Disclaimer : Seule la présent histoire m'appartient, au contraire des personnages qui y apparaissent.
O(+Ligne de Mire+)O
Chapitre 6 : Quand des réponses doivent être apportées
La forêt s'éloignait lentement, devenant de plus en plus petite à mesure qu'Oliver prenait de l'altitude. Ce lac, ces horizons dans lesquels il avait passé un mois entier sous sa forme animale ne furent bientôt plus visibles, et, rapidement, le gardien dirigea ses yeux droits devant lui, histoire d'assurer sa sécurité dans les airs tout en effaçant brutalement cet endroit où il ne pourrait plus revenir avant un moment, mais surtout de se rappeler qu'à présent, il devait retrouver ceux qu'il avait laissés avant son départ.
Retrouver son appartement désordonné, sa mère surprotectrice et son ami, accessoirement capitaine de son équipe qui tenterait de le pousser en douceur à un entrainement léger, ne l'enchantait guère. Néanmoins il fallait impérativement que sa léthargie cesse. Des deux amours qu'il possédait, un des deux, sans doute le plus important, s'était irrémédiablement envolé. Il n'envisageait pas de perdre la dernière chose précieuse qu'il lui restait et de laquelle il était sûr de tirer un plaisir inégalable.
Et puis il y avait Marcus, ou plutôt cette présence qu'il sentait dans chaque parcelle de son domicile, qui lui faisait face et qui l'obligeait à se souvenir, à comprendre l'affront que c'était de demeurer éternellement statique tandis qu'un tel talent l'habitait. C'était tout bonnement la plus suprême trahison qu'il pouvait formuler envers son défunt compagnon, ce que son respect pour les morts lui interdisait, d'autant plus qu'il s'agissait là d'une personne ayant intimement partagé sa vie.
Marcus aurait attendu de lui, au bout de cinq mois, qu'il reprenne des forces et qu'il en use pour voler avec la grâce et l'élégance qui le distinguaient habituellement. Il aurait voulu qu'il sèche ses larmes avant qu'elles n'en deviennent douloureuses. Il aurait voulu que son amour pour lui se transforme en haine, en rage, en rancœur car il était mort, et qu'il se serve de celle-ci pour défendre ses anneaux avec une dévotion inébranlable.
Hélas, les actions d'Oliver s'étaient limitées aux besoins nécessaires et naturelles (dont nous ne donnerons aucun détail) Le fait d'aller nager durant un mois lui avait permis de se rendre compte qu'en ce sens, son inertie n'était rien d'autre qu'une trahison quant aux valeurs qu'ils s'étaient promis de défendre avec férocité conte les aléas funestes qu'une vie induit indubitablement.
Le gardien s'était alors fait le serment d'avancer, de respect le devoir de mémoire que feu son amant mérité pour les magnifiques années qu'il lui avait fait vivre. Toutefois, il avait besoin, afin qu'un tel processus s'exerce, d'obtenir des réponses aux interrogations toujours laissées en suspense, de les comprendre pour mieux s'en servir de manière constructive.
Voilà pourquoi sa destination n'était pas son appartement mais Poudlard, terrain de son adolescence, où il se rendait dans l'espoir de recevoir de la directrice la raison de son aide. Car aussi loin que ses souvenirs pouvaient remonter, son ancienne directrice de maison n'avait jamais fait dans l'illégalité, et encore moins dans la clémence envers un élève qui, comme lui, lui avait fait subir d'insoutenables calvaires. Il se remémorait encore les remontrances qu'il avait subies à force d'insister pour qu'Harry récupère son Eclair de feu.
Bref il lui paraissait impossible de la voir accepter pareille demande sans une cause qui la justifie entièrement. Il ne s'était par ailleurs jamais, avant ces vacances, questionné sur cette dernière, probablement parce que l'excitation et les efforts qu'il avait fourni étaient si intenses qu'il avait par là oublié de poser la question à Marcus - et sans doute par peur qu'il l'ait mis sous impérium, aussi.
