Qu'est-il arrivé à la baguette de Draco Malfoy ?
Hypothèse IV
« Harry, je ne veux pas paraître… », prononça Hermione en parcourant la pièce désordonnée du regard, « maniaque… Mais tu pourrais ranger ta chambre de temps en temps. »
Elle essayait d'être polie et d'avoir l'air décontractée alors que c'était probablement la troisième fois ce mois-ci qu'elle constatait que son ami vivait dans un véritable capharnaüm de livres, de vêtements, de bibelots et autres joyeusetés. Elle ne comptait même plus le nombre de fois où elle avait dit "Range ta chambre, Harry". Elle n'était pas sa mère, si ?
« Mais je range, là ! » retentit alors une voix d'homme, plus ou moins calme. Hermione tourna la tête vers l'origine de la voix : une touffe de cheveux noir ébouriffés dépassait de derrière une montagne de fournitures scolaires qui dataient du temps de Poudlard. Hermione pensa un instant à le rejoindre, mais certaines piles d'objets avaient un équilibre trop précaire pour qu'elle puisse se frayer un chemin jusqu'à son ami sans rien faire tomber.
« Je cherche un truc » ajouta Harry Potter en se redressant, renversant une pile de livre sur le sol jonché de vêtements.
« Tu cherches quoi ? », demanda Hermione, curieuse.
Un tas de bric-à-brac se trouvait dans son passage et Harry le poussa du pied alors que Hermione jetait un regard suspicieux aux objets non-identifiés.
Soudain, une petite balle dorée surgit du tas de breloques et roula jusqu'aux pieds de Hermione. La jeune femme se pencha pour ramasser le petit objet reconnaissable. Elle lança à Harry un regard courroucé.
« C'est le vif d'or que Dumbledore t'a légué ?
- Quoi ? », Harry releva la tête vers son amie, les sourcils froncés alors qu'il essayait de garder son calme : ne voyait-elle pas qu'il était occupé ? « Oui » répondit-il un peu sèchement avant de reporter son attention sur le tiroir qu'il était en train de fouiller.
Hermione leva les sourcils sous la surprise.
« Et c'est tout ce que ça te fait ? Il est précieux ce vif d'or, non ? Au moins, il a une quelconque valeur sentimentale puisque tu l'as gardé…
- Bon, où veux-tu en venir à la fin ? », grogna Harry en ouvrant un autre tiroir.
« Mais enfin Harry, vu ce qu'il représente, tu pourrais… Je ne sais pas, en prendre un minimum soin et ne pas le laisser traîner dans un tas de cochonneries ! Qu'est-ce que c'est que ça, de la pâte-à-fixe ? »
Harry releva vers elle un regard noir alors que son amie se mettait à gratter la surface du vif d'or avec son ongle pour en retirer il ne savait quoi. Il leva les yeux au ciel et se détourna de la commode qu'il venait de fouiller pour aller vers son armoire où il avait entreposé plusieurs « boîtes à souvenirs ».
Hermione reposa finalement le vif d'or sur une étagère vide avant de se retourner vers son ami qui était à genoux près de son lit. Derrière lui, l'armoire était grande ouverte et Harry était occupé à examiner le contenu de boîtes à chaussures débordant de lettres, de photographies – moldues et sorcières – de cartes de Chocogrenouilles, d'une vieille cravate aux couleurs de Gryffondor et de bibelots en tout genre.
« Tu cherches quoi au juste ? Je peux peut-être t'aider. »
Harry se figea un instant, les yeux fixés devant lui, avant de prendre une grande inspiration et de calmement déclarer qu'il n'avait pas besoin d'aide. Hermione haussa les épaules, indifférente, mais ne quitta pas la chambre désordonnée pour autant.
« Tu es certain que c'est bien dans ta chambre ? Parce que, visiblement, tu as beau avoir vidé tes placards et tout éparpiller au sol, tu cherches toujours…
- Oui Hermione, je suis certain que c'est là » répondit Harry d'une voix placide en ouvrant une autre boîte à souvenirs.
