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au 31 Mai 21 :
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Ligne De Mire
Par JoRdY
Harry Potter  -  Romance/Drame  -  fr
10 chapitres - Complète - Rating : K+ (10ans et plus) Télécharger en PDF Exporter la fiction
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Chapitre 1 : Quand plus rien n'est envisageable

Disclaimer : L'univers ainsi que les personnages utilisés pour la présente fic ne m'appartiennent pas.

 

O(+Ligne De Mire+)O

Chapitre 1 : Quand plus rien n'est envisageable.

Continuer de vivre... Oliver découvrait à quel point cela devenait de plus en plus inaccessible. Il comprenait maintenant ce qu'était une nuit blanche involontaire, il comprenait ce que c'était que de regarder les minutes défiler sans en ressentir les effets soporifiques. Il vivait les conséquences d'une mort désastreuse, d'une mort tellement imprévisible.

Les choses étaient arrivées si vite, si subitement ... Si au moins, ce décès avait été prévu, si au moins il l'avait su plus tôt, il aurait peut-être pu appréhender. La souffrance n'en aurait pas moins été forte, mais il aurait pu s'y préparer, établir un plan de rétablissement physique et moral, quelque chose pour ne pas être le déchet qu'il était maintenant.

Si seulement...

O(+MFOW+)O

Minuit venait de sonner à travers tout Londres. L'ossature parfaite des cloches habitant le toit de Big Ben ayant été façonnée par des architectes d'un talent si incroyable, que le son qu'elles dégageaient traversait même l'épaisse barrière magique entourant le côté moldu de la ville. Ni trop fort, ni trop bas.

Juste deux personnes ne purent entendre le premier gong retentir, la porte de leur appartement claquant juste à ce moment. La force utilisée pour l'ouvrir en trombe fut si forte, que la poignée s'enfonça d'un millimètre ou deux dans le mur, et inévitablement, cela produisit un boucan qui réussit à masquer celui des cloches.

Marcus était littéralement en train de dévorer le visage d'Oliver, ne lui laissant pas piper mot. Le tenant par le col, il l'avait de force poussé à entrer dans l'immeuble, puis dans leur salon, l'excitation atteignant son paroxysme. Visiblement, le poursuiveur ne possédait la patience nécessaire à l'atteinte de la chambre et du lit conjugale qu'elle incluait.

Les diverses objets décoratifs trônant sur les meubles situés sur leur chemin se renversèrent, dégagés par le postérieur de Oliver, tenu par Marcus qui tentait de le poser sur un endroit suffisamment solide pour accueillir le poids de leurs ébats mouvementés. Le bruit des cloches se fit détrôner par celui de la vaisselle ou autre qui se brise.

"Tu...hum... Tu comprends ce que je veux te dire, Marcus?... Zacharias n'avait pas à me dire ça, il... hum... Il a fait une erreur, il n'a qu'à l'assumer... tu es d'accord?" demanda le gardien.

"Mais oui, mais oui", répondit le poursuiveur avant de l'embrasser de nouveau.

Inimaginable... L'orgueil n'était sans doute pas le pêché préféré de Marcus - au contraire de la luxure -, mais il savait toutefois qu'il était un bon amant. D'autant qu'il connaissait toutes les tactiques d'approches pour faire céder Oliver à ses plus perverses idées. Ce dernier ne s'en était d'ailleurs jamais plaint.

Malgré son talent certain pour les pratiques physiques de couple, malheureusement, Oliver possédait un talent certain pour la connaissance et la critique concernant le Quidditch. Alors forcement, lorsque Zacharias Smith, capitaine de leur équipe et poursuiveur, avait osé faire une réflexion sur le fait qu'Oliver se prenait toujours pour lui, il avait explosé.

Marcus s'était donc coltiné toutes les plaintes de son amant durant tout le trajet de retour - les entrainements de nuit étaient les plus longs et les plus rudes, ne leur laissant pas les forces de transplaner -, par le magicobus. Voilà pourquoi dès qu'ils eurent franchi la porte de leur hall d'immeuble, Marcus avait décidé de le faire taire de la meilleure méthode possible - méthode qui incluait en plus son propre plaisir.

Si la voix de Oliver ne possédait une musicalité parfaite, ni trop grave, ni trop aigue, ferait longtemps qu'une pierre tombale à l'effigie d'un membre de la famille Wood aurait été construite. Il ne comptait plus le nombre de fois où il s'était philosophiquement demandé comment diable avait-il pu s'éprendre d'un tel phénomène.

