Dans un bateau, un chat s'ennuyait Depuis plusieurs semaines, plus un rat, plus une souris Dans les cales, depuis le départ, il avait fait le ménage Et il commençait à se dire que, la fin de ce voyage, il ne verrait jamais Car ayant été embarqué pour chasser les rongeurs, point il n'était nourri Et la faim se faisant ressentir, il tournait dans les entreponts, comme un lion en cage Quand un cri, sur le tillac, retentit, hurlant : "Terre ! Terre droit devant !" Alors, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, le félin se trouvait sur la proue, museau au vent Il reniflait l'odeur de ses futures proies, de ses futurs repas Et, lorsque la première embarcation était partie en éclaireuse, vers là-bas Il s'y était caché à bord, la faim étant plus forte à marteler son ventre que la peur à le nouer Et, pattes à peine posées sur le sol, il sentit des effluves qui lui mirent l'eau aux babines Mais, si ce qui sentait si bon, il voulait y goûter, il fallait, d'abord, le trouver Alors, chat se mit en marche et, en chasseur émérite qu'il était, il ne tarda pas à débusquer sa future victime Et, "C'est quoi cette bestiole ?", se demanda-t-il, n’apercevant son premier kangourou "Est-ce que c'est une grosse souris ?" Il ne put en douter Pour lui, cela fut évidant, ça ne pouvait être qu'une grosse souris rousse Une si grosse souris qu'il en aurait du petit-déjeuner jusqu'au souper Du moins, s'il arrivait à la choper, mais ça ce n'était pas gagné Car son casse-croûte, trop cher, il allait le payer Le chat, silencieusement, se faufilait dans les fourrés Le chat, adroitement, se rapprocha de sa proie Le kangourou, paisiblement, broutait de l'herbe et des baies Le kangourou, serein, n'aperçut pas fondre sur lui le froid Le félin, quand il sentit venu le bon moment, sur sa victime, sauta Le marsupial, lorsqu'il vit venir l'agresseur, plus haut encore, sauta Et le félin en resta quoi, il n'avait jamais vu animal faire tel bon Il ne savait plus trop quoi penser et en eut une réaction des plus cons Il se plaça dessous le bondissant, toutes griffes dehors Il pensant, bêtement, pouvoir l'attraper à l'atterrissage Mais sous le poids du marsupial, se brisèrent tous les os de son corps Et ce qui ne suivit, noircit un peu plus le carnage Car le kangourou, en brisant les os de son ennemis, ne savait pas ce qui l'attendait Non, il ne savait pas que sur ces derniers, il finirait embroché, empalé Ni que les explorateurs, en le trouvant ainsi Sentiraient à leur tour s'aiguiser leur appétit Et qu’enfin, ils finiraient par en faire un bon rôti Car oui, sur les os du chat, ils l'ont fait cuire
(14/01/05) |