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Petite soeur
Par Padidu
Originales  -  Romance/Général  -  fr
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    Chapitre 11     Les chapitres     29 Reviews    
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Vendredi 21 Décembre

Coucou ici ! Voici un nouveau chapitre sur Many, pas si inédit que ça mais bon !

Bonne lecture ! 

 

Vendredi 21 Décembre

 

12h17

            Quelle générosité de la part de mon père, il a décidé  que pour le dernier jour avant les vacances de Noel, il fallait nous laisser l’après-midi libre ! Cette année, je dois dire que le directeur de l’école a fait les choses en grand : un énorme sapin trône au milieu de la cour et ce matin, il y a eu un concours de déguisement de père noël. D’ailleurs, alors que je viens de quitter Rose, un grand barbu vient m’aborder.

- Sandrine, Marie-Line aimerait que l’on s’organise une sortie à la patinoire prochainement…

Vraiment, Julien ferait un très beau Père Noel Junior : un t-shirt rouge moulant très près du corps, un pantalon et une cape assortis compensent largement la fausse barbe de son menton et sa perruque blanche.

- Je sais, elle m’a appelé hier, je lui réponds en tirant sur son postiche qu’il doit enlever de peur qu’il ne lui revienne dans la figure à cause de l’élastique. Je pensais t’en parler justement, ça ne te gène pas que je vienne aussi ?

- On pensait faire une sortie à plusieurs… nous sommes allé au cinéma tous les deux la dernière fois, et ça s’est bien passé. Elle est plus à l’aise avec moi… et puis rien ne nous empêche d’aller faire autre chose après la patinoire. Je pensais inviter Benjamin, tu pourrais voir avec Rose…

Sous entendu «  Mon copain aime bien ta copine, j’arrange le coup pour lui ». De toute façon, je comptais présenter Rose à Joshua et Sandrine, alors autant saisir l’occasion. Connaissant mon amie, elle sera assez grande pour repousser l’exubérant Benjamin si besoin. Une question me brûle les lèvres, tout simplement parce que je n’arriverais sans doute pas à me passer de lui pendant une journée :

- Et pour Joshua ?

- Il faudra bien nous revoir un jour non ? Et puis qui sait peut-être que nous voir ensemble t’ouvrira les yeux sur le fait que je suis cent fois plus agréable que lui !

Choquée, je le regarde stupéfaite et il explose de rire.

- Tu sais, j’ai décidé d’essayer… Marie-Line me plait, elle est mignonne, sympathique. Alors peut-être que ça fonctionnera.

- J’espère aussi.

 

15h13

            Comme je traine à la maison en attendant d’aller chercher Joshua, je porte un vieux pull gris qu’il a oublié dans ma chambre hier soir. Il commence à faire froid pour se balader torse nu dans l’appartement, alors il s’habille pour venir jusque dans ma chambre. Trop endormi, il a du oublier de reprendre son sweat en repartant. Je crois que les entrainements de tennis le fatiguent, en même temps, Joshua se lève tous les matins à la même heure que moi pour aller au club. Main dans la main, nous allons jusqu’à la gare et j’ai le droit à un baiser avant de prendre mon train, puis de loin, je le vois courir pour arriver à l’heure. Sans doute pour contenter l’entraîneur qui d’après ce que j’ai compris est très pointilleux. Est-ce que sa fille vient aussi ? L’idée de la jolie Eva près de Joshua m’énerve, alors j’enfoui mon visage dans le tissu qui porte son odeur, celle avec laquelle je m’endors souvent la nuit, qui m’entoure d’une façon si rassurante quand je suis entre ses bras…

            A la télévision, rien de bien palpitant, je vais donc jusque dans ma chambre et m’allonge sur le lit, un livre prêté par Joshua entre les mains. C’est un roman pour enfant dont le film d’animation m’a beaucoup plu. L’adaptation n’est pas fidèle à l’œuvre littéraire, et j’en apprends beaucoup sur le personnage de Sophie, du sorcier et de son apprenti. Alors que j’entame un nouveau chapitre, mon téléphone portable sonne dans mon sac. Avec un peu de précipitation et beaucoup de maladresse, j’attrape l’appareil et décroche :

- Allo ?

