Anciennes blessures

Chapitre 11

- Je t’assure, Harry, je ne t’avais plus vu aussi touché par un évènement depuis… Depuis Ginny en fait.

- Et donc ?

- Eh bien, j’imagine que Severus ne te laisse pas indifférent, déclara la brune sur le ton de l’évidence.

- Hermione, je crois que tout le monde a remarqué que j’essayais de gagner son amitié, ce n’est pas nouveau.

- S’il n’y avait que son amitié que tu essayais de gagner ! Et ne me fixe pas comme ça, tu sais parfaitement de quoi je parle. Je te connais. Si tu crois que je n’ai pas remarqué la façon dont tu le regardes. Tu aimes cet homme, Harry.

Le gryffondor ne lui répondit pas immédiatement, continuant à avancer avec elle jusqu’à la classe de métamorphose.

La pause du midi était presque terminée et il avait proposé à son amie de l’accompagner jusqu’à sa classe puisqu’elle avait encore cours ce mercredi après-midi et que lui était libre. Et il le regrettait presque.

Comment avaient-ils pu dévier si fortement de leur sujet premier, à savoir, les échos positifs que la sorcière avait entendus sur le duel du week-end précédent ? Ils s’étaient retrouvés à parler de cette semaine – qu’il se plaisait à oublier – où le maître des potions ne lui avait plus adressé la parole. Et maintenant, alors que lui-même prenait conscience au fil des jours qu’il l’appréciait vraiment, elle lui disait ça comme si c’était une réponse des plus banales.

- Quand tu présentes les choses de cette manière, ça à l’air d’une telle évidence, marmonna-t-il un peu contrarié.

Après tout, il n’avait fallu que trois mois pour qu’il s’en rende compte.

Elle lui adressa un regard compatissant tandis qu’il s’approchait de sa classe où quelques élèves l’attendait déjà. La jeune femme baissa un peu la voix.

- Tu sais, je crois bien que c’est réciproque. Je ne l’ai jamais vu si détendu en présence d’autres personnes. Non, en fait, insista-t-elle, je ne l’ai jamais vu réellement être si agréable avec quelqu’un à part toi.

Elle lui sourit et il détourna les yeux. Hermione n’avait pas tort.

Cette fois, il était arrivé devant la porte du local de métamorphose.

- Tu devrais songer à ce que tu vas lui offrir, tu sais ? Noël est pour dans moins de trois semaines, je te rappelle.

Noël ? Il dût sans doute faire une expression assez particulière parce sa meilleure amie paraissait assez fière de son effet.

Elle pénétra dans sa classe et lui accorda un sourire entendu.

- A plus tard, Harry.

- Euh, oui, à plus tard.

Il reprit sa route l’esprit ailleurs.

Un cadeau pour Severus ? Il n’y avait bêtement pas pensé. Réciproque, avait-elle affirmé ? Que ce soit elle qui lui dise cela le confortait dans ses propres déductions face à ses observations. Alors, il n’aurait définitivement pas besoin de mettre au point des plans abracadabrants pour attirer son attention, c’était déjà ça. Mais restait encore à trouver une manière d’aborder le sujet…

- Aïe ! Pardon.

Il venait de percuter quelqu’un, plongé dans ses pensées comme il l’était, ce n’était pas très étonnant qu’il n’ait pas prêté attention à son chemin.

- Toujours aussi distrait à ce que je vois, Potter. Je me demande bien à quoi te sert d’avoir des lunettes si tu n’es même pas capable de regarder où tu marches.

- Ravi de te revoir également, Malfoy, grinça-t-il. Mais qu’est-ce que tu fous à Poudlard ?

Pas que ça l’intéressait vraiment mais s’il devait se voir imposer la présence de « miss blonde platine » jusque dans le château, le survivant aurait au moins aimé en connaître la raison.

- Rendez-vous pour le travail. Rien qui te regarde, Potter, dit-il hautain en lui lançant un regard haineux.

Est-ce que s’il enfonçait ses doigts dans ces yeux trop gris l’homme pourrait lui paraître un peu plus sympathique ? Aucune chance. Le gryffondor se retint de grimacer à cette pensée morbide. Il n’y avait vraiment que Malfoy pour lui donner ce genre d’idée.

- Tant mieux, je n’aimerais pas devoir me mêler de tes affaires que j’imagine déjà parfaitement honnêtes, répondit-il avec mauvaise humeur.

Harry le vit serrer les poings et il se retint pour ne pas afficher un sourire goguenard.

- Sur ce, au revoir, Malfoy, dans l’espoir de ne plus te revoir.

Et il tourna les talons.

- J’en ai autant à ton service, Potter !

Il leva les yeux au ciel alors qu’il laissait derrière lui la petite fouine blonde.

Celui-là il ne pourrait décidément jamais le sentir. Ce manipulateur avait toujours cherché à se fondre dans le camp qui lui convenait au moment qu’il le jugeait opportun. Un traître, oui ! D’ailleurs, il le considérait toujours comme le principal responsable – après ce sale serpent – de la mort de Dumbledore. S’il n’y avait pas eu sa mère… il aurait déj-

- Vous semblez pour le moins contrarié.

