de sa proposition lors de la réunion : il voulait prouver qu’il est du côté du Bien, de ceux qui méritent qu’on les aide et qui méritent de vivre, pas du côté « de ces sales chiens », selon ses propres propos.

- Tu voudrais pas qu’on se pose quelque part Malefoy ? ça fait deux mois qu’on fait cette ronde tous les vendredi soir, et il n’y a jamais personne…

- On va où ?

- Euh… salle sur demande ?

- T’as pas plus près Potter, je n’arrête pas ma ronde pour marcher jusqu’à l’autre bout du château !

- Ok, et bien là, y’a une salle de classe !

La salle du professeur Binns. Harry priait que cette demi-heure qu’il leur restait avant de faire leur rapport à McGo allait être moins ennuyeuse que les cours d’histoire de la magie…