Aucune réponse, puis la tonalité. Ce n’est pas la première fois, et j’avale compulsivement la salive. Une sourde angoisse se niche dans mon estomac : instinctivement je sais que c’est la mère de Joshua, mais je n’en ai aucune preuve. Et puis de toute façon, je ne veux pas l’inquiéter avec ça. Pas maintenant alors que tout semble aller bien : les vacances arrivent et à part le nouvel an que je devrais passer chez mon père, nous allons profiter des deux semaines ensemble ! Enfin, si elle ne se manifeste pas. L’angoisse est rejointe par un ami qui sans doute ne voudra plus la quitter : le mauvais pressentiment.

 

16h32

            Les gens qui me croisent dans la rue doivent me prendre pour une folle. En même temps, peu d’entre eux doivent savoir ce que c’est de marcher avec un rongeur surexcité dans la poche ventrale d’un sweat gris trop large. Je n’arrête pas de lui murmurer de se calmer, qu’il va bientôt voir Joshua mais Lex n’est sans doute pas encore assez habitué à mon odeur pour se laisser transporter sans rien dire. Enfin je vois le lycée de mon petit ami, j’ai quelques minutes d’avance avant la fin de ses cours alors je prends la peine de m’asseoir sur un banc. D’autres adolescents sont là, et beaucoup me jettent un regard en biais quand je sors le rongeur de la poche. A la lumière du jour, il se met à couiner, j’espère ne pas l’avoir rendu malade avec mon idée de le sortir de sa cage. En même temps, il avait l’air si malheureux, tout seul, poussant des petits cris… et j’étais prête à aller chercher son maitre…

            La sonnerie du bâtiment résonne et très vite, les portes s’ouvrent sur une masse de lycéens bruyants. Je me redresse, essayant désespérément d’apercevoir les mèches blondes de celui que j’aime. Mais un éclat roux attire mon regard : Eva… Quand elle me reconnait, un sourire illumine son visage et elle tend le bras pour me saluer. Hypocritement, je lui fais un signe de la main qu’elle doit prendre pour une invitation car elle vient me voir, accompagnée d’une bande d’amies.

- Bonjour Sandy !

- Sandrine, je la corrige. Bonjour Eva.

Bizarrement, Lex se calme, comme si l’animal sent que je suis assez tendue sans en rajouter.

- Tu attends Joshua ? Il ne devrait pas tarder à arriver… Le professeur de mathématiques l’a retenu pour un projet de soutien aux secondes.

- Merci de me prévenir.

Je la regarde quelques secondes sans vraiment savoir quoi dire avant de reprendre :

- Et les entrainements de tennis se passent bien ?

- Les entrainements ? Mon père est parti pour une convention avec son travail depuis la semaine dernière, alors on est tous au  repos… C’est pas plus mal, il est terrible. Mais Jo ne t’en a pas parlé ?

Non, il ne m’a rien dit, et en plus il m’a menti. Sur le visage de mon interlocutrice s’allume une lueur moqueuse presque condescendante, aggravant mon sentiment que tout s’effondre. Mon malaise doit se voir car Eva prend le temps de me poser une main sur l’épaule avant de s’excuser pour s’éloigner.

De loin, j’entends une de ses amies peu discrète s’exclamer : « Non, c’est elle ? C’est du gâchis ! Regarde comment elle est habillée… ».

J’ai l’impression d’être dans une sorte de dimension parallèle : impossible que dans mon monde Joshua puisse me mentir. Il m’a caché des choses mais jamais il ne m’a raconté des histoires. Pourtant, pourquoi m’avoir dit qu’il s’entrainait ?

            Une sensation douloureuse  à la main ne pousse à baisser le regard sur le rongeur qui sans doute n’apprécie pas ma façon de le tenir car il a planté ses dents dans le pli entre mon pouce et mon index. Comme un automate, je place Lex dans la poche de mon pull pour courir, aveuglée par les larmes.

16h56

            J’ai à peine eu le temps de remettre le furet dans la cage et de jeter le pull que je portais par terre avant d’entendre la porte d’entrée s’ouvrir.

- Sandrine, mon cœur ?

Je le bouscule en sortant de sa chambre, les mains devant les yeux pour lui cacher les larmes honteuses que je ne veux plus lui montrer. Il m’a menti… j’avais tellement confiance en lui, en tout ce qu’il me disait, me racontait. Pourquoi était-il si pressé tous les matins ? Ou plutôt pour qui ? Eva ? Une de ses amis ?

            Ses bras m’attrapent avant que j’atteigne la porte de ma chambre, mais je me débats, la colère et la peine sont trop fortes pour que ces mots me parviennent, sans même réfléchir je lui envoie :

- Tu n’es qu’un menteur, un traître !