Il eut une réponse lorsqu'il réussit à enlever l'épais pull de laine du gardien, découvrant un corps musclé assez pâle. Il entreprit d'y déposer quelques baisers sur toute la longueur de ce torse, ayant atteint le lit sur lequel il avait jeté son compagnon tel un chiffon, les ressorts du lit grinçant sous le poids musculaire développé.

"Non mais vraiment... hum... Osez dire que je me prends pour le capitaine, alors que... aah... je lui ai juste fait remarquer qu'il serait mieux, pour le prochain match, d'établir une tactique d'attaque plus élaborée."

Faisant la sourde oreille, principalement car il pensait que Zacharias avait eu raison, Marcus ne baissa pas les bras, encore attaché à l'espoir qu'Oliver se taise et se laisse faire. Vu l'énervement qui l'habitait, le Serpentard n'espérait pas qu'il s'implique totalement dans l'acte et qu'il exerce, pareillement à lui, de ses nombreuses tactiques d'atteinte de l'extase à deux.

"D'accord... Je... Je veux bien admettre que, n'étant pas poursuiveur, je ne sais pas précisément de quelle façon fonctionnent les... hum... différentes manœuvres d'attaque... mais celle qu'il a mise en place ne marche pas puisque nous avons perdu le match précédent... hum... Et puis..."

Oliver s'arrêta, Marcus s'étant levé, puis dirigé vers salon en après avoir claqué la porte de la chambre. Ne comprenant pas ce geste - faut vraiment être débile -, le Gryffondor se leva et alla rejoindre son amant. Il le trouva allongé sur le sofa, regardant, les yeux fermés en direction du plafond, et il se mit à genoux en face de lui.

"Qu'est-ce qui ne va pas?"

Les yeux de Marcus s'ouvrirent lentement, très lentement, et lorsque ses paupières ne gênèrent plus l'arrivée de la lumière dans son système rétinien, qu'il constata qu'Oliver lui posait cette question presqu'avec le sourire aux lèvres, démontrant qu'il ne se rendait vraiment pas compte de son erreur, le poursuiveur se plongea dans une colère noire.

"Ce qui ne vas pas?" hurla-t-il quasiment. "Oliver, est-ce que tu te rends compte de l'incroyable stupidité de ta question? Ca fait maintenant deux heures que tu n'arrêtes pas de me parler de ce que Zacharias t'as dit! Tu n'as pas légèrement remarqué que tu ne faisais pratiquement pas attention à ce que je faisais?"

"Mais tu réalises ce qu'il..."

"Il t'a dit la vérité Oliver, et tu le sais parfaitement! Et il avait raison de le faire, tu veux savoir pourquoi? Parce que tu l'as humilié devant tout l'équipe! Bon sang Oliver, tu as été capitaine toi aussi, tu sais combien il est important d'avoir ce contrôle de la situation quand on occupe ce poste! Alors forcément quand un de nos joueurs nous fait remarquer qu'on a fait une terrible erreur, on s'emporte! Zacharias est un bon capitaine, il accepte la critique, et si tu en avais une, tu aurais dû la lui faire seul à seul, pas devant des gens qui n'attendent qu'une chose : prendre sa place! Tu sais combien c'est humiliant, tu sais parfaitement que..."

Il se stoppa, en voyant un Oliver baissant les yeux, reconnaissant son erreur. Il n'avait pas besoin de continuer à lui faire des reproches, à lui dire ce qu'il pensait, ce n'était plus nécesaire. Il fut particulièrement surpris, par ailleurs, que sa tirade n'ait pas entrainé une dispute qui aurait fini par la couche d'un des deux sur le canapé.

Hélas, il se rendit compte que ses mots avaient été un peu trop blessants. Il avait appris à ne jamais rien céder à Oliver à moins que celui-ci ne le mérite, mais là, le gardien entrait dans une phase de renfermement, et la prochaine étape était le silence religieux d'une semaine au moins. Devant un visage si triste, les remords furent trop insupportables.

"Ecoute... Je me suis emporté... Tu peux comprendre que c'est assez frustrant de voir que, alors que j'essaye de te faire comprendre que j'ai envie de toi, tu ne me réponds que par des critiques sur Zacharias..."