Il vogua ainsi vers l'Ecosse, à une allure qui lui provoqua de délicieuses sensations dans l'estomac. Cela dit, même s'il lui était possible d'atteindre son adresse en une journée complète de vole, ce n'était pas le cas pour Poudlard, lieu particulièrement perdu. Aussi, une fois la nuit tombée, atterrit-il et façonna-t-il un abri à l'aide d'un sort, dans lequel il se coucha pour une courte nuit.
Le lendemain, il partit aux aurores et réussit à atteindre Poudlard après environ six bonnes heures. Il se posa en plein milieu de la cour ou les élèves profitant de l'air frais s'étonnèrent de le voir. Mais, rapidement, cet étonnement se transforma en reconnaissance, et les grands fans de Quidditch accoururent afin de lui extirper des autographes qu'il donna plus pour se libérer que pour satisfaire ces microbes impolis.
Une fois la foule écartée, il pénétra au sein de l'école. Parcourant les couloirs de sa jeunesse, il salua les diverses fantômes hantant les lieux, et arriva quelques minutes plus tard devant la statut derrière laquelle se cachait l'escalier menant au bureau de la directrice. Il prononça le mot de passe, qui, merci Merlin, n'avait pas changé depuis qu'il était venu quémander l'autorisation de répandre les cendres de Marcus. Et à cette heure, il se doutait que le professeur McGonagall ne serait nulle par d'autre qu'ici.
Les escaliers montés, il toqua. La voix puissante de la directrice lui accorda la permission d'entrer, en même temps que la porte s'ouvrit sur ce bureau titanesque, principalement sur une pauvre femme croulant sous une tonne de paperasse, et qui paraissait envahie par une profonde lassitude. Femme qui leva la tête en direction du visiteur qui avait l'audace de la déranger, mais qui se calma en voyant qu'il ne s'agissait pas d'un élève ou d'un professeur venant émettre une quelconque plainte.
"M. Wood, que me vaut l'honneur de votre présence?"
Son ton laissait transparaître comme une sorte de reproche, non pas, sans doute, qu'elle n'était pas contente de le voir, seulement elle avait déjà bien assez d'ennuis avec les présents élèves pour ne pas que vienne s'y rajouter ceux d'enfants dont elle n'avait plus la charge. Posant sa plume, se massant lascivement les tempes, elle invita son convive à s'asseoir et fit apparaître d'un coup de baguette deux tasses de thé, qu'elle commença à déguster dans l'attente d'une réponse à la question qu'elle avait posé.
Hélas, le principal intéressé n'était guère en position de lui fournir ce qu'elle espérait. Sa détermination ne s'était nullement mit à vaciller sous le joug du professeur de métamorphose. Il ne savait juste pas de quelle manière abordait le sujet, et la crainte que s'installe un lourd silence lui fit entamer sa tasse de thé. Le temps qu'ils la finissent, une idée pointerait surement le bout de son nez.
Cela ne prit qu'une minute à la directrice, habituée à ingurgiter des boissons brulantes d'une traite. Elle posa ensuite la tasse sur la table et plongea son regard dans celui d'Oliver, qui les baissa de gêne. Elle avait une vague idée de ce qui l'amenait ici, aussi prit-elle les devants, parce qu'avec cette tête de linotte, on pouvait bien attendre une bonne vingtaine de minute avant que le moindre mot ne soit prononcé.
"Vous venez à cause de lui, n'est-ce pas?" demanda-t-elle d'une voix calme.
Une grande expression d'étonnement se dessina sur le visage d'Oliver, avant de se transformer en soulagement. Il aurait dû se douter qu'elle trouverait bien la raison de sa venue. De toute manière, pour qu'elle autre raison pouvait-il venir? Il avait beau apprécier son ancien professeur, revenir la voir ne faisait pas non plus parti de son emploi du temps quotidien.
Il hocha la tête, reprit sa tasse et s'enfila une bonne gorgée. Le thé avait systématiquement des vertus apaisantes sur son métabolisme, lui permettant de mieux respirer, d'évacuer un tant soit peu la brume qui envahissait son esprit. Vu l'épaisseur de celle-ci, en cet instant, il aurait bien bu la théière dans son intégralité, mais c'était à son gout faire preuve d'impolitesse que de trop en demander à son hôte.