Il me lâche comme sous l’effet d’une brûlure et la porte claque entre nous. Sanglotant, je m’agenouille, le dos contre le battant. Une vibration du bois m’indique qu’il a fait comme moi et mes pleurs redoublent.

            Je ne sais pas combien de temps je reste dans cette position, mais quand ma respiration reprends enfin un rythme presque normal, j’entends sa voix, comme affaiblie :

- Qu’est ce que j’ai fais ? Dis moi au moins pourquoi tu me détestes…

Sa mauvaise foi fait naître une rage en moi qui me pousse à me lever pour hurler contre la porte close :

- Comme si tu ne le savais pas ! Menteur ! Tous les matins ! Tu allais rejoindre qui en courant ?

La porte que je n’avais pas verrouillée s’ouvre sans douceur et je le vois. Il est énervé lui aussi, ses yeux si verts me fixent incrédules.

- Tu n’as donc aucune confiance en moi !

- Tu m’as menti ! Tu m’as dit que tu avais des entraînements de tennis ! Et c’est Eva qui m’apprend que non, monsieur ne passe pas ses matinées sur le cours !

Il baisse les yeux, cherchant ses mots. Je m’approche de lui, mon poing fermé venant lui donner un coup dans le torse. Je l’aime tellement… et j’ai si mal. Alors que je continue à le frapper, ses bras se referment sur moi. Mes coups n’ont plus la même violence, tout contre mon oreille il me murmure qu’il est désolé.

- Pourquoi ?

Ma voix n’est plus qu’un souffle.

- Je voulais te faire une surprise, pour Noël. Mais je n’aurais pas du te mentir. Plus jamais, je te le jure mon ange, plus jamais je ne te mentirais.

 

17h32

            Le bruit de la porte d’entrée me réveille. Il est allongé tout contre moi dans mon lit, là où nous nous sommes installés après notre dispute. Les larmes ont continuées à couler longtemps le long de mes joues, même lorsqu’il m’a murmuré sa promesse, alors il est resté tout contre moi, le bruit de son cœur trop rapide. Maintenant sa respiration est calme, je sais qu’il s’est endormi, tout comme moi. Je lève les yeux sur son visage, sous ses paupières fermées des traces de pleurs me font mal.

- Sandrine ! Joshua !

C’est Daniel qui nous appelle, alors pour éviter qu’il ne prenne son fils au dépourvu, je viens caresser la joue de celui que j’aime. Ses yeux s’ouvrent à peine avant de se fermer. A moitié éveillé, il resserre sa prise sur moi avant de me dire :

- Je t’aime mon cœur.

Je n’ai pas le temps de lui répondre, car la silhouette de mon beau-père apparaît dans l’embrasure de ma porte que nous n’avions pas fermée.

- Oh désolé de vous déranger…

C’est la première fois que je le vois rougir, et Joshua se redresse. Ses cheveux blonds décoiffés lui donne l’air d’un enfant, accentué par son besoin de se justifier :

- On dormait.

Je souris, Daniel aussi avant de nous annoncer :

- Ecoutez, j’ai quelques chose à vous dire, mais si possible, ailleurs que dans un lit.

En quelques minutes, nous sommes rassemblés autour du comptoir de la cuisine devant des tasses de café brûlantes. Avec un air mystérieux, mon beau-père sort une boite de sa poche et la pose devant nous. Quelques secondes nous sont nécessaires pour réagir, j’attrape la boite et l’ouvre, Joshua penché sur moi pour voir. Au milieu d’un velours bordeaux, nous trouvons une bague formée de deux cercles en or blanc sertis de petit diamant qui se croisent sur une topaze taillée en cœur.

- Je vais la demander en mariage. Je pensais le faire le soir de Noël…

Sauf que ce jour-là, nous le passons en famille, alors je lui fais la remarque :

- Mieux vaut un dîner en amoureux non ?

- Peut-être pour le nouvel an, suggère Joshua. Je dois aller voir maman de toute façon. Et comme Sandrine sera chez son père, ça serait la bonne occasion.

L’idée qu’il retourne à Valenciennes ne me plait pas, mais il a raison, mieux vaut qu’il aille en visite chez sa mère que d’être forcé d’y aller au mauvais moment. Emballé par le projet de son père, mon petit ami continue sur sa lancée, sans percevoir mon trouble :

- Pour le restaurant c’est peut-être un peu tard pour réservé, et avec les fêtes de fin d’année ce n’est peut-être pas une bonne idée. Mais tu pourrais la charger d’aller m’amener à la gare, puis pendant ce temps-là, tu réchaufferais des plats… Disons que j’aurais fais la veille.