Oliver acquiesça. Prenant ce mouvement pour un signe de trêve, il se leva, et se plaça à genoux aux côtés de son compagnon, puis l'enlaça, posant sa tête contre l'épaule du gardien. Il poussa un soupir de soulagement lorsqu'il sentit Oliver sourire. Il ne le voyait pas. Il n'en n'avait pas besoin, il le savait, au plus profond de lui.

"N'empêche... Il n'avait pas à me dire ça."

Marcus leva les yeux aux ciel, prit discrètement un coussin à portée de bras et assigna un violent coup en pleine face du gardien. Celui-ci bascula et heurta le sol. Les reflexes acquis par la pratique du Quidditch lui permirent de se relever très vite, de prendre lui aussi un coussin, et de renvoyer le coup au poursuiveur.

"Tu vas voir espèce de troll insensible aux malheurs de ton amoureux!"

S'en suivit une longue bataille, durant laquelle Marcus eut le dessus la plupart du temps. Occupant le poste de poursuiveur, son énergie se concentrait plus sur sa capacité à utiliser une force de poussé - sur le souaffle -, alors qu'Oliver, occupant le poste de gardien, concentrait sa force dans la réception.

La bataille dura environ une quinzaine de minutes, durant laquelle retentirent les rires et les insultes en tout genre, incluant l'étrange faune du monde magique. Quelques plumes volaient et l'appartement se trouvait encore plus en bazar qu'à leur arrivée mouvementée; et au final, ils s'écroulèrent l'un à côté de l'autre, tournant pour se faire face.

"Tu es vraiment un gamin, Wood."

"Tu es vraiment un monstre, Flint."

Après un silence d'une minute, ou ils reprirent leur souffle en ne se lâchant pas du regard, Marcus rigola, et Oliver, pensant que le Serpentard se moquait encore de lui, balança un regard rempli de cognards - le Quidditch, normal. Enfin, Marcus se leva et alla rejoindre la chambre, en criant une fois installé dans cette dernière :

"Tu viens !"

Le Gryffondor se leva avec difficulté, ressentant les effets tardifs des coups rudes de son amant. Il pensait réellement que Marcus était un monstre, sadique, cinglé, tortionnaire, jamais satisfait, endurant pour le seul sport qu'était le sport de chambre, et encore bien d'autres défauts... Mais malgré ça, il l'aimait plus que tout au monde.

O(+MFOW+)O

Le lendemain matin appartenant au week-end, ils purent faire la grâce matinée, Oliver se servant du torse de Marcus comme oreiller. Pris d'une subite envie de vengeance concernant la veille, Oliver se saisit avec lenteur de son oreiller, et le balança sur le visage du poursuiveur, avant de courir d'un bond en dehors du lit et de la pièce.

Il attendit à l'entrée de la chambre, sur ses gardes, que Marcus déboule et ne se venge à son tour. Hélas, il dut se priver d'une autre bataille amusante, le Serpentard souhaitant profiter du confort du lit conjugal. Vaincu par tant de flemme, il s'installa sur la table haute de la cuisine, dévorant des toasts qu'il avait grillés par magie.

Le reste était assez habituel. Il avait rangé les couverts utilisés pour garnir ses toasts, avait pris un café en regardant Londres s'éveiller, était parti en direction de la salle de bains, avait contemplé son visage durant un quart d'heure, s'était douché en chantant un hymne de Quidditch au hasard, avait récupéré la gazette auprès de son hibou, et s'était affalé sur le sofa du salon.

Cependant, il remarqua une chose très inhabituelle. Où était Marcus? Il rigola en se souvenant que ce dernier légumait encore sur le lit, espérant sans doute qu'on lui ramène son petit déjeuner au lit, chose qu'il appréciait particulièrement puisqu'il suffisait au final de virer le plateau afin d'entamer une étape de remerciement particulière.

Une grande fainéantise, explicable un matin de week-end, dévorant Oliver, il n'eut aucune envie de préparer la moindre chose mangeable pour Marcus, surtout qu'il gardait encore en mémoire la dispute de la veille. Toutefois, conscient que Marcus détestait se lever trop tard, pensant gâcher une partie de sa journée ainsi, Oliver se dirigea vers la chambre pour le réveiller.