Harry releva la tête et aperçut le professeur de potions qui s’avançait vers lui. Ils poursuivirent leur chemin ensemble.

- On peut le dire, grogna-t-il.

Pourtant, sa rencontre avec Malfoy lui semblait déjà moins irritante. C’était étrange comme Severus pouvait avoir un effet apaisant sur ses nerfs, d’un simple regard, d’une simple parole. Surtout, lorsqu’on savait que, dans sa jeunesse, cela avait été tout le contraire.

Il se décida à lui parler de sa mauvaise rencontre avec Malfoy plus pour la conversation qu’autre chose, cet imbécile était vraiment de moindre intérêt.

- A vrai dire, je viens juste de croiser M-

- … type est complètement malade et super dangereux !

- C’est plutôt votre gryffondor qui est un incompétent total, ça se voyait bien qu’il ne faisait pas le poids !

- Vous étiez là vous aussi, vous avez bien vu, ce bâtard graisseux a essayé de le tuer !

- Tiens ! Ca aurait été pas mal ça. Que ce héros de pacotille récolte enfin la monnaie de sa pièce. C’est à se demander comment ce Potter, un type si faible, a pu vaincre le seigneur des ténèbres !

- Vous dîtes ça mais, maintenant, c’est qui qui est six pieds sous terre, hein ? Et le professeur Potter lui aurait sans doute réglé son compte bien plus tôt si Rogue, ce sale mange-

Harry, qui avait accéléré le pas dès qu’il avait entendu les premières bribes de cette conversation houleuse, apparut devant ses élèves. Il venait juste de tourner au coin d’un couloir et observait le spectacle qu’il s’apprêtait à voir. Deux groupes, l’un serpentard, l’autre gryffondor, qui se faisaient face et dont chacun des leaders fixait sa baguette sur l’autre.

Les élèves avaient visiblement pâli à son arrivée ; ils prirent des couleurs cadavériques lorsque Severus arriva à ses côtés.

Le professeur de DCFM était en colère, et plus pour les accusations à l’encontre de Severus que pour les mots à son propos. Il jeta un coup d’œil à son aîné et trouva sur son visage une fureur qu’il n’y avait plus aperçue depuis longtemps. Ces élèves ne feraient pas long feu s’il décidait de les laisser à sa merci mais, bien que l’idée était assez séduisante, il choisit de prendre les choses en mains. Le survivant espéra seulement qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur.

Un serpentard, une gryffondor, tous deux avaient assisté au duel. Lui n’était pas particulièrement doué en DCFM mais elle si, enfin, il avait cru. Parce que confondre un duel – violent, il devait l’avouer – avec une tentative de meurtre était vraiment d’une stupidité affligeante.

- Mademoiselle Whisper, Monsieur Lawyer, vous me décevez beaucoup. J’avais supposé qu’en sixième année vous étiez assez matures pour ne pas vous livrer à ce genre d’affrontement puéril. Je vous retire à tous les deux soixante points pour insultes envers vos professeurs et pour votre comportement. De plus, vous irez voir Monsieur Rusard après les cours, je vous donne quatre heures de retenue à chacun pour que vous puissiez réfléchir sur votre conduite. Maintenant, retournez en classe, il me semble que vous avez tous cours à cette heure, termina-t-il en apercevant quelques troisièmes et quatrièmes années dans les deux groupes.

La culpabilité et la honte qu’il vit, tant chez les gryffondors que les serpentards le rassura un peu. Avec de la chance, ils ne cherchaient qu’à se faire remarquer et ne croyaient pas sincèrement à ce qu’ils avaient déclaré. N’était-ce pas le cas pour lui lorsqu’il se confrontait avant à Malfoy ? En partie. Quoique, pour le blondinet, il n’aurait pas su l’affirmer.

Les enfants ne se le firent pas dire deux fois et déguerpirent sur le champ, visiblement assez mal à l’aise de s’être fait surprendre par leur professeur de DCFM et par le directeur de serpentard.

Ce dernier, d’ailleurs, fit volte face pour le quitter à peine quelques secondes après leurs élèves. Mais il ne pouvait raisonnablement pas le laisser partir dans un tel état.

Harry posa une main sur son épaule pour le retenir.

- Attendez, j’aimerais que nous parlions.

Severus ne se retourna pas mais s’arrêta malgré tout.

- Allons dans ma classe, nous y serons tranquille.

Le survivant reprit sa marche et le maître des potions le suivit sans un mot.

Il ne savait pas encore ce qu’il allait bien pouvoir lui dire. Cependant, ce qu’il venait de se passer l’avait apparemment fortement touché et il ne pouvait pas le laisser se faire des idées fausses.

A suivre…

Bah, finalement, je sème moins d'indices que je ne crée de nouvelles questions XD
Mais bon, Harry aura enfin (au bout de 11 chapitres...) eu confirmation de ses doutes :)
A bientôt !