- Vous n’êtes pas trop surpris ? nous demande Daniel, surpris par l’organisation de son fils. 

- Ce n’est pas comme si tu ne nous en avais pas déjà parlé… lui le blond. Et puis, c’est dans la logique des choses non ?

- Prochaine étape le bébé… je marmonne en repensant que c’était aussi dans la logique des choses de mon père.

 

18h26

            Ma mère est arrivée il y a une dizaine de minutes, mettant fin sans le savoir à la discussion entre son petit ami et son fils. Je n’aime pas lui faire de cachotterie, mais là, je suis sure que la chose va vraiment lui faire plaisir. En attendant le repas, Joshua me propose de regarder un devoir de mathématique que j’ai à rendre pour la rentrer mais à peine sommes nous enfermés dans sa chambre que je demande les explications que je n’ai pu avoir quelques heures plus tôt.

- Si tu n’étais pas à l’entraînement, où tu étais tous les matins ?

Je me suis assise sur son lit, et il me rejoint en me racontant :

- J’ai trouvé un job de distributeur de journaux, comme les horaires coïncidaient avec le début des cours… je voulais pas te mentir tu sais, mais j’avais trouvé ce que je voulais t’offrir, et ce n’étais pas dans mes moyens.

Je place mes doigts sur sa bouche pour le faire taire, pour ensuite les remplacer par ma bouche.

- Je n’ai pas besoin d’un cadeau hors de prix, je veux juste passer du temps avec toi.

- De toute façon, j’ai réuni l’argent qu’il me fallait… et à la rentrée, je ferais du soutien scolaire en mathématiques. Je pourrais faire des économies, pour une voiture peut-être ? Comme ça, je pourrais t’emmener à la plage, où a la montagne…

L’entendre faire des projets pour nous deux me mets du baume au cœur. Mais savoir qu’il s’est fatigué autant pour tout ça, c’est douloureux parce que je n’ai pas participé. Et puis bizarrement, l’idée d’utiliser l’argent de son mensonge ne me plait pas. Alors je propose :

- Je ne veux pas d’un cadeau exceptionnel mon cœur, je veux juste une journée avec toi, rien qu’avec toi. On pourrait aller se balader en forêt…

- En plein hiver ? Pourquoi pas la patinoire ?

- Ah j’ai oublié de t’en parler ! Marie-Line et Julien aimeraient qu’on y aille avec eux…

Je vois mon petit ami soupirer avant de s’allonger sur le lit, les bras croisés derrière la nuque :

- Tu penses que c’est vraiment une bonne idée ? Enfin avec Julien je veux dire… On est pas resté super copains. Et puis honnêtement, je ne supporterais pas qu’il te tourne autour.

La jalousie chez lui prend un masque d’enfant boudeur qui me fait sourire. Sans hésitation, je viens me positionner au-dessus de lui :

- Tu sais bien qu’il n’y a que toi qui fais battre mon cœur non ?

- Oui mais je ne me sens pas en sécurité quand tu es avec lui, ce mec te connaît depuis plus longtemps que moi, il t’a consolé quand ça n’allait pas. Je fais peut-être un gros complexe d’infériorité, déjà quand je sais que tu vas le voir toute la journée au lycée, c’est énervant…

            Est-ce qu’il sait à quel point il est adorable ? Ses mèches blondes auréolent son visage, la peau de son ventre est un peu découverte par son t-shirt gris et son jean trop large. Sans même réfléchir, je laisse ma main faire des cercles sur la peau découverte puis s’aventurer plus haut sur son nombril. Joshua fait exprès de ne pas bouger, seulement je sais qu’il ne tardera pas à craquer, sa respiration est déjà plus rapide. Ma bouche trouve naturellement le chemin de son cou, le faisant lâcher prise : ses bras m’emprisonnent. Celui qui fait battre mon cœur et embrase ma peau inverse les rôles, me faisant passé sous son corps svelte ce qui ne m’empêche pas de lui enlever son t-shirt. Son regard vert a pris cette teinte si particulière qui me fait me sentir cent fois plus vivante. Quand ses doigts viennent caresser la peau de mon ventre et remonte sous le tissu jusqu’à ma poitrine, je ne retiens pas un gémissement qu’il étouffe sous un baiser. Alors qu’il va m’enlever le débardeur que je porte encore, une voix nous interrompt, suspendant son geste.