"J'aimerai juste savoir une chose..." hésita-t-il
"Je sais, Oliver, je sais..."
Là, en revanche, le gardien ne voyait pas pourquoi. A moins qu'elle ne soit soudainement devenue expert en légilmancie, ou qu'elle ait eu secrètement une liaison avec son défunt compagnon avant sa mort, bien entendu. Ceci dit, l'heure n'était pas véritablement à la rigolade - surtout avec cette femme.
"Vous souhaitez savoir pour quelle raison j'ai accepté de vous enseigner la méthode pour devenir animagi, je suppose"
Les yeux d'Oliver doublèrent de volume suite à cette phrase, et l'éventualité que ces suppositions, du moins concernant la capacité à lire dans les esprits, soient véritables le frappa soudainement.
"Comment..."
Comment elle savait? Simplement parce qu'à partir du moment où elle avait accepté d'effectuer cette action, elle avait inclus la possibilité que ce Gryffondor trop curieux ne vienne s'enquérir de la cause influente de cette décision. Elle avait cru, la première fois qu'il était venu, pour répandre les cendres, que cette demande l'influençait. Elle avait cru échapper à ce discours, mais devait à présent l'affronter et le transmettre.
Certes, elle avait initialement prévu de garder ce secret et de ne jamais le divulguer. Cependant, ce qu'elle avait en face de lui ne se définissait plus comme l'élève dont elle s'était chargée. Ce n'était plus qu'une coquille vide, de laquelle toute essence avait été retirée par une force imprévisible et inenvisageable. C'était si pathétique que c'en devenait insupportable à ses yeux.
Elle ne connaissait que trop cette douleur. Longtemps elle l'avait éprouvée et l'avait méritée, à son goût. Néanmoins ce garçon n'avait quant à lui rien accompli qui n'induise un tel retour des choses. Et son sens surdimensionné de la justice, découlant probablement de son esprit Gryffondorien, lui dictait cette action dans le but de rétablir en cet homme une absence de culpabilité, car l'injustice demeurait en cette croyance infondée.
Mais elle avait besoin de se relaxer avant de s'engouffrer dans ce monologue. D'un coup de baguette, sa tasse se remplit, et elle la but avec lenteur, ce qui eut pour effet d'éveiller sur les lèvres d'Oliver un léger sourire. Ce geste mécanique lui rappelait Mrs Flint avec ces cigarettes.
"Quand j'ai vu Mr... Marcus ouvrir la porte de ce bureau, ma première réaction a été, je l'avoue, pleine d'appréhensions. Après tout, nous ne nous étions jamais entendus du temps ou j'étais professeur, et l'unique souvenir qu'il devait garder de moi demeurait dans les remontrances dont je l'assaillais suite aux problèmes de violence qu'il engendrait avec vous ou dans les couloirs, ou durant les matchs de Quidditch. Et s'il ne venait pas parler du bon temps ou demander un conseil, comme il est arrivé à certain anciens élèves de le faire, je ne m'expliquais pas sa présence.
"Puis il a commencé à parler... Vous le connaissiez, les longs discours l'ennuyaient plus qu'autre chose, aussi me dit-il d'entrée qu'il souhaitait vous offrir le plus exceptionnel cadeau d'anniversaire, à savoir un entrainement complet dans l'optique d'acquérir le statut d'Animagus. Et le tout, bien entendu, dans l'illégalité la plus complète.
"Inutile de vous dire que je fus pris d'une furieuse envie de rire, car, primo, l'illégalité et moi ne faisons pas bon ménage, et secundo, j'entrevoyais toujours vos rapport sous une forme conflictuelle, alimentée par une rivalité maladive. Que vous apparteniez à la même équipe était de plus, pour moi, la preuve par excellence que vous cherchiez encore un affrontement que, hypothétiquement, vous n'aviez pu achever au sein de cette école. Je lui répondis en conséquence que ce genre de blagues, quoiqu'amusantes, étaient trop superficielles pour s'intégrer à mon emploi du temps chargé.
