Hermione traversa la distance qui séparait la bibliothèque des cachots en courant. Essoufflée, elle prononça le mot de passe et entra.
Harry et Ron faisaient une partie d'échecs tandis que Neuville était plongé dans un bouquin de botanique. Ginny, quant à elle, bavardait avec une fille de sa classe.
Hermione les emmena tous les quatre à la bibliothèque, refusant catégoriquement de leur dire quoi que ce soit avant d'être arrivé.
Une fois sur les lieux, elle constata, à son grand soulagement, que Malefoy n'était plus là. Elle craignait une nouvelle altercation entre lui et ses amis, ce qu'elle voulait éviter à tout prix.
Ils s'installèrent à une table à l'écart des quelques élèves qui étaient arrivés après le départ d'Hermione et cette dernière leur raconta ce qu'elle venait d'apprendre. Elle omit, bien entendu, de mentionner le nom de Malefoy.

- D'accord, dit Ron l'air perplexe. Si j'ai bien compris, "quelqu'un" t'a dit que les Serpentards essayaient de nous empoisonner, c'est ça ?

- C'est bien ça, Ron.

- D'accord, reprit-il. Mais ce "quelqu'un", on peut savoir qui c'est ?

- Non.

- Pourquoi ? demanda alors Harry.

- Et bien… Hermione hésita un instant. Parce que j'ai promis de ne rien dire.

Personne ne répondit. Ils étaient quelque peu étonnés qu'Hermione leur fasse des cachoteries alors que d'habitude elle leur disait tout.
Ils avaient passé quelques minutes à réfléchir sans s'adresser la parole lorsque Neuville brisa le silence.

- En tout cas, maintenant on sait pourquoi certains d'entre nous ont un comportement bizarre.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? questionna Harry.

- Et bien, répondit Ginny, toi et Ron qui délaissés Hermione, par exemple.

- Ah oui, répliqua Ron, et toi qui rigole des âneries débitées par Malefoy.

- Oh, s'il-vous-plait! les interrompit Hermione. Aucun d'entre vous n'est dans son état normal! C'est pour cette raison que devez arrêter de boire tout ce que les Serpentards vous proposeront.

- Hermione a raison, opina Harry.

- Merci Harry. Ce n'est pas tout, il faut également passer le mot à tous les autres Gryffondors.

- Ouais, c'est bien beau tout ça, râla le rouquin, mais ils vont quand même finir par trouver autre chose.

- C'est même certain! dit enfin Neuville qui jusque là n'avait pas dit grand chose. Mais on aura qu'à aviser jusqu'à ce que notre tour soit réparée. Je crois que c'est la meilleure chose à faire.

Tous hochèrent la tête à l'unisson.

- Et bien, repris Hermione, puisque nous sommes tous d'accord, il ne nous reste plus qu'à prévenir les autres. Ron, Harry et Neuville s'occuperont des garçons. Ginny et moi, nous nous chargerons des filles.

Sur ce ils quittèrent la bibliothèque et retournèrent dans leur salle commune afin de mettre leur projet à exécution.
Le problème se régla très rapidement, malgré la réticence de quelques Gryffondors. Et la soirée se déroula sans encombre, hormis la mauvaise humeur apparente des Serpentards

***

Cette nuit-là, Hermione ne parvenait pas à dormir. Elle se tournait et se retournait dans son lit à la recherche d'un sommeil qui ne venait pas. Elle finit par se lever, exaspérée, attrapa le premier bouquin qu'elle trouva et se rendit dans la salle commune.
Une douce lumière éclairait déjà la pièce. Visiblement, elle n'était pas la seule à ne pas dormir.
Elle s'approcha du canapé et découvrit, confortablement installé, le responsable de son insomnie en personne.

- Tu ne dors pas ? lui lança-t-elle.

- Toi non plus.

- Non, je n'arrête pas de penser à tout un tas de choses. Et toi, c'est quoi ton excuse ?

- Je n'arrête pas de penser à toi.

- Oh! Je… A vrai dire, je pensais à toi, moi aussi. Et à Harry et Ron.

- Ben voyons! Mais dis-moi, tu as peur de moi pour t'installer aussi loin ?

Effectivement, elle avait pris place, sans vraiment sans rendre compte, dans le fauteuil le plus éloigné de son interlocuteur.

- Je ne vois pas pourquoi j'aurais peur de toi, Drago.

Elle déposa son livre, se leva et s'installa à côté de lui, un peu mal à l'aise. Ils ne s'étaient plus adressé la parole depuis leur rencontre à la bibliothèque hormis pour s'échanger quelques insultes devant leur amis respectifs.

- Qu'est-ce que tu as raconté à tes "amis" exactement ?

- Je ne leur ai pas parlé de toi, si c'est ce qui t'inquiète.

- Tu as l'intention de leur dire ce qui se passe entre nous ?

- Et toi, Drago, tu irais raconter aux Serpentards que tu sors avec une Gryffondor ?

- Et puis quoi encore !

- Tu as la réponse à ta question. De toute façon, ils ne comprendraient pas.

- Dis plutôt qu'ils ne voudront pas comprendre à cause de la haine qu'ils me vouent.

- Oui, mais tu le leur rends bien, répliqua-t-elle en souriant.

Pour toute réponse, il approcha lentement son visage de celui d'Hermione et déposa un doux baiser sur ses lèvres, puis un second.

- Drago, on ne devrait pas faire ça ici.

- On peut aller ailleurs, si tu veux.

- Non !

Sans se démonter pour la cause, Drago la fixa d'un air interrogateur. Il n'était pas contre un peu de résistance, mais là, elle commençait vraiment à exagérer.

- Essaye de comprendre, répondit-elle enfin. Non seulement tu es un Serpentard, mais en prime tu es le pire ennemi de mes meilleurs amis. Ce n'est pas évident à gérer.

- Au moins, je ne suis plus ton pire ennemi. C'est déjà ça.

Elle sourit et l'embrassa tendrement avant de se lever.

- On n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie. Mais si tu sais te montrer patient, tu ne seras pas perdant.

Sur ce, elle déposa un baiser sur le front du jeune homme qui la gratifia d'un sourire discret.

- Bonne nuit Drago.

- Bonne nuit Hermione.

Elle prit la direction du dortoir des filles sans même remarquer l'ombre tapie dans l'obscurité qui l'observait rageusement.