- Joshua, j’aurais besoin de toi pour préparer le repas !

Je crois que je n’ai jamais autant maudis ma mère de ma vie. Un grognement échappe à mon partenaire quand ses mains viennent remettre mes vêtements en place. Avant de se relever, sa voix rauque me murmure :

- Ce n’est pas terminé.

Mon corps entier frissonne, impatient.

 

22h43

            Pourquoi faut-il que l’attente soit si longue ? Impossible de nous retrouver seuls depuis que ma mère l’a appelé dans la cuisine. Le repas a été interminable, je sentais son regard vert posé sans cesse sur moi, me rappelant la brûlure exquise provoquée par ses caresses juste avant. Assis sur ma droite, juste en face de nos parents, ce traître n’a pas hésité à poser sa main sur ma cuisse, la caressant délicatement du pouce. Ma mère s’est étonnée de me voir aller me coucher si tôt un vendredi soir, heureusement elle n’a pas insisté sinon je ne sais pas trop quelle excuse j’aurais inventé. Maintenant, je tourne en rond dans ma chambre, attendant avec impatience que celui qui me fait vibrer vienne me rejoindre.

            Je sais que quelque chose en moi vient de changer, sans vraiment savoir quoi. J’ai pris le temps de me préparer seulement pour lui : le gel douche a la fleur de cerisier qu’il aime tant, la crème pour le corps parfumé que m’a offert ma mère… et cette nuisette blanche que je n’ai jamais mise, réservée à un moment important.

            Enfin, la porte s’ouvre, je me jette sur son corps, le plaquant malgré lui contre le mur, manquant de tomber en emmêlant nos pieds. Il est torse nu, chaque fibre de sa peau découverte touchant la mienne exacerbant mon besoin de lui. Très vite, nous sommes tous les deux au bord de l’embrasement alors, je ne sais comment il arrive à me soulever, mes jambes venants se croiser derrière ses hanches.

- Tu es magnifique, me susurre-t-il entre deux baisers avant que sous mon dos je sente la douceur de ma couette.

Impatiente, je saisis les mèches de ses cheveux pour les caresser, les emmêler, tandis que lui s’amuse à me faire languir en caressant mes cuisses. Je sais que j’aurais une marque sur l’omoplate demain, là où il a posé sa bouche, pourtant cette considération n’a aucune importance ce soir. Nous continuons nos caresses jusqu’à ce qu’enfin, poussée par mon désir, je passe une main curieuse sous le tissu de son boxer, caressant ses fesses. Ses muscles se crispent un instant puis ses yeux cherchent les miens : attendant une réponse que je n’ose formuler, je décide de l’embrasser. Cependant, Joshua veut être certains, sans doute me protéger :

- Es-tu vraiment prête ? Je ne veux pas te faire mal mon cœur, mais la première fois peut-être douloureuse…

Ma voix, trop rauque, méconnaissable, traverse mes lèvres ouvertes :

- Je ne suis sure de rien, seulement que je t’aime.

 

23h52

            Ses bras autour de moi, son souffle régulier dans mon cou me font oublier la légère douleur qui subsiste encore. Je suis différente d’avant, peut-être parce que je suis trop heureuse. J’ai pleuré de bonheur parce que c’était lui. Il est certain que ce n’était pas sa première fois, j’en étais un peu triste avant… parce que j’ai compris que ce n’était pas la sienne qui comptait, mais la nôtre, oui notre première fois.

            Du bruit dans le couloir me fait espérer que nos parents n’ont rien entendu, de toute façon, il est trop tard pour revenir en arrière et je ne le ferais pour rien au monde. Même pas laisser l’illusion à ma mère que je suis encore sa petite fille. C’est étrange, le sentiment d’avoir été changée, de ne plus voir les choses comme avant.

            Il bouge à côté de moi, dans la pénombre, ses yeux s’entrouvrent :

- Mon ange, ça va ? me demande-t-il inquiet.

- Très bien.

On dirait presque un chat qui ronronne de contentement. Lui, prends son temps avant de reprendre la parole :

- J’ai peur que tu  finisses par regretter, avoue-t-il avant de faire une pause. Puis il reprends : Aujourd’hui, ça fait seulement un mois que nous sommes ensemble…

- Je n’ai rien fais ce soir que je ne voulais pas tu sais. Et puis c’était un beau cadeau d’anniversaire non ?

- Oui, mais le plus beau c’est de t’avoir encore près de moi.

 
 
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