Mercredi 3 Septembre 20..
Cela faisait presque trois mois que personne n'avait pris la peine de reparler de la mort de notre chien. Ce qui me soulageait bien évidemment, car aucun membre de la famille ne savait réellement ce qui avait pu provoquer sa perte ni même comment. Pour tout vous dire, pas une seule fois quelqu'un n'avait posé de regard attendrissant vers ce pauvre animal mise à part moi, qui l'aimais. Désormais, il se sent bien mieux là où il est maintenant.
Pendant ces longues vacances d'été à découvrir notre nouvel habitat en Bretagne, j'avais dû épancher d'innombrables larmes. En repensant à tout cela, je ne m'étais même pas amusée, je ne pouvais pas profiter de ces belles vacances même si j'en avais envie. Surtout que c'était moi la meurtrière et cette pensée me traversa encore et encore l'esprit. Êtes-vous bien d'accord avec moi ? Savoir qu'un être chère à vos yeux est mort par votre faute est une épouvantable sensation. Mon acte était en effet, abominable ! Je me haïssais pour cela. J'abhorrais cette idée. Non c'était insupportable et pourtant je devais vivre avec ce trouble...Il le fallait.
Ce matin, mon réveil sonna à 7h00 et me réveilla rudement...Je grognai car je voulais encore rester dans mon lit, recouverte chaudement par cette couverture. Pourtant, j'étais obligée de quitter mes rêves, quitter mon lit, ma chambre ainsi que ma maison pour aller dans mon nouveau lycée. Alors, je bondis de mon lit en raison du fait que je ne voulais pas arriver en retard pour mon premier jour de la rentrée. Et oui, aujourd'hui c'est la rentrée et fallait que je fasses bonne impression afin de ne pas me coltiner une mauvaise réputation. Après avoir pris mon petit-déjeuner, je traversai le couloir et me dirigeai vers la salle de bain. A mon immense déception, mon frère s'y trouvait déjà. Je lui dis de se dépêcher mais il ne m'écouta pas. Je pris une profonde inspiration et serrai mes poings. Je me concentrai scrupuleusement sur une seule cible : mon frère. Malgré le fait que ce dernier soit de l'autre côté de la pièce, je parvins peu à peu à pénétrer dans ses pensées.
A ce moment là je compris que je pouvais utiliser mon pouvoir même si un mur me séparait de ma victime. Ces pensées...Les pensées de mon frère étaient toujours les même : deux silhouettes allongées sur le même lit. Celles-ci se dessinèrent progressivement. Puis, une des deux silhouettes se leva, laissant l'autre dormir...En tout cas, elle paraissait dormir...La silhouette, debout était en fait un homme...Quasiment nu ! Ce dernier se retourna en ma direction, il me fixa, je pris peur or il ne sembla pas faire attention à moi. Il n'avait pas dû s'apercevoir de ma présence même s'il paraissait poser le regard sur moi. Oh non, c'était mon frère ! Mon frère était...Frère...Mon...Avec....
Je n'en croyais pas mes yeux ! Et il avait gardé ce lourd secret à toute la famille ! Quant-à l'autre, encore assoupie dans le lit...Je ne pouvais voir qui c'était car ma vision se referma sur elle-même comme si je reculais...Puis je revins sur mes pas, toujours en train d'attendre mon frère.
-C'est bon, tu peux y aller.
Il avait prit la parole. Il m'avait parlé ? J'étais vraiment mal réveillée ! Je le vis descendre les escaliers comme si de rien était. Je ne lui avait encore rien affligé pas comme avec mon chien. Comment cela se pouvait-il ? Bien sûr, je ne voulais pas faire souffrir mon frère néanmoins je ne comprenais toujours pas pourquoi cela ne l'affectais nullement. Je ne me concentrais peut-être pas assez. Je me vidai de toutes mes questions puis je rentrai dans la salle de bain, enfin. Alors, comme tous les matins je regardais mon reflet dans le miroir. Je me passais du fard à paupière noir ainsi que du crayon noir tout autour de mes yeux. Cela aggravait mon regard, peu m'importais. Une fois entièrement préparée, je jetai un coup d'œil à mon réveil. Il était 8h14, il fallait que je presse le pas ! J'allais être en retard ! Je sortis de chez moi et courus à mon arrêt de car où le bus était déjà arrivé.
15 minutes plus tard, me voila enfin au lycée. Apparemment, celui-ci avait été reconstruit. Sans vouloir être méchante, il ressemblait à une usine. Je pris la direction du hall. Bien sûr, je ne connaissais pas la classe où je devais aller, mais cela ne serait pas trop compliqué étant donné que cet établissement était bien plus minuscule que mon ancien lycée. La cloche retentit et je ne savais pas trop où aller lorsqu'une personne me bouscula. Puis, elle s'excusa d'un ton précipité en balbutiant :
-Oh, excuse-moi, excuse-moi..Je...J'ai pas fait attention. Oh, mais t'es nouvelle, c'est ça ?
