Disclaimer : Seule la présent histoire m'appartient, au contraire des personnages qui y apparaissent.
O(+Ligne de Mire+)O
Epilogue : Quand il est temps
J'ai aimé. J'aime mais ne suis pas pour autant sûr d'aimer encore longtemps, ni de pouvoir éprouver un tel sentiment de nouveau. Je voudrai le croire. J'ai néanmoins compris durant ces huit mois que la conviction n'est pas toujours l'allié du désir qui l'a fait naître. Alors je préfère ne rien croire, désormais. Je préfère simplement continuer à vivre, laisser le temps et le destin choisir quelles seront mes aventures prochaines et me plaire à les vivre, ou me fâcher de les affronter. Ce sera toujours quelque chose, un état ou un sentiment qui m'éloignera de ce néant dangereux que j'ai fréquenté.
Pendant huit mois, je fus placé dans la ligne de mire de la mort, parfois proche et parfois éloignée. J'ai été sa cible favorite et j'ai ainsi senti quel plaisir elle avait à me pourchasser, tout comme j'ai compris, au final, qu'elle était soit paresseuse, soit lunatique et se lassant vite de ce fait. Car elle a cessé sa poursuite, en même temps que tu t'es envolé par cette fenêtre, elle s'en est allée faire chier un autre deuil. Je crois que si elle restait là, c'était à cause de toi. Elle avait sans doute cette impression d'avoir mal fait son travail, et, sachant que cette faute ne lui était pas entièrement induite, elle s'est vengée sur moi.
Mais je ne t'en veux absolument pas d'être resté, même si cela a décuplé mon mal et retardé ma résurrection. J'aurai sans doute fait pareil, à la différence que moi, je serai resté pour toujours, je ne t'aurai jamais lâché. Et toi, si fort et si brave, tu n'aurais pas flanché. Tu serais resté. Je te connais. Tu serais resté parce qu'après tout ce que tu as subi avec ta famille, tu n'aurais pas de nouveau voulu te séparer de quelqu'un qui compte tant à tes yeux, et tu m'aurais protégé, quitte à te bruler contre moi pour finalement sombrer. En un sens, c'est mieux ainsi.
Cela fait un mois que je suis installé dans ma nouvelle maison. Les environs du lac constituent un environnement si calme et si parfait que j'ai du mal à croire qu'une personne ait pu abandonner cette maison qui, quoique modeste, est suffisante pour accueillir assez de gens. Je suis sûr que tu l'aurais adoré, que tu aurais adoré le paysage qui l'entoure, et que peut-être, tu aurais aimé que nous y obtenions le statut de famille, quoique les alentours d'un lac ne soient pas forcement ce qu'il y a de mieux.
J'ai également repris les matchs sans te faire des passes imaginaires ou sans laisser les visions de toi volant me perturber, ce qui m'a attiré quelques compliments de la part de la presse, en plus de véritablement me redonner le goût de la victoire. Je n'avais jamais réellement perdu le plaisir de voler et de jouer, je pense. Je ne voyais simplement plus dans la victoire qu'un élément futile, car, et c'est bien connu, une réussite n'est excellente qu'à partir du moment où on la partage. Sans toi, ce n'était que flatter mon égo et y laisser la vantardise s'y mêler pour ne rien obtenir au final.
Ce n'était pas facile, comme tu t'en doutes, de redevenir titulaire. MacLaggen a fait un travail formidable durant mon absence et aurait largement pu empêcher mon retour à ce poste en conservant le sien. Mais ses performances lui ont permis d'obtenir des propositions d'équipes ou meilleures d'un point de vue jeu, ou d'un point de vue salaire. Néanmoins je me plais à penser que la formation que je lui ai donnée, en partie responsable de son présent succès, lui a fourni à mon encontre un respect suffisant pour qu'il me laisse cette place. Parce qu'il n'ignorait pas l'importance qu'elle avait à mes yeux.
Me voilà donc redevenu le Oliver Wood d'il y a un an. Beaucoup s'attarderaient probablement à ne pas le croire, car ils sont conscients que ton souvenir ne s'est pas encore effacé de ma tête. Je vois dans leurs yeux, et plus particulièrement dans ceux de ma mère, qu'ils craignent une rechute dont je ne pourrai pas m'extraire cette fois, qu'ils préfèreraient te voir disparaître définitivement de mes songes. Alors forcement, ils sont aux petits soins avec moi, sans comprendre que la seule chute que je me permettrai à l'avenir surviendra sur un balai, et nulle part ailleurs.
Mais je ne me vois pas leur dire. Je préfère les laisser croire ceci plutôt que d'avoir à pester contre ce qui leur est indubitablement nécessaire. Et puis ce serait mentir d'affirmer que leur attention ne m'est pas précieuse et que cela me rassure également. Oui, je suis redevenu Oliver Wood, celui que tu connais, mais tu n'es plus inclus dans les calculs qui dirigeaient sa vie. Je ne peux pas savoir ce que me réservera demain, tout comme j'entrevois mal de quelle manière je puis m'assurer qu'il sera plein en joie et en aventure.
Ce que je sais, c'est que je ne t'oublierai jamais, et que je me battrai toute ma vie pour que personne ne le fasse. Les légendes du Quidditch se sont faites grâce à leur talent et au temps qu'elles ont mis à ce que chacun le constate. Tu avais le talent mais tu n'as pas eu le temps. Alors même si ce n'est pas par l'intermédiaire du Quidditch, quoique c'est là que je mettrai la plupart de mon énergie, ce sera au moins en tant que personne qui a sacrifié sa vie pour la prospérité de la nation, pour la paix dont chacun joui aujourd'hui, avec certains de nos amis.
Il est temps, maintenant, que la seule résonnance de ton nom soit celle de tes exploits, non celle de notre relation. Temps pour moi de laisser ce terrain de Quidditch, celui de Poudlard, devenir le lieu de nouvelles romances, le point de départ de nouveaux talents. Temps de laisser le vent emporter tes cendres définitivement, d'emporter ton sourire et de le graver dans l'air et dans la chaleur qui m'enlacera les soirs d'été. Temps, Marcus, que je t'embrasse, que je t'enlace, que je te dise que je t'aime et que je te vois, accompagné de légères rougeurs sur tes joues, me répondre de même.
"Monsieur Wood ?" demanda un jeune garçon, balai à la main et vêtu des couleurs rouges et or.
Se retournant vers l'équipe de Gryffondor, qui manifestement le regardait depuis plusieurs minutes sans oser interrompre sa rêverie, Oliver se leva, et s'excusa de sa courte absence. Et, regardant ces jeunes gens, qu'il avait exceptionnellement accepté d'entrainer au vu de leur prochain affrontement contre les Serpent, il se mit à sourire. Oh oui, il entrevoyait déjà de nouvelles passions se confondre entre les gradins et la pelouse du stade, il voyait déjà tout ce petit monde le remplacer dans plusieurs années, et être dans la ligne de mire de l'amour, qui leur ferait endurer ses caprices et ses humeurs joviales.
"Allez tout le monde, on décolle!" ordonna-t-il.
Et tandis que le vent les accompagnait vers le chemin de l'avenir, celui d'Oliver se clarifia et se reconstruisait petit à petit.
FIN
Petite note de fin : Comme certains l'auront remarqué, cette fic m'a été inspiré par le -somptueux- film PS : I love you auquel j'ai fais plusieur référence implicites, notamment dans le dernier discours. Je vous remercie d'avoir pris le temps de lire cette fic, et j'espère qu'elle vous aura provoqué autant de plaisir que j'ai eu à en écrire. |