A nouveau, la jeune femme garda le silence – ce que Harry apprécia tout particulièrement – avant de vivement reprendre la parole :
« Franchement, Harry, ça n'a pas l'air d'être là… Tu es vraiment sûr que…
- Raaaaah ! » Hermione sursauta, dévisageant son ami dont les oreilles avaient viré au rouge vermillon. « Ça ne peut pas être ailleurs que dans ma chambre, ok ? Je sais que c'est ici, quelque part dans ce bordel, peut-être même que je l'ai caché je ne sais plus où, mais c'est forcément dans ma chambre ! »
Hermione hocha distraitement la tête, perdue dans ses pensées. Pourquoi son ami était-il si mystérieux ? Cela faisait plus d'une heure qu'elle l'entendait retourner toute sa chambre et elle, curieuse et, surtout, s'ennuyant ferme – ce qui était rare, mais saisissant lorsque cela se produisait – avait voulu savoir ce qu'il fabriquait.
Hermione embrassa à nouveau la chambre du regard. On aurait dit que des Lutins de Cornouailles avaient été lâchés dans la pièce. Elle ne voyait pas comment son ami pouvait s'y retrouver.
« Harry, ça devient ridicule. Dis-moi ce que tu…
- La baguette de Draco Malfoy ! », explosa Harry.
Hermione, les lèvres pincées, parut surprise, puis son regard se durcit, ses sourcils se froncèrent et elle mit ses poings sur ses hanches. L'expression de son visage se fit menaçante. Harry courba le dos, regrettant – un peu – d'avoir haussé la voix.
« Tu te fiches de moi ? Harry James Potter, comment as-tu pu perdre une baguette ?
- Ce n'est pas une baguette… », râla Harry.
« Comment as-tu pu perdre la baguette de Draco Malfoy ?! Non mais tu te rends compte de ce que ça veut dire ? Non seulement tu n'es pas soigneux avec tes affaires, mais en plus… »
La voix de Hermione se fit de plus en plus lointaine alors que Harry poussait un soupir de lassitude. Le jeune homme se laissa tomber à la renverse, s'allongeant sur un tas de vêtements froissés, les yeux fermés alors qu'il attendait que son amie se lasse de le sermonner. Ce qui prendrait probablement une bonne dizaine de minutes.
Franchement, quelle idée d'avoir accepté d'emménager avec un couple ? Il était l'enfant du foyer et donc tenu pour responsable de toutes les bêtises faites dans la maison. Quelle poisse.
Il était Harry Potter, avait vingt-trois ans et se faisait « gronder » par sa meilleure amie parce qu'il ne rangeait pas sa chambre. Décidément, il n'avait jamais autant été considéré comme un enfant que maintenant alors qu'il n'avait plus l'âge de l'être.
Harry Potter l'a perdue comme on perd un bouchon de stylo : facilement et en s'en fichant complètement, jusqu'au jour où on se rend compte qu'on l'a perdu.
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Cette hypothèse est d'un registre différent, le ton diffère des précédentes - une touche de mélancolie. J'espère que ça vous plaît tout de même. A bientôt pour le 5ème hypothèse en tout cas ! Cinquième hypothèse qui est la suite de la deuxième...
Nda : Pour ceux qui se poserai la même question, voici la remarque d'une lectrice (que je remercie, d'ailleurs ^^) :
"Harry pourrait tout simplement utiliser Accio" Si vous avez pensé la même chose, voilà ce que je lui ai répondu : "Je justifierai le choix de Harry de mettre sa chambre sans dessus-dessous par le fait que la magie, ce n'est pas un réflexe pour lui - il n'a pas l'habitude d'y penser en premier lieu. Harry n'a jamais vraiment réfléchi avant de faire quelque chose, si ? ^^ Et Hermione le laisse se débrouiller par simple orgueil : Harry n'est pas très sympa avec elle dans ce chapitre-ci." - ceci est mon interprétation, je ne vous oblige pas à y adhérer ;) |