Il y avait deux jours qu'ils arpentaient la forêt en quête de trouver les Chasseresses et Artémis. Ils étaient le 1er juillet aujourd'hui. Lexy était tombée dans le gouffre deux jours avant et elle n'avait toujours pas donné signe de vie. Lou commençait sérieusement à se dire que Cecil avait peut-être raison... Peut-être Lexy était-elle morte... Seule. La jeune magicienne ravala un sanglot et releva la tête. Elle devait être forte. Pour Lexy et pour la quête. Et puis, il y avait Cecil. Le garçon ne laissait rien paraître, mais Lou savait qu'il était tout aussi triste qu'elle. La fille d'Hécate le soupçonnait d'avoir le béguin pour la fille d'Apollon, et sa perte devait être une terrible épreuve pour le fils d'Hermès. Lou s'arrêta, épuisée, et se débarrassa de son sac. Elle fouilla à l'intérieur et en sortit une bouteille d'eau fraîche. Grâce à ses pouvoirs, elle pouvait les rafraîchir à chaque contact.

- T'en veux ? proposa t-elle à Cecil.

- Non merci, Lou... Je n'ai pas soif ! refusa le garçon en s'asseyant aux côtés de son amie.

Il avait eu beau refuser la bouteille, il la fixait cependant avec envie. Seulement voilà : il s'agissait de leur dernière bouteille, et la magie de Lou ne lui permettait pas de faire apparaître quelque chose de pareil. Alors il tenait bon, laissant les dernières gouttes à la jeune fille. Celle-ci, voyant l'air envieux du garçon, cessa de boire.

- Cecil, boit ! Tu es complètement déshydraté ! Si tu continues ainsi, tu ne seras plus en état de bouger. 

Lou tendit la bouteille à Cecil, et celui-ci la refusa une fois de plus. Alors Lou se mit en colère et le garçon prit l'eau. Lorsqu'elle coula dans sa gorge, le fils d'Hermès poussa un soupir de bien-être. Cela faisait tellement longtemps qu'il avait envie de boire. Tellement longtemps que la chaleur sévissait sur lui, sans qu'il puisse y remédier. Il arrêta d'ingurgiter le liquide quand la bouteille fut à trois-quarts vides. Lou la remit ainsi dans son sac, mais ne bougea pas pour autant. Elle avait envie de se reposer un tout petit instant, car ils n'avaient pas cessé de marcher hormis lorsque le soleil se couchait et que la lune n'éclaircit plus suffisamment leur position pour qu'ils puissent avancer d'avantage. Tout deux restèrent alors là, sans bouger, sans parler, sans rien faire d'autre que de respirer l'air aromatisé à la senteur des bois. 

C'est alors que des bruissements de feuilles retentirent à leur gauche. Tous les deux tournèrent la tête dans cette direction, cherchant à apercevoir ne serait-ce que l'origine du bruit. Mais rien. Cecil se leva d'un bond et prévint Lou qu'il allait voir ce qu'il se tramait là où les feuilles avaient été remuées. À cet instant, une jeune fille apparu, ses courts cheveux noirs voletant dans la brise du soir. Ses yeux bleus étaient parfaitement mis en valeur par sa couleur de cheveux sombre.

- Thalia !!! Nous vous cherchions les Chasseresses et Artémis ! s'exclama Cecil, se détendant en voyant leur amie.

- Ah bon ? Nous nous sommes quittés il y a seulement cinq jours ! sourit l'archère. Dis-moi Lou, où est votre amie Lexy ? Elle se cache ?

- Elle est tombée au fin fond d'un gouffre qui se situe juste au-dessus du Tartare et en dessous des Enfers, l'informa Lou, complètement dépitée.

Thalia parut soudainement mal à l'aise. Elle perdit son sourire narquois et baissa son arc qu'elle tenait ultérieurement tendu. Ses yeux semblaient vouloir éviter ceux des deux autres. Elle leur fit signe de la suivre. La fille de Zeus les mena jusqu'au campement des Chasseresses et leur demanda de patienter une minute le temps qu'elle appelle Dame Artémis. Elle entra dans la tente qui lui faisait face. 

Lou et Cecil se tinrent debout, immobiles. Les Chasseresses lançaient des regards noirs au garçon lorsqu'elles passaient à côté de lui. La situation amusait Lou, et Cecil se demandait ce qu'il avait bien pu faire pour les mettre en colère, surtout qu'il ne se souvenait pas d'avoir eu pareil accueil lors de leur premier séjour. 

- Rien que le fait que tu sois un garçon te rend repoussant pour elles ! lui dit Lou en posant sa main sur son épaule. 

Cecil ne parut pas totalement convaincu. C'est vrai quoi ! Il y a cinq jours, il était déjà un garçon ! Quelques instants plus tard et cinq regards en coin après, Thalia passa sa tête hors de la tente, leur faisant signe de rentrer à leur tour. Les demi-dieux pénètrent donc à la suite de la lieutenante d'Artémis dans la tente de la déesse. Celle-ci, toujours sous l'apparence d'une petite fille de douze ans, était assise en tailleur au centre de la tente. Un message-Iris disparaissant peu à peu flottant à côté d'elle. La déesse les regarda entrer leur dit de s'asseoir sur les coussins qu'elle venait de faire apparaître.

- Je ne pensais pas vous revoir de sitôt, et encore moins avec de si mauvaises nouvelles ! Kinygós est une nouvelle fois mort ? demanda la déesse de la chasse en croisant les bras.

Les deux amis acquiescèrent, et Artémis hocha la tête, satisfaite. Lou et Cecil se regardèrent

-C'est lui qui a précipité Lexy dans le gouffre ? 

Une nouvelle fois les deux amis opinèrent du chef, puis Lou prit la parole, alors que la déesse baissait la tête.

- Dame Artémis, permettez-moi de vous dire une chose ! C'est vous qui nous avez envoyés à la Maison du Loup ! Cependant, il s'est avéré qu'en arrivant là-bas, nous sommes tombés dans un piège ! J'espère... J'ose espérer que vous n'avez pas tenté de nous tuer délibérément ? demanda-t-elle.

Artémis releva la tête d'un coup. Elle semblait avoir été mise en colère par la suggestion de la fille d'Hécate. Pourtant, pour la première fois de sa vie de déesse, elle ne pensa même pas à se venger ou à lui faire payer l'outrage. Artémis se radoucit et regarda la jeune fille.

- Sache, fille d'Hécate, que je ne voulais en rien vous envoyer dans un piège, je vous le jure. La Maison du Loup et l'endroit où le Gouffre des Monstres s'ouvre. Seules les divinités grecques le savent, pas même nos équivalents romains ne sont au courant. 

Elle marqua une pause, cherchant à décrypter les sentiments qui passaient par les visages des deux invités. La manière dont elle avait tourné sa phrase laissait en effet penser qu'elle les avaient délibérément envoyés dans un piège, mais pourtant, elle n'en avait aucunement l'intention.

- Cet endroit se situe juste au-dessus d'une maisonnette où un jeune homme est prisonnier. Et ce garçon y est enfermé par ma faute. Vous a-t-on déjà dit qu'il ne fallait pas tenter de détourner une prophétie ? J'ai tenté de vous cacher une partie de la prophétie concernant ma nièce. Et maintenant, la voilà là où elle aurait dû se trouver, sans savoir ce qu'il l'attend... Ma nièce est désormais prisonnière d'un garçon qui veut se venger de moi !