"Suite à ma réponse, il poussa un de ces rires mesquins qui glacerait même le sang de vous-savez-qui. Il me confessa alors la véritable intensité de votre relation, dont il expliqua le secret complet par les raisons professionnelle qu'incluait vos positions au sein de Puddlemere, supposées me faire comprendre que la conversation ne traverserait jamais les murs du bureau, et que c'était l'explication quant à cette soudaine gentillesse qu'il vous accordait.
"Vous vous doutez que je ne l'eu absolument pas cru sur le moment, et que ma colère grimpa sous forme d'un avertissement l'invitant à un départ précipité. C'est là qu'il...
Elle flancha. La tasse fermement tenues entre ses mains se mit soudainement à trembler.
Non, elle ne pouvait décemment pas présenter ces réminiscences d'une manière aussi brutale, puisque, bien qu'étant d'une force étonnante malgré les tribulations qu'il subissait, le gardien avait peu de chance d'éviter des transports si douloureux qu'elle ne saurait par quel artifice contenir. Il lui fallait revenir au début de tout ceci...
"Vous vous souvenez probablement que, durant la guerre, Marcus avait eu comme le professeur Snape un rôle de mangemort infiltré?"
Oliver hocha la tête. Il ne se rappelait que trop bien de cette sombre époque, de leurs violentes disputes où Oliver avait vainement tenté de le dissuader d'une pareille idée. Il ressentait son cœur se déchirer chaque fois qu'il recevait un rapport concernant une attaque portée contre un groupe de mangemort, les mois passés sans aucune nouvelle...
"Il eut un jour", continua-t-elle, "ou Marcus reçut une mission de la plus haute importance de la part de Vous-savez-qui. Celle-ci consistait à escorter plusieurs nouveaux magiciens peu expérimentés à un point stratégique en vu d'une attaque portée contre un village moldu, chose dont, bien sûr, il nous informa. Le plan était simple: un groupe d'auror expérimenté demeurait embusqué dans au lieu précis ou Marcus devait mener le sien, afin qu'il soit neutralisé jusqu'à la fin des affrontements.
"Pourtant, alors que les aurors se mirent à engager le combat, un autre groupe de mangemort resté en couverture, et dont Marcus ignorait tout, surgit et commença à attaquer. Inutile de vous dire que, rapidement, les aurors se retrouvèrent débordés et qu'ils durent battre en retraite... Bellatrix Lestrange faisait parti du groupe embusqué.
"Vous n'êtes pas sans savoir que cette femme s'est fait une grande réputation d'inventrice en sort de magie noir... Tous les aurors avaient déguerpis à l'exception d'un seul, qui, blessé, repoussait les sorts ennemis avec courage. Mais Lestrange lui lança un expéliarmus, et il fut sans défense. Elle prononça ensuite une formule inconnue de tous, et un jet de lumière parti...
De nouveau, elle flancha. Ses mains tremblèrent avec plus de frénésie qu'auparavant, ce qui eut provoqua un étonnement chez le gardien. La personne qu'il avait en face de lui s'armait tant de sévérité qu'on en oubliait souvent, et lui le premier, à quel point il ne s'agissait que d'apparences, à quel point elle était humaine autrement que par les caractéristiques physiques propres à cette espèce.
"Mais Marcus, votre imbécile de compagnon s'interposa entre le jet et l'auror. Il encaissa le sort en pleine poitrine... Par chance, la surprise qui affligea les mangemorts permit à l'auror de saisir le bras de Marcus et de transplaner dans un lieu sûr.
Le cœur d'Oliver s'arrêta net de battre... Il commençait à comprendre...
"Ce sort avait pour effet de provoquer un dysfonctionnement important des poumons, qui, au bout de dix minutes, les rendaient inopérant. Un sort qui permettait de voir la mort arriver, de la sentir sans donner l'occasion de l'accepter. Un sort puissant de magie noire, à la hauteur de sa créatrice.