Je la fixais du regard, qu'est-ce qu'elle parlait vite ! Pour être gentille, je lui rétorqua :
-Oui, oui, je suis nouvelle, tu sais où se trouve la salle C13 ?
-Oui, bien sûr, je m'y rendais aussi. Je crois qu'on est dans la même classe.
A ces derniers mots, nous nous dirigions vers cette fameuse salle. On ne s'échangea pas une seule parole depuis qu'on s'était bousculées. En classe, la prof fit l'appel pour mieux connaitre ses nouveaux élèves comme à chaque année. Une fois l'heure passée, j'avais une heure de libre devant moi et l'unique fille qui avait discuté avec moi vint me voir
-Moi c'est Maëwenn et toi ?
-Kaourantina, enchantée.
C'est toujours les même discours à la première rencontre ! Cela commence toujours par un "salut" puis un "je m'appelle". Or c'était la première personne qui m'avait adressé la parole jusqu'à présent. Elle me sembla bien sympathique à première vue. On passa un long moment ensemble, toujours à côté en cours. Même à l'heure de midi, on mangea ensemble. Puis, une bande d'adolescents vinrent s'installer à nos côtés sur la même table. Un des leur susurra :
-Eh la myope, tu me passes la carafe d'eau.
Il disait ces mots avec une telle méchanceté que je le regardais d'un air ébahit. Il est vrai que Maëwenn n'était pas une fille qu'on pouvait qualifier de très jolie pourtant, elle avait son charme qui lui était propre. Elle portait des lunettes rouges et carrées qui grossissaient légèrement ses yeux d'un vert émeraude. Ses longs cheveux blonds, ondulés tombaient lourdement sur son dos. Rien ne la laissait se faire discriminer. Sans dire un mot, mon amie lui donna la carafe. J'entendis les ricanements pesants des autres. Je les fixais un par un notamment celui qui avait parlé le premier. Ma bouche se tordit, mes veines ressortais sur mon visage à présent. Je ne pensais plus à rien, je n'entendis plus rien, juste un bruit sourd autour de moi. Je fermai les yeux fortement..Aucune vision n'apparut puis un cri de douleur, j'ouvris les yeux..C'était lui, il se plaignait, gémissant, apparemment sa tête lui faisait mal. Tous ses "potes" l'entouraient se demandant quoi faire. Je me concentrais. Cette-fois-ci, du sang dégoulinait de son nez. J'allais le tuer, il fallait que je m'arrête. Et heureusement, Maëwenn m'interpela et me murmura :
-T'as vu ? Qu'est-ce qui lui prend ?
En entendant sa question, je repris mon souffle puis lui répondit le plus calmement possible :
-Je n'en sais rien. De tout façon, il mérite ce qui lui arrive.
Un bourgeois, en somme, qui ne pense qu'à sa propre personne. Trois heures plus tard, la fin de la journée s'annonça. J'allais pouvoir rentrer chez moi et retourner à mes occupations paisibles. Mais pour cela, il fallait d'abord prendre le car. Arrivée à ce dernier, je m'installai. Puis, je vis une fois de plus ce bourgeois, tout aussi banal que les autres mais qu'est-ce qui lui trouvait de si important à leurs yeux ? L'argent peut-être ? Je le dévisageais longuement. Sans me soucier des autres, je ne posais mon regard que sur lui. Sans broncher, je le fixais du coin de l'œil puis aperçus quelques gouttes de sang ruisseler le long de son visage terni. Il frotta péniblement son front, paniquant à vue du sang qui coulait en abondance. Lorsqu'il m'aperçut à travers la vitre du bus, il me considéra toujours avec effroi. Son T-Shirt commençait à être tacheté de sang, il devint rouge de plus en plus. Puis les gens aux alentours paraissaient affolés. Quant-à son ventre, son ventre était percé... Puis explosa, dont le sang gicla sur la vitre où je me trouvais..Je n'angoissais pas plus que cela puisque personne ne découvrirait le véritable tueur..Et oui, c'était moi, sans même l'avoir touché. Je visai les élèves toujours autant effarouchés devant cette scène atroce. Un filet de sang coula le long de la vitre et je contemplai le sol devenu rouge sang. Enfin, le chauffeur de car sauta hors du véhicule afin de mieux considérer le jeune homme décédé. Tout le monde fit de même, moi aussi. Sauf que ce n'était pas pour voir ce pauvre garçon mais pour téléphoner à ma mère afin qu'elle me ramène à la maison. Quelques minutes plus tard, ma mère arriva, bien sûr elle me posa pleins de questions. Alors je lui répondit tout de même.
A cet instant, je compris que j'arrivais à mieux contrôler mes pouvoirs. Et puis, cette fois, aucune vision n'était apparut. Peut-être parce que je ne le désirais pas ? |