Il sourit de nouveau quand il vit Marcus allongé sur le lit, l'oreiller qu'il lui avait précédemment balancé encore sur le visage. Les draps à moitié retirés par son ancien bond précipité du lit laissaient visible le parfait corps du poursuiveur, merveilleusement dessiné par un dieu d'une bonté extrême.

"Marcus, il est plus de onze heures. Il faut que tu te lèves."

Il n'eut pour réponse qu'un silence. Il connaissait cette tactique de Marcus consistant à faire le mort pour qu'il abandonne et le laisse en paix. Malheureusement pour Marcus, Oliver était d'humeur à l'embêter jusqu'à sa capitulation complète. Voilà pourquoi il ne se gêna pas de le secouer tel un chiffon empli de poussière.

Et c'est là qu'il le vit, ce bras qui était posé jusqu'alors sur son torse, et qui tomba, comme inhabité. La suite fut plus un reflexe, et par ce fait, il n'eut pas tellement conscience de ses gestes. Mais cette vision, cette putain de vision du bras de son amant basculer vers le vide pareillement aux acteurs des séries et films tragiques.

Ses secousses avaient redoublé d'ardeur, et le silence avec lui. Il retira l'oreiller du visage de Marcus puis approcha sa tête du nez de ce dernier... Il ne respirait pas, il ne respirait plus. Par vérification, il plaça son majeur et son index sur l'emplacement de sa veine jugulaire... Pas une infime sensation de battement.

D'un coup, il fit voltiger les draps, se saisit avec peine du corps de son amant, copiant la posture d'un mari portant sa femme jusqu'à la voiture - il fut soulagé de voir que Marcus était au moins vêtu d'un boxer -, afin de transplaner en plein devant l'entrée des urgences de l'hôpital Sainte Mangouste.

Il dut batailler à l'aide de sa puissante voix pour qu'on s'écarte de son chemin, les urgences - similairement à toutes les autres - étant bondées de monde. Une multitude de personne lui hurlèrent de faire la queue, avant de le reconnaitre - en temps que joueur de Quidditch professionnel, peu de passionnés ignorait son visage.

"AIDEZ-MOI!" s'époumona-t-il en direction d'infirmières passant par là.

Les infirmières en question prévinrent un médicomage et amenèrent un brancard situé non loin. Oliver déposa le corps lourd de son amant sur le charriot et se fit sèchement écarter par les infirmières et le médicomage survenus de nulle part, lui assurant qu'ils connaissaient leur métier et qu'ils devaient avoir du calme pour l'exercer efficacement.

S'éloignant, il eut l'impression de voir sa vie, son énergie vitale s'éloigner aussi vite que Marcus, se dirigeant vers une aile interdite au public. Il stagnait face aux deux portes battantes, sa gorge nouée, sa gorge n'acceptant d'air autre que celui que Marcus respirait. Merde, merde, merde et remerde.

Et ce fut le coup de grace quand on lui demanda s'il était bien Oliver Wood, ce gardien aux phases d'arrêts inégalées. Ca n'avait rien de dérangeant, ni même de connotation ténébreuse augmentant son mal-être. Il ne savait pas pourquoi, cela lui provoquait une souffrance telle qu'il fondit en larme, à genoux sur le carrelage blanc.

Sa respiration prit un chemin de mort, se faisant difficile, incroyablement difficile. On l'aurait pu croire asthmatique ou atteint d'un cancer des poumons. De virulents spasmes l'agitaient et il ne tint guère sur ses jambes non plus, s'écroulant sur le sol, en forme fœtale. Sauf que sa mère, ou du moins la personne veillant le plus sur lui, était au bord de la mort.

O(+MFOW+)O

Tout le monde sait que l'organe visuel est d'une sensibilité extrême, qu'une exposition plus ou moins longue à un élément nocif peut provoquer une perte partielle, voire définitif dans le pire des cas. La lumière, par exemple, lorsqu'elle est trop intense, surcharge les cellules photo réceptrices de l'œil, qui ne savent plus où donner de la tête et ne deviennent plus aptes à recevoir des images correctes. (NDA : si j'ai bien suivi mes cours, ce qui revient à dire que c'est très certainement faux xD)

Ce fut ce qui arriva à Oliver, quand il ouvrit les yeux après un moment où le noir l'avait envahi brusquement. Une forte lumière l'agressa, et il dût placer sa main droite devant son visage pour avoir le temps de s'adapter. Un terrible mal de crâne l'assaillit d'un coup et il se massa la tempe pour atténuer la douleur.

