Anciennes blessures Chapitre 12 Il referma la porte derrière eux puis se dirigea vers son bureau, sur lequel il fit mine de ranger les quelques parchemins qui y traînaient. - Ces enfants n’ont parfois vraiment aucune conscience de leurs paroles, dit-il sur le ton de la conversation. Il se tourna et prit appui sur son bureau. Harry observa son aîné qui ne réagissait toujours pas ; il avait déjà repris un masque de parfaite froideur. Oh ! Il savait bien que cela aussi faisait partie de son caractère et, dans d’autres situations, il n’en aurait ressenti aucun malaise mais, en ce moment, il avait conscience que cette expression n’avait rien de naturelle. Il soupira. - Severus, ce ne sont que des enfants, songez au gamin insupportable que j’étais à leur âge, dit-il encore dans l’espoir de détendre l’atmosphère, je me fourvoyais également sur de tels sujets. Ce n’était apparemment pas les bons arguments puisque le serpentard ne desserrait pas les lèvres. Le professeur de DCFM vint vers lui et se risqua à poser une main sur son épaule. Il s’avançait sur un terrain glissant. - La grande majorité du monde sorcier vous est reconnaissant pour tous les sacrifices que vous avez faits pour lui, insista-t-il en fixant les yeux noirs qui l’observaient sans pourtant trahir la moindre des pensées du plus âgé. Le maître des potions semblait néanmoins s’être un peu plus tendu à son approche et, malgré son contact, il ne se décontractait pas. Harry était pourtant bien décidé à lui faire retrouver son calme ce qui, malgré les apparences, n’était pour l’instant pas le cas. - Sans vous, Voldemort… Il sentit un léger tressaillement de sa part à ce nom et le survivant fronça légèrement les sourcils. - Je n’aurais pas pu le vaincre sans votre aide, reprit-il pourtant, et nous – je vous en remercie et je vous en suis reconnaissant. Le gryffondor lui souriait légèrement. Le sorcier n’émettait aucune protestation en dépit de son expression fermée. Le plus jeune se laissa alors guider par sa spontanéité et posa une main sur la joue de l’homme. Ce dernier sembla surpris mais ne s’écarta pas. - Je vous considère comme un être fort et courageux, avoua-t-il en essayant de faire passer sa conviction au-delà de sa gêne. Je sais que je peux vous faire confiance et… et… je… Il s’était rendu compte qu’au fur et à mesure de ses mots il avait approché son visage du sien. Severus ne bougeait pas, pas plus que ce soir-là, et le survivant savait exactement ce qu’il s’apprêtait à faire. Et, dans cette position, il prenait d’autant plus conscience qu’il en mourrait d’envie depuis plus de deux semaines. Il s’approcha encore. - Je vous apprécie pour ce que vous êtes, Severus, murmura-t-il contre ses lèvres. Et il céda à son envie. Laissant ses paupières se clore, Harry posa ses lèvres contre les siennes puis y goûta avec tendresse. Il craint un instant que l’homme ne le repousse mais il oublia cette peur lorsque le maître des potions lui répondit avec la même douceur. Le gryffondor laissa sa main remonter jusqu’à sa nuque ; il frissonna dès que ses doigts arrivèrent au contact de sa peau – ou était-ce le plus âgé qui communiquait cet effet à son corps ? Il finit par se laisser totalement griser par cette sensation et glissa sa langue sur ses fines lèvres en quémandant plus. Severus sembla se tendre légèrement néanmoins, l’instant qui suivit, leur langue se rejoignirent et le plus jeune approfondit le baiser. Il lui sembla laisser échapper quelques gémissements mais il appréciait trop le moment pour s’en sentir gêné. Sa peau sous ses doigts était douce et ses lèvres fines, délicieuses. Bien que ce contact masculin était nouveau pour lui, les sensations n’en étaient pas moins des plus agréables. Tandis que sa langue enlaçait la sienne, sa main remonta dans ses cheveux – ils étaient légers et souples au toucher. Harry aurait pu rester ainsi pendant de longues minutes encore mais son aîné restait assez passif et la désagréable pensée que l’homme ait pu se sentir forcé de lui répondre s’ancra en lui. Il se détacha lentement, et à regret, de son ancien professeur. Le survivant s’efforça de calmer sa respiration un peu trop rapide avant de relever les yeux vers lui. Severus avait encore les paupières closes et deux doigts posés sur ses lèvres. Le jeune professeur avait le désir plus que jamais présent de combler à nouveau l’espace entre leur corps mais sa raison lui dictait que ce n’était pas la meilleure chose à faire. Certes, Harry Potter n’était pas connu pour sa patience toutefois, face au serpentard, il avait