Un chat marin au pelage bleu marine n'avait jamais quitté le port Pas qu'il avait le mal de mer mais c'était plutôt les poissons qui l'enquiquinaient Tout cela à cause d'un, qu'il avait voulu un jour pêcher, Juste pour se nourrir, même pas par péché. Un poisson de mer aux écailles venimeuses, n'avait jamais pris le large Pas qu'il avait peur des grands espaces, mais son problème c'était plutôt la nage Car depuis qu'il avait croisé ce chat, il ne pouvait plus compter sur ses nageoires, Ce dernier, lui ayant transformé de ses dents, en passoire. Le félin, ce matin là, la faim au ventre, n'avait pas eut de chance Car raffolant du poisson, d'habitude il se servait dans les filets, mais là les pêcheurs étaient en vacances Alors sur les pontons, pas de victimes à racoler, Dans les besaces pas de nourritures à voler Il fallait donc qu'il se jette à l'eau et sorte les griffes s'il voulait bouffer, Car il ne lui restait plus qu'à aller lui-même pêcher. Le peuchecaille, ce jour là sortait pour la première fois de sa tanière Il avait déjà la morphologie des adultes mais gardait encore des ados, leurs mauvaises manières Donc insouciant, ne connaissant pas les dangers, il admirait le paysage sans se méfier En plus il se crut invulnérable en remarquant que les autres habitants des océans, devant lui, étaient terrifiés Lorsque tout d'un coup dans son sillage se profila une ombre Dans les eaux du port, le temps et l'ambiance virèrent au sombre. C'était le cat qui de son regard perçant avait repéré sa proie Mais quand la patte armée déchira le liquide, le peuche l'esquiva d'un bon adroit Hélas le chasseur rusé avait un deux coups et le deuxième tire fit mouche Sous la douleur des hameçons le poisson sursauta, faisant prendre à ce premier, la douche Et c'est bien connu les chats n'aiment pas l'eau, alors d'horreurs il lâcha sa prise Puis se ravisa, il avait la rage, il tapa sa crise, il voulait lui faire payer, ses pensées se grisaient, Il était plus question de manger mais de se venger de l'affront fait par ce têtard Le faire bien souffrir et peut-être en faire festin, mais bien plus tard. Le félin repartit donc à la poursuite du poisson Sans se douter que sa carapace était parsemée de piques remplies de poisons. Le peuchecaille, déjà amoché, n'était pas du genre à se laisser faire Et faisant demi-tour, il fit face à son ennemi, prêt à la guerre Il frétilla de la queue, montra ses crocs aiguisés et se précipita, Chopant le cat a une patte arrière, point il ne lâcha. Le chat de ses membres supérieures commença alors à le marteler Et très vite ses coussinets furent emplis d'aiguillons mortels Il gueula, mais s'acharnait quand même, la folie contrôlant ses gestes Il crachait, grognait, ne se doutant pas que le poison était pire que la peste. Le poisson ne sentait plus sa mâchoire, ni ses nageoires et commençait à faiblir Il résista pourtant autant que sa jeunesse lui permit Et quand enfin il sentit que c'était la fin, le moment de fuir Il sentit aussi que son virus, sur son adversaire commençait à nuire. Le félin sentait la fièvre dans sa tête, l'ivresse dans ses veines Il combattit pourtant temps que sa résistance n'était pas encore en berne Et quand finalement il comprit que c'était le pointeau final, le moment de s'échapper, Il comprit aussi que sa victime était presque achevée Hélas il n'avait plus assai de force pour se battre et sentit le prendre l'évanouissement Il avait peur de se noyer, emporté par le courant. Le peuche, écaillé, ne se trouvait pas mieux et ne se voyait pas prêt à mourir Tout cela pour un sale cat empoisonné pouvoir nourrir. Alors les deux estropiés quittèrent le champ de bataille pour penser leurs plaies, Le chat boitant et le poisson sur le flanc, zigzaguaient Et à présent et pour toujours ils tituberaient, l'un sur terre, l'autre dans l'eau. Car si le poison, sur les autres animaux marins, était radical, sur le félin, il prenait son temps Et si le poisson lui n'avait pas était empoisonné, sur la patte du cat par contre il avait laissé ses dents Alors petit à petit il dépérissait, ne se nourrissant que de plantons gobés au gré des courants. Voilà pourquoi en attendant la mort, l'un et l'autre rongent leur peur, L'un étant devenu allergique aux peuches et l'autre rêvant du large cher à son cœur.
(04/12/01) |