Anciennes blessures

Chapitre 9

Le dimanche matin, le déjeuner fût troublé par ce à quoi il aurait dû s’attendre.

Son arrivée à la table des professeurs avait déjà été accueillie avec un peu plus d’enthousiasme que les jours précédents. Cette simple constatation rappela d’ailleurs à Harry à quel point son visage pouvait être le reflet de ses émotions…

Le gryffondor s’était d’abord étonné de ne pas y retrouver sa meilleure amie. Il s’était cependant rapidement souvenu que sa collègue avait décidé de passer sa journée avec son fiancé.

Alors, il avait engagé la conversation avec Severus.

La veille, leur discussion avait été assez courte mais Harry en était ressorti agréablement satisfait et, ce matin, il confirmait que l’impression qu’il avait eue durant la soirée était réelle : le maître des potions s’était encore adouci avec lui. Il souriait peu, certes, cependant sa voix lui semblait plus douce, moins agressive ; son comportement lui paraissait presque plus naturel que durant les mois précédents.

Toujours était-il qu’ils avaient entamé un échange sur les éventuels sorts qu’ils éviteraient d’utiliser durant leur affrontement et ils ne parlaient que depuis peu lorsque les hiboux firent leur entrée. Le survivant n’y prêta que peu d’attention durant les premières minutes mais, lorsque l’agitation fut plus marquée parmi les élèves, il se détourna quelques instants de Severus. Et, au moment où il allait demander à Rolanda la raison de cette effervescence, son regard se posa sur le journal qu’un hibou avait lâché à leur table.

Il eut alors une désagréable surprise.

Sa photo lui souriait d’un air particulièrement bête – la gazette du sorcier avait, semblait-il, un goût toujours aussi prononcé pour le trucage – sur la première page du journal. En gros titre, il pouvait lire : « L’interview exclusive de notre héros ! Harry Potter comme vous ne l’avez jamais vu ! »

- Qu’est-ce qu’ils sont encore allés inventer…, se lamenta-t-il.

Le professeur sentit soudain une main se poser sur la sienne ; il en fut tout autant étonné que ravi. Il n’avait pas besoin de se tourner vers son propriétaire pour savoir qu’il s’agissait de Severus. Ce à quoi il ne se serait guère attendu car il lui avait toujours semblé que cet homme fuyait le contact.

N’était-ce pas la première fois qu’il sentait sa peau contre la sienne ? Sa paume était douce et chaude.

- Un problème, Harry ?

Il retint un frémissement au moment où le serpentard lui souffla pratiquement ces mots à l’oreille.

Le survivant se sentait presque comme un adolescent troublé par son premier flirte. L’idée n’était pas désagréable d’ailleurs. Toutefois, avant que son imagination ne l’entraîne trop loin, les quelques rires qui s’élevèrent dans la salle lui firent reprendre ses esprits.

Il prit d’une main le journal abandonné à ses côtés et le déplia devant lui.

- On peut dire ça. Je sens que vais encore devoir renforcer ce sort pour renvoyer leurs lettres à leurs expéditeurs.

Le jeune homme parcourut l’article des yeux avant de commencer à en citer un extrait pour son collègue.

- « C’est ce samedi que le professeur Potter s’est confié à nous. Et c’est avec beaucoup d’amabilité qu’il a accepté de nous accorder quelques heures de son précieux temps. Reconnaissant toute la valeur de notre journal, c’est avec joie qu’il nous a livré un aperçu assez fidèle de sa vie actuelle. »

Le reste de la première page s’étalait en long et en large sur son passé mille fois revisité – entre autres, la façon dont il avait éliminé Voldemort dès la fin de son adolescence avec une extrême facilité et sans aucune aide, un mensonge de plus. Et également sur sa prétendue amitié indéfectible avec leur ministre de la magie. Ecoeurant.

Il aurait bien brûlé ce journal sur le champ – ces balivernes continuaient apparemment encore sur cinq pages ! – mais un petit encart attira son attention.

« Le professeur Severus Rogue est également apparu auprès de notre héros national au début de notre interview, suite en page 7 »

- Ah, il semblerait que l’on parle aussi de vous, dit le gryffondor en se tournant vers son collègue qui jusque là avait gardé un rictus moqueur.

Ce dernier fronça les sourcils et relâcha sa main.

Dommage.

- Voyons voir, page 7…

Il passa rapidement les quelques pages qui parlaient encore de lui et les photos les accompagnant – mais comment parvenaient-ils toujours à lui donner une expression si stupide ? – puis arriva enfin à la colonne destinée à son collègue.