compris depuis un certain temps qu’il était plutôt stupide de ne pas laisser le temps au temps. Au bout de longues secondes, le maître des potions lui accorda son attention ; un léger sourire se dessina sur les lèvres de son aîné lorsque leurs regards se croisèrent. Il pouvait même distinguer du bien-être, et de la satisfaction, sur ses traits et il s’en sentit simplement heureux. A sa plus grande surprise, pourtant, Severus entama un mouvement de départ. - Il va falloir m’excuser, je dois encore donner cours à une classe dans l’heure qui arrive. Le professeur de DCFM se sentit envahi par la déception. Il allait alors à nouveau fuir. Il s’empêcha presque de le retenir lorsqu’il passa à ses côtés. Seulement, son aîné se pencha de lui-même à hauteur de son oreille. - Mais soyez sûr que je vais y réfléchir, Harry, murmura-t-il sur le ton de la confidence, comme-ci il répondait à une offre particulièrement attrayante. Il resta figé de surprise même lorsque les pas s’éloignèrent et ne se retourna que lorsque la porte de sa classe se referma. Une proposition, c’était bien ce qu’il y avait derrière ce baiser plein de promesses. Et on pouvait dire que Severus y avait répondu assez positivement, non ? Un sourire béat – peut-être même pire que ceux de Ron dans ses meilleurs jours – s’afficha sur son visage. Même si, à la réaction de l’homme, il semblait vouloir éviter que les choses ne se passent trop vite entre eux, le survivant savait qu’à présent il avait réellement une chance avec lui et il avait presque l’impression que rien n’était parvenu à le rendre aussi heureux depuis sa découverte du monde sorcier. Enfin, il avait bien conscience qu’il donnait peut-être trop d’importance à la chose mais l’euphorie qui s’était emparée de lui semblait augmenter démesurément sa joie. - Allons, Harry, ce n’était qu’un baiser, se raisonna-t-il. Ca ne l’empêcha pas pour autant de rester encore une bonne heure dans sa classe pour éviter que les élèves qui pourraient le rencontrer ne se posent trop de questions en le voyant. S’il se sentait si heureux, ça ne pouvait que se voir sur son visage – il devait sans doute, pour l’heure, plus ressembler à un gamin de seize ans qu’à un professeur de vingt-deux ans. Il passa finalement la fin de l’après-midi dans ses quartiers, tentant vainement de se concentrer sur la préparation des cours de ses quatrièmes années mais pensant trop au serpentard pour effectuer un travail correct. Lorsque l’heure du souper arriva, il s’installa, comme de coutume, entre Hermione et Severus. Il les salua tous les deux et le maître des potions n’agit pas différemment de ses habitudes, parlant peu. Toutefois, la nouvelle manière dont il regardait Harry n’avait absolument rien d’équivoque aux yeux de ce dernier. De ce fait, d’ailleurs, le professeur de DCFM n’écouta que d’une oreille sa meilleure amie qui lui expliquait que, Ron ayant enfin fait sa demande officielle, il était plus que temps qu’ils arrêtent une date pour leur mariage. Lorsque celle-ci aborda vaguement le sujet de l’altercation entre les sixièmes années qu’ils avaient surpris, lui expliquant que pratiquement toute l’école était déjà au courant, il ne lui prêta pas beaucoup attention puisque Severus prit la parole pour l’entretenir d’un livre récent de DCFM qu’il avait lu. Harry adressa un regard d’excuse à la brune qui ne s’en offusqua pas mais l’observa pourtant un instant avec une expression signifiant clairement « je sais qu’il s’est passé quelque chose entre vous ». Le gryffondor ne s’y attarda pas et accorda toute son attention à son aîné. Néanmoins, bien qu’il essaya de se concentrer sur le sujet de la conversation, il passa ce soir-là plus de temps encore à l’observer qu’il ne l’avait fait jusque là. Oui, il aimait vraiment cet homme et il était prêt à attendre aussi longtemps qu’il le faudrait pour que leur relation se développe. Et ce ne serait que bien plus tard, un jour peut-être où le passé serait trop loin pour en souffrir, qu’il lui poserait des questions sur les zones d’ombres de l’après-guerre, sa disparition, ces marques sur ses bras… Ils avaient encore tellement de temps devant eux ! Et il ne tenait pas à tout gâcher pour de tels détails… A suivre… Alors, ça vous a plu ? Moi en tous cas j'ai adoré l'écrire é.è Bon, Harry peut sembler un peu bête dans ses réactions mais on ne peut pas dire qu'il est très dégourdi dans les romans au point de vue de ses coups de coeur, alors pour moi ça me semblait une évolution assez logique -.-" Sur ce, à très bientôt et n'oubliez pas le ptit comm :') |