"Dès son arrivée au urgence de St mangouste, il fut pris en charge par les médicomages, qui réussirent à stopper la progression du sort de manière temporaire. Une étude fut ensuite lancée afin d'y trouver un remède pouvant faire cesser toute propagation des effets mais... mais... Elle n'aboutit à rien. Lestrange à ce don rageant d'exploiter son intelligence et de la mêler à sa folie pour donner lieu à des choses imprévisibles.
"Les médicomages mirent leur talent dans un ralentissement drastique..."
Tout s'éclairait dans la tête d'Oliver. Le pourquoi de cette mort, la manière dont elle était survenue... Son corps se paralysa, en même temps que son regard se perdit dans le néant, en même temps que son esprit subissait des attaques bien pires que celles vécues il y avait de cela un mois. Il comprenait tout, absolument tout.
"Je n'ai pas pu refuser... Je n'ai pas eu la force de lui imposer ça alors qu'il savait que c'était le dernier anniversaire qu'il passerait à vos côtés... Je n'ai pas trouvé le courage d'ignorer ces menaces et de vous informer de sa mort prochaine... Je suis tellement désolée, tellement..."
Le temps s'arrêta soudainement autour d'Oliver. Le bruit si stressant de l'horloge ne parvint plus à ses oreilles, comme celui des conversations tenues entre les différents portraits. Les engrenages, jusque là incompatibles, s'emboitaient parfaitement, à présent, donnant lieu à la mise en marche d'une machine plus communément connue sous le nom d'estomac.
Ainsi, avec brutalité, il bondit de sa chaise, se précipita vers la poubelle placée au pied du bureau et se pencha au dessus de cette dernière pour lâcher tout le dégout mêlé de tristesse morbide qu'il concevrait depuis cinq mois maintenant. Action qui eut pour effet d'alerter la directrice se trouvant de l'autre côté, et qui, à son tour, se précipita vers l'emplacement ou une odeur atroce se dégageait désormais.
Cependant, c'était peine perdue pour Minerva que de tenter d'aider quelqu'un qui n'espérait rien d'autre que mourir. Ce fut pourquoi, alors qu'elle plaçait ses mains autour des épaules du gardien, elle se fit sèchement rejeter. Elle ne vit ensuite qu'une ombre s'enfuir à toute jambe par la grande porte, manquant presque de renverser la plupart des objets décoratifs situés dans ses environs.
Commença une course que nul être en ce monde ne pouvait arrêter. Oliver déchainait ses forces à courir sans freiner son allure. Qu'importait les élèves qu'il renversait au passage et leurs protestations, qu'importait son cœur qui le pliait de douleur, qu'importait ses jambes qui peinaient à suivre sa volonté, ou encore sa vision qui se troublait par les larmes qui y apparaissaient, il lui fallait fuir, trouver un refuge.
Un lieu s'indiquait donc pour en faire office, et rien n'était mieux établi que le terrain de Quidditch, vers lequel ses foulés le menèrent. Là-bas, peut-être trouverait-il les réponses aux nouvelles interrogations qui étaient apparues suite aux aveux qu'il venait d'entendre. Là ou tout avait commencé, peut-être que les choses pouvaient adopter un similaire mouvement.
Mais cela ne se produisit pas. Non, la seule chose qu'Oliver put accomplir dès lors qu'il arriva au centre du terrain, ou, heureusement, nul entrainement ne se déroulait, fut de hurler aussi fort qu'il que ses cordes vocales lui permettaient. Hurler de manière ininterrompue, jusqu'à ce qu'il n'ait plus de souffle, jusqu'à ce qu'il tombe par un vertige puissant.
Et là, allongé sur l'herbe fraiche, des larmes naquirent. Beaucoup de larmes, qui coulèrent lentement le long de ses joues, dans un torrent dévastateur. Le corps tremblant, le souffle saccadé, l'esprit agité et les mains sur le visage, il hurla de nouveau envers sa stupidité, qui l'avait autrefois conduit à occulter ce qu'il n'aurait finalement jamais dû laisser sur le rivage de l'incertitude, et donc de l'ignorance.