- « Severus Rogue, maître des potions réputé et professeur émérite de Poudlard, a semble-t-il subi l’influence positive de notre sauveur. Alors que jusque là nous n’avions pas encore eu l’occasion de le rencontrer, il s’est montré particulièrement courtois avec nos journalistes ce samedi. Il n’a malheureusement pu nous accorder que quelques minutes – il ne pouvait manquer à son devoir de professeur auprès de ses élèves. Néanmoins, il n’en a pas moins pas tari d’éloge notre sauveur et nous a promis une interview exclusive. »

Harry ne sut retenir son rire à la lecture des derniers mots de la gazette. Bien sûr, Severus avait su trouver les paroles adéquates pour qu’ils ne lâchent pas leur sauveur de l’après-midi mais à AUCUN moment l’homme n’avait vanté ses mérites pas plus qu’il ne s’était montré aimable avec cette petite assemblée.

Oh ! Oui, ils avaient fait fort cette fois.

Et la photo qui clôturait l’article était des plus grotesques. Ils avaient apparemment essayé de transformer le rictus coutumier de Severus en un parfait sourire.

Ils avaient lamentablement échoué et ils n’avaient réussi qu’à créer un petit personnage hésitant entre une grimace et un air dépité – ils n’avaient vraiment aucune idée de ce à quoi pouvait réellement ressembler un vrai sourire de sa part.

Finalement, la chance ne l’avait peut-être pas tout à fait quitté.

Le survivant avait l’habitude de ces absurdités à son encontre – quoi qu’il ne préférait même pas imaginer ce que ces soi-disant journalistes avaient pu encore inventer sur ses amours et amitiés. Et, en définitive, le serpentard s’était fait prendre à son propre piège, ça n’arrivait – jamais ? – pas tous les jours.

- Ridicule, grogna justement ce dernier en détruisant le journal d’un incendio. Qu’ils osent venir me faire perdre mon temps avec de pareilles absurdités et ils verront à quel genre d’interview ils auront droit !

- Allons, calmez-vous Severus, dit-il en essayant de reprendre son sérieux. Ils aiment exagérer, enfin, arranger les faits à leurs goûts, devrais-je dire. Ils espèrent ainsi augmenter leur notoriété et plaire aux hommes importants de ce monde. Et apparemment ça fonctionne, termina-il avec un peu de dépit.

L’homme lança un regard noir aux dernières cendres de l’article.

Harry se permit alors de poser sa main sur les bras croisés de son aîné et il sentit sa tension puis elle-même se dissiper automatiquement à son contact. Et le gryffondor ne manqua pas de retenir cette réaction. Il était de plus en plus certain qu’un lien particulier se tissait entre eux.

- Il serait préférable pour eux qu’ils ne croisent plus jamais ma route, ajouta malgré tout le maître des potions dans un rictus mauvais.

- Je n’en doute pas.

Harry sourit légèrement et éloigna sa main à regret. Ce genre de geste était anodin mais il ne voulait pas non plus trop pousser sa chance.

- Pour en revenir à des sujets plus sérieux, Minerva a prévu une sortie à Pré-au-lard pour les troisièmes, quatrièmes et cinquièmes années. Reste à nous de décider le lieu où devront attendre les premières et deuxièmes années durant cette démonstration.

Le professeur de DCFM sentait bien que l’homme était encore irrité par les propos de la gazette du sorcier mais il accepta de reprendre le cours de leur conversation. Depuis la veille, il voyait bien que, malgré ce que Severus voulait faire croire – qu’il n’accordait que peu d’importance à ce duel, le serpentard tenait à ce que l’organisation de cette rencontre soit parfaite. Et Harry était bien décidé à ce qu’elle le soit. Si cela plaisait à l’homme, ça ne pouvait que lui plaire.

Le sorcier observa encore un instant les tables des élèves. Il espérait malgré tout qu’aucun d’eux – ou des autres professeurs – n’ait la mauvaise idée de mentionner la gazette du sorcier durant cette semaine en là présence de leur cher maître des potions. Il n’aurait vraiment pas aimé être à la place de l’inconscient qui oserait une pareille tentative…

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- Bienvenue à tous. C’est sur demande de la directrice que nous allons aujourd’hui nous affronter en duel pour vous donner un aperçu de ce dont sont capables des sorciers se combattant en situation réelle.

Le professeur de DCFM sourit en voyant les visages de ses élèves et entendant leurs chuchotements ravis ; ils étaient apparemment impatients d’y assister.

- Un peu de silence, s’il vous plaît. Bien. Le professeur Rogue et moi-même allons vous donner les quelques consignes à respecter pour que tout ceci se passe dans les meilleures conditions. Et sans incident.

Harry était encore un peu tendu mais il n’avait pas peur pour autant. Puisque son adversaire était Severus, et qu’il lui faisait confiance, tout se déroulerait parfaitement bien.

A suivre…

Ah ben vi, gomen, le duel est pour le prochain chapitre XD
Je voulais vraiment intégrer ce petit passage sur la gazette :)
(et puisque les chapitres ne sont pas très longs je ne pense pas que ça casse vraiment le rythme de la fic, non ?)
Donc un peu plus d'action dans le chapitre dix !