Une fois sa vue de faucon retrouvée, il détailla le lieu qui l'entourait, n'ayant aucune idée ou hypothèse sur celui-ci. Il se trouvait dans un lit, les murs étaient blancs, les draps parfaitement lavés, une grande fenêtre donnant sur Londres et une porte ouverte d'où venait un bruit assourdissant. Il ne comprit que trop bien...

"Monsieur Wood? Vous sentez-vous mieux?"

Une femme. Une taille élevée. Des jambes fines et parfaitement épilées. De longs cheveux blonds. Des ongles courts. Des seins petits et ronds. Des chaussures blanches. Une tenue blanche s'arrêtant à hauteur de ses genoux. Des yeux verts émeraude. Une un petit chapeau sur lequel était dessiné une croix rouge.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé?"

"Vous avez été pris de violents spasmes et vous vous êtes évanoui dans le hall d'entrée des urgences. Pour plus de sécurité et afin de ne pas bloquer les voix de circulation de l'hôpital, nous vous avons transporté dans une chambre vide ou nous vous avons examiné. Je vous rassure, vous n'avez rien de grave."

Tout lui revint subitement en tête, et plus particulièrement la raison de son arrivée à cet hôpital. Des images arrivaient de toute part, si nombreuses qu'il ne les distinguait pas nettement. Juste une se distinguait de toute, celle d'un bras qui basculait du corps ou il était à la base posé.

"Marcus,"murmura-t-il. "Ou est Marcus?... Marcus Flint... Je... Je l'ai amené ici!"

Pour la trente sixième fois de la journée, une gigantesque panique l'envahit, car le visage de l'infirmière s'était crispé, s'était fendu dans une fresque grotesque de la femme épeurée. Son cœur se stoppa, ses yeux se figèrent, ses mains se serrent contre les draps, sa bouche s'entrouvrit de quelques millimètres.

"Un médicomage va venir."

Et elle partit, le laissant seul, seul avec ses doutes, ses inquiétudes et ses prévisions. Si Marcus était... Non, il se refusait à le croire. Marcus était fort, tonique. Même les plus virulentes maladies ne l'avaient jamais empêché de se rendre sur un terrain et de jouer, tout comme les plus puissants cognards ne l'avaient jamais abattu.

Pourtant, il eut faux sur toute la ligne, ce qu'il constata sur le visage du médicomage, pire que celui de l'infirmière. Il se trouvait devant lui et hochait la tête négativement, en présentant ses condoléances, en lui tendant une boite de mouchoirs tandis qu'il commençait à s'engouffrer dans d'horribles sanglots.

Devinant que l'état d'Oliver ne lui permettait plus de parler et de lui demander les raisons de la mort de son amant, le médicomage décida de l'en informer. Il attendit que défilent les minutes durant lesquelles les cris et les reniflements couvraient le son que sa voix produirait. Il attendit longtemps, très longtemps.

"Nous ne connaissons pour l'instant pas les causes ayant provoqué la mort de monsieur Flint. Sa santé était parfaite, il ne fumait pas vu l'état de ses poumons, ne buvait pas vu l'état de son foie, son cœur n'avait aucun problème de malformation... Il était en parfaite santé... C'est comme si... Pardonnez-moi de l'exprimer ainsi, il s'était éteint durant son sommeil, comme s'il s'était endormi pour toujours... L'autopsie nous fournira plus d'informations"

Le médicomage, suite à sa réplique, partit, sachant que sa présence ne lui permettrait en rien de se sentir mieux, ou craignant qu'Oliver souligne au marqueur rouge son incompétence à ne trouver pourquoi son compagnon lui avait été enlevé. Il eut tout juste le temps de lui demander s'il pouvait voir le corps. Il lui répondit qu'une infirmière viendrait.

Elle entra dans la chambre et présenta ses condoléances. Il la suivit au travers de cet immense hôpital, où les portes ouvertes lui donnaient accès à un monde dévasté, un monde ou la terreur et la proximité de la mort était constante. Comment supportait-on de travailler dans de telles conditions?

La morgue ne se trouvant non loin de sa chambre, ils ne mirent que peu de temps à l'atteindre. Il n'y avait aucune odeur spécifique, les cadavres étant soigneusement nettoyés, et pourtant, une espèce d'atmosphère pesante envahissait la salle. Une ambiance mortuaire et cadavérique intenable.