O(+MFOW+)O
Encore une course effrénée s'opérait pour le gardien de Puddlemere, à la différence qu'elle s'effectuait dans les couloirs de St Mangouste, sous les lumières trop aveuglantes éclairant les chemins interminables des salles de l'hôpital. Ce lieu ou, d'ordinaire, régnait un silence profond et nécessaire accueillait à présent le rythme cadencé de pas précipité qui supposaient un sentiment terrible : la panique.
Oui, seule une personne guidait par la panique ou de négatives appréhensions pouvaient décemment se permettre de briser le calme ambiant de ces lieux. Seul quelqu'un qui, après avoir reçu une information concernant une connaissance récemment admise ici pouvait se permettre d'y débouler sans que rien ne l'arrête, car son action était justifiée par la panique découlant de l'inquiétude.
Oliver avait reçu ce hibou de Minerva l'informant que Marcus avait été admis au service d'urgence et qu'il avait demandé à le voir, lui, et personne d'autre. Cette demande dénotée d'une certaine gravité puisque le secret de leur liaison n'avait été révélé à personne, et qu'en conséquence Marcus ne se risquait pas à le voir rompu pour un événement superficiel.
Son cœur battait à une allure frénétique plus en raison de sa peur que de sa course infinie. Trop d'images lui était parvenu à l'esprit, entre le temps ou il était arrivé dans le hall d'entrée et celui ou il s'était mis à courir, d'autant que la position d'espion occupée par Marcus ne lui assurait pas de s'en sortir sans dommage qui ne fussent facilement soignés. Il imaginait le pire.
Enfin, après dix minutes de courses, il vit au bout d'un énième couloir le chapeau pointu reconnaissable entre mille de son ancien professeur de métamorphose. Néanmoins, il dut réduire son ardeur, premièrement parce que son professeur allait probablement l'enguirlander, et que, deuxièmement, sa précipitation laissait place à trop de suppositions pour quiconque la remarquait, chose que Marcus ne lui pardonnerait pas si celles-ci parvenait à l'exacte vérité.
Gardant une allure tout de même rapide, il s'approcha de Minerva, qui, en le voyant, fut soulagé, comme si elle s'attendait à ne pas le voir venir.
"Merlin, enfin! Il n'a fait que hurler et demander à ce que vous veniez"
Il ne lui en fallut pas plus pour rentrer dans la chambre et y verrouiller la porte de l'intérieur.
Devant, assis en tailleur sur le lit, lui tournant le dos, un Marcus dont les yeux fixaient le plafond avec une étrange fascination. Fascination si profonde d'ailleurs que le bruit de la porte, pourtant dérangeant par les grincements des huis, ne l'en arracha pas, et sembla même l'y plonger plus encore.
Quoiqu'il ne l'avait pas directement dans son champ de vision, il devinait une certaine forme de calme sur le visage de son compagnon, car il ne laissait jamais ses pensées vagabonder ainsi sans qu'un univers paisible l'entoure et le cajole. Mais, bien que cela le peinait, il se devait d'interrompre cette quête de la quiétude avant que celle de son cœur ne s'en échappe inexorablement et ne s'aventure davantage vers les chemins sombres de la peur.
"Marcus?"
Le concerné se retourna avec une mortelle lenteur, permettant à celui qui réclamait son attention de découvrir ce sur quoi il avait émis quelques hypothèses. Ses traits adoptaient en effet une forme sereine qui rassura le gardien, surpris principalement de découvrir, après un échange qui dura le temps d'un soupir, un sourire naître au coin de ces lèvres qu'il avait tant de fois taquiné des siennes.
Mais ces aveux d'amours à demi-masqués ne durèrent que trop peu. S'en suivit hélas l'exaspérant stéréotype qui hante un nombre conséquent de salles d'hôpital, celui de la terreur et de la misère. Car ce fut ce qui frappa Marcus, et qui ne put guère échapper aux yeux de faucon d'un gardien aussi expérimenté qu'Oliver.
Cette aptitude, si utile sur un terrain, l'était d'autant plus dans son quotidien, à la différence qu'elle n'apportait que de bons éléments pour le Quidditch, tandis qu'elle lui permettait maintenant d'entrevoir la décomposition lente et douloureuse du visage de son amant. Il ne manqua pas un détail d'une déchéance qui lui souleva l'estomac, et pas uniquement le siens.
La bassine fut apportée, remplie au travers d'un bruit et d'une odeur atroce, et nettoyée à l'aide d'un sort. Réaction plus ou moins normal, présumait Oliver, après une blessure expliquant son détour par cette chambre. Ne connaissant pas, de plus, les gravités de ladite blessure, il la pensait guérissable au prix d'un long repos que Marcus n'avait probablement pas respecté.
Cependant, c'était encore s'avançait trop rapidement, puisque ce qui suivit ce vomissement ne fut pas une injure contre lui-même, mais les pleurs d'un Serpentard. Des pleurs qui survirent à une vitesse telle qu'on n'aurait pu les préméditer et tenter d'en contenir l'apparition. Des pleurs qui plongèrent Oliver dans un doute mortifiant. Des pleurs qui se marquaient par leur intensité et qui se distinguaient par la manière dont ils coupaient le souffle de celui qui les subissait.
Son amour lui imposait d'accomplir n'importe quoi qui puisse anéantir la puissance de ces torrents, mais de quelle manière agir si l'expérience nécessaire à la réussite d'une action est inexistante? Comment réussir à consoler Marcus alors que celui-ci n'avait jusqu'ici jamais montré un tel signe extérieure de tristesse? Comment trouver la méthode d'aide adéquate pour soutenir une personne qui s'attarde systématiquement à ne pas tomber dans des situations qui le permette?
Alors, machinalement, il exerça un geste que la norme lui avait enseigné, à savoir le simple enlacement. Les mots ne servent à rien et ne possèdent une signification importante qu'à partir du moment où on les entoure avec les gestes qui les transmettent pareillement. Il répéta en conséquence une bonne dizaine de fois qu'il était là et qu'il le resterait aussi longtemps, accompagnant sa phrase d'une caresse affectueuse sur le bas du dos et sur l'arrière du crane.
"Je suis désolé", fut l'unique réponse qu'il reçut.
Aucune question ne se posa et aucun aveu n'en sortit. Jamais.
O(+MFOW+)O
La détresse à ceci d'avantageux, par moment, qu'elle peut être si douloureuse qu'elle ne provoque rien d'autre qu'un désir surpuissant de l'éradiquer au plus vite. Et, comme le corps a généralement tendance à suivre l'esprit, il devient subitement capable d'offrir les forces nécessaires, qui avaient autrefois disparus depuis trop longtemps.
Conscient de ceci, et alors qu'il ne parvenait plus à transplaner depuis la mort de Marcus, Oliver prit le risque - après tout il n'avait plus grand chose à perdre - et atterrit en entier sur le palier d'un appartement situé au dernier étage, tout en occupant la totalité de ce dernier, de l'immeuble qui l'accueillait. Il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour tambouriner de toutes ses forces sur l'immense porte qui lui faisait face.
On put forcement entendre, suite à cette action, les protestations du propriétaire au travers du bois, qui consistaient en une plainte contre le fait de ne pas user de la sonnette. Et ceci donna forcément lieu à l'ouverture brutale laissant apparaître un gigantesque blond aux yeux bleus qui hurla littéralement dans le but de faire cesser ce brouhaha infernal.
Mais tout s'arrêta quand Zacharias s'aperçut que le fou n'était personne d'autre que son gardien, dont il remarqua les yeux rougis, et qu'il laissa renter, fermant la porte derrière lui. Ce qui poussait Oliver à venir ici, il ne le savait que trop bien. Pour combien de temps il allait rester, il s'en moquait éperdument. Son appartement était bien assez grand, et il était dans son devoir de le faire partager avec un ami, car, finalement, l'amitié, tout comme l'amour, ne se démontre pas dans le fait d'assurer l'autre de sa présence et de son soutient, mais dans le fait d'obéir à ce serment.
TBC |