Marcus était là, sur la table en fer grise. Visiblement, on s'apprêtait à pratiquer une autopsie, mais on attendait l'accord d'un responsable légal. Bien qu'ils ne soient pas mariés - le mariage entre deux hommes n'étant pas autorisé -, ils s'étaient arrangés pour que les décisions se prennent entre eux en cas de problème. Avoir des connaissances au ministère apportait un avantage conséquent.

"Je ne veux pas d'autopsie", dit-il à l'infirmière.

"Sauf votre respect, monsieur Wood, une autopsie permet de..."

"Je connais parfaitement l'utilité d'une autopsie, merci. Je n'en veux pas."

L'infirmière lui assura qu'elle préviendrait le médicomage, et lui laissa quelques minutes de recueillement auprès du corps sans vie. Oliver put confirmer que Marcus n'était pas mort en souffrant, car son visage, certes livide et froid, ne lui avait jamais paru aussi serein, aussi joyeusement parfait. Il n'avait pu souffrir.

Ca ne le rassura pas, néanmoins. A quoi lui servirait de savoir pourquoi Marcus était mort? Cela lui permettrait-il de faire plus facilement son deuil? Non. Cela lui permettrait-il d'oublier facilement que cet homme avait partagé sa vie durant dix ans? Non. Cela lui permettrait-il de se sentir moins coupable? Non.

Car il se sentait coupable, il ne pouvait s'empêcher de se dire que c'était de son entière faute. Il était au courant que chaque personne perdant un proche ressentirait de tels remords, mais selon lui, il ne pouvait s'ancrer dans un schéma concernant l'homme en général. Il n'était pas n'importe qui, il était l'amant de Marcus.

Si seulement il s'en était aperçu, si seulement il s'était rendu compte plus tôt, alors peut-être que... Il s'en voulait de ne pas avoir vu que Marcus ne se levait pas, il s'en voulait de ne pas avoir trouvé suspect l'inaction du poursuiveur suite à la réception en pleine face d'un oreiller. Merlin qu'il s'en voulait et qu'il éprouvait d'insoutenables remords...

Si seulement...

O(+MFOW+)O

Depuis ce jour, il n'était sorti de l'appartement que deux fois, la première pour s'occuper de tâches administratives, et la seconde pour aller répandre les cendres. Depuis ce jour, il avait littéralement arrêté de vivre, passant le plus clair de son temps à rester allongé sur son sofa, une tonne de hiboux plantés devant sa fenêtre.

La plupart venait de ses parents, qui avaient appris le décès de leur beau-fils par les médias. Ils étaient d'ailleurs avec son équipe de Quidditch et son entraineur les seuls au courant, ce qui fut plus douloureux encore puisque, Marcus étant aimé de tout le monde pratiquement malgré son caractère bougon, ils se sentaient coupable de le leur avoir enlevé.

A dire vrai, il se sentait coupable envers toute l'Angleterre sorcière vu qu'un imbécile à l'hôpital avait informé les médias que Marcus avait été amené par lui. Il ne comptait plus le nombre de fois ou sa sonnette avait retenti, sollicité par des médias véreux en soif d'informations people.

Heureusement pour lui, son ami et capitaine, Zacharias Smith, s'inquiétant de voir l'état de son gardien se dégrader, s'était rendu chez lui chaque jour et avait renvoyé tous les journalistes en les menaçant à coup de stupéfix et de petrificus totalus. Ils n'étaient plus revenus grâce à cela.

Toutefois, Zacharias ne s'en était pas vu remercié, Oliver n'acceptant aucune autre présence que celle de Marcus. Une présence certes informelle, mais pourtant bien là, auprès de lui. Il avait peur qu'un homme ou une femme, en s'introduisant à l'intérieur de son appartement, ne provoque une réaction obligeant Marcus à partir.

C'était également la raison pour laquelle il n'osait pas sortir de chez lui, la raison pour laquelle plus rien ne lui paraissait envisageable. Les deux fois ou il était sorti, la peur que personne ne soit là à son retour l'avait quasi-étouffé, et il ne désirait rien tant que cette sensation ne revienne plus l'envahir.

Son sofa ne s'était  jamais avéré aussi confortable.

